Que garder du spinozisme si on est post-kantien ?

Questions philosophiques diverses sans rapport direct avec Spinoza. (Note pour les élèves de terminale : on ne fait pas ici vos dissertations).

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Que garder du spinozisme si on est post-kantien ?

Messagepar philalethe » 23 avr. 2005, 12:19

Que garder du spinozisme si on est post-kantien ?
La disqualification de la métaphysique comme savoir devrait porter un coup sérieux à l'édifice. Mais pourtant la lecture des textes politiques entre autres ne me paraît pas mise en danger par le rejet de la métaphysique. Spinoza continue de m'intéresser même si je suivrais actuellement Hilary Putnam dans sa défense du réalisme à visage humain et sa critique d'un réalisme du point de vue de Dieu. Certes je sais bien que la pensée spinoziste n'assure la connaissance que de deux des attributs infinis de Dieu, mais il n'en reste pas moins que quand on en a une connaissance du troisième genre, il s'agit alors de vérités absolues (et pas seulement objectives). En m'adressant donc à tous les membres qui lisent Spinoza en post-kantiens mais qui ne tombent pas pour autant dans un relativisme à la Rorty ( même si je sais que Rorty se défend d'être relativiste), j'aimerais des évaluations de la capacité du spinozisme à résister à une critique ravageuse de la métaphysique.

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Messagepar hokousai » 23 avr. 2005, 23:19

à Philalethe

Il faudrait être persuadé qu’il y avait bien un édifice auquel on a porté des coups . Le savoir disqualifié n’était peut être pas tant un savoir qualifié qu’une certaine pratique de la pensée qualifiée à mener sur le chemin de la sagesse, c’était là tout son propos .
La lecture post kantienne n’est pas une lecture empathique, . Elle reste à l’extérieur du texte quand il faut y entrer . Elle ne lui accorde alors pas plus que le statut d ‘illusions transcendantales à intérêt historique ,citables comme illustration de l’ illusion en général Ainsi des Platon, Aristote et de leur descendance de penseurs dit métaphysiciens .

On les récuse tous sous le prétexte que l’objet de leur savoir aurait été fantasmatique .
Se demander s’il y avait un objet posé là devant le métaphysicien et qu’il aurait circonscrit et décrit systématiquement ,( Dieu ou l être tant qu’ être ) ou bien se demander sil n’était pas un voyageur prenant le risque de penser quand d' aucun criait à la chimère et il en fut de tout temps à le crier ..
Entrer à nouveau dans les textes classique de la métaphysique se fait sous l’injonction d'une fin, laquelle est la sagesse, et cela on le sait depuis Aristote .La fin n’est pas le savoir mais la sagesse . La science serait vaine et à refuser si elle ne menait pas à la sagesse . C’est donc à l’aune de la sagesse et non à l’aune de la science qu’il faut juger .
Ce que le post kantisme ne voit pas est que la métaphysique est non seulement une constante de l’esprit humain mais une obligation un impératif catégorique pour faire Kantien , et c’est cette nécessité qui la révèle à elle même , qui la justifie et lui donne sens .

Pour paraphraser Spinoza il n’y a pas de raison à la non existence de la métaphysique puisque de toute évidence elle est .
La métaphysique a sa légitimité en elle même elle s’ auto justifie comme le chemin vers la béatitude ou la quiétude de l’esprit .Elle est a tout le moins une démarche qui n’a pas à recevoir de reproches de manières de penser et d exister qui lui serait étrangères .Ainsi qu’on ne critique pas la médecine du point de vue de l’astronomie on ne critique pas la métaphysique du point de vue de qui s’ est placé délibérément hors d elle .

Bien à vous
Hokousai

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Messagepar philalethe » 24 avr. 2005, 10:06

je comprends bien la logique de votre réponse mais je ne suis pas d'accord avec l'analogie que vous établissez entre la médecine et la métaphysique; en effet la médecine est un art qui s'appuie sur des sciences. Je pense plutôt que votre défense de la métaphysique est proche de la manière dont Wittgenstein défend la religion, en la situant au-delà du vrai et du faux et appelant superstition la religion qui joue à la théorie. On pourrait donc appeler supersitieux celui qui identifie la métaphysique à la Vérité.

bien à vous.

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Messagepar hokousai » 24 avr. 2005, 16:08

à Philalethe

Votre réponse n'est pas sotte . Je suis effectivement très influencé par Wittgenstein .
Mais si vous la défendiez vous défendriez la métaphysique comme on défend la science .
Je ne défends pas la métaphysique comme les théologiens défendraient eux la théologie et vous semblez assimiler les deux , ce que je ne fais pas .
amicalement
Hokousai

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Messagepar philalethe » 24 avr. 2005, 18:23

Merci pour l'affirmation de la non-sottise de ma réponse !
1) Effectivement , si je défendais la métaphysique, je la défendrais comme on défend la science et on peut défendre la métaphysique de Spinoza comme cela (c'est d'ailleurs la lecture spinoziste de Spinoza !)
2) je comprends bien que vous défendez la métaphysique comme un théologien wiitgensteinien défendrait la théologie.
3) c'est la théologie rationnelle que j'identifie de manière on ne peut plus orthodoxe à une des trois parties de la métaphysique ( au moins selon Wolff).

amicalement donc

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Messagepar hokousai » 24 avr. 2005, 20:37

(c'est d'ailleurs la lecture spinoziste de Spinoza !)

Non non c'est une lecture moderne se faisant une idée de la science telle que ne s'en faisait pas Spinoza .
Je ne suis pas théologien. En rien .Le spinozisme n'est pas à mes yeux une théologie , ni une onto-théologie .
On peut sans doute dégager un espace théologique chez Descartes ,chez Leibniz ou d' autres, mais montrez moi si on le peut chez Spinoza .
le spinozisme est en revanche une métaphysique et une métaphysique par définition si l’on peut dire n’est pas une physique ne relève donc pas des critères de légitimité de la science .

hokousai

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Messagepar philalethe » 24 avr. 2005, 23:13

Je n'ai pas écrit que vous étiez théologien mais bien métaphysicien à la manière d'un théologien wittgensteinien (c'est une association assez improbable, je crois) et comme je ne vous connais pas, je risque bien de me tromper !
Je suis d'accord pour dire que le spinozisme n'est pas une théologie si on pense le concept de Dieu comme renvoyant à une transcendance; mais dans la mesure où le concept de Dieu est un concept central de Spinoza, il est difficile de ne pas considérer que cette philosophie a une dimension théologique ( ne serait-ce que dans sa dimension polémique avec les autres conceptions plus "théologiques" de Dieu)
Certes la métaphysique n'est pas la physique mais en revanche vous m'intriguez en évoquant les critères de légitimité de la métaphysique. Qu'est-ce qu'une métaphysique légitime ? Est-ce une métaphysique qui fait que le problème du sens de la vie ne se pose plus ? N'est-ce pas considérer la métaphysique comme une thérapeutique et qui plus est personnelle ? On file alors vers le relativisme. Sinon, comment justifier qu'une métaphysique est vraiment plus légitime qu'une autre ?

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Messagepar hokousai » 25 avr. 2005, 01:20

Peut -être pourrait on dire qu'il y a une dimension religieuse plutôt que théologique .
Vous parlez comme Wittgenstein d'une thérapeutique . Je pense que pour Spinoza la philosophie est une thérapeutique .
Personnelle n'est pas un" qui plus est "mais une évidence en ce que le sage l'est d' abord et avant tout pour lui même .
Comment justifier une démarche personnelle par le consensus général ? Voila bien deux registres hétérogène .Le philosophe n’attend pas la confirmation de son propre mouvement par l' académie des sciences .

Je ne vois pas en ce que ma perception du monde , la plus quotidienne serait dans ce que j'en affirme un filage vers le relativisme .Je ne vois donc pas en ce que ma pensée en sa quotidienneté, ma pensée intime sur le sens du monde serait nécessairement un filage vers le relativisme .
Après tout je l 'affronte à des pensées adverse empathiques ou moins ce qui serait déjà un gage .

Le philosophe ne peut pas se poser le problème des critères , sinon il ne prend jamais le départ . Quand il a pris le départ , dès ses premiers mots , il a déjà appliqué une règle .. La règle n’est pas extrinsèque ,elle n’existe que dans une pratique ..la philosophie avance et puis elle voit .Elle juge de ses certitudes pour et par elle même .

amicalement
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Messagepar philalethe » 25 avr. 2005, 07:37

Vous avez sans doute raison: au fond ça n'a pas de sens de parler de "personnel" dans un domaine où l'impersonnel n'existe pas. Or si on pense la métaphysique non comme vérité mais comme thérapeutique, alors c'est plutôt en termes médicaux qu'il faut l'évaluer: fortifiante, calmante,débilitante, empoisonnante etc. Mais c'est une thérapeutique bien distincte de la wittgensteinienne, puisqu'on est guéri non par dissolution mais par résolution des problèmes. On lit Spinoza comme Wittgenstein lisait l'Evangile (attention ! je ne veux pas dire qu'on en fait une Bible: c'est tout le contraire; c'est l'idée même d'une Bible dans ce champ-là qui disparaît). J'imagine donc que vous essayez de vivre Ethiquement si vous me permettez l'expression. C'est une belle perspective.
Croyez-vous que les autres "inscrits" partagent votre vue ? J'aimerais bien d'autres interventions concernant la question posée, quel que soit l'intérêt que je prends à lire les vôtres.

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Messagepar hokousai » 25 avr. 2005, 13:27

Je ne suis pas certain qu'il y ait une difréence entre dissoudre le problème et le résoudre .

""""Croyez-vous que les autres "inscrits" partagent votre vue ?""""
réponse: je ne sais pas ?

""""""J'aimerais bien d'autres interventions concernant la question posée,""
réponse : moi aussi .

hokousai


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