l'espoir

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Louisa
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Messagepar Louisa » 11 janv. 2007, 00:33

Cher Hokousai,

Hokousai a écrit :
Mais bien sûr , et c’est tout à fait mon projet que de ramener ( pour moi même) ce qui est dit dans une langue extraordinaire à ce qui pourrait se dire dans une langue plus ordinaire .


il me semble que ceci est encore un autre projet que celui dont je parlais. La méthode dont je voulais parler ne s'intéresse pas tellement à cette traduction, elle veut inventer du nouveau sans trop regarder la tradition, ce qui est différent que de vouloir reformuler l'aspect technique d'une tradition en des termes quotidiens.
N'empêche que mon problème reste un peu le même: pourquoi, une fois que l'on a compris ce qui nécessite une langue extraordinaire pour s'expliciter, le ramener à ce qui peut être dit dans le langage courant? Et d'autre part: comment être certain, ce faisant, que l'on ne répète pas simplement ce qui peut déjà être dit dans le langage courant, sans réellement importer la nouveauté qu'apportait ce qui était formulé dans un langage technique? Car c'est bien cela mon problème: quand vous dites que Spinoza nie la volonté, vous donnez ensuite des objections contre ce qui nierait ce que l'on associe dans le langage ordinaire à ce mot 'volonté', tandis que justement, Spinoza est d'accord pour dire que la volonté, c'est essentiel pour l'homme, pe. C'est pourquoi il me semble être plus intéressant de faire fonctionner pour soi-même un langage technique que de réduire ce qui est dit dans ce langage à ce qui peut être dit dans le langage ordinaire. Pour une conduire une voiture, pe, on n'a besoin que du langage ordinaire. Mais pour la construire ou pour comprendre comment elle fonctionne, il faut bien passer par le langage technique de l'ingénieur qui l'a inventé, et retraduire ceci en du langage courant est impossible.

Hokousai a écrit :Il y a pourtant une méthode que j’ expérimente là , mais effectivement ce n’est pas celle de Spinoza c’est celle de Wittgenstein .


dans quel sens?

Hokousai a écrit :Et puis voyez- vous , il y a ce que je ne comprends pas chez Spinoza et c’est ce que tout le monde ne comprend pas , ce que tout le monde comprend , rassurez- vous sur mon intelligence , je le comprends aussi .


je suis totalement rassurée en ce qui concerne votre intelligence (sinon je n'aurais pas commencé toute cette histoire cc la méthodologie), mais en revanche, je n'ai pas vraiment l'impression que ce que vous ne comprenez pas chez Spinoza, personne ne le comprend (et inversement, bien sûr) ... :-).

Hokousai a écrit :Quand aux méthodes pour être heureux dans la vie ( passons sur la béatitude ….que je ne recherche pas ).. je bricole .


depuis Platon les philosophes veulent être les ingénieurs du Bien. Si vous fréquentez les philosophes, pourquoi continuer à bricoler?
A très bientôt,
Louisa

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Messagepar hokousai » 11 janv. 2007, 14:41

à Louisa


Car c'est bien cela mon problème: quand vous dites que Spinoza nie la volonté, vous donnez ensuite des objections contre ce qui nierait ce que l'on associe dans le langage ordinaire à ce mot 'volonté',


Je ne vous comprends pas
je sais très bien que Spinoza nie la volonté absolue au sens de Descartes ( ou bien lavolonté comme faculté) .
je suis d' accord avec lui pour faire cette critique .
Que reste- il de la volonté ?

Il reste des événements compris comme actes volontaires (par Spinoza et par moi même ) .Il reste des événements ordinaires compris de manière ordinaire .

Dans le langage ordinaire on ne dit pas que la volonté est absolue , cela est une idée de philosophe ( pré spinoziste si vous voulez ) très imprégnée d’idées religieuses .
La compréhension du sens commun est de se percevoir comme cause des actes volontaire mais jamais comme cause absolue .
……………………………….

Sur Wittgenstein !! dans quel sens ? et bien dans le sens de la méthode de Wittgenstein .

……………………………….
mais en revanche, je n'ai pas vraiment l'impression que ce que vous ne comprenez pas chez Spinoza, personne ne le comprend (et inversement, bien sûr) ...


La somme des gloses sur Spinoza est impressionnante et diversifiée , chacun donnant son avis avec l’ aplomb qu’il convient (y compris vous même) et chacun de s’insurger que l’autre ne comprenne pas tel qu on l’ a compris .
Il est bien évident qu’ on croit ( chacun ) à la compréhension qu’on en a sinon......on en changerait .

Et tous de vouloir me convertir, l’ un au catholicisme , l’autre à l’islam , encore un autre à Kant ou Aristote et la dernière à son spinozisme .

Moi qui n ai raison en rien et qui n’aime pas avoir raison , je vous dis que je ne suis pas du tout certain d’en avoir compris quelque chose .Ce qui présente au moins l ‘avantage de me garder mobilisé (ou mobile si vous voulez ).

………………………………………………..

En dehors de leurs écrits peaufinés je soupçonne fort les philosophes d’avoir eu comme tout un chacun la tentation de bricoler leur bonheur de vivre . Je crains qu’ils aient du mal à s’y abaisser .

hokousai

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Messagepar Louisa » 11 janv. 2007, 17:24

cher Hokousai,

pour la notion de volonté: il vaut peut-être mieux que j'y revienne dans le forum où je dois encore répondre à votre dernier message cc le libre arbitre.

Hokousai a écrit :Sur Wittgenstein !! dans quel sens ? et bien dans le sens de la méthode de Wittgenstein .


ma question était peut-être un peu trop courte pour être claire ... . Je voulais dire: ce qui m'intéresse, c'est de savoir en quoi consiste cette méthode pour vous (donc c'était une question purement informative). Mais encore une fois, ceci ne concerne que le sujet de la méthode. Il nous faut peut-être le réserver pour une nouvelle discussion centrée explicitement là-dessus.

Hokousai a écrit :……………………………….
Citation:
mais en revanche, je n'ai pas vraiment l'impression que ce que vous ne comprenez pas chez Spinoza, personne ne le comprend (et inversement, bien sûr) ...

La somme des gloses sur Spinoza est impressionnante et diversifiée , chacun donnant son avis avec l’ aplomb qu’il convient (y compris vous même) et chacun de s’insurger que l’autre ne comprenne pas tel qu on l’ a compris .
Il est bien évident qu’ on croit ( chacun ) à la compréhension qu’on en a sinon......on en changerait .

Et tous de vouloir me convertir, l’ un au catholicisme , l’autre à l’islam , encore un autre à Kant ou Aristote et la dernière à son spinozisme .

Moi qui n ai raison en rien et qui n’aime pas avoir raison , je vous dis que je ne suis pas du tout certain d’en avoir compris quelque chose .Ce qui présente au moins l ‘avantage de me garder mobilisé (ou mobile si vous voulez ).


il s'agit d'un malentendu. La citation de moi ci-dessus était une réponse à une phrase à vous (que je cite; voir mon message précédent), phrase qui disait à mes yeux que vous trouvez que ce que vous avez compris de Spinoza, tout le monde l'a compris, et inversement. Or si ce n'était pas cela ce que vous vouliez dire, ma réponse n'a bien sûr plus de sens non plus.

Sinon il est clair qu'il existe un tas d'interprétations et donc de compréhensions différentes de Spinoza. Et en principe en effet, aussi longtemps que l'on en défend une, on y croit. Mais en ce qui me concerne, il s'agit tout de même d'une croyance assez différente de celle que l'on associe à la conversion ou au désir de convertir les autres.

La différence entre la philosophie et la religion (idealiter) me semble précisément consister dans le fait que la philosophie ne veut pas convertir mais convaincre. C'est très différent. Moi-même pe j'ai l'impression que certaines méthodes de lire un texte philosophique ne permettent pas d'avoir accès à ce que le philosophe prétend avoir inventé. Mais cela n'est aucunement une question de croyance, c'est une question qui se discute, tout simplement. Et qui dit discuter, dit accepter a priori qu'à la fin de la discussion, la conclusion logique peut être qu'on a tort soi-même.
Un prêtre qui veut convertir les infidèles jamais ne se met en route en supposant qu'après avoir discuté avec eux, il puisse constater qu'il s'est trompé lui-même! Au contraire, ce serait la grande catastrophe. Il prie chaque jour de ne pas être 'séduit' par les 'démons'! En philosophie, c'est exactement le contraire: ce qui compte, c'est la solidité des arguments et la nécessité des conclusions. Trouver, pour un sujet x, une série d'arguments qui mènent nécessairement à une conclusion, voilà à mon avis le désir du philosophe (enfin, voilà un des aspects de son désir, peut-être).
L'avantage d'une discussion, c'est que l'on est minimum à deux pour tester la validité d'arguments. On peut donc plus facilement écarter ceux qui s'avèrent ne pas être valides. Mais on ne sait pas à l'avance quelle opinion des interlocuteurs sera la mieux 'fondée'. La victoire, en philosophie, ne consiste pas à AVOIR RAISON, c'est-à-dire à convertir l'interlocuteur. Elle consiste à CREER UNE RAISON, je veux dire, à créer une argumentation d'où la conclusion découle nécessairement. Réussir cela, voilà la victoire philosophique. Désirer avoir raison peut être tout à fait intéressant dans des discussion au café, mais je n'en vois pas l'utilité en philosophie.

Donc bon, je dirais qu'en philosophie, le rapport à la vérité est tout autre que celui propre à la religion. Si dans les deux cas il y a croyance, au niveau philosophique la croyance n'est fondée que sur la conviction argumentée qui aboutit à une certitude, et exige de pouvoir être mise en doute à chaque moment; tandis qu'au niveau religieux, la croyance est fondée sur une décision personnelle liée fondamentalement à une incertitude, pas à une vérité prouvée, incertitude que l'on assume telle quelle, et le doute y est précisément l'ennemi contre lequel il faut se battre.

En pratique, je sais bien qu'il existe pas mal de diplômés en philosophies qui font de la philosophie comme s'il s'agissait d'une religion. Mais à mes yeux, ce ne serait pas un jugement correcte que de mettre 'l'essence de la philosophie' dans le même sac. Or comme ceci prétend être une tentative de discussion philosophique: tout contre-argument m'intéresse, bien sûr.

Hokousai a écrit :

En dehors de leurs écrits peaufinés je soupçonne fort les philosophes d’avoir eu comme tout un chacun la tentation de bricoler leur bonheur de vivre . Je crains qu’ils aient du mal à s’y abaisser .


la dernière phrase de mon message était formulée de manière un peu maladroite, j'en conviens. Je n'ai aucun mépris pour ce que vous appelez le 'bricolage'. Et je ne voulais pas parler de la vie personnelle des grands philosophes non plus. Si leur tâche, c'est de construire des remèdes aux affects, pe, on ne peut pas leur demander d'inventer une nouvelle construction et de déjà l'avoir appliquée entièrement eux-mêmes. L'invention en tant que telle me semble déjà être un grand exploit. Si donc dans la vie personnelle, les philosophes bricolent autant que les 'vulgaires', pour moi cela n'entrave quasiment rien à leurs écrits. C'est donc cela que je voulais dire par la dernière phrase de mon message: n'avez-vous jamais eu l'expérience, pendant la lecture d'un philosophe, de découvrir quelque chose dont vous avez l'impression que l'appliquer ne peut que vous rendre plus heureux? Ou dont même la seule découverte vous rend déjà plus heureuse? C'est-à-dire vous donne un outil en plus dans le bricolage qu'est la vie quotidienne de tout homme, philosophe ou non?
Moi-même en tout cas cela m'arrive régulièrement. Si donc vous me répondez qu'à vous non, j'aurais tendance à penser que c'est peut-être lié à votre méthode de lecture, vu qu'elle semble être assez différente de la mienne. Mais cela ne me donne aucunement le désir de vous 'convertir' à la mienne. Cela m'inspire seulement d'essayer de vous convaincre d'expérimenter la mienne. Sinon, si vous avez déjà eu de telles expériences en lisant de la philosophie, alors ne faudrait-il pas en conclure que non pas les philosophes mais leurs écrits sont tout de même des produits d'un genre d'ingénieurs du Bonheur ... ?
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Messagepar Krishnamurti » 11 janv. 2007, 19:34

Ce qui rend Spinoza inouï et si attachant c'est justement que l'on peut le comprendre. :)

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Messagepar hokousai » 11 janv. 2007, 19:43

à Louisa


La philosophie veut convaincre ( la religion aussi d’ ailleurs )

Quand vous me dîtes et nous sommes parti de cela.
Quand à la fin de ce processus, nous avons compris quelque chose d'adéquat concernant la cause de la Tristesse, celle-ci n'est pas du tout 'anesthésiée ou effacée, mais littéralement transformée en Joie.
""""""""""""

Cela je ne l’ai jamais expérimenté . Comment voulez vous me convaincre ? je réponds cainsi parce que l’expérimentation est pour moi ICI le critère de validité .

En général le philosophe doit être persuadé que ARGUMENTER voilà ce qui est la meilleure manière de convaincre . Le philosophe doit par un moyen ou un autre enfermer son élève ( je pense à Socrate ) dans un lieu (mental ) où l ‘argumentation sera supposée suffire pour être convaincu .Il faut d’abord persuader l’ élève que l ‘argumentation suffit .

(ce qui na rien d évident )

Car sil élève juge que l’expérimentation est supérieure à l’argumentation , il se détourne de la dialectique du philosophe .Et le philosophe reste seul sans plus personne à convaincre ..

…………………………………………………………….

mais en revanche, je n'ai pas vraiment l'impression que ce que vous ne comprenez pas chez Spinoza, personne ne le comprend (et inversement, bien sûr)
.

Vous me répondiez , j’ai bien compris et je redis que ce que tout le monde comprend je le comprends et que je ne comprends pas ce que personne ne comprend ..(là où on dit charitablement que Spinoza est « elliptique ».

…………………………………………………………………….

on ne peut pas leur demander d'inventer une nouvelle construction et de déjà l'avoir appliquée entièrement eux-mêmes.


Bien sûr que si , et on peut leur demander de procéder à l’inverse , d 'expérimenter d’ abord de théoriser ensuite .

hokousai

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Messagepar hokousai » 11 janv. 2007, 19:59

à krishnamurti

je n’ai guère lu que deux philosophes aussi difficiles à comprendre que Spinoza : Hegel et Whitehead .Je parle de métaphysiciens car Wittgenstein dans son genre n’est pas facile non plus ( mais pour d'autres raisons )

Hegel je ne le comprends pas , Whitehead un peu mieux mais pas vraiment .


Spinoza je ne suis pas persuadé de l'avoir compris ,
exactement je ne suis pas persuadé d avoir vu où sont les limites de sa pensée
et plus exactement encore je ne sais pas s’ il y a des limites .

Et chaque philosophe pose le problème des limites de sa pensée .on peut dire qu’ Hegel et Spinoza ou N de Cuses sont des philosophes qui en métaphysique ont tenté l’illimité .
Ce qui n’est pas le cas de Kant qui lui bien au contraire recherche les limites .

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Messagepar Krishnamurti » 11 janv. 2007, 20:15

Je veux dire qu'avec Spinoza on comprend que l'on comprend (pour ce que l'on comprend).
Avec Hegel, par exemple, on comprend que l'on ne comprend pas (pour ce que l'on ne comprend pas).

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Messagepar hokousai » 12 janv. 2007, 19:48

bien sûr qu'on peut vivre sans l'espoir et même sans les poires ..mais pas sans espérances .

( je ne me suis pas remis de l'admonestation post mortem de Hegel ..... un philosophe dont l' esprit de sérieux me pèse ...un des mérites de Nietzsche est de l’avoir superbement ignoré .)

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Messagepar Louisa » 13 janv. 2007, 00:51

Cher Hokousai,

Hokousai a écrit :
La philosophie veut convaincre ( la religion aussi d’ ailleurs )

Quand vous me dîtes et nous sommes parti de cela.

Citation:
Quand à la fin de ce processus, nous avons compris quelque chose d'adéquat concernant la cause de la Tristesse, celle-ci n'est pas du tout 'anesthésiée ou effacée, mais littéralement transformée en Joie.
""""""""""""

Cela je ne l’ai jamais expérimenté . Comment voulez vous me convaincre ? je réponds cainsi parce que l’expérimentation est pour moi ICI le critère de validité .


il me semble que l'expérimentation est toujours le critère de validité. Ce dont j'espère vous convaincre, ce n'est pas de la validité de l'une ou l'autre pensée 'en théorie', mais de sa validité réelle, c'est-à-dire éprouvée par expérimentation. Or pour y arriver, il faut vous convaincre à expérimenter TEL concept (c'est-à-dire à prendre la décision de l'expérimenter vous-même, dans votre vie quotidienne, pour qu'ensuite, vous puissiez dire si le concept est valide ou non).

Mais cela implique que d'abord, il nous faut être d'accord sur ce en quoi consiste ce concept. Et c'est là qu'un certain usage des mots très particulier devient crucial. Je viens de découvrir chez Alain de Libera qu'il appelle cet usage celui qui caractérise la thèse de 'l'holisme sémantique', appliquée aux problèmes philosophiques. Cela veut dire que le sens des mots est défini par non seulement les autres mots mais également par le problème posé par le philosophe.

Pour arriver à accéder à cela (à ce sens proprement philosophique des mots), il faut arrêter l'habitude de relier tout mot à l'usage le plus ordinaire (l'inverse donc de votre méthode). Pourquoi?

Un petit exemple. Vous parliez de 'conversion' en Spinozisme, Kantisme etc. Je vous réponds en quoi pour moi la conviction propre à la philosophie est différente de la conversion religieuse. Je propose quelques différences. Si alors dans votre réponse, vous dites que la religion aussi veut convaincre, vous ne dites rien d'autre que dans l'usage habituel de ce mot, on peut bien concevoir la religion comme ce qui essaie de convaincre les infidèles à se convertir. Cela est tout à fait vrai, en plus. Mais en me répondant cela, vous effacez la différence que je voulais un instant faire exister, différence pour laquelle j'avais DÉCIDÉ d'attribuer à l'une des deux parties (la philosophie) l'étiquette 'convaincre', et à l'autre l'étiquette 'convertir'. Vous pouvez immédiatement retourner au sens commun de 'convaincre', bien sûr, mais alors vous passez entièrement à côté de ce que je voulais dire. Résultat: vous ne pourrez jamais expérimenter dans quelle mesure la distinction que je voulais faire pourrait avoir quelque chose d'intéressant à apporter dans votre vie concrète, vu que vous ne vous êtes pas attardez à cette distinction, vous êtes retourné immédiatement au sens courant, et alors, en effet, dans le sens courant du mot 'convaincre', la différence disparaît.

Hokousai a écrit :

En général le philosophe doit être persuadé que ARGUMENTER voilà ce qui est la meilleure manière de convaincre . Le philosophe doit par un moyen ou un autre enfermer son élève ( je pense à Socrate ) dans un lieu (mental ) où l ‘argumentation sera supposée suffire pour être convaincu .Il faut d’abord persuader l’ élève que l ‘argumentation suffit .

(ce qui na rien d évident )

Car sil élève juge que l’expérimentation est supérieure à l’argumentation , il se détourne de la dialectique du philosophe .Et le philosophe reste seul sans plus personne à convaincre ..


Si on lit Platon, j'ai plutôt l'impression inverse. Le Ménon me semble être un très bon exemple de ce que je veux dire: l'idée y est précisément davantage valorisée que l'opinion PARCE QUE elle se base sur l'expérience (le philosophe est celui qui connaît le chemin d'Athènes à Larisse parce qu'il l'a déjà fait lui-même (connaissance par expérience), le vulgaire est celui à qui l'on a expliqué comment y arriver (connaissance par ouï-dire ou opinion)).

Hokousai a écrit :Citation:
on ne peut pas leur demander d'inventer une nouvelle construction et de déjà l'avoir appliquée entièrement eux-mêmes.


Bien sûr que si , et on peut leur demander de procéder à l’inverse , d 'expérimenter d’ abord de théoriser ensuite .


comme vous le dites vous-même ci-dessus: l'expérimentation est LE critère de validité d'une théorie. Alors comment déjà expérimenter une théorie avant de l'avoir construite ... ?
Bien à vous,
Louisa

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Messagepar Louisa » 13 janv. 2007, 01:13

PS à Hokousai: pour essayer de donner un exemple qui reste lié au sujet ouvert ici par Petite Mo ... Henrique vient de me convaincre que la façon dont j'avais compris l'Espoir chez Spinoza n'était pas tout à fait adéquate. Ceci, ce n'est que le premier pas. Je crois entre-temps avoir compris quelque chose en plus cc le statut que Spinoza veut donner à l'Espoir, mais cela ne me permet pas du tout de dire ce que j'en trouve, si ce que propose Spinoza est pour moi valide ou non. Pour cela, je dois maintenant appliquer cette façon de concevoir l'Espoir quelques jours dans ma propre vie, et voir ce que ça donne.
Spinoza prétend que cela donne plus de Joie qu'en vivant l'Espoir tel que je le faisais pour l'instant. Je suis en train de voir. J'espère avoir quelques résultats bientôt, qui permettront de savoir si je suis convaincue philosophiquement de cette manière de voir l'Espoir ou non. Ce que Henrique a fait, ce n'est donc pas m'avoir convaincu de la Vérité de ce que propose Spinoza. Il a tout simplement mieux expliqué en quoi consiste, chez Spinoza, le concept de l'Espoir. Maintenant c'est à moi de décider d'expérimenter ce concept, pour en tester la validité.

Ce que je veux dire, c'est que jamais on ne peut tester la validité d'un concept aussi longtemps que l'on ne le comprend pas exactement dans le sens que le philosophe qui l'a créé lui a voulu donner. Que Spinoza utilise le même mot 'espoir' que celui par lequel ordinairement moi-même je désigne quelque chose de très positif et joyeux n'est pas du tout une objection réelle à la pensée de Spinoza. L'objection réelle ne peut venir que de l'expérience, mais je ne pouvais expérimenter le concept proprement spinoziste de l'Espoir qu'une fois que je l'avais bien compris. Pas avant. Avant je lisais 'Espoir', mais je pensais à l'idée de l'espoir comme notion commune. Là, impossible d'expérimenter ce que Spinoza propose, si vous voyez ce que je veux dire?
Louisa


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