Spinoza: le personnage

[AUgustindercrois]

Cher henrique,

Beau texte que le vôtre, et l'attention particulière que vous portez au scolie de EV p. 39 me touche particulièrement. Je n'étais pas arrivé jusque là dans ma lecture (encore incomplète) de l'Ethique, et surtout sa conclusion: "Nous faisons avant tout effortpour le corps de l'enfance se change, autant que sa nature le souffre et s'y prête, en un autre qui soit apte à un très grand nombre de choses et se rapporte à un esprit qui soit le plus possible conscient de lui - même, et de Dieu, et des choses, et tel que tout ce qui se rapporte à sa mémoire ou à son imagination ait à peine d'importance au regard de l'entendement."

C'est un très beau passage de l'Ethique, très émouvant. Je crois qu'il y avait chez lui une faculté de contemplation des choses, une faculté très précise, puisque l'on dit qu'il était bon dessinateur. Le terme choses, ici revient; je repense aussi à cette idée de EV 24: " Plus nous comprenons les choses singulières, plus nous comprenons Dieu". C'est une très belle phrase. C'est une très belle pensée. Singularité universelle. Universelle singularité.

Je me rends compte que Spinoza est une sorte d'anti - Pascal. Il y a une idée de Paix et de joie chez l'un, de tourment tragique chez l'autre. Tous deux font pourtant la même expérience de vie, de l'universalité de la mort au XVIIème siècle, de la souffranxce physique aiguë, chez l'un comme chez l'autre. Mais l'un en fait une tragédie, et l'autre une sagesse apaisée.