Être heureux

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Messagepar nepart » 29 janv. 2008, 13:15

Sur le fait qu'avant la majorité croit en dieu va dans mon sens je trouve.
Car plus on sait de choses plus des idées tel que l'âme, dieu sont de moins en moins crédibles et on se rapproche du materialisme.

Peut être que dans 100 ans, la thèse matérialiste sera très répandu et au sera au niveau faut-il ou pas essayer de créer une conscience artificielles.

Enfin pour Sescho, le fait que je n'ai pas la vu ou que cela n'est pas évident ne s'oppose pas en ma vision de choses.

Au contraire si on se fier à l'évidence on pourrait croire que le soleil tourne autour de la terre etc.

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Messagepar nepart » 29 janv. 2008, 18:40

Je rajouterai quelque chose.

Comment être heureux, de manière durable, alors que l'homme par nature, est rapidement lassé et en veut toujours plus.

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Messagepar sescho » 29 janv. 2008, 20:34

nepart a écrit :... le fait que je n'ai pas la vu ou que cela n'est pas évident ne s'oppose pas en ma vision de choses.

Au contraire si on se fier à l'évidence on pourrait croire que le soleil tourne autour de la terre etc.

"Vision" au sens propre, ce ne me semble pas être le cas. "Imagine" me semble plus juste. Une idée claire et distincte, cela se reconnaît... à la clarté ; je ne vois rien de bien clair là-dedans... Quant à penser que le soleil tourne autour de la Terre, ou qu'il fait 100 pieds de diamètre, je ne vois pas quel problème existentiel cela pose (si ce n'est une petite claque à l'anthropocentrisme.) De grands sages ont très bien vécu sans le savoir... Où est le problème en fait ? Je pense qu'on fait une erreur en considérant que ce qui est validé (approximativement) scientifiquement relève automatiquement de l'idée claire et distincte ; pour moi, c'est en fait assez rarement le cas (pour la Physique par exemple, s'occupant de la causalité dans l'ordre commun de la Nature.)

nepart a écrit :Comment être heureux, de manière durable, alors que l'homme par nature, est rapidement lassé et en veut toujours plus.

Non, pas l'Homme par nature (voir Paul Diel, ... et Spinoza.) Le commun des hommes seulement. On n'en veut toujours plus lorsque l'on ne sait pas trouver ce que l'on veut profondément. Ou une autre façon de le dire, c'est que le sage trouve tout ce qu'il "veut" en permanence, et il en "veut" toujours autant, et il n'y a pas de raison que cela cesse, puisque ce qu'il "veut" est pour l'essentiel en lui, est lui.

Amicalement

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Messagepar nepart » 29 janv. 2008, 22:46

sescho a écrit :
nepart a écrit :... le fait que je n'ai pas la vu ou que cela n'est pas évident ne s'oppose pas en ma vision de choses.

Au contraire si on se fier à l'évidence on pourrait croire que le soleil tourne autour de la terre etc.

"Vision" au sens propre, ce ne me semble pas être le cas. "Imagine" me semble plus juste. Une idée claire et distincte, cela se reconnaît... à la clarté ; je ne vois rien de bien clair là-dedans... Quant à penser que le soleil tourne autour de la Terre, ou qu'il fait 100 pieds de diamètre, je ne vois pas quel problème existentiel cela pose (si ce n'est une petite claque à l'anthropocentrisme.) De grands sages ont très bien vécu sans le savoir... Où est le problème en fait ? Je pense qu'on fait une erreur en considérant que ce qui est validé (approximativement) scientifiquement relève automatiquement de l'idée claire et distincte ; pour moi, c'est en fait assez rarement le cas (pour la Physique par exemple, s'occupant de la causalité dans l'ordre commun de la Nature.)

nepart a écrit :Comment être heureux, de manière durable, alors que l'homme par nature, est rapidement lassé et en veut toujours plus.

Non, pas l'Homme par nature (voir Paul Diel, ... et Spinoza.) Le commun des hommes seulement. On n'en veut toujours plus lorsque l'on ne sait pas trouver ce que l'on veut profondément. Ou une autre façon de le dire, c'est que le sage trouve tout ce qu'il "veut" en permanence, et il en "veut" toujours autant, et il n'y a pas de raison que cela cesse, puisque ce qu'il "veut" est pour l'essentiel en lui, est lui.

Amicalement

Serge


Donc pour toi tout ce qui n'est pas évident pour l'esprit(comme 1+1=2) n'est pas forcement vrai?

Sinon pour l'idée qu'il faut du contraste pour l'homme pour qu'ils ressentent (exemple: on te pince, tu aura mal au début, mais tu ne resentira plus rien après, car sans variation, on ne sent plus rien), j'ai ça dans mes cours

c. La prééminence du malheur dans l'existence humaine
Cependant, plusieurs sources de souffrances viennent contrarier et finalement empêcher le bonheur de l'homme. La souffrance vient en premier lieu, de son corps éprouvant et même requérant la douleur et l'angoisse pour fonctionner normalement, en second lieu, du monde extérieur doté de forces surpuissantes qui peuvent le réduire à néant et enfin, de ses relations avec les autres hommes marquées par la violence.
3. Nous espérons le bonheur mais il ne cesse de nous échapper
a. L'homme n'est pas fait pour être heureux
Pour Freud, il n'est pas possible de dépasser cette condition parce qu'elle définit la condition de l'homme. Il ajoute même que nos possibilités de bonheur sont limitées par notre constitution. En effet, nous ne pouvons connaître le bonheur que de façon brève parce « nous ne pouvons jouir intensément que de ce qui est contraste » (Malaise dans la culture, chap. II).
b. Le bonheur absolu n'existe pas
On peut ajouter que si le bonheur est un sentiment de satisfaction éprouvé à l'égard de la vie entière, il va de soi qu'il ne saurait être permanent. En effet, toute existence est marquée par des expériences éprouvantes. De plus, ce sentiment est lié à nos désirs, or ceux-ci sont divers et parfois contradictoires, de telle sorte que la satisfaction de l'un entraîne l'abandon d'un autre.
c. Le bonheur est une chance
Il semble que le bonheur, du fait de son caractère éphémère et imprévisible, dépende finalement de conditions que nous sommes incapables de maîtriser. Se le proposer comme idéal est certes légitime, mais en faire la fin de son existence revient à viser une réalité insaisissable et incontrôlable. On ne mérite pas d'être heureux, on l'est ou non et pour un moment seulement. Le bonheur, d'une certaine façon, c'est ce qui m'échoit par l'effet d'une chance ou d'une grâce.

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Messagepar Louisa » 30 janv. 2008, 00:06

Nepart a écrit :Sur le fait qu'avant la majorité croit en dieu va dans mon sens je trouve.
Car plus on sait de choses plus des idées tel que l'âme, dieu sont de moins en moins crédibles et on se rapproche du materialisme.


Pourtant, il y a 2500 ans, on n'avait pas du tout la connaissance scientifique d'aujourd'hui, et la majorité des philosophes grecs étaient matérialistes (voir l'article sur le matérialisme dont j'ai donné les références il y a quelques jours)... .

Tandis qu'il y a 50 ans, on savait déjà énormément de choses sur le corps humain (la psychiatrie par exemple n'a quasiment pas fait de découvertes majeures depuis lors, elle qui essaie de changer l'esprit de manière scientifiquement prouvée par des substances chimiques ou des procédures purement matérielles (électrochocs etc)). Et pourtant, une majorité des scientifiques étaient chrétiens.

Bref, si l'on regarde l'histoire occidentale, je ne vois pas de corrélation systématique entre les CROYANCES des scientifiques et leurs théories scientifiquement PROUVEES.

Sinon, encore une fois, il me semble que tu fais une erreur de raisonnement assez importante: tu confonds à mes yeux une opinion et une idée vraie, au sens de scientifiquement prouvée. Le travail d'un scientifique (et d'un philosophe) consiste précisément à NE PAS se fier aux opinions que la majorité partage, ou que l'on trouve soi-même évidentes, mais d'examiner celles-ci de façon critique pour les remplacer par des théories prouvées. Cela ne veut pas dire que les scientifiques n'ont pas de croyances, seulement il s'agit bel et bien de croyances et non pas d'une vérité prouvée. Si donc tu voulais adopter une opinion tout simplement parce qu'une majorité de gens y croit ... tu fais exactement l'inverse de ce que fait un scientifique ou un philosophe, tu te fies à des croyances au lieu d'interroger celles-ci. C'est bien pourquoi beaucoup de scientifiques, comme l'a déjà souligné ici le physicien SpinUp, n'ont aucun problème à admettre qu'être idéaliste ou matérialiste n'est qu'une opinion, pas du tout une vérité. A mon sens, cela signifie qu'en tant que non scientifiques, si la vérité nous intéresse, il faudra INTERROGER toute opinion, aussi quand il s'agit d'une opinion d'un scientifique, et surtout pas l'adopter simplement soi-même parce qu'il s'agit d'un scientifique qui a cette opinion.

La vérité n'est pas une "caractéristique" d'une personne ou d'une attitude. Elle est une caractéristique de théories prouvées selon des règles très rigoureuses et strictes. Or pour l'instant, aucune théorie ne prouve scientifiquement la réalité du matérialsime. Il me semble donc que si tu veux adopter un matérialisme pour la simple raison que c'est une opinion qui est à la mode à certains moments de l'histoire humaine, alors tu sautes l'étape essentielle qui conditionne toute recherche de la vérité, et qui consiste en la mise en question d'opinions en utilisant ta propre puissance de penser.

Nepart a écrit :Peut être que dans 100 ans, la thèse matérialiste sera très répandu et au sera au niveau faut-il ou pas essayer de créer une conscience artificielles.


c'est bien possible. Mais ce qui fait qu'une majorité de gens, dans une culture x à une époque y, croient en telle ou telle chose n'a jamais été une PREUVE de la réalité de cette chose (ni même de sa vérité "vraisemblable")... au contraire même, l'histoire de l'humanité a déjà maintes fois prouvé qu'une thèse fort répandue peut s'avérer tout à fait fausse, une fois que l'on l'examine de manière scientifique ... .

Nepart a écrit :Comment être heureux, de manière durable, alors que l'homme par nature, est rapidement lassé et en veut toujours plus.


est-ce une idée scientifiquement prouvé, que l'homme par nature est rapidement lassé? Non, c'est une thèse défendue par certains savants. Ma conclusion: la seule attitude proprement "scientifique" par rapport à elle, c'est non pas de l'adopter, mais de l'interroger.

Déjà on peut se demander ce que ce serait, une "nature" d'homme. Suffit-il de regarder autour de soi pour la "voir"? Non, car les hommes vivent toujours déjà dans des circonstances culturelles et socio-économiques, qui influencent très fortement leurs comportements. C'est bien pourquoi tu ne trouveras pas dans un article scientifique la notion de "nature humaine", par exemple.

La "nature humaine" est donc une notion philosophique. Cela implique inévitablement qu'il y en a autant de "définitions" qu'il en existe de grands philosophes. Freud, en un certain sens, en a donné une. Mais un tas d'autres ne sont pas d'accord avec lui. Donc de nouveau: rien ne nous oblige/permet à/de accepter telle ou telle définition comme étant la "vraie", aussi longtemps qu'elle n'est pas réellement prouvée.

En attendant, on peut par exemple étudier celle de Spinoza. Elle dit que la nature humaine est telle que l'on peut la définir par un degré de puissance, c'est-à-dire une certaine capacité de produire des effets (sur soi-même et sur le monde). Cette capacité AUGMENTE, selon Spinoza, dès que nous avons réellement compris quelque chose, de nous-même ou du monde. Compréhension qui s'accompagne inévitablement d'une Joie, qui n'est rien d'autre que l'augmentation même de notre puissance. La Joie nous rend plus fort. Ainsi, chaque fois que nous avons compris quelque chose, nous devenons plus puissants.

A partir de ce moment-là, le bonheur n'est plus quelque chose de flou que tous désirent mais que personne ne possède. Le bonheur est quelque chose de tout à fait réel, qui consiste en un genre de Joie très spécifique: il s'agit d'une Joie qui ne se laisse pas trop facilement renverser par une "mauvaise rencontre" (je suis contente d'avoir compris telle page de mon cours, mais quand mes voisins du coup font du bruit tandis que je veux étudier, je suis Triste, la Joie m'a déjà de nouveau quitté). Le bonheur consiste donc en une Joie "constante".

Cependant, Spinoza est également le premier à reconnaître l'idée que l'homme veut toujours plus, comme tu le dis. Comment concilier cela avec l'idée que le bonheur est une Joie "constante"?

Si nous voulons toujours plus, on peut se demander CE QUE nous voulons en fait LE plus. Ce que nous voulons avant tout, comme tu le dis, c'est en un certain sens souffrir moins. Ce qui n'est possible que si, quand nous faisons une "mauvaise rencontre", nous sommes plus puissants, nous réussissons à "convertir" cette rencontre en quelque chose qui nous apprend quelque chose d'important sur nous-même et sur le monde - car alors nous pourrons mieux anticiper les problèmes, mieux organiser notre avenir en fonction de nos désirs, et nous serons moins affectés de Tristesse quand cela arrive, ou nous saurons la transformer immédiatement en Joie, c'est-à-dire nous pouvons alors utiliser une mauvaise rencontre pour augmenter notre puissance.

Ainsi est-ce clair, pour Spinoza, que ce que nous voulons toujours plus, c'est augmenter notre puissance. Cela signifie que dès que nous connaissons un moment de bonheur, par là même nous voulons encore plus être heureux (ce qu'il appelle "être bienheureux"). Est-ce que cela pose problème?

Chez Freud oui, parce qu'il présuppose que le désir se définit par le manque et que donc dès que l'on désire quelque chose, on ne peut que souffrir du manque de l'objet que nous désirons, tandis que selon lui l'homme désire de toute façon toujours l'impossible. Tout désir est donc aussi souffrance, une "Joie pure" est inconcevable. Une Joie constante encore moins.

Chez Spinoza au contraire cela ne pose aucun problème. Le problème n'est pas que nous désirerions en fin de compte quelque chose d'impossible. Le problème est bien plutôt que souvent nous désirons quelque chose qui ne donne qu'une Joie passagère, qui se renverse facilement en Tristesse dès que nous faisons une mauvaise rencontre. Pour devenir heureux, il faut donc apprendre à sélectionner certains "désirs bons", et à les cultiver. C'est tout un art. Ce n'est pas facile. Mais c'est tout à fait possible.

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Messagepar nepart » 30 janv. 2008, 17:21

Merci louisa :)

Est ce que certain d'entre vous sont heureux, car j'ai jamais l'impression de voir des gens constamment heureux.

Moi personnellement des que je pense à un bonheur pour toute la vie, je pense à la mort qui crée une forte tristesse, tant je n'ai pas envie de mourir.

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Messagepar Louisa » 30 janv. 2008, 18:12

Nepart a écrit :Est ce que certain d'entre vous sont heureux, car j'ai jamais l'impression de voir des gens constamment heureux.


de nouveau, tout dépend du TYPE de bonheur dont on parle, je crois. Le bonheur n'étant pas une idée "scientifique", il en existe un tas de défintions différentes.

Alors si l'on prend celle que propose Spinoza, il faut essayer de penser le bonheur en termes de "degrés". Qu'est-ce à dire? Qu'il ne faut pas encore avoir atteint le "bonheur suprême" (qu'il appelle la "béatitude", ou le fait d'être "bienheureux") pour déjà pouvoir être heureux, et pour pouvoir évoluer vers ce bonheur suprême.

En ce sens précis, on pourrait dire que quelque part, beaucoup de gens sont toujours sans cesse "un peu" heureux. Le fait même d'avoir envie de vivre, de sentir bien réellement cette envie, ce goût pour la vie, n'est-ce pas déjà un petit bonheur?

Si oui, la question n'est pas tellement de savoir SI l'on peut être heureux. Aussi longtemps qu'on ne se suicide pas, on est toujours déjà UN PEU heureux. La question devient plutôt: comment AUGMENTER notre bonheur?

Alors certains gens vont dire: en augmentant nos richesses! Car plus j'ai de l'argent, moins je devrai faire des boulots que je n'aime pas, plus je pourrai payer d'autres pour les faire, plus j'aurai une vie remplie des choses agréables etc.

D'autres disent: en augmentant notre "Gloire"! Car plus les gens m'estiment et me louent, plus je me sentirai accepté dans le monde, plus je pourrai compter sur eux quand j'en ai besoin, plus on m'admira, plus on va vouloir m'inviter partout, me donner des petits cadeaux etc.

D'autres encore disent: en augmentant le plaisir sexuel! Car la satisfaction la plus intensement ressentie, ne pourrait-ce pas être celle que l'on éprouve en faisant l'amour? Et si l'on regarde les animaux, on voit qu'ils s'adonnent très régulièrement à cette activité. Ne faut-il pas en conclure que notre essence même, dans son "animalité" et donc dans ce que nous sommes "au fond", c'est le fait d'être des animaux sexués? Dès lors est-ce que nous ne réalisons pas la chose la plus importante pour nous, quand nous faisons l'amour?

En réalité, pour pas mal de gens le bonheur consiste en un mélange de ces trois choses: richesses, gloire, sexe. A partir de ce moment-là, ils vont organiser leur vie d'une telle façon qu'ils réussissent à augmenter la possession de ces trois choses-là. Alors ils s'attendent à ce que, au fur et à mesure qu'ils acquièrent davantage de ces "biens", leur bonheur augmente aussi.

Selon beaucoup de philosophes (dont notamment Spinoza), le fait que finalement, peu de gens qui vivent une telle vie soient véritablement de plus en plus heureux montre qu'il doit y avoir un problème. Tout indique, effectivement, que devenir toujours plus heureux en cherchant ces biens-là peut parfois donner des Joies très intenses, mais ... elles sont souvent peu "stables".

Celui qui est riche va non plus faire des boulots "cons", mais ... aura besoin de tout son temps pour protéger les biens qu'il a achetés, pour s'assurer de ce que son argent continue à augmenter (sinon il risque de perdre avec son argent aussi tout son bonheur) etc. Ce qui fait que finalement, il doit tout de même travailler beaucoup, et faire pas mal de choses ennuyeuses. Celui qui cherche la Gloire constate assez vite que les gens changent rapidement d'idée, et que celui qu'ils louent aujourd'hui peut être méprise demain. De nouveau, il ne s'agit donc pas d'un bien très "constant". Enfin, l'Amour aussi change facilement en Haine, la Haine étant souvent tout aussi intense qu'était avant l'Amour. Ce n'est donc pas un bien très "fiable" non plus, de prime abord.

Quoi faire alors? Selon Spinoza, il y a tout à fait moyen de s'en sortir de façon un peu plus "heureuse" que ce que nous donnent les trois biens que les gens cherchent le plus souvent quand ils essaient d'augmenter leur bonheur. Mais alors il faut donc trouver un autre type de bien, un "véritable bien" comme il l'appelle, c'est-à-dire un dont l'acquisition n'a pas tous les désavantages de ces trois biens que l'on recherche d'ordinaire, tout en gardant les avantages.

Quels en sont les avantages? Si l'on étudie ce que ces trois biens sont censés nous apporter, dit Spinoza, ne pourrait-on pas dire que c'est finalement avant tout la "satisfaction de soi-même"? Il croit que oui.

Alors il constate qu'effectivement richesses, gloire et sexe peuvent nous donner indéniablement une certaine satisfaction de nous-mêmes (cela, tout le monde le sait). Seulement, cette satisfaction dépend énormément du hasard, si l'on veut, ou de choses sur lesquelles on a finalement très peu de pouvoir. On a beau installer le tout dernier système d'alarme sur sa maison, si un voleur est bien équipé, il saura toujours y entrer et te voler toute ta richesse. La chance que cela arrive continue à exister. Et donc tu peux à raison continuer à craindre que peut-être un jour ta richesse et par là même ta satisfaction de toi-même vont te quitter. On peut donc être heureux, par moments, en possédant beaucoup de biens matériels, mais cela demeure un bonheur "précaire". Cette précarité même fait qu'on ne peut pas appeler le bonheur dû à la richesse un "bonheur suprême", car sans doute le riche sera encore beaucoup plus heureux s'il ne doit plus craindre qu'on va lui voler sa fortune.

On peut faire exactement le même raisonnement pour les deux autres biens (comment l'amant ne peut-il pas craindre qu'un jour l'aimé(e) va l'abandonner pour un(e) autre? Et comment être certain des louanges des gens, sachant que surtout quand il s'agit de louange, les gens changent vite d'idée?).

Existe-t-il dès lors un quatrième type de bien, qui peut nous donner une grande satisfaction de nous-même et cela SANS que celle-ci puisse de nouveau être ôtée par l'une ou l'autre circonstance extérieure sur laquelle nous n'avons finalement pas de pouvoir? Oui, dit Spinoza, ensemble avec tous ceux qui ont déjà réellement expérimenté cette satisfaction de soi (pas mal de gens qui visitent ce site, effectivement). Elle consiste en ... la compréhension. Plus on a compris certaines choses, plus on acquiert du bonheur, bonheur "constant", cette fois-ci, ce qui ne veut pas dire qu'il ne peut plus augmenter, mais que tu ne sais pas facilement le perdre de nouveau, que conserver ce bonheur est beaucoup plus dans ton pouvoir que ce qui était le cas pour les trois premiers types de bien.

Seulement, il ne s'agit pas de n'importe quel type de compréhension. Pour en savoir plus, voir par exemple ce qu'on peut trouver sur ce site concernant "le bonheur" et la "connaissance".

Mais peut-être que tu as déjà quelques objections/questions/... par rapport à ce que je viens d'écrire ici?
louisa

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Messagepar SpinUp » 30 janv. 2008, 19:02

Nepart, désolé de le dire comme ça mais ta question n'a pas de sens.
Des gens "constamment heureux", cela n'existe pas, mais encore faut-il savoir ce que tu entends réellement par bonheur. (je rejoins ce que dit Louisa sur argent/gloire/sexe etc.)

Notre société est à l'opposée de toute "sagesse", spinoziste ou autre. La plupart des sagesses considerent que la béhatitude est un état intérieur, une lisaison directe avec "Dieu", quelle que soit la forme que ce Dieu a suivant les différentes cultures ou philosophes.
Tandis que la vision du bonheur domminante, c'est "les soldes toute l'année", des petites bouffées de joie en flux continu pour humains élevés en batterie: la société moderne ne vis que par des joies passives, le capitalisme moderne est plus que jamais une économie libidinale. D'où l'angoisse généralisée, d'où le jeunisme... Je crois totalement, comme Spinoza, qu'une personne saine et pleine de force "ne pense rien moins qu'à la mort, au contraire sa pensée est une méditation sur la vie" (c'est l'idée, je cite de mémoire).

Je pense qu'il faut deja savoir s'écarter de temps en temps de cette machine à produire du désir qu'est notre monde, pour pouvoir se poser la seule question qui vaille la peine: pour moi, personnelement, qu'est ce que je désire vraiment, et qu'est ce qui me rend heureux?

Si je voulais faire mon Korto, je dirais quand meme qu'on imagine mal Spinoza amoureux, ni en train de faire des blagues salaces avec ses amis..., mais c'est peut-être que l'on manque d'imagination. Parce que le vrai enjeu de la sagesse pour nous "modernes" est sans doute de pouvoir la vivre dans ce monde-ci, sans renoncer aux "vanités" de ce monde, mais en gardant la distance suffisante pour ne pas en dépendre fondamentalement.

Et quand à savoir si les gens de ce forum sont heureux... je ne pense pas que ça t'avancerait à grand chose (n'importe qui qui passe toute ses nuits sur un forum est dépressif et sexuellement frustré de toute façon... mais non, je plaisante, ce serait trop facile)

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Messagepar sescho » 30 janv. 2008, 20:57

nepart a écrit :Donc pour toi tout ce qui n'est pas évident pour l'esprit(comme 1+1=2) n'est pas forcement vrai?

D'abord, pour moi, 1 + 1 = 2 est simplement une définition de 2. Rien à voir avec une vérité éternelle (mais Poincaré me montrerait peut-être que je passe à côté de quelque chose...) Mon critère c'est l'accessibilité à la connaissance claire et distincte, intuitive. Cela me semble parfaitement exclu pour le diamètre du soleil, par exemple. Nous n'en avons aucune idée claire et distincte et son diamètre n'a strictement aucune importance existentielle. Autre exemple : de savoir que telle "constellation" a tel nom est un savoir creux : il ne s'agit que d'une dénomination donnée par l'Homme à un groupe d'étoiles qui semblent s'assembler suivant une certaine figure, plus ou moins bien ajustée. Et cela empêche d'embrasser le ciel en toute pureté... Toutefois, je reconnais en Physique le "sens physique", qui fait par exemple que l'on sent tout de suite une solution à un problème, ou qu'on puisse dire : "ceci n'est pas possible !" et ensuite le vérifier dans les faits. Là on approche selon moi du troisième genre, mais c'est relativement rare dans les faits, sur le nombre.

nepart a écrit :Sinon pour l'idée qu'il faut du contraste pour l'homme pour qu'ils ressentent (exemple: on te pince, tu aura mal au début, mais tu ne resentira plus rien après, car sans variation, on ne sent plus rien), j'ai ça dans mes cours

C'est amusant, car c'est une idée que j'ai depuis longtemps. Mais cela ne contredit en rien ce que j'ai dit : le sage est dans un éternel renouvèlement tout en restant le même. Il est dans la vie, mais toujours avec l'esprit serein, clair et vif. Et pour Spinoza, bien au-delà de la Joie, qui est une passion et s'exprime souvent dans une version malsaine (par ses à-côtés), il y a la béatitude (ou bonheur supérieur) qui, elle, est la puissance même.

c. La prééminence du malheur...

Je ne sais d'où tu tires cela, mais on trouve de tout si l'on cherche bien...

Le bonheur absolu existe en tant que loi de la Nature, mais en réalité il ne peut être atteint qu'asymptotiquement. Il n'y a en gros qu'une loi du bonheur pour tous les hommes (mais elle s'applique en fonction des circonstances réelles.) Qu'on veuille y associer le terme "scientifiquement prouvé" ou non est trivial : cette vérité se constate en soi (comme toute vérité, en fait) par association avec ce qu'en ont dit les grands esprits. Il faut lire et comprendre ces auteurs et vérifier en soi la vérité de la chose, car la chose est en soi. Ceci a tous les critères de la scientificité, mais pas de celle qui manie des chiffres...

nepart a écrit :Est ce que certain d'entre vous sont heureux, car j'ai jamais l'impression de voir des gens constamment heureux.

Moi personnellement des que je pense à un bonheur pour toute la vie, je pense à la mort qui crée une forte tristesse, tant je n'ai pas envie de mourir.

Pour les gens moyens que nous sommes, il n'y a pas que du bonheur, c'est certain. Mais il y en a. Pour le reste, il me semble qu'il faut moins se tendre vers un bonheur largement imaginé, puisque non vécu (c'est la meilleure façon de ne pas l'atteindre) que de ramener ses forces sur le concret : voir les choses telles qu'elles sont, en soi en particulier. Pour cela, il est bon de retrouver un peu de la curiosité pure de la petite enfance, juste pour voir comment sont les choses. Il n'est pas inutile cependant, pour gagner du temps, de lire quelques grands auteurs qui nous indiquent ce qu'il y a à regarder...


Amicalement


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Modifié en dernier par sescho le 30 janv. 2008, 21:00, modifié 2 fois.
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Messagepar nepart » 30 janv. 2008, 20:59

Donc il faut être indépendant de toutes nos sources de plaisirs pour être heureux?


Enfin pour la mort, je ne vois pas comment c'est techniquement possible de ne pas être triste à l'idée de mourir, à moins que l'on aime pas sa vie.

Enfin, pour les très bons exemple de Louisa, cela signifie t'il donc qu'il ne faut pas s'imaginer qu'en usant d'une source de plaisir on sera heureux, mais qu'il faut tout simplement et de façon constante ce demander qu'est ce qui me serait le plus utile?

Enfin sur le fait de demander si certains d'entre vous sont heureux, c'est que on y croit plus quand on voit que certains ont "réussi".


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