Pourquoi quelque chose plutôt que rien?

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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ChiaroscurO
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Messagepar ChiaroscurO » 12 juil. 2008, 19:20

Question interessante..

Admettons que les deux positions rabache par nos professeurs de philosophie et tres bien resume par Alexandre VI sont un peu depasse

J ai envie ici de reprendre avec un peu de provoc ce slogan de 68

"profeseurs vous etes vieux, votre savoir aussi..."

En effet si tout est regit par la liberte humaine d un Sartre ou le hasard d un Darwin, ca revient a la meme sottise que de soutenir que tout est regit par la necessite d un Spinoza

Si tout est hasard, alors rien n est hasard
Si tout est necessite, alors rien n est necessite

C est pourquoi ca serait a mon avis malhonnete de prendre partie pour une seule de ces positions

La vie demande bien plus de Danse, non ?

Vous allez peut etre dire que je botte en touche et que ma reponse est facile (en tout cas elle ne va pas paraitre du tout occidentale) mais je crois que la vie est se compose a la fois de hasard et de necessite...

J ai voulus conduire ma vie comme les preceptes rationnels de Spinoza en essayant de touver une raison a chaque chose, force est de constater que l'ultime etape de la raison est de reconnaitre qu il y a un infinite de choses qui la depasse...

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Henrique
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Messagepar Henrique » 31 juil. 2008, 16:47

ChiaroscurO, Spinoza n'a jamais dit qu'il fallait chercher une raison à tout ce qui existe, comme si c'était possible. D'un point de vue rationaliste, rien ne saurait exister sans cause, mais il est bien au delà de nos facultés mentales de tout comprendre, comme notre auteur le dit assez souvent dans ses lettres.

Quant à la question posée, considérons ce qu'elle implique immédiatement : il n'est pas inconcevable que rien n'ait jamais existé, il aurait pu ne rien y avoir. On suppose alors qu'il pourrait y avoir une cause X de l'être dont la mise en évidence répondrait à la question posée.

Mais cet X qui causerait l'être ne devrait donc pas être de l'ordre de l'être, sinon on tomberait dans une pétition de principe, en énonçant comme cause ce qui justement est à expliquer. Comme cet X ne saurait être, il serait alors un non-être. Certains néantophiles ont tenté cette voie. Mais alors un non-être serait cause de quelque chose, autrement dit pour pouvoir être cause, le néant serait non-néant et aussi bien l'être serait non-être, ce qui est de la dernière des absurdités.

Par ailleurs, supposer que le rien absolu aurait pu exister à la place de l'être n'est pas moins absurde, car s'il avait existé, il aurait été quelque chose ! Ou encore, si rien n'avait jamais existé, il aurait fallu une cause pour que l'être n'existe pas, pour que le néant supplante l'être, ce qui revient encore une fois à l'absurdité d'accorder plus de puissance autrement dit d'être au néant qu'à l'être même.

En conséquence, l'être ne pouvant ni être causé par un non-être ni par un autre être - puisque rien ne saurait être antérieur à l'être même, il ne peut être causé que par lui-même, son essence étant précisément d'exister. Autrement dit, il y a quelque chose parce qu'il y a quelque chose, ce qui ne constitue pas ici une pétition de principe car contrairement à un objet dont la nature n'enveloppe pas l'existence, l'être a ce pouvoir : quelque cause qu'on suppose au quelque chose, cette cause même est un quelque chose. Mais pour le dire tout de même moins abruptement, il y a quelque chose parce qu'il est impossible qu'il n'y ait rien. Car s'il n'y avait jamais rien eu, on identifierait alors totalité et néant, l'ensemble des êtres serait vide ; or une totalité est quelque chose, ne serait-ce qu'à titre de forme, on affirmerait donc une chose et son contraire.

Pour autant cela ne revient pas à "justifier" l'être, notamment par des valeurs imaginées par les post-platoniciens comme supérieures en perfection à l'être. Il n'y a pas de cause finale à l'être. L'être, comme la rose, est sans pourquoi. A cet égard, on n'est pas si loin que cela de ce que Sartre a voulu dire, je pense.

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alcore
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Messagepar alcore » 14 avr. 2009, 13:51

La question mérite un petit examen
a) d'abord elle postule gratuitement l'opposition du rien au quelque chose
là dessus, notons que le "quelque chose" n'est rien d'autre que le sujet logique ultime d'attribution; il correspond en somme au concept de finitude. Je peux parler de chien, chat, etc. et si j'ôte ttes les différences, je n'aurais plus à penser qu'un sujet vide susceptible d'être rempli par n'importe quoi...de fini
b) le rien est soit le non- qq chose, l'absence de finitude, d'être déterminé, soit le néant absolu, soit un non être relatif. notons que l'infini dans la perspective de Spinoza n'est justmeent pas "qqchose", sinon il serait nombrable (le sujetdu nombre est qq chose). La substance absolue etant au delà de tout nombre n'est rien du tout en ce sens: à se demander d'ailleurs si elle est perceptible, ce dont je doute. On peut certes percevoir ses attributs, mais la substance elle meme ? Bien sûr la substance n'est rien d'autre que ses attributs..
c) si la question demande: pourquoi y a t il du fini plutot que seulement de l'infini ? pourquoi la substance ne se contente t elle pas de son absoluité infinie ? Le problème est celui de la genèse du fini
si elle demande: pourquoi y a t il même une substance plutôt que le néant, alors elle n'a pas de sens pr SPinoza puisque le partage substance-modes est originaire. PAs de sens à se projeter dans un néant et ensuite se demander comment les substances apparaissent; ce serait typique de la mythologie religieuse, et du nihilisme.


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