PAYS BAS III: PETIT PELERINAGE SPINOZISTE

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AUgustindercrois
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Messagepar AUgustindercrois » 05 oct. 2005, 22:08

Non, bien sûr, c'est une licence littéraire!

:roll: :roll: :roll:

je me souviens de cette histoire, cher Miam, de la fille du pasteur...

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LA MER

Messagepar AUgustindercrois » 30 oct. 2005, 19:00

L’ivresse des livres ne cessait de le surprendre ; il possédait lui – même une bibliothèque assez fournie. Aussi était – ce l’envie songeuse qui s’emparait de lui : possesseur des livres de Spinoza, il s’imaginait un être meilleur, plus fort, plus assuré, comme serti d’un rempart invisible et bienfaiteur, caparaçonné d’une cuirasse idéale et indécelable. Il se sentait comme privé de défense face au monde ; la compagnie des livres, sentinelles de silence lisses et vivaces lui apportait le réconfort et le secours immatériel des idées.

Mais, plus que tout, il se sentait conforté par la présence de Spinoza dans cette maison, ou plutôt par la possibilité de sa présence - finalement, tout cela n’était que conjectures, reconstructions a posteriori, supputations et hypothèses ; ainsi, il se pouvait que Spinoza eût vécu là, dans cette salle à manger reconstituée avec ces carreaux de Delft pleins d’imposture, ou qu’il eût élu domicile au premier étage… Ce n’était même pas un souvenir, c’était la probabilité du souvenir.-
- En guise de passé, il faut se contenter de probabilités, se dit-il.

On n’avait à disposition, dans cette maison, que quelques témoignages indirects. Il n’y avait que quelques lettres de Spinoza de 1661 et de 1662 ou 1663, qu’il adressa à Oldenburg, et qu’il data à Rijnsburg. Il y dit avoir rédigé le Court Traité dans ces lieux. C’est là qu’il lut la traduction latine de certains essais de Sciences Naturelles de Robert Boyle. C’est là que naquit l’illusion d’un Spinoza solitaire, illusion qu’Aurélien se plaisait à entretenir, comme par une disposition interne et secrète qui n’appartenait qu’à lui. C’est là que commencèrent à être rédigées les prémices de l’Ethique.

Ils visitèrent la pièce attenante, où l’on avait reconstitué l’atelier de Spinoza. On ne sait si Spinoza avait vécu là, ou au premier étage. Il y avait là le registre des visiteurs. Sur la page de l’année de 1920 figure la fine signature d’Albert Einstein.


Spinoza partit de Rijnsburg en 1663, pour aller à Voorburg.

Augustin imaginait les longues promenades de Spinoza jusqu’à Katwijk, jusqu’à la mer. Il y avait trois kilomètres à pied jusqu’à la côte.

Ils déjeunèrent, d’une manière fort animée, comme s’ils s’étaient toujours connus, comme de vieux amis qui se retrouveraient après une longue absence. Etrangeté de ce sentiment de proximité.

Ils allèrent sur la côte ; il y avait un peu de vent, un vent léger qui annonçait la fin de l’été. La mer, couleur d’huître, se reflétait dans la grisaille bleutée du ciel brumeux. Le sable blanc, presque enténébré de grisaille, voletait au loin. La mer est infinie. Le monde est un absolu infini.

THE END


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