Comprendre le sarkozysme

Actualités et informations diverses sur Spinoza, la philosophie en général ou regards spinozistes sur l'actualité.
Avatar du membre
Henrique
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1184
Enregistré le : 06 juin 2002, 00:00
Localisation : France
Contact :

Messagepar Henrique » 30 sept. 2007, 01:35

Tout d'abord, on entend effectivement par libéralisme, quand on ne précise pas "politique" ou "moral", le libéralisme économique dont Locke est le grand-père, Smith le père fondateur - une conception de l'économie et de ses rapports avec la politique largement réfutée par les faits entre les deux guerres et abandonnée y compris par la droite jusqu'à la fin des années 70, une conception qui a été cependant reprise par Tatcher et Reagan à cette époque, suite à des rationalisations accomplies par des penseurs néo-libéraux comme Friedmann ou Hayek. C'est bien de ce libéralisme là qu'il s'agit avec Sarkozy et dont il s'agit, comme par une sorte de pendant avec les années keynesiennes de la droite, y compris avec des politiques dits de gauche comme le travaillisme anglais, la social-démocratie version Schröder en allemagne ou version Persson en Suède, Rasmussen au Danemark...

Spinoza libéral, oui si par là on entend qu'il est pour qu'un Etat cohérent autorise à chacun de penser ce qu'il veut. Mais lorsqu'il dit dans le TTP que la fin de l'Etat est la liberté, on a en fait d'emblée une opposition avec ce qu'il est convenu d'appeler le libéralisme : pour Locke, Smith et plus tard Hayek, la liberté est un droit naturel dont l'Etat n'est nullement le moyen mais seulement le protecteur, à condition qu'il soit réduit, pour ce faire à la part congrue, dite régalienne (la justice, la police et l'armée pour protéger la propriété (de ceux qui possèdent bien sûr). L'Etat libéral doit user le moins possible des lois, qui sont conçues comme limitations de cette liberté naturelle.

Spinoza montre au contraire que la seule chose qui justifie le contrat social, c'est-à-dire la renonciation au plein usage de notre droit naturel de faire ce que bon nous semble, c'est que l'on acquière grâce à la soumission à une loi commune, une liberté bien plus grande qu'à l'état de nature. En ce sens, les lois ne sont pas des pis-allers, auquel il faut bien consentir parce qu'on ne peut pas faire tout et n'importe quoi, mais des auxiliaires de la liberté : l'Etat est condition de la liberté que la civilité rend possible, la loi n'est pas une limitation de la liberté mais une augmentation de celle-ci, voilà qui suffit à exclure Spinoza du mode de pensée libéral.

Contrairement aux libéraux qui définissent la liberté comme simple absence d'empêchement, d'obstacle à la satisfaction de la volonté individuelle, Spinoza l'envisage politiquement comme pouvoir d'agir accru, grâce comme je le disais aux règles de vie communes, autrement dit aux règles de la raison, absentes à l'état de nature : "L'homme qui se dirige d'après la raison est plus libre dans la cité où il vit sous la loi commune, que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui-même." (E4P73). On est loin alors de la dérégulation généralisée comme panacée néo-libérale pour tous les problèmes économiques et sociaux, ayant pour conséquence immédiate de soumettre les plus faibles aux plus forts, ceux qui n'ont que leur force de travail aux détenteurs de capital, de sorte que le contrat social même est rompu : "si la fin de l'action n'est pas l'utilité de l'agent lui-même, mais de celui qui commande, alors l'agent est un esclave ; inutile à lui-même ; au contraire, dans un État et sous un commandement pour lesquels la loi suprême est le salut de tout le peuple, non de celui qui commande, celui qui obeit en tout au souverain ne doit pas être dit un esclave, inutile en tout à lui-même, mais un sujet. Ainsi, cet État est le plus libre, dont les lois sont fondées en droite Raison, car dans cet État, chacun, dès qu'il le veut, peut être libre, c'est à dire vivre, de son entier consentement sous la conduite de la Raison." (TTP XVI)

Dans ce cadre, la liberté est une affaire publique et non une affaire privée : elle relève du jugement collectif ou n'est pas. Ainsi lorsqu'on confie la gestion du vivre ensemble à des intérêts privés, sous prétexte qu'ils seraient plus efficaces ou quoique ce soit, on sape d'un point de vue spinoziste cela même qui fonde et peut stabiliser à terme le vivre ensemble.

D'ailleurs, autre point d'opposition fondamental avec le néo-libéralisme : la propriété n'y est nullement conçue comme un droit naturel mais au contraire comme un droit qui relève du choix collectif (Ethique IV, prop. 37, scolie 2).

Alors, comprendre le sarkozysme, c'est se donner les moyens d'en comprendre la nécessité historique : c'est un mélange tout à fait cohérent de libéralisme et d'autoritarisme, car il s'agit au fond de discipliner le salariat en douceur autant que possible : vous travaillez à enrichir un autre, donc votre travail est servile, mais plus vous travaillerez, c'est quand même bien normal, plus vous aurez de sous pour vous acheter de quoi vivre confortablement. Exactement comme on dirait à un esclave "plus tu ramasseras de coton, plus tu auras de soupe le soir".

La population française, comme celle du reste de l'Europe, aspire à un retour de l'Etat, après les renonciations sociales-libérales des années 90 ; le sarkozysme, de façon largement similaire au berlusconnisme, avec un style un peu plus sobre toutefois, c'est la nécessité de donner le change, faire croire à un retour de l'Etat par une agitation médiatique sans précédent et un interventionnisme forcené et confus sur des questions épiphénoménales comme "les immigrés" sans toutefois aborder un tant soit peu la cause essentielle du problème de l'immigration clandestine qui est la volonté capitalistique d'importer une main d'oeuvre à prix bradé. Tout cela donc en maintenant la pression néo-libérale dans les faits. Sarkozy a très bien compris qu'il trouverait sa popularité en faisant tout pour éviter de passer pour le néo-libéral qu'il est indéniablement. La gauche "de gouvernement" de son côté s'est révélée tellement incapable de retrouver des moyens d'imposer le progrès social après la chute du mur de Berlin que le sarkozysme, main de velour libérale vis-à-vis du pouvoir économique, dans un gant de fer autoritaire, était inévitable.

Je réponds aussi à d'autres remarques de K. postées ailleurs mais liées à notre sujet :

Je reviendrai d'abord sur ces questions qui toutes, finalement n'exprimaient qu'une seule inquiétude. Est-ce que Spinoza, qui m'intéresse très fortement aujourd'hui, mais aussi tout philosophe, dès qu'il cherche à rendre compte de l'ensemble de l'homme et du monde et à être le regard, l'intelligence de l'humanité, ne perd pas énormément à être capturé par tel ou tel groupe, confisqué par tel parti, telle église, tel lobby ? Et j'avais cité la franc-maçonnerie, le corps professoral, la gauche, les ennemis de N.Sarkozy, les amateurs de cathéchismes ou gourou. Je ne crois pas qu'un véritable philosophe (ou artiste, ou scientifique d'ailleurs) puisse être catalogable à gauche ou à droite. La mission universelle par définition de ces gens est incompatible avec l'esprit partisan, l'exclusion, la négation, la haine.


De confiscation il n'y a jamais eu ici, rien ne t'interdit, toi comme d'autres avant, d'argumenter sur, pour faire court, le spinozisme de Sarkozy et du libéralisme, comme pourquoi pas le sarkozysme et le libéralisme de Spinoza. De son côté, Spinoza a montré l'exemple : si la philosophie est un travail individuel, elle a pour condition de possibilité un état de civilité entre les hommes tel qu'ils ne confondent pas débat constructif d'idées et combat pour imposer une façon de voir par la force, que cette force soit militaire ou économique. Car Spinoza, lecteur Machiavel, n'ignorait certainement pas que l'on peut tenter d'imposer une façon de voir non seulement par les armes mais aussi par le pain et les jeux. C'est cette conscience de la nécessité d'une civilité stable et féconde pour la philosophie qui le conduit à s'engager politiquement en faveur de la démocratie, ordre rationnel propre à l'humanité, contre les partisans de "l'ordre naturel" dans lequel les plus forts sont aussi naturellement ceux qui ont le plus de droits. Cet engagement politique suffit à démontrer que l'image du philosophe planant au dessus de la masse et de ses petits débats d'idées est une grosse erreur.

Si Spinoza peut être démocrate contre les royalistes, rien n'interdit de réfléchir au fond de sa pensée politique en termes de gauche ou de droite. Car ces termes, loin d'être de simples scories de l'histoire que le philosophe se devrait de mépriser expriment les deux façons d'aborder la question du bien commun, de même qu'on considère que le vrai s'élabore fondamentalement soit par induction (empirismes), soit par déduction (rationalismes). En ce qui concerne le bien commun, on part soit de valeurs particulières et concrètes qui n'existent par nature qu'en étant différentes chez les uns ou les autres (la propriété, le travail individuel, les qualités individuelles de naissance, les richesses privées acquises par la naissance ou par le biais de ces qualités innées...) pour le concevoir comme somme de ces biens particuliers. C'est la pensée de droite typique notamment d'Adam Smith pour qui l'intérêt général n'est rien d'autre que la somme des égoïsmes particuliers qu'une "main invisible" harmonise de façon providentielle. Ou bien on part d'emblée de valeurs universelles, qui n'ont de sens qui si elles sont également reconnues ou accessibles pour tout homme (la justice, le travail collectif, l'éducation, les services publics...). Cette structuration de la pensée politique est tellement fondamentale, malgré tous les ninismes qui en prétendant être au dessus de cette structure ne font jamais que prêter le flanc à la pente naturelle primitive des choses qui est de voir l'arbre plutôt que la forêt, l'intérêt individuel au détriment de l'intérêt général, rationnellement déterminé, c'est-à-dire penser à droite.

Sur cette base, on peut discuter, voir chez Spinoza un penseur de droite à la suite de Léo-Strauss et ses disciples néo-libéraux et néo-conservateurs, soit à la suite d'Althusser, entre autres, un penseur de gauche. Pour ma part, je ne m'appuie ni sur Léo-Strauss (on s'en serait douté) ni sur Althusser. J'ai des raisons de comprendre Spinoza comme un penseur de gauche que j'ai indiquées ailleurs et qu'on peut discuter ici.

Je trouverais tout aussi décevant et abusifs des attaques contre S.Royal, Bové, le PS ou la LCR de la qualité de celles que j'ai pu lire dans "comprendre le sarkozysme". Et je ne sais pas si Spinoza, homme de l'affirmation, aurait compris ces rejets et ces sectarismes.


J'ai dans l'idée que pour un sarkozyste un peu passionné, il est préférable que son idole soit raillée ou l'objet de lamentation éplorées : se proposer de le comprendre est beaucoup plus ennuyeux. Quand Spinoza se propose de comprendre le phénomène religieux dans ses relations avec le politique, il heurte bien plus l'ordre établi et ses partisans que ne pourraient le faire n'importe quelles comédies ou tragédies de cet ordre. La haine qu'a pu suciter un Molière en son temps est bien moindre que celle qu'a pu subir le "chien juif et athée d'Amsterdam".

Par "meilleur questionneur", je voulais dire un homme qui pose les questions essentielles de notre condition d'homme (Dieu, la nature, le déterminisme, notre liberté, la joie, la passion...) en des termes très clairs et très honnêtes, véritablement animé par un souci de vérité, et non par un esprit de système. Avec un doute sur les passions, le traitement des passions spinozien, sa définition de l'amour et des regrets. Que je vais essayer de dissiper par mes lectures, recherches et peut-être échanges ici.


Je vais te décevoir : cela fait sans doute "moderne" aujourd'hui de se dire hors de toute pensée systématique, croyant qu'il suffit de renoncer à toute vision d'ensemble pour voir enfin les choses concrètes telles qu'elles sont, mais chez Spinoza, souci de vérité, esprit de système et même modernité sont inséparables. Système signifie en grec "poser ensemble" : il n'est pas de pensée rationnelle à vrai dire qui ne soit systématique. Considérer les objets isolément, sans avoir à s'interroger sur la cohérence du système qui leur permet de fonctionner, c'est précisément le propre d'une renonciation à une pensée rationnelle authentique, quoiqu'on dise par ailleurs de la "nécessité de rationaliser les dépenses de l'Etat" (on dit aussi "moderniser", tout est bon pour avoir l'air de donner du crédit à ce qui revient en fait à diminuer tout moyen de contrôle démocratique sur les règles de vie communes).

Avatar du membre
Korto
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 239
Enregistré le : 17 sept. 2007, 00:00

Messagepar Korto » 30 sept. 2007, 10:05

---
Modifié en dernier par Korto le 03 févr. 2008, 00:41, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Pej
persévère dans sa puissance d'être ici
persévère dans sa puissance d'être ici
Messages : 147
Enregistré le : 21 nov. 2004, 00:00
Localisation : Chaumont

Messagepar Pej » 30 sept. 2007, 10:37

KORTO a écrit :— Oui, je suis content en profondeur, mais je n'ai pas de joie."


Cette phrase serait intéressante à analyser d'un point de vue spinoziste (chose que je n'ai ni le courage, ni la compétence de faire).

KORTO a écrit :Par contre, l'homme, son caractère, sa geste, son destin, sa volonté, sa liberté, sa conviction, sa verve, assez bien approchés par Y.Reza, le phénomène humain N.S, on pourrait en discuter ici, et peut-être en termes plus philosophiques, plus libres ...


Le phénomène humain N.S. n'a, hélas, qu'un intérêt fort limité. Rappelons que nous parlons ici du Président de la République française et qu'il est donc plus intéressant d'analyser ses actions en termes politiques, et non en termes psychologiques (car pour une analyse psychologique, n'importe qui ferait tout aussi bien l'affaire).

Avatar du membre
Henrique
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 1184
Enregistré le : 06 juin 2002, 00:00
Localisation : France
Contact :

Messagepar Henrique » 30 sept. 2007, 11:40

Tout à fait, prétendre comprendre l'homme Sarkozy ne peut être envisagé que par des proches, autrement on confondra admiration d'un côté ou haine de l'autre avec compréhension. Et de fait, peu nous importe qu'intérieurement, Nicolas Sarkozy soit un saint ou un démon, cela seul que nous pouvons, et devons en tant que citoyens, juger, c'est son discours et son action politique.

Ce n'est pas pour rien je pense que ce fil s'appelle "comprendre le sarkozysme" et non "comprendre Nicolas". Face à une telle attitude citoyenne, un admirateur de Sarkozy tentera naturellement de se convaincre que compréhension critique et rationnelle équivaut nécessairement à haine débordante d'aveuglements irrationnels, ou tout autre façon de retourner contre les iconoclastes leurs critiques sans autre argument que cette confusion. Plutôt que de répondre sur le fond des arguments, il les balayera d'un revers de main et tentera de faire diversion en déplaçant le débat sur un autre terrain.

"L'admiration est cette façon d'imaginer un objet qui attache l'âme exclusivement par le caractère singulier de cette représentation qui ne ressemble à aucune autre" (E3Dp4) : en ce sens l'admiration est le sentiment qui s'oppose le plus à la raison en tant qu'elle est capacité à concevoir des notions communes.

Pourquoi ne pourrait-on discuter du sarkozysme en termes philosophiques et libres ? Parce que d'un point de vue sarkozyste, dans lequel l'admiration de l'homme providentiel est une attitude fondatrice, on ne peut qu'aduler ou haïr l'eidôlon, l'aduler si on fait partie du camps des bons, et naturellement le haïr si on fait partie du camps des mauvais, notamment ceux dont il nous a été dit qu'ils ne faisaient pas partie de la France qui se lève tôt... tenter comprendre les conditions de l'hyperhumanisation théologico-politique de l'idole ne peut dans cette logique que relever du crime de lèse divinité.

Avatar du membre
Korto
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 239
Enregistré le : 17 sept. 2007, 00:00

Messagepar Korto » 05 oct. 2007, 06:50

---
Modifié en dernier par Korto le 03 févr. 2008, 00:41, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Pej
persévère dans sa puissance d'être ici
persévère dans sa puissance d'être ici
Messages : 147
Enregistré le : 21 nov. 2004, 00:00
Localisation : Chaumont

Messagepar Pej » 05 oct. 2007, 10:20

La personnalité d'un homme politique n'est pas sans intérêt. En effet, dans la mesure où il doit sans cesse prendre des décisions et que, comme tout être humain, les facteurs d'ordre psychologique entrent dans cette prise de décision, il peut être intéressant de se questionner sur les qualités "psychologiques" d'un dirigeant politique (d'où effectivement, les nombreuses allusions, les miennes notamment, à la personnalité de Nicolas Sarkozy). Mais cette réflexion est d'un intérêt moindre que celle sur l'action proprement politique de ce même dirigeant. Analyser la politique mise en place par le Président de la République est donc plus important que d'analyser sa psychologie. Or, à vous lire, on avait l'impression que vous pensiez l'inverse, et que la personnalité de Nicolas Sarkozy exerçait même une sorte de fascination sur vous. Chose étonnante car, je le répète, elle est tout sauf extraordinaire, et il suffit de lire certains psychologues pour s'en convaincre (dont Marie-France Hirigoyen que j'ai déjà citée).
J'apporterai toutefois une précision d'importance : ne connaissant personnellement pas Nicolas Sarkozy, il m'est impossible de prétendre porter un jugement objectif sur sa personnalité psychologique. Je me contente donc d'hypothèses (même si par soucis polémique, elles peuvent prendre la forme d'affirmations). :wink:

Avatar du membre
Korto
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 239
Enregistré le : 17 sept. 2007, 00:00

Messagepar Korto » 05 oct. 2007, 17:06

---
Modifié en dernier par Korto le 03 févr. 2008, 00:42, modifié 1 fois.

Avatar du membre
DGsu
participe à l'administration du forum.
participe à l'administration du forum.
Messages : 218
Enregistré le : 14 janv. 2004, 00:00
Localisation : Ici
Contact :

Messagepar DGsu » 06 oct. 2007, 16:15

Merci cher Korto d'avoir exhumé cette vieille intervention même si c'est pour la discréditer. J'insiste cependant sur sa pertinence dans le cadre de cette discussion et je revendique le second degré qu'elle contient.

Il me semble que la concentration du pouvoir à laquelle on assiste (je ne vais pas en proposer l'exposé ici, ça dépasse mes compétences et d'autres l'ont fait brillamment), le fait de déposséder les citoyens du politique et de la pensée qui l'accompagne, l'exacerbation de certains affects par un usage spécifique de la langue, de même qu'une dévaluation du concept de démocratie sont des questions qui entrent parfaitement dans les questions traitées par Spinoza dans le TTP et le TP.

Je ne vois pas là un portrait psychologique de N.S. mais plutôt les constatations des transformations effectives dans pratique de la politique.

Et puis comme le dit Isabelle Stengers, il faut afficher ou affirmer clairement ses appartenances.

Bien cordialement et merci de nourrir ce débat de vos interventions franches et contradictoires. :wink:
"Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes." Rosa Luxemburg

Avatar du membre
Korto
participe avec force d'âme et générosité
participe avec force d'âme et générosité
Messages : 239
Enregistré le : 17 sept. 2007, 00:00

Messagepar Korto » 07 oct. 2007, 01:38

---
Modifié en dernier par Korto le 03 févr. 2008, 00:43, modifié 1 fois.

Avatar du membre
Pej
persévère dans sa puissance d'être ici
persévère dans sa puissance d'être ici
Messages : 147
Enregistré le : 21 nov. 2004, 00:00
Localisation : Chaumont

Messagepar Pej » 07 oct. 2007, 09:56

KORTO a écrit :Nier toute culture et toute capacité intellectuelle à N. Sarkozy est du même tonneau (...quelqu'un qui se vante de ne pas être un "intellectuel" (et qui voue une haine flagrante à l'égard de toute forme de pensée).PEJ).
Être intellectuel, ce n'est pas, je crois, seulement apprendre régulièrement par cœur le Monde Diplo et les Inrock et se pâmer devant n'importe quel art de rue des nuits blanches très parisiennes.
Si chaque ignare, chaque imbécile pouvait accéder sans difficulté à la magistrature suprême, ça se saurait...


Sur la haine de la pensée de la part de Nicolas Sarkozy, il ne s'agit nullement d'une interprétation ; c'est lui-même qui le dit, alors, à moins de le traiter de menteur ou de démagogue, on peut peut-être lui faire confiance là-dessus :
"Je ne suis pas un intellectuel" (phrase qu'il a répétée à maintes reprises).
Mais la palme revient évidemment à Christine Lagarde, incarnation vivante de l' "idéologie" sarkoziste :
"C’est une vieille habitude nationale : la France est un pays qui pense. Il n’est guère d’idéologie dont nous n’ayons fait la théorie, et nous possédons probablement dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé, assez tergiversé, retroussons tout simplement nos manches ! "
(l'assimilation que fait Lagarde entre la pensée et l'idéologie en dit assez long sur la pertinence de sa propre réflexion).

Il ne s'agit pas là de lire les Inrock ou le Monde Diplomatique. De même qu'il ne s'agit pas de reprocher à Nicolas Sarkozy de ne pas savoir parler français (la correction grammaticale n'étant pas un attribut de la pensée), ou de ne pas être "cultivé" (qui reprochera à un homme politique de ne pas être cultivé, étant donné qu'à ce niveau de responsabilité, ils n'ont pas de temps à consacrer à cette activité ?).
Sur les raisons psychologiques de la haine (ou du moins la peur, si le mot haine paraît trop fort) de la pensée par Nicolas Sarkozy, on peut renvoyer au dialogue qu'il avait eu avec Michel Onfray dans Philosophie magazine.

KORTO a écrit :- le programme politique de droite doit être assimilé au programme du patronat et de la haute finance.


Effectivement, on ne peut assimiler le programme politique de la droite au programme du patronat et de la haute finance car il ne va jamais assez loin du point de vue de ces derniers (cf. les critiques que le MEDEF continue à apporter, même si elles sont bien sûr moins véhémentes que lorsque c'est la gauche qui est au pouvoir). Il n'empêche, et le programme de Nicolas Sarkozy est à cet égard exemplaire, qu'un programme de droite a pour fonction de favoriser les classes sociales les plus aisées. Quoi de nouveau là-dedans ? Nos démocraties sont des systèmes de partis et, par définition, un parti est le représentant d'une certaine classe sociale. On ne saurait donc demander à un élu, fût-il le Président de la République, et donc le Président de TOUS les Français, de représenter l'ensemble du peuple, quand il a été élu par une certaine classe sociale (et doit donc rendre des comptes à cet égard).
Mais laissons aux membres de partis adverses, le droit à la critique, fût-elle parfois abusive. :)

KORTO a écrit :Le "détail" récent des tests ADN est révélateur à cet égard de cette volonté d'assimilation de N.S à un Josef Mengele. Un horizon militant bien étroit.


Sur la question des tests ADN, nous avons là affaire à une erreur politique doublée d'une faute morale. Par ailleurs, quand François Fillon parle de "détail", de toute évidence en référence à la phrase de Le Pen sur les chambres à gaz, il y a de quoi être indigné. Je n'ai entendu personne assimiler Nicolas Sarkozy à Josef Mengele. A Hitler peut-être (mais de façon volontairement provocatrice et outrancière). Cela est évidemment absurde et contre-productif. Mais il n'empêche qu'il y aurait beaucoup à dire sur les aspects totalitaires qui peuvent parfois transparaître dans les discours et les attitudes de Nicolas Sarkozy.


Retourner vers « Actualités »

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 5 invités