hokousai a écrit :
Si les effets sont divisibles en soi (objectivement comme vous diriez ) alors c’est que la substance, nolens volens , se divise .
Car chaque effets divisibles est cause divisible d’autres effets divisibles . On est dans la divisibilité omniprésente .
Si Dieu intervient comme cause éternelle indivisible, identique à elle même , omniprésente alors elle est différente des causes divisibles (transitives )
il y a
1)une contradiction
ou 2) un dualisme .
.
Oui, il semble que nous soyons pris dans cette alternative: soit la cause est indivisible et l'on ne voit pas pourquoi ses effets seraient divisibles; soit elle ne l'est pas, et alors on ne voit pas en quoi elle est substantielle. Cette difficulté est aggravée par l'idée d'immanence.
Mais en fait Spinoza ne dit nulle part que la cause immanente est identique à ses effets, mais seulement qu'elle est unie à eux intérieurement. Les effets sont certes DANS la cause substantielle, mais ils sont néanmoins distincts de la cause. Spinoza croise deux principes: le principe de totalité (rien n'est hors de la substance, donc elle est tout) et principe de causalité: la substance est cause du divers qui est en elle. D'où le refus de deux positions:
a) l'identité de la substance (infini) et du fini n'est pas immédiate. Si il y avait indistinction de la substance et des modes, de la cause absolue et de ses effets, on ne voit pas alors en quoi la substance serait encore une cause, et les modes des effets. Le propre de la cause est de rendre intelligible cela même qu'elle pose; ce qui implique une antériorité de droit de la cause;
b) la cause qui produit ne peut rendre intelligible ses produits que parce qu'elle les produit EN elle; ce qui a pour conséquence le rejet de la notion de principe. Remarquez que Spinoza n'emploie nullement ce terme. La notion de principe enveloppe fatalement l'idée d'une supériorité du principe sur ce qui en émane. Le rejet de la création au sens théologique et de l'émanationnisme suppose une distinction entre cause et principe.
Dès lors, la cause immanente est un effet du Tout, et le tout n'est pas obtenu par la sommation de parties préalables, mais par la démonstration qu'il n'y a pas d'extérieur au multiple de multiples qu'est la substance. Dès lors, on peut bien comprendre qu'il y ait des distinctions à faire (entre substance et modes, cause et effet, parties et tout) mais ces distinctions restent immanentes, cad prises dans le Tout.
La difficulté de cette notion est aussi son intérêt puisque Spinoza cherche à articuler les 3 principes constitutifs de toute réalité: la substance, la cause, le tout en relativisant chque principe par les autres. C'est cette articulation qui mérite une clarification.