Spinoza et les sciences sociales

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Spinoza et les sciences sociales

Messagepar Miam » 18 août 2010, 13:27

Depuis quelques temps on peut lire une importante littérature tentant d'exploiter la pensée spinozienne en sciences sociales.
La pensée spinozienne ? Que dis-je ? Bien plutôt la lecture de Spinoza par Mathéron. Ce dernier considère que toute la conception spinozienne de la société est fondée sur le mimétisme (III 27). Or c'est faux. Mathéron base toute sa lecture sur le mimétisme de III 27 mais il n'est pas capable d'analyser la démonstration de ce même III 27 qu'il considère comme "laconique" et "incompréhensible". Ce qui devrait suffire à estimer la probité de Mathéron. En outre, il ne fait pas la différence entre aliquis et aliquid. Enfin, à partir de sa lecture, il est aisé de considérer que seuls les hommes ont des affects. Ce qui est contre le texte spinozien.

Les sociologues dits "spinozistes" se fondent sur cette lecture en se dispensant de lire le texte original. Il s'ensuit une sociologie proche des pensées de René Girard, de Stuard Mill et d'Adam Smith. La pensée unique libérale et cléricale (aliées auourd'hui) dans toute sa splendeur.
On ne peut que protester contre une exploitation aussi honteuse et superficielle des textes spinoziens.

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Messagepar QueSaitOn » 19 août 2010, 23:40

Bonjour,

Je n'ai pas ta connaissance aussi poussée du texte de Spinoza.

Frédéric Lordon, un libéral (l'un des co-auteurs) ? La pensée de Spinoza n'intéresse pas seulement les sociologues et les économistes, en ce qui concerne les affects: ils se penchent, en particulier Lordon, sur la question du conatus.

A travers le concept de conatus, on peut expliquer par exemple, la "persévérance à être" du système libéral. Persévérance à être, qui peut être auto destruction. On peut expliquer les délires de la finance actuelle (affects+conatus).

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Messagepar Miam » 20 août 2010, 14:07

Oui. Bien sûr.
Spinoza peut certainement livrer des schèmes aux sciences sociales.
Encore faut-il que les sociologues lisent Spinoza lui-même et non l'une de ses interprétations.

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Messagepar AUgustindercrois » 22 août 2010, 16:19

"Spinoza et les sciences sociales. De l'économie des affects à la puissance de la multitude, en collaboration avec Yves Citton, Paris, Éditions Amsterdam, 2008"

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Messagepar Miam » 22 août 2010, 20:25

Farpaitement !

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Messagepar QueSaitOn » 24 août 2010, 14:08

En tout cas la proposition 4 de l'Ethique:
"Toute chose n'est détruite que par des causes extérieures"
a été validée par le dernier développement de la crise financière. Et n'en déplaise à Lorond, par exemple, et même peut être à Marx, la système capitaliste libéral ne se détruit pas "de l'intérieur", en vertu de ses contradictions, car il semble s'en être remis. Il est nécessaire que des causes extérieures agissent sur les "contradictions". Peut être les limites physique de la planète ...

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Messagepar Miam » 24 août 2010, 16:15

Attends la rentrée coco.
T'as encore rien vu.
Joyeux noël !

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Messagepar AUgustindercrois » 24 août 2010, 17:54

QueSaitOn ne sait pas que le capitalisme est mort, en Réalité, en 2008, avec la destruction de Lehmann Brothers. Tu es drôle, QueSaitOn.

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Messagepar QueSaitOn » 25 août 2010, 11:47

Si j'ai écrit que la crise financière et ses conséquences semble valider la proposition 4, c'est parce que j'ai toujours été intimement persuadé que dans le tréfond de la culture marxiste traditionnelle subsistait un reste de croyance dans le "miracle" consistant en ceci, que le capitalisme (= la chose) produisait son fossoyeur (= le prolétariat) en vertu de ses "contradictions". Or, il n'en est rien, et P. Ariès, dans son récent ouvrage ("Mythe de la croissance") a bien montré que, ce qui naguère en fait constituaient des "causes extérieures" (le prolétariat progressivement absorbé au sein de la grande industrie, mais encore resistant au 19ième siècle car connecté à ses bases rurales) ne l'est plus aujourd'hui car la "chose" a désormais absorbé en grande partie l'ensemble des classes sociales, sous l'égide de la culture de consommation. Reste que désormais, la "cause extérieure" qui permettrait de faire entendre raison à ce système destructeur est l'environnement physique. On ne se libère pas "de l'intérieur, mais bien à partir d'une "cause extérieure", point d'appuie.

Après, excusez moi si tout cela est hors sujet dans ce forum.

(je me reprends) Ne peut on dire que le système économique est une "chose" au sens de EIIdef7:
"Par choses singulières, j'entends les choses qui sont finies et ont une existence déterminée. Que si plusieurs individus concourent à une certaine action de telle façon qu'ils soient tous ensemble la cause d'un même effet, je les considère, sous ce point de vue, comme une seule chose singulière."
Le système économique est il une chosre "finie" avecune existence déterminée (après tout il dépend de la finitude de l'humain). D'autre part, en reprenant le fait que "plusieurs individus concourent (...) au même effet", ne peut on conclure que oui, l'hypothèse des affects, entre autres, aboutit à la persévérance de cette "chose" qu'est le système économique ?

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Messagepar Miam » 26 août 2010, 19:15

Et dans le système libéral tout le monde concoure au même effet, c'est bien connu... :lol:


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