antagonisme?

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Messagepar sescho » 14 janv. 2008, 00:13

Louisa a écrit :. d'accord, mais tu donnes comme exemple précisément l'inverse de ce qu'en E5P10 nous conseille de faire: nous concentrer sur ce qu'il y a de bon dans l'autre, PAS sur ses vices. ...

Tu continues à ajouter l'accusation, sans t'en rendre compte... Toute propriété du Mental, que certains l'appellent "vice", ou "défaut", ou autre chose d'équivalent (voir quelques termes utilisés par Spinoza plus bas), et d'autres non, est une loi de la Nature, et à ce titre ni bien ni mal. Mais les notions de "bien" et de "mal" relatives à l'utilité et donc à la puissance (et par opposé l'impuissance) de l'Homme sont conservés. Ce sujet me semblait réglé depuis longtemps...

Spinoza", Ethique, traduit par E. Saisset, a écrit : E4P57 : L’orgueilleux aime la présence des parasites, des flatteurs, et il déteste celle des gens de cœur.

Scholie : Il serait trop long d’énumérer ici tous les maux qu’entraîne l’orgueil, puisque les orgueilleux sont sujets à toutes les passions, mais à aucune moins qu’à l’amour et à la pitié. Je dois faire remarquer du moins que celui-là aussi est appelé orgueilleux qui pense des autres moins de bien qu’il ne faut ; et dans ce sens l’orgueil peut être défini : un sentiment de joie né d’une fausse opinion qui fait qu’un homme se croit au-dessus de ses semblables. L’abjection, qui est la passion opposée, se définira alors : un sentiment de tristesse né d’une fausse opinion qui fait qu’un homme se croit au-dessous de ses semblables. Cela posé, on conçoit aisément que l’orgueilleux soit nécessairement envieux (voyez le Schol. de la Propos. 55, part. 3) et haïsse surtout ceux qui sont loués pour leurs grandes vertus ; et on comprend aussi que cette haine ne soit pas aisément étouffée par l’amour et par les bienfaits (voyez le Schol. de la Propos. 41, part. 3), et que les hommes de cette espèce ne se plaisent que dans le commerce de ceux qui flattent l’impuissance de leur âme, et d’un sot font bientôt un insensé.

Quoique l’abjection soit le contraire de l’orgueil, l’homme abject est très voisin de l’orgueilleux. En effet, tandis que le sentiment de son impuissance, comparé à la puissance ou à la vertu d’autrui, lui inspire de la tristesse, cette tristesse est calmée et fait place à la joie aussitôt que son imagination s’attache à considérer les vices d’autrui ; et de là le proverbe : C’est la consolation des malheureux d’avoir des compagnons de leur malheur. Au contraire, l’homme livré à l’abjection sera saisi d’une tristesse d’autant plus grande qu’il se croira plus au dessous des autres ; d’où il arrive qu’il n’y a pas d’hommes plus portés à l’envie que ceux dont je parle et plus empressés d’observer les actions des hommes, pour les censurer plutôt que pour les corriger ; enfin ils ne louent que l’abjection et s’en font honneur, de manière pourtant à ne jamais quitter leur personnage. Toutes ces conséquences découlent de la nature de cette passion avec autant de nécessité qu’il résulte de la nature d’un triangle que ses trois angles égalent deux droits ; mais j’ai déjà averti qu’en donnant aux passions de ce genre le nom de mauvaises passions, je n’avais égard qu’à l’utilité des hommes. Les lois de la nature, en effet, enveloppent l’ordre entier de la nature dont l’homme fait partie ; et j’ai voulu noter cela en passant, afin que personne ne pense que je m’amuse ici à raconter les vices des hommes et leurs folies, au lieu d’exposer la nature et les propriétés des choses. Car, comme je l’ai dit dans la préface de la troisième partie, je considère les passions humaines et leurs propriétés du même œil que toutes les choses naturelles. Et certes les passions humaines marquent l’art et la puissance de la nature, sinon celle de l’homme, non moins que beaucoup d’autres choses que nous admirons et dont la contemplation nous enchante. Mais je continue d’expliquer ce qu’il y a dans les passions d’utile et de nuisible aux hommes.



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Messagepar Louisa » 14 janv. 2008, 00:37

Serge a écrit :Tu continues à ajouter l'accusation, sans t'en rendre compte... Toute propriété du Mental, que certains l'appellent "vice", ou "défaut", ou autre chose d'équivalent (voir quelques termes utilisés par Spinoza plus bas), et d'autres non, est une loi de la Nature, et à ce titre ni bien ni mal. Mais les notions de "bien" et de "mal" relatives à l'utilité et donc à la puissance (et par opposé l'impuissance) de l'Homme sont conservés.


oui je sais bien, mais mon problème, c'est que le fait de supposer (car il faut tout de même avouer que tel que tu l'as décrit, rien ne le PROUVE, non?) que la gentillesse qui TE semblait exagérée de la part de ton collègue, SI il s'agit réellement d'un exemple du troisième genre de connaissance, devrait te procurer une Joie Suprême. Etait-ce le cas ou non ...?

Bien sûr que Spinoza, dans les livres 3 et 4, "réduit" toutes les notions morales courantes à un fonctionnement, en soi "neutre", de la nature. Mais à mon sens ce n'est pas pour rien que ces livres PRECEDENT celui qui traite de la liberté. Car il faut d'abord se défaire de ses jugements moraux, avant de pouvoir comprendre pourquoi, au lieu de fixer son attention sur les faiblesses des gens (car de toute façon, qui est sous le coup de l'imagination subit, est passif, est un esclave, et en tant que tel on ne voit pas sa force à lui, qui lui définit (son essence donc ...), il vaut mieux apprendre à voir dans les gens ce qui constitue leur puissance, et non pas leur impuissance.

Le 3e genre de connaissance n'est donc PAS neutre, puisqu'en 5.10 il REPREND la notion de BON, pour dire qu'il ne peut naître que de la connaissance de ce qui est bon (chez soi-même, chez l'autre).

Il a donc fallu d'abord "neutraliser" le côté morale (que tu appelles "accusateur") de ces notions, en montrant à quoi elles répondent en réalité (les lois de la nature), pour ensuite nous faire comprendre en quoi se concentrer sur les "mauvaises passions" chez l'autre ne peut rien donner, en tant que Joie, et surtout pas la Joie Suprême.

D'ailleurs, si le troisième genre de connaissance ne consistait qu'à rappeler pour soi-même les lois générales, à les appliquer systématiquement à chaque chose que l'on rencontre ... comment expliques-tu que selon Spinoza, chaque fois que l'on fait cela, il faudrait être suprêmement heureux? Quand, pendant que j'écris ce message, je m'efforce un instant à penser aux lois de l'électricité qui font que je sais lire l'écran, devrais-je sentir une Joie suprême ... ?

Puis regarder les choses comme ça est censé être difficile, selon Spinoza. Or quoi de plus facile que d'ouvrir un livre de physique et de commencer à voir à chaque fois qu'on voit un courant électrique que telle et telle loi physique l'expliquent ... ? Honnêtement, cet exercice me semble plutôt être assez ennuyeux au lieu de pouvoir procurer le plus grand bonheur, non ... ?

Serge a écrit :Ce sujet me semblait réglé depuis longtemps...


:)
Alors je crois qu'il faut en conclure que pour toi, beaucoup plus de choses sont réglées depuis longtemps que pour moi ... :wink:

A bientôt,
louisa

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Messagepar Louisa » 14 janv. 2008, 01:06

PS à Serge: n'oublions pas que le troisième genre de connaissance est censé être un AMOUR. Tu as vraiment ressenti de l'amour pour ton collègue au moment où tu as conclus que sans doute il ne s'agit que d'un vaniteux? Et un sentiment de SALUT (E5P36 cor), comme l'appelle Spinoza? Et tu as dû faire un "suprême effort de l'Esprit" (E5P25), quand tu te disais que sans doute, il est si aimable parce qu'une "mauvaise passion" le caractérise? (Idem concernant ce que je viens de te demander: est-ce que penser un instant au fait que quand mon style tombe, il répond à la loi de la gravitation, ou à une loi concernant l'électricité quand je regarde mon écran, je fais un "suprême effort de l'Esprit" ... ?).

Puis bon, de toute façon, avoir l'impression que l'on a détecté une "mauvaise passion" chez quelqu'un d'autre, cela peut tout au plus (SI l'impression est vraie, mais comment en avoir la certitude?) nous informer du fait qu'en faisant cela, la personne est passive, subit des causes externes.

Mais c'est bien la raison pour laquelle cette "compréhension" ne nous a rien dit du tout de l'essence de cette personne, à mon avis, parce que cette essence ne se définit pas du tout par son impuissance et par les causes externes, mais par sa puissance, pas ses idées adéquates.

Comment dire qu'on a eu une idée adéquate de quelqu'un quand on croit avoir vu une "mauvaise passion"? On ne peut avoir une idée adéquate de quelqu'un qui est passif qu'en tant que nous avons l'idée que Dieu a de cette personne, et qui englobe nécessairement l'idée des causes extérieures qui expliquent sa passivité. Or dans ton exemple, tu ne parles pas de ces causes, tu ne parles que de la personne. Mais constater (supposons que tu ne t'es pas trompé dans ton constat) que quelqu'un est en proie à une passion, simplement en subsumant un comportement de cette personne sous une loi que tu dérives des propriétés de l'esprit qu'énonce Spinoza, cela ne t'informe en rien sur les causes précises de cette passion. Tu ne vois donc qu'une partie de sa réalité. Tu ne peux donc qu'en avoir une idée partielle, bref inadéquate, non?

Enfin bon, comme tu le vois ... je suis encore assez loin de la situation où pour moi "ce sujet est réglé" ... :) . Tu trouveras encore quelques questions à régler (à mes yeux, en tout cas) dans le fil consacré à ce sujet. Il se peut que je serai absente du forum au début de la semaine, mais il va de soi que tes réponses à ces questions m'intéressent beaucoup.
Au plaisir de te lire,
louisa

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Messagepar SpinUp » 14 janv. 2008, 01:44

Louisa a écrit :
SpinUp a écrit :Les "positions philosophique" de Prigogine n'ont rien à voir avec le travail concret qui lui a valu le Nobel. Et cette idée quasiment métaphysique de "flèche du temps" n'est vraiment pas bien fondée scientifiquement. Bien qu'elle soit très intéressante... [Je suis physicien, je ferai peut-être un topo de mon avis sur ce que "fèche du temps" peut bien vouloir dire, si j'ai le temps un de ces jours.]

Les livres de vulgarisation de Prigogine me semblent un exemple de pur verbiage "philosophique" qui se sert de la science pour en tirer des "conclusions" totalement exagerées. Evidement cela intéresse souvent les philosophes, qui continuent souvent à caresser le rêve que des résultats scientifiques puissent venir soutenir leur "pet theory" personelle.


ce qui me semble être certain, c'est que souvent des scientifiques tirent eux-mêmes des conclusions "philosophiques" de leur travaux, qui peuvent avoir deux défauts (qu'il s'agisse d'un article scientifique ou d'un ouvrage de vulgarisation n'y change rien):

1) en absence de toute connaissance de l'histoire de la philosophie, la conclusion ne fait rien d'autre que d"affirmer une opinion commune propre à la culture du scientifique en question, pour infirmer une autre opinion présente dans cette culture à ce moment. Exemple: Libet et son fameux article sur la "liberté" humaine, où il n'y a aucune "problématisation" du concept de la liberté. Ce qui semble être une conclusion "philosophique" n'est donc en réalité rien d'autre qu'une prise de position dans un débat d'opinions, sans plus.

2) on ne distingue pas du tout ce qui est scientifiquement démontré de ce qui n'est qu'une conclusion "philosophique", donc non prouvée scientifiquement.

En ce qui concerne Prigogine, cela m'étonnerait qu'il se laisse prendre dans le premier piège, vu que tous ses livres de "vulgarisation" - comme tu l'appelles, quoique je ne vois pas comment un non scientifique pourrait vraiment les comprendre, puisqu'il n'explique pas les formules utilisées - sont co-écrites avec une collaboratrice de son équipe qui est aussi bien chimiste que philosophe des sciences.

Pour le deuxième point: il faut être scientifique pour pouvoir détecter ce genre de "glissements", ce que je ne suis pas (même si une partie de ma formation a été scientifique). Si donc tu crois que l'on peut le critiquer sur son usage de la "flèche du temps": il va de soi que cela m'intéresse beaucoup d'entendre tes arguments!
louisa


Hé bien, le sujet ne s'y prete plus vraiment. Mais je me suis forcé à essayé de justifier un peu en détail mes affirmations de l'autre jour sur Prigogine. Je vais mettre cela sans dans un nouveau fil, ce sera plus simple.

Je m'excuse déjà auprès des instances compétentes si cela leur semble être une déviation trop importante par rapport au Spinozisme exclusif de ce forum. :)
Bien sur je serai heureux de poser quelque question sur Spinoza et la science, votre connaissance quasi rabbinique de son texte force l'admiration. (ceci dit sans ironie aucune, vraiment, j'aime Spinoza autant que vous.)

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Messagepar sescho » 14 janv. 2008, 21:40

Louisa a écrit :...mon problème, c'est que le fait de supposer (car il faut tout de même avouer que tel que tu l'as décrit, rien ne le PROUVE, non?) que la gentillesse qui TE semblait exagérée de la part de ton collègue, SI il s'agit réellement d'un exemple du troisième genre de connaissance, devrait te procurer une Joie Suprême. Etait-ce le cas ou non ...?

Tu prétends me montrer mes a priori et tu interprètes sans retenue ce que tu ne connais pas. Rien ne prouve le contraire non plus et moi j'étais en situation. Comment veux-tu prouver cela ? Cela n'avait rien à voir avec de la gentillesse (je suis peut-être prétentieux en disant cela, mais je pense la reconnaître, la vraie ; elle ne sonne pas du tout comme cela ; vraiment pas du tout...) Si tu ne me crois pas, eh bien, cela n'empêchera pas la Terre de tourner, comme on dit...

Louisa a écrit :... il vaut mieux apprendre à voir dans les gens ce qui constitue leur puissance, et non pas leur impuissance.

Pas du tout. Il faut voir tout ce qu'il y a à voir, autant qu'on le peut. C'est l'accusation, qui implique le libre arbitre, qui est une erreur. Puisque tout dans la Nature se vaut à son échelle, il n'y a précisément rien qui soit mieux à comprendre qu'autre chose qualitativement : c'est neutre moralement. Ce que tu dis me fait penser aux antiracistes qui ont un fond de pensée raciste.

Louisa a écrit :Le 3e genre de connaissance n'est donc PAS neutre, puisqu'en 5.10 il REPREND la notion de BON, pour dire qu'il ne peut naître que de la connaissance de ce qui est bon (chez soi-même, chez l'autre).

Tu confonds comprendre la réalité, dont les mécanismes des passions, et être soi-même passif.

Louisa a écrit :Il a donc fallu d'abord "neutraliser" le côté moral (que tu appelles "accusateur") de ces notions, en montrant à quoi elles répondent en réalité (les lois de la nature), pour ensuite nous faire comprendre en quoi se concentrer sur les "mauvaises passions" chez l'autre ne peut rien donner, en tant que Joie, et surtout pas la Joie Suprême.

J'appelle "accusateur" seulement ce qui dans l'exposé relève de l'inculpation (hors exercice de la Justice, j'entends), et donc de la croyance au libre arbitre. Je ne vois pas en quoi la politique de l'autruche serait le salut. Mais je suis d'accord que le terme de "mauvais" n'est pas applicable au fait, mais à ce qui éloigne du potentiel de puissance. A ce titre il en devient presque positif (il invite au soutien.)

Louisa a écrit : ... comment expliques-tu que selon Spinoza, chaque fois que l'on fait cela, il faudrait être suprêmement heureux? Quand, pendant que j'écris ce message, je m'efforce un instant à penser aux lois de l'électricité qui font que je sais lire l'écran, devrais-je sentir une Joie suprême ... ?

Tu n'as pas l'impression d'exagérer un peu ? Si je vois en action la loi d'inertie tout-à-fait clairement, c'est puissance de ma part ; de-là à ressentir la béatitude immédiatement. Il y a une hiérarchie, au faite de laquelle on trouve la perception de la substance-Dieu-Nature universelle. Mais oui le sage qui voit tout à sa place est dans la béatitude. Mais comme il ne s'agit pas de toi, ni de moi, un peu de mesure ne détonerait pas, je pense...

Louisa a écrit :La seule "joie" que l'on peut tirer d'une telle interprétation de "manque" chez l'autre, c'est de se croire "meilleur" parce qu'au moins, nous on a compris dans quel jeu stupide se trouve enrôlé ce "con" (je te cite).

Je n'ai pas employé ce terme. Si c'est "tour de con" auquel tu fais référence, c'est une expression consacrée par l'Académie depuis Philippe IV le Bel. Le Patrimoine, quoi ! Non ne me prête pas tes interprétations ; la saine satisfaction de percevoir les lois dans les phénomènes, c'est tout.


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Messagepar hokousai » 14 janv. 2008, 22:36

Car il faut d'abord se défaire de ses jugements moraux, avant de pouvoir comprendre pourquoi, au lieu de fixer son attention sur les faiblesses des gens (car de toute façon, qui est sous le coup de l'imagination subit, est passif, est un esclave, et en tant que tel on ne voit pas sa force à lui, qui lui définit (son essence donc ...), il vaut mieux apprendre à voir dans les gens ce qui constitue leur puissance, et non pas leur impuissance.


Mais il me semble que vous aviez un jugement moral sur ce correspondant familier .

Ce qui n'est pas le cas de Serge à priori .(et même s'il parle de vanité, après tout faudrait-il maintenant ne plus voir la vanité ?)

Ce correspondant familier a développé une stratégie de puissance que Serge ne fait qu'observer .

car Outre que c'est assez précieux, un homme averti en valant deux, après avoir identifié le degré d'honnêteté de chacun, pour déjouer en amont les tours de con (sans pour autant tomber dans la paranoïa.)

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Messagepar sescho » 14 janv. 2008, 22:40

Je remonte...

Louisa a écrit :... tu continues à utiliser (continue au sens de: après que, au cours des derniers siècles, le tronc commun qui s'appelait "science" s'est scindée en sciences exactes/sciences humaines/philosophie) le mot "science" pour désigner la philosophie, etc.

Il est vrai que j'ai lu beaucoup plus d'écrits philosophiques d'avant Spinoza que d'après (ou disons autant.) Mais bon tout cela pour moi c'est juste de la querelle de mots. J'appelle "science" la "sapience", la "connaissance", de quelque chose et qui se distingue (d'une manière non tranchée) des "arts" ou "techniques" par le fait qu'il y a perceptions de lois (et pas seulement répétition d'un geste, à l'autre extrême.) Je ne vois vraiment pas ce que cela a d'extraterrestre.

Tiens allez ! Un extrait de Wikipedia (et ne pas me dire que ce n'est pas sérieux par principe ; j'ai constaté tout le contraire sur des sujets que je connaissais) :

"Alan Chalmers, après avoir examiné les principales théories de la science du XXe siècle, écrit « qu'il n'existe pas de conception éternelle et universelle de la science [...] Rien ne nous autorise à intégrer ou à rejeter des connaissances en raison d'une conformité avec un quelconque critère donné de scientificité » (Chalmers 1987, p. 267). Après avoir également constaté qu'aucun des critères de démarcation suggéré par les épistémologues du XXeme siècle n'a arraché l'assentiment général, Robert Nadeau écrit pour sa part qu'on « ne peut apparamment formuler un critère qui exclut tout ce qu'on veut exclure, et conserve tout ce qu'on veut conserver » (Nadeau 1999, p. 126), tandis qu'André Pichot reconnaît dès l'introduction de La naissance de la science qu'il est « probablement utopique de vouloir [en] donner une définition a priori » (Pichot 1991, p. 7)."

Sans commentaire...

"Science" n'implique en aucune façon "équation mathématique" et en aucune façon "dispositif expérimental." Quant à la Physique d'une rigueur qui s'impose de façon contraignante à tout le monde, laisse-moi rire... Ce pourrait être vrai des théories fondamentales, si elles n'avaient des incompatibilités entre elles, et de certaines expériences effectuées dans un système très épuré, s'il se pouvait que l'épuration puisse être totale, mais cela c'est la liane qui cache l'Amazonie... Pour le reste on trouve des approximations, des lois sans réel fondement théorique (empiriques), plein de coefficients issus de l'expérience et d'ajustements a posteriori, des méthodes numériques (qui montrent en passant que les formules mathématiques peuvent être approximées juste avec l'emploi des 4 opérations de la calculette la plus rudimentaire - et une certaine patience), etc. ...

Ah tiens ! C'est la dernière fois que je le répète : l'esprit a comme tout ses lois, lesquelles sont accessibles en partie et c'est clairement et sans conteste l'ambition de Spinoza de les décrire de façon rigoureuse, à la manière des géomètres, ce que j'appelle "science." La science de l'Esprit se vérifie en premier lieu par introspection élucidante, ce qui convient à son objet. Elle peut l'être aussi en observant les autres, et là il peut même y avoir dispositif expérimental (mais ce n'est pas l'essentiel.) Et la science de l'esprit est de très loin la plus haute qui soit. Et tu peux me dire le contraire de toutes les façons - surtout la tienne -, sur tous les tons et dans toutes les langues, cela ne me fera pas varier d'un iota sur ces bases simples...

Louisa a écrit :Ce qui m'intéresse, c'est le STATUT que tu donnes à cette opinion/déclaration de foi. Est-ce que tu trouves qu'en principe, il s'agit d'une vérité scientifique au sens où elle est accessible à chacun qui sait lire et qui veut faire un effort de compréhension, ou s'agit-il d'une vérité plus "ésotérique", seulement accessible à ceux qui, d'une façon ou d'une autre, sont "à la hauteur"?

"Opinion" / "déclaration de foi" / "ésotérique" / "à la hauteur"... après la série des "impressions." J'espère de mon côté que tu ne crois pas une seconde que j'adhère une picoseconde à ton infinie bienveillance et objectivité prétendues... et si peu confirmées...

Mais sans rancune. Un cadeau, même : "Qui trop embrasse mal étreint."


Cordialement


Serge
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Messagepar Louisa » 14 janv. 2008, 22:54

Cher Serge,

je crains que les malentendus dans nos messages sont en train de s'accumuler. Sans doute ma façon de m'exprimer y est pour quelque chose. Tentative de défaire les noeuds, donc ... :

Louisa a écrit:
...mon problème, c'est que le fait de supposer (car il faut tout de même avouer que tel que tu l'as décrit, rien ne le PROUVE, non?) que la gentillesse qui TE semblait exagérée de la part de ton collègue, SI il s'agit réellement d'un exemple du troisième genre de connaissance, devrait te procurer une Joie Suprême. Etait-ce le cas ou non ...?

Serge:
Tu prétends me montrer mes a priori et tu interprètes sans retenue ce que tu ne connais pas. Rien ne prouve le contraire non plus et moi j'étais en situation. Comment veux-tu prouver cela ? Cela n'avait rien à voir avec de la gentillesse (je suis peut-être prétentieux en disant cela, mais je pense la reconnaître, la vraie ; elle ne sonne pas du tout comme cela ; vraiment pas du tout...) Si tu ne me crois pas, eh bien, cela n'empêchera pas la Terre de tourner, comme on dit...


je ne parlais pas du tout de toi ni de la situation réelle dans laquelle tu étais (en effet, je suis ignorant aussi bien de l'un que de l'autre), mais de ta DESCRIPTION d'un événement qui selon toi était un exemple du troisième genre de connaissance.

Tel que tu l'as décrit, RIEN ne prouve que la passion que tu as attribuée à ton collègue était réellement là. Tu as en revanche dit que son attitude te dérangeait. Ce qui veut dire qu'elle te donnait un sentiment de Tristesse, donc de diminution de ta puissance (de penser et d'agir). A mon sens, si l'on veut "pratiquer" le spinozisme dans ce genre de cas, il s'agit avant tout de distinguer son propre sentiment de la cause extérieure, et de comprendre en quoi cette passion dit quelque chose de soi-même. C'est à ce niveau-là que l'Ethique 3 et 4 me semble être hautement utile.

Car dès que l'on fait l'inverse, donc dès que l'on essaie d'interpréter le comportement de l'autre en termes de "passion mauvaise", toi tu prétends que simplement lire l'Ethique suffit pour en déduire des lois certaines ET des interprétations certaines du comportement des autres, moi je ne vois pas où Spinoza affirmerait cela. En même temps, tu affirmes qu'il est tout à fait impossible de PROUVER en quoi une situation x serait l'application de la "loi de l'esprit" y. Or comment concevoir des lois où aucune preuve de son application ne soit possible ... ?
Je ne veux pas dire que je l'exclus cette possibilité, cela signifie seulement que j'aurai besoin de citations et d'arguments avant de pouvoir le fonder dans le "spinozisme". En attendant, ces lois sont pour moi des lois de type philosophique, qui effectivement ne demandent aucune preuve objective, empirique pour avoir un intérêt. Mais alors l'intérêt est conceptuel, ce n'est pas une question de vérité ou de preuves.

Le troisième problème avec ta description, c'était qu'il s'agit clairement de la découverte d'une impuissance chez l'autre, tandis que tu prétends qu'il s'agit d'un exemple du troisième genre de connaissance. Pour moi, cette prétention est contradictoire avec ce que Spinoza dit en 5.10, que le 3e genre ne peut NAÎTRE que quand on voit ce qui est bon (chez soi-même, chez l'autre). De même, le 3e genre consiste à comprendre l'essence des choses, essence qui est un degré de puissance. C'est pourquoi je ne vois pas comment une compréhension d'une impuissance (supposant que cela soit possible; mais là aussi il me faudrait des citations avant de pouvoir changer d'avis - ce qui n'a bien sûr rien à voir avec le respect que j'ai pour toi) pourrait nous donner une expérience de 3e genre de connaissance.

Louisa a écrit:
... il vaut mieux apprendre à voir dans les gens ce qui constitue leur puissance, et non pas leur impuissance.

Serge:
Pas du tout. Il faut voir tout ce qu'il y a à voir, autant qu'on le peut. C'est l'accusation, qui implique le libre arbitre, qui est une erreur. Puisque tout dans la Nature se vaut à son échelle, il n'y a précisément rien qui soit mieux à comprendre qu'autre chose qualitativement : c'est neutre moralement. Ce que tu dis me fait penser aux antiracistes qui ont un fond de pensée raciste.


il faudrait expliquer ce que tu veux dire par ces antiracistes-racistes avant que je puisse comprendre.

Sinon quand je dis "il vaut mieux" je ne parle que du point de vue du troisième genre de connaissance (et de 5.10 comme condition préalable). Ce n'est pas parce que tu omets l'idée de libre arbitre que caractériser quelqu'un par une passion fait de cette passion une illustration de la puissance de la personne en question. Une passion (la vanité, l'ambition, ...) est toujours mauvaise pour la personne qui la subit, dit Spinoza. En même temps, elle ne peut pas se déduire de la nature de la personne, et en cela elle ne nous informe en rien sur qui cette personne est réellement. Elle n'indique qu'un manque.

Autrement dit: ce n'est pas parce qu'on enlève tout jugement moral que du coup on ne parle plus d'impuissance (c'est même exactement l'inverse: ce qui avant était désigné comme "faiblesse morale" devient "rien", une impuissance). Chaque personne étant, en essence, un degré de puissance, distinguer une impuissance chez quelqu'un ne dit donc rien de son essence.

Louisa a écrit:
Le 3e genre de connaissance n'est donc PAS neutre, puisqu'en 5.10 il REPREND la notion de BON, pour dire qu'il ne peut naître que de la connaissance de ce qui est bon (chez soi-même, chez l'autre).

Serge:
Tu confonds comprendre la réalité, dont les mécanismes des passions, et être soi-même passif.


c'est bien possible. Dans quel sens?

Louisa a écrit:
Il a donc fallu d'abord "neutraliser" le côté moral (que tu appelles "accusateur") de ces notions, en montrant à quoi elles répondent en réalité (les lois de la nature), pour ensuite nous faire comprendre en quoi se concentrer sur les "mauvaises passions" chez l'autre ne peut rien donner, en tant que Joie, et surtout pas la Joie Suprême.

Serge:
J'appelle "accusateur" seulement ce qui dans l'exposé relève de l'inculpation (hors exercice de la Justice, j'entends), et donc de la croyance au libre arbitre.


oui, en cela nous sommes d'accord. Ce que je voulais dire ci-dessus, c'est que cette opération intellectuelle à mes yeux est nécessaire, chez Spinoza, avant de pouvoir entrer dans le troisième genre de connaissance, qui est plus exigent: il ne faut non seulement laisser tomber tout jugement moral/accusateur, il faut également apprendre d'abord à voir le bon, puis même à voir le degré de puissance qu'est chaque chose. Juste laisser tomber l'idée de libre arbitre ne suffit pas du tout, il y a beaucoup plus d'étapes à franchir.

Serge a écrit : Je ne vois pas en quoi la politique de l'autruche serait le salut. Mais je suis d'accord que le terme de "mauvais" n'est pas applicable au fait, mais à ce qui éloigne du potentiel de puissance. A ce titre il en devient presque positif (il invite au soutien.)


potentiel de puissance? Tu crois en l'existence d'une puissance potentielle, chez Spinoza? Tu trouves donc que pas toute puissance est toujours actualisée? Si oui, pourquoi?

Sinon je ne crois pas que quand Spinoza conseille en 5.10 d'apprendre à concentrer son attention sur le bon, qu'il s'agit d'une politique d'autruche. C'est précisément parce que les passions sont signes d'impuissances que, en REALITE, elles ne sont rien. Elles sont des idées inadéquates, mais en Dieu, donc en réalité, il n'y a que des idées adéquates. Le but n'est donc pas de nier la misère du monde, si tu veux, mais de voir ce qu'il y a de positif au sein même de cette misère, le reste ayant seulement le statut de manque, donc relevant du domaine de l'imaginaire.

Louisa a écrit:
... comment expliques-tu que selon Spinoza, chaque fois que l'on fait cela, il faudrait être suprêmement heureux? Quand, pendant que j'écris ce message, je m'efforce un instant à penser aux lois de l'électricité qui font que je sais lire l'écran, devrais-je sentir une Joie suprême ... ?

Serge:
Tu n'as pas l'impression d'exagérer un peu ?


Non, sinon je ne le dirais pas, bien sûr. J'ai plutôt l'impression que c'est toi qui trouves que j'exagère ... :)

Je me base sur par exemple la démonstration de l'E5P27: "et par suite qui connaît les choses par ce genre de connaissance passe à la suprême perfection humaine, et par conséquent est afecté de la plus haute Joie, qu'accompagne l'idée de soi-même et de sa vertu, et partant de ce genre de connaissance naît la plus haute satisfaction qu'il puisse y avoir".

Bien sûr, tous ces superlatifs semblent être exagéré, mais cela seulement si l'on croit que le troisième genre de connaissance ne consiste qu'en la simple application des lois de la nature à des cas spécifiques. Or pour moi, c'est précisément une des raisons pour lesquelles j'ai des difficultés à comprendre ton interprétation du troisième genre. Effectivement, lier ce que tu en dis à une suprême perfection humaine, à de la plus haute Joie, à la plus haute satisfaction qu'il puisse y avoir, ça a l'air d'être tout à fait exagéré. C'était précisément cela ce que je voulais dire par mon message précédent, tu vois?

Serge a écrit :Si je vois en action la loi d'inertie tout-à-fait clairement, c'est puissance de ma part


d'accord, tu en as une idée adéquate. Mais éprouves-tu de la plus haute Joie? Non. Pour moi, cela signifie que juste faire ce type d'exercice ne peut pas être ce que Spinoza a en vue quand il parle de connaissance intuitive ou troisième genre de connaissance.

D'ailleurs, je ne vois même pas ce qui pourrait être "intuitif" dans l'exemple que tu donnes: il faut d'abord, rationnellement, apprendre la loi de l'inertie, puis rationnellement comprendre qu'elle s'applique à toute chose qu'on voit. A partir de là, il ne faut aucune autre capacité intellectuelle à part la raison pour pouvoir se souvenir, par rapport à chaque chose, qu'effectivement, elle aussi obéit à cette même loi.

Serge a écrit : de-là à ressentir la béatitude immédiatement. Il y a une hiérarchie, au faite de laquelle on trouve la perception de la substance-Dieu-Nature universelle.


je ne crois pas. Le troisième genre de connaissance ne demande pas d'abord d'appliquer mille fois la loi de l'inertie aux choses autour de nous avant de basculer du coup de la raison et ses Joies à la Joie suprême.

La cause formelle du troisième genre, ce n'est rien d'autre que l'éternité de mon Esprit à moi. Cela suffit. E5P31: "en tant qu'il est éternel, il a la connaissance de Dieu, connaissance qui assurément est nécessairement adéquate, et partant l'Esprit, en tant qu'il est éternel, est apte à connaître tout ce qui peut suivre de cette connaissance donnée de Dieu, c'est-à-dire connaître les choses par le troisième genre de connaissance".

La perception de la substance-Dieu ne se trouve donc pas au terme du processus, et la plus grande Joie n'arrive pas une fois qu'on atteint cette "fin". Le troisième genre de connaissance COMMENCE par la connaissance adéquate de Dieu. Et pour l'avoir, il suffit de contempler "l'essence de son Corps sous l'aspect de l'éternité", c'est-à-dire de concevoir l'Esprit en tant qu'il est éternel.

Il n'y a donc aucune "hierarchie" liée au troisième genre. Ce qu'il y a, c'est que la perfection, chez Spinoza, peut toujours augmenter encore. Qui est mode fini, est toujours déjà parfait, mais peut toujours aussi devenir plus parfait. Ainsi, comme le dit le scolie de la même proposition, "plus chacun est fort dans ce genre de connaissance, (...)plus il est parfait et bienheureux". Il ne faut donc pas parcourir tout un genre d'exercice avant d'atteindre du coup LE bonheur suprême. Il suffit d'avoir une idée adéquate qui relève du troisième genre pour, en ce moment même, éprouver un bonheur suprême. Cette béatitude étant une Joie, elle n'est donc pas du tout un genre d'état "béat" global, elle est, comme toute Joie, avant tout un PASSAGE, un changement de notre puissance vers une plus grande perfection. A mon sens, c'est ainsi qu'il faut comprendre le fait que l'on peut devenir "plus" bienheureux: après avoir eu une première idée adéquate relevant du 3e genre, on désire en avoir une deuxième (5.26), et s'il en acquiert une, il est effectivement "plus" bienheureux encore, et ainsi de suite.

Serge a écrit : Mais oui le sage qui voit tout à sa place est dans la béatitude.


le sage n'est pas omniscient. Jamais il ne voit que "tout" est à sa place. Ce "tout" est une généralisation, donc un être de raison, une abstraction. Le sage est celui qui a pu acquérir beaucoup d'idées adéquates du troisième genre, c'est-à-dire qui réussit à concevoir de plus en plus d'essences de choses singulières sous l'aspect de l'éternité.

serge a écrit : Mais comme il ne s'agit pas de toi, ni de moi, un peu de mesure ne détonerait pas, je pense...


j'avoue que le fait que tu m'attribues sans cesse de grandes prétentions me dérange un peu. Tu te trompes, je ne crois pas du tout que mes opinions ont une grande valeur de vérité. Je ne suis qu'au début de mes apprentissage, et la discussion est pour moi un outil très intéressant pour comprendre mes erreurs et faire évoluer ma compréhension. Or on ne peut discuter sans essayer d'expliciter ce qu'on croit, dans l'état actuel de ses connaissances.

Quant au sage: jamais Spinoza ne dit qu'il faut être sage avant de pouvoir avoir une idée adéquate qui relève du troisième genre de connaissance. Il dit encore moins qu'il faut être sage pour pouvoir comprendre l'Ethique. Conclusion: il ne faut nullement prétendre être sage pour pouvoir avoir une première opinion sur ce que dit réellement l'Ethique et pour pouvoir argumenter contre une interprétation qui DE PRIME ABORD te semble être erronnée ... . La seule chose qui serait prétentieux, ce serait de croire que tu as sans doute tort et moi raison. Mais à partir de ce moment-là, discuter n'aurait plus aucun intérêt. Puis je l'ai déjà répété quelques fois: je ne crois pas DU TOUT que mes raisonnements sont sans failles, et je ne demande pas mieux qu'on essaie de me le montrer.

Louisa a écrit:
La seule "joie" que l'on peut tirer d'une telle interprétation de "manque" chez l'autre, c'est de se croire "meilleur" parce qu'au moins, nous on a compris dans quel jeu stupide se trouve enrôlé ce "con" (je te cite).

Serge:
Je n'ai pas employé ce terme. Si c'est "tour de con" auquel tu fais référence, c'est une expression consacrée par l'Académie depuis Philippe IV le Bel. Le Patrimoine, quoi ! Non ne me prête pas tes interprétations ; la saine satisfaction de percevoir les lois dans les phénomènes, c'est tout.


tu y vas trop vite, je crains. Je ne te prête rien, j'essaie de t'expliquer comment j'interprète ce que tu écris, et c'est tout. Après, c'est à toi de me dire (si tu le veux bien) où je t'ai mal compris. Puis bon, sans doute un tas d'expressions francophones sont consacrées depuis des siècles. Je ne pourrai pas les connaître toutes en seulement cinq ans ... de nouveau, tu me surestimes.

Plus concrètement, tu as décrit ton collègue en des termes de "vaniteux", "ambitieux", etc (oui, je croyais qu'on pourrait prendre l'expression "tour de con" en un sens littéral, mais cela, ce n'était qu'un mot dans la série), bref, en termes de passion. Je ne veux pas DU TOUT dire que faire cela, c'est "mauvais". Je voulais simplement dire que pour Spinoza, les passions ne décrivent PAS l'essence de l'homme. Ce sont des idées inadéquates, qui disparaissent avec la mort, qui ne disent rien de "réel" concernant qui est cette personne. Ma question était: comment peux-tu d'une telle connaissance passer au troisième genre de connaissance, qui est censé être une connaissance de l'essence des choses?
Bien à toi,
Louisa

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Messagepar Louisa » 14 janv. 2008, 23:02

Hokousai a écrit :Louisa:
Car il faut d'abord se défaire de ses jugements moraux, avant de pouvoir comprendre pourquoi, au lieu de fixer son attention sur les faiblesses des gens (car de toute façon, qui est sous le coup de l'imagination subit, est passif, est un esclave, et en tant que tel on ne voit pas sa force à lui, qui lui définit (son essence donc ...), il vaut mieux apprendre à voir dans les gens ce qui constitue leur puissance, et non pas leur impuissance.

Hokousai:
Mais il me semble que vous aviez un jugement moral sur ce correspondant familier .

Ce qui n'est pas le cas de Serge à priori .(et même s'il parle de vanité, après tout faudrait-il maintenant ne plus voir la vanité ?)

Ce correspondant familier a développé une stratégie de puissance que Serge ne fait qu'observe


merci de reprendre ce passage. La façon dont vous l'interprétez montre que je me suis vraiment mal expliquée, puisque vous êtes déjà deux à y voir un jugement moral, tandis que ce n'était pas du tout ce que je voulais dire.

Je rappelle que nous sommes en train de discuter du troisième genre de connaissance, Serge nous ayant présenté son exemple comme étant une illustration de cette science intuitive.

La seule chose que j'essaie de dire, ce n'est pas qu'à mon sens Spinoza nous conseille de faire comme si la vanité etc. n'existe pas. Il dit seulement (5.10) que la condition, donc la situation d'où peut NAÎTRE le troisième genre de connaissance, c'est celle où l'on s'est entraîné à voir ce qui est bon (chez soi-même, chez l'autre). Cela me semble être tout à fait logique, car le troisième genre de connaissance nous donne des idées adéquates de l'essence des choses singulières, essences qui sont des degrés de puissance et non pas des degrés d'impuissance.

L'essentiel de ce que je veux montrer dans cette discussion-ci, c'est que pour moi, l'exemple décrit par Serge ne peut nullement être une illustration du 3e genre de connaissance, puisqu'il s'agit d'un constat d'une impuissance, ce qui est incompatible avec la définition même du troisième genre.
Bien à vous,
louisa

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Messagepar hokousai » 14 janv. 2008, 23:10

Le but n'est donc pas de nier la misère du monde, si tu veux, mais de voir ce qu'il y a de positif au sein même de cette misère, le reste ayant seulement le statut de manque, donc relevant du domaine de l'imaginaire.


Ca c'est sur, quand on est pauvre on ne gagne pas d'argent à seulement s'imaginer riche .
Mais à refuser de s'imaginer riche on ne risque pas non plus de faitre l' effort pour en gagner .

Plus que les malentendus ce sont les propos défiant le bon sens qui s' accumulent .

hokousai


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