Sinusix a écrit :
Cher Alcore, je vous trouve un peu provocateur sur ce coup et, si j'ose m'exprimer ainsi, il y a peut-être des novices, auxquels j'appartiens, au regard du cursus philosophique de la majorité des intervenants du forum, mais pas forcément des idiots.
La référence géométrique euclidienne n'a rien à voir avec une terminologie "universitairement" constituée (cf. votre Lalande) et amplement reprise par d'éminents philosophes, et non des moindres, comme base de discussion (je pense à Bergson en particulier, dont vous m'accorderez j'espère, qu'il lui est arrivé d'écrire des choses bien pesées). Je reprends donc ma question en vous rappelant qu'il s'agit du parallélisme psycho-physique, dont chacun sait ce qu'il signifie chez Spinoza.
Si vous voulez une correspondance mathématique, je reprends celle que j'ai déjà utilisée il y a quelques temps pour imager ce dont il s'agit, à savoir celle de morphisme de groupe en mathématiques. Le parallélisme est donc le morphisme suivant entre l'ensemble attribut de la Pensée et l'ensemble attribut de l'Etendue, à savoir (la fonction en cause étant l'idée dans E2P7) : idée de : chose A cause de chose B = idée de chose A cause de idée de chose B.
J'ajoute enfin, comme vous le savez pertinemment, que ce morphisme est bijectif, comme le déclare E5P1 Démonstration, et par conséquent que l'ordre et l'enchaînement des choses est le même que l'ordre et l'enchaînement des idées.
Comme je l'ai déjà dit, il y a suffisamment à dire concernant les thèses de Spinoza sans qu'il soit judicieux d'obscurcir, ou de contourner, le débat en les "falsifiant" afin de les détourner de la critique.
Amicalement
Cher Sinusix
Dans ses leçons sur Ethique II, PF Moreau (cours d'agrégation) met en garde contre l'emploi du mot parallélisme qui n'apparaît nulle part dans le texte et qui induit en erreur. Voir le site ENS; l'ensemble de ses leçons est d'ailleurs de très bonne qualité.
La référence à Euclide signifiait seulement ceci: en parlant d'attributs parallèles on risque de perdre de vue que chacun exprime une essence de la substance alors que 2 paralleles ont la même essence; en outre, on risque de s'imaginer que les attributs sont pour ainsi dire distants l'un de l'autre, sans jamais se rencontrer, comme c'est le cas des paralleles euclidiennes. Ces deux images me semblent inadéquates au propos de SPinoza.
Il faudrait faire un travail pour déterminer si dans les autres pays de culture philosophique on parle également de parallélisme. Rien n'est moins sûr. En tout cas, Hegel dans sa présentation de Spinoza n'emploie pas ce terme. Voici comment il lit E2P7
"Sur le rapport du penser et de l'Etre, il dit: c'est le même contenu qui une fois est sous la forme du penser, ensuite sous celle de l'être. Chacun exprime la même essence, mais seulement dans la forme que l'entendement y introduit avec lui et qui lui revient; cette essence est Dieu, tous deux penser et Etre sont la même totalité...ou bien comme il dit l'ordre et la connexion idées etc. - ils ne se déterminent pas, ils sont infinis : le corporel ne détermine pas la pensée, ni l"inverse...En soi, le monde pensant et le monde corporel sont la même chose, mais seulement dans différentes formes....D'une façon plus élevée nous disons que la nature et l'esprit sont rationnels; la raison n'est pas un mot vide, elle est totalité se développant dans soi meme"Leç philo T6,1470
Bien sûr cette lecture est erronée; elle postule que les attributs ne sont que des formes de l'entendement et ôte aux attributs toute détermination "substantielle". Ainsi le problème de l'unité des attributs est résolu par le haut puisque les attributs sont descendus dans l'entendement ( ce qui revient à faire de l'entendement le seul attribut de la substance, ce qui correspond parfaitement à l'idéalisme de Hegel).
Il semble donc que l'usage du mot "parallélisme" fût introduit en réponse à cette lecture subjectiviste des attributs. Si les attributs ont bien une ESSENCE, comment concevoir leur unité ? C'est alors que l'on se représente chaque attribut comme une série de déterminations autonome à côté (comme dans une parallèle) d'autres séries.
Seulement cette image ne résout rien, car les attributs, dans la substance, ne sont précisément plus quelque chose face à ou à côté d'autre chose, ce qu'ils sont effectivement pour notre entendement fini.
Il est clair qu'il faudrait une lecture serrée de E2 pour clarifier tout ça.