nicoG a écrit :
La mort est inscrite dans nos gènes
Cher NicoG
Il me semble comprendre que votre philosophie (ou vos croyances) divergent assez radicalement de la pensée de Spinoza. Mais puisque vous vous exprimez sur un forum essentiellement dédié à la doctrine de ce penseur, puis-je me permettre de vous demander si vous avez lu l'Ethique ?
Si vous vous l'avez lue, alors certaines propositions essentielles de la 3e partie vous ont sans doute échappées. En l'occurrence il s'agit des propositions IV à VIII. Je vous invite à vous y reporter bien entendu, mais je voudrais toutefois reproduire ici le texte assez court, je vous rassure, des propositions IV, VI et VIII car elles font très exactement écho à votre affirmation.
PROPOSITION IV
Aucune chose ne peut être détruite que par une cause extérieure.
Démonstration : Cette proposition est évidente par elle-même ; car la définition
d'une chose quelconque contient l'affirmation et non la négation de
l'essence de cette chose ; en d'autres termes, elle pose son essence, elle ne la
détruit pas. Donc, tant que l'on considérera seulement la chose, abstraction
faite de toute cause extérieure, on ne pourra rien trouver en elle qui soit capable
de la détruire. C. Q. F. D.
PROPOSITION VI
Toute chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être.
Démonstration : En effet, les choses particulières sont des modes qui expriment
les attributs de Dieu d'une certaine façon déterminée (par le Corollaire
de la Propos. 25, partie 1), c'est-à-dire (par la Propos. 34, partie 1) des choses
qui expriment d'une certaine façon déterminée la puissance divine par qui
Dieu est et agit. De plus, aucune chose n'a en soi rien qui la puisse détruire,
rien qui supprime son existence (par la Propos. 4, partie 3) ; au contraire, elle
est opposée à tout ce qui peut détruire son existence (par la Propos. précéd.),
et par conséquent, elle s'efforce, autant qu'il est en elle, de persévérer dans
son être. C. Q. F. D.
Personnellement j'adhère complètement à ce qui est exposé ici. C'est ce qui me faisait dire que si des scientifiques, ou des apprentis sorciers étaient capable de stopper le vieillissement de certaines cellules, voire de remplacer à l'aide de cellules souche, celles qui présentent un stade irréversible de dégénérescence, et bien rien ne s'opposerait à un allongement indéterminé de la vie d'un individu donné. J'ai bien dit indéterminé et non pas éternel.
La proposition VIII de cette même partie fait allusion à ceci :
PROPOSITION VIII
L'effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n'enveloppe aucun
temps fini, mais un temps indéfini.
Démonstration : Si, en effet, il enveloppait un temps limité, qui déterminât
la durée de la chose, il s'ensuivrait de cette puissance même par laquelle la
chose existe, qu'après un certain temps elle ne pourrait plus exister et devrait
être détruite. Or, cela est absurde (par la Propos. 4, partie 3) ; donc l'effort
par lequel une chose existe n'enveloppe aucun temps déterminé ; mais,
au contraire, puisque cette chose (en vertu de cette même Propos.), si elle
n'est détruite par aucune cause extérieure, devra, par cette même puissance
qui la fait être, toujours continuer d'être, il s'ensuit que l'effort dont nous
parlons enveloppe un temps indéfini. C. Q. F. D.
Le vieillissement dont vous parlez n'est rien d'autre que la rencontre de nos cellules avec des organismes ou des particules ou bien encore d'autres cellules plus fortes qui les détruisent ou se les approprient (un cancer par exemple).
Je comprend parfaitement que cela puisse choquer vos convictions, mais encore une fois, si l'on reste dans une logique Spinoziste, cela n'a rien d'extraordinaire ni à fortiori de surnaturel . On en revient toujours à ce postulat : Si rien n'existe hors la substance c'est a dire la Nature, il n'y a rien de surnaturel, et tout ce qui se produit (artificiellement ou pas) fait entièrement partie de son règne. L'effort de l'homme pour rester en vie plus longtemps est à ce titre parfaitement naturel. Bien des techniques médicales aujourd'hui considérées comme banales auraient fait figure d'hérésies il y quelques siècles. Je ne voudrais pas que le sujet dérape sur les questions éthiques que posent les manipulations génétiques (entre autres) mais personnellement, je continue à voir cela comme la traduction du conatus de l'homme. Je n'exclue pas le fait que ce dernier puisse dénaturer son espèce jusqu'au point de la détruire . Mais si cela se produit, ce ne sera qu'une évolution ou qu'une modification de plus de la Substance. Voilà tout.
Pardonnez-moi si je vous choque, je ne fait qu'exprimer le fond de ma pensée.
Amicalement Serge.
PS : Pour Azenco : je vous adresserai un message privé pour ne pas encombrer le forum avec des considérations qui n'intéressent pas la majorité.
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