Comprendre le sarkozysme

Actualités et informations diverses sur Spinoza, la philosophie en général ou regards spinozistes sur l'actualité.
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sescho
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Messagepar sescho » 29 avr. 2007, 22:22

Henrique a écrit :J'apporterai une nuance. Spinoza est assez légaliste, notamment dans le TTP. Mais en même temps, et en particulier dans le TP, si une loi est absurde, le souverain - qu'il soit monarchique ou démocratique - ne peut la faire accepter qu'à condition d'accepter sa critique rationnelle, et par là même son caractère précaire dans le temps. Si au contraire il refuse toute critique, il s'expose à la désobéissance, du fait que son autorité ne peut plus, par son caractère irrationnel, s'exercer et qu'ainsi la soumission à ses commandements comme la soumission au plus fort à l'état de nature reviennent au même.

Je reconnais bien là la sagesse de notre auteur favori… Cela dit, en Démocratie, le souverain est sensé être le peuple. Bon d’accord, « est sensé… » Cela dit, outre qu’une loi proprement absurde et dangereuse à appliquer soit décrétée, ou le devienne après avoir été décrétée sans être rapidement modifiée, me semble heureusement assez rare, il reste à déterminer par quelle majorité des gens concernés à un titre ou à un autre elle puisse être déclarée absurde (mais le consensus peut être général ou presque à ce sujet si l’absurdité est réelle.) Lorsque j’entends « désobéissance civique », il s’agit de lois décrétées qui ne sont pas absurdes (même si toute loi est critiquable quant à son principe quand bien même il faut l’appliquer) et d’une poignée d’individus qui n’ont aucune légitimité à représenter une majorité du peuple ; ceci est donc anti-démocratique.

Amicalement
Connais-toi toi-même.

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Re: Négation de la pensée

Messagepar zarathoustra » 29 avr. 2007, 23:29

DGsu a écrit :Les français ont manifestement besoin d'un père car ils semblent incapables de s'investir activement dans la politique. Ils préfèrent alors confier cela à quelqu'un qui s'en occupera pour eux.


Donc premièrement, le peuple est un imbécile. Beau discours de gauche. Je reconnais plutôt là un discours élitiste (quoique pas forcément dénué de sens) qui m'étonne venant d'une position manifestement ancrée à gauche. Il est vrai qu'on entend aussi cet argument de la bouche de gens d'extrême gauche: citons de ce côté Onfray, qui se pose la question de l'intérêt du suffrage universel...

DGsu a écrit : Celui-ci, grand ambitieux et petit nerveux s'active surtout à la dissoudre dans la non-pensée et va se charger après de nombreux discours vides, de ramener l'ordre, de remettre le peuple au travail et la patrie au premier plan. Beau programme. Cela ne vous rappelle rien ? Vraiment ? [...] Une graine de tyran qui pave la route d'un monde nouveau, d'un ordre nouveau. Ce ne sera pas la première fois que la masse des gens est subjuguée par de belles phrases. Car jusqu'ici, nous n'avons eu que des phrases, et quelles phrases! Je pense qu'il n'est pas bien difficile de lire entre les lignes…


Deuxièmement, l'éternel coup de la bête immonde, Brecht ça fait toujours bien et on a la morale avec soi!
Troisièmement, vous n'hésitez pas à parler de non-pensée, je trouve qu'il y a quelque prétention, de culot militant, lorsqu'on est un intellectuel spécialiste de Spinoza, à nier toute forme d'intelligence à ceux qui soutienne le zigoto que vous épinglez. Comme si l'intelligence était de droite ou de gauche. N'oubliez pas qu'à droite aussi, il y a quelques penseurs, et non des moindres, qui prennent position. Voilà qui ne prouve pas qu'ils aient raison, bien entendu, mais qui prouve au moins qu'on ne peut réduire l'imbécilité à un camp, comme vous le faite. (Je pense notamment, à Jean-François Mattei, non pas l'ancien ministre: je ne crois pas que ce soit précisément un idiot. J'irai même plus loin, en citant pour vous faire sursauter un peu, Luc Ferry: Je sais, il est Kantien, mais la lecture de son ouvrage sur Kant, saluée par les philosophes (non, je ne parle pas de ses ouvrages grand public), m'a appris (eh, oui, désolé, je n 'en suis que là! apprendre!) que si "Spinoza avait raison", comme j'incline à le penser, Kant n'était pas non plus le dernier des crétins.
Et allonz-y, donc, on ne fait pas dans la nuance, puisqu'il s'agit de politique! Ce discours devient une véritable tribune dont la modération est celle des extrêmes... Autant lire les commentaires des lecteurs du monde si c'est pour qu'autant de passion ne supplante la raison.

DGsu a écrit : Après avoir dit que la pédophilie ce n'était pas normal (on se demande ce que cela signifie et dans quel contexte…) et pour preuve:
Citation:
« Ca ne m'a jamais traversé l'esprit. »

Ne s'agissait-il pas plutôt dans notre société de condamner un passage à l'acte considéré comme criminel ? Alors que penser d'un homme qui considère alors que la pensée elle-même est fautive et doit dès lors être contrôlée ? Jusqu'où va le refus du désir ou de la pulsion ? Jusqu'où peut-on lisser la société et en exclure tout ce qui sera considéré comme déviant pour avoir simplement esquissé un geste, fait un signe par exemple ? Que penser de quelqu'un qui propose de débusquer ces déviants à l'école maternelle et un peu plus tard à l'aide de la génétique ? Lisez pour cela 1984 de George Orwell, c'est très bien expliqué et visionnaire.


Cher Monsieur, j'accorde que l'hurluberlu que vous abhorrez aurait dû mieux s'informer sur les arguments scientifiques qui de fait, ne vont pour l'essentiel pas du tout dans son sens. Mais évoquer la pathologie, s'interroger sur ses causes, ne signifie pas, mais alors absolument pas, décider de la conduite à tenir, dont une bonne partie (c'est le propre de la décision médicale) est de nature MORALE, sans qu'il y ait d'implication NECESSAIRE entre connaissance et décision. A moins qu'il faille encore et toujours revenir à l'argument de la pente glissante (et donc, grosso modo, de la "bête immonde"): il me semble préférable de fixer la limite où nous voulons qu'elle soit plutôt que sans cesse s'effrayer et effrayer tout le monde à propos d'une hypothètique pente savoneuse.
Je pense comme vous qu'il faut lire Spînoza. Pour retrouver le chemin de la pensée dites-vous? Oui, mais certainement pas forcément pour y puiser des pensées extrêmistes, obtuses, et partisanes, qu'on a aucune chance de trouver chez notre auteur favori. Ou bien alors, il faut faire, non de la philosophie, mais de la politique.
La vérité n'appartient à aucun camp.
Bonne soirée.

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Messagepar Pej » 30 avr. 2007, 00:11

Difficile, quand les passions se déchaînent, de savoir raison garder. Je me contenterai de rebondir sur la question de la personnalité de Sarkozy.
Je suis frappé depuis très longtemps, en écoutant cet homme, des rapprochements que l'on peut faire avec ce que Marie-France Hirigoyen dit de la personnalité perverse narcissique.
Si l'on s'en tient au simple narcissisme (entendu pathologiquement, bien entendu), voici comment elle le définit :
"La personnalité narcissique est décrite comme suit (présente au moins cinq manifestations suivantes)
- le sujet a un sens grandiose de sa propre importance,
- est absorbé par des fantaisies de succès illimité, de pouvoir,
- pense être «spécial » et unique,
- a un besoin excessif d’être admiré,
- pense que tout lui est dû,
- exploite l’autre dans les relations interpersonnelles,
- manque d’empathie,
- envie souvent les autres,
- fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants."
Troublant non ?
Et en ce qui concerne la communication perverse, Hirigoyen souligne que le pervers a pour armes fondamentales le maniement du sarcasme, de la dérision et du mépris. Il s'agit de déstabiliser l’autre, et pour cela il suffit de :
- se moquer de ses convictions, de ses choix politiques, de ses goûts,
- ne plus lui adresser la parole,
- le ridiculiser en public,
- le dénigrer devant les autres,
- le priver de toute possibilité de s’exprimer,
- se gausser de ses points faibles,
- faire des remarques désobligeantes, sans jamais les expliciter,
- mettre en doute ses capacités de jugement et de décision.
Elle ajoute qu'il s'agit pour le pervers de "diviser pour mieux régner" et "imposer son pouvoir".
Il va de soi qu'il serait malhonnête intellectuellement de poser un diagnostique clinique sur une personne que l'on n'a jamais cotoyée en privé, mais tout de même, cela devrait inciter à réfléchir.

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Messagepar Aquarius_Camus » 30 avr. 2007, 00:56

A Pej

J'aimerai savoir où avez vous trouvez cette "définition" de la personnalité narcissique. S'il serait possible de me donner un titre d'ouvrage, un site internet ou autre je vous en serai reconnaissant.

Merci d'avance
Modifié en dernier par Aquarius_Camus le 30 avr. 2007, 02:27, modifié 1 fois.

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Messagepar Louisa » 30 avr. 2007, 01:47

A Henrique

merci beaucoup de ton commentaire, j'y réponds bientôt.


A zarathoustra

je me situe entièrement dans le 'camp' de DGsu, mais je suis tout à fait d'accord avec ton dernier message adressé à lui. Faire de la gauche la pensée politiquement correcte, c'est enlever le facteur 'pensée' de son programme politique, c'est donc enlever toute sa puissance d'agir. Puis il est clair qu'il existe des penseurs, dans le vrai sens du mot, qui sont de droite. Ce n'est donc pas en déclarant 'stupide' la droite que la gauche va pouvoir s'en débarrasser, ou créer elle-même un projet fort.
Or au niveau conceptuel, Sarkozy me semble être très proche de la pensée neocon, et c'est pourquoi je ne vois pas très bien d'une part comment trouver le lien entre cette pensée et celle de Spinoza, et d'autre part comment ne pas adhérer à la pensée sarkozyste et tout de même voter Sarkozy, comme tu l'as proposé.
louisa

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Henrique
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Re: Négation de la pensée

Messagepar Henrique » 30 avr. 2007, 02:40

zarathoustra a écrit :
DGsu a écrit :Les français ont manifestement besoin d'un père car ils semblent incapables de s'investir activement dans la politique. Ils préfèrent alors confier cela à quelqu'un qui s'en occupera pour eux.


Donc premièrement, le peuple est un imbécile. Beau discours de gauche. Je reconnais plutôt là un discours élitiste (quoique pas forcément dénué de sens) qui m'étonne venant d'une position manifestement ancrée à gauche.



Réponse aux deux : d'abord n'oublions pas que ce sont seulement 30% qui ont porté les suffrages sur Sarkozy, et que si dimanche prochain il obtient par hypothèse de 50,1 à 55% des voix, ce ne seront pas "les français" qui auront voulu l'élection de cet homme, mais seulement une majorité d'entre eux. Si les règles de la démocratie font logiquement que celui qui obtient la majorité remporte une élection et devient de ce fait en l'occurrence le président de tous les français, cela n'autorise pas pour autant à faire comme s'il y avait unanimité.

Cela dit le côté paternaliste de Sarkozy est évident, certains ont même exprimé ici en gros qu'il nous fallait enfin un homme qui allait - grâce manifestement à sa force et son charisme personnel - nous permettre de retrouver des repères... Il est vrai que le côté maternaliste de Royal, ce n'est pas rien, d'un autre côté. La 5ème république, avec son régime ultra-présidentiel - même le président des USA n'a pas autant de pouvoir institutionnel - taillé sur mesure pour De Gaulle y est pour quelque chose.

Par ailleurs qui parle d'associer, de faire participer le peuple aux décisions politiques, en proposant aussi le référendum d'initiative populaire et qui dit d'un autre côté qu'avec ses petits bras et ses lieutenants politiques, il s'occupera de tout en ce qui concerne les choix politiques, y compris de faire passer par voie parlementaire ce que le peuple a directement rejeté ?

Enfin, si tout citoyen est respectable en tant que citoyen, cela ne signifie pas pour autant qu'il ne peut pas se tromper, se fourvoyer. Je rappelle que la France a pu parfois porter aux nues ce qu'elle croyait être des "hommes de la situation", par voie électorale plus ou moins directe, des hommes comme Bonaparte qui mit l'Europe à feu et à sang pour pas grand chose au final, Pétain qui entreprit la politique de collaboration active avec le régime nazi. Et à chaque fois il y a eu de grands intellectuels pour les soutenir avec enthousiasme. N'oublions pas Heidegger.

Ce que je dis de mon côté, et cela répondra aussi sur l'essentiel à Serge, c'est que quelle que soit le pourcentage obtenu, 10, 20, 55, 90% des suffrages, cela ne suffit pas à constituer une légitimité politique, dès lors qu'on vote pour un homme et/ou des idées qui se proposent d'utiliser la puissance publique au service d'une partie de la population au détriment de l'autre, sans que chacun puisse y trouver son compte (à l'extrême : lois de discrimination raciales par ex., mais aussi dans une certaine mesure quand il est question de baisser les impôts pour les plus favorisés, ce qui entraîne des services publics affaiblis pour les moins favorisés). Cela entraîne au contraire l'injustice et à terme aux "discordes" et autres formes de délitement du contrat social.


Deuxièmement, l'éternel coup de la bête immonde, Brecht ça fait toujours bien et on a la morale avec soi!



Mais la bête immonde, autrement dit en termes spinozistes les passions tristes, les hommes qui les laissent les pousser aux pires extrêmités, tout cela est éternel dès lors qu'il y a des hommes, qui sont des êtres de désir avant de pouvoir raisonner. La démocratie n'est jamais un acquis définitif tel qu'on serait assuré que dès lors qu'un parti est estampillé "giron républicain", notamment après une douzaine d'années d'une présidence quasiment irréprochable à cet égard, quelles que soient les idées reprises, elles seraient forcément républicaines. Mais qui a repris point par point les idées consistant à opposer une France à l'autre, celle des assistés et des fainéants d'un côté, et d'un autre côté celle des pauvres travailleurs surchargés de contraintes étatiques, pour payer l'assistance de tous ces improductifs ? Qui agite les peurs, les haines contre la racaille, qu'on appelle comme cela même quand il s'agit simplement de manifestants contre le vocabulaire du Kärcher ?

Sinon, Zarathoustra, n'oublie pas les questions modérées que je t'avais posées ici : http://www.spinozaetnous.org/ftopicp-5571.html#5571 ;-)

Et tiens une de plus qui me brûle les lèvres ;-), dans le sens de la division, mais non plus intérieure cette fois ci mais avec l'extérieur : cela ne te pose pas de problème d'apporter ton suffrage à un candidat à la présidence, appelé à siéger avec l'Allemagne, qui déclare que la France n'a pas à rougir de son passé comme l'Allemagne qui a inventé la solution finale ni construit de chambre à gaz ? Tu trouves que c'est le genre de propos qui resserre les liens entre les pays ?

Amitiés,
Henrique

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Messagepar DGsu » 30 avr. 2007, 07:10

Merci de toutes ces réponses.
Donc premièrement, le peuple est un imbécile

Excusez-moi, j'aurais dû être plus explicite.

Le "peuple" peut simplement être amené comme tout un chacun à prendre certaines voies, poussé essentiellement par la passion, triste en particulier. En ce cas il peut aussi penser le mieux et faire le pire. Rien de "mal" en cela, et si c'est imbécile, c'est dans le sens premier de "faible". Je (si ça a un quelconque intérêt) ne prétends pas être immunisé, pas du tout. Il est tout à fait possible, et cela s'est vu et se voit, qu'une personne, par un talent oratoire et intellectuel manifeste remporte une large adhésion sur un projet dangereux.

Si les gens (dont je fais partie, PAS une précaution oratoire) en sont là, c'est qu'ils y sont poussés par leur nature et parce qu'ils ont laissé d'autres leur prendre le débat politique. Une fois de plus, je n'y vois aucun mal en soi, ce sont les conséquences qui sont inquiétantes.

En effet, la démocratie représentative (et la particratie/aristocratie, qu'elle soit de droite ou de gauche) est en question aujourd'hui, en particulier lorsqu'elle est utilisée de la manière qu'on constate. Pour Spinoza, il ne suffit pas qu'un suffrage soit exprimé pour avoir une démocratie. On en est très loin.

Je n'en appelle pas à la bête immonde. Je rappelais simplement les slogans "Travail, famille, patrie" qui se retrouvent d'ailleurs aussi au PS.

Pourquoi une telle focalisation sur la personnalité de M. Nicolas Sarkozy ? Parce que loin de l'abhorrer, je le trouve brillant, intelligent et plein de charme (aussi "Non ridere, nec lugere, neque detestari, sed intelligere." même si c'est parfois difficile). Une personnalité extrêmement intéressante, surtout lorsqu'on y réfléchit dans le contexte politique.

Une autre question intéressante est celle des catégorisations. Nous avons besoin de catégoriser pour comprendre, c'est sûr, mais cela nous mène immanquablement à exclure, à rejeter, à retrancher. Pour exemple, le discours psycho-psychanalytico-psychiatrique qui a justifié l'organisation des asiles au 19e. Tant qu'on considérera que les "fous" et les "criminels" ne font pas partie de la société alors qu'ils en sont des produits, tant qu'on se contentera d'appeler à les exclure et à le faire effectivement, on sera face à un immense problème. Ceci écrit, on va encore taxer cela de laxiste. J'assume même si je sais qu'en définitive, toute société doit se protéger et donc isoler efficacement les éléments qui la menacent.

Pour terminer, je me lève tôt et je ne suis pas gauchiste. Au plaisir de lire la suite, que chacun exprime ici ses idées sans qu'elles soient ou suscitent des insultes.
:wink:
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Messagepar zarathoustra » 30 avr. 2007, 08:46

DGsu a écrit :Excusez-moi, j'aurais dû être plus explicite.
Le "peuple" peut simplement être amené comme tout un chacun à prendre certaines voies, poussé essentiellement par la passion, triste en particulier. En ce cas il peut aussi penser le mieux et faire le pire. Rien de "mal" en cela, et si c'est imbécile, c'est dans le sens premier de "faible". Je (si ça a un quelconque intérêt) ne prétends pas être immunisé, pas du tout. Il est tout à fait possible, et cela s'est vu et se voit, qu'une personne, par un talent oratoire et intellectuel manifeste remporte une large adhésion sur un projet dangereux.

Je partage ce point sans restriction. J'aurais dû mieux comprendre cette notion de faiblesse qui, ainsi explicitée, me parait d'une grande justesse. (Il faut que je relise mon Spinoza!!)

DGsu a écrit :Pourquoi une telle focalisation sur la personnalité de M. Nicolas Sarkozy ? Parce que loin de l'abhorrer, je le trouve brillant, intelligent et plein de charme (aussi "Non ridere, nec lugere, neque detestari, sed intelligere." même si c'est parfois difficile). Une personnalité extrêmement intéressante, surtout lorsqu'on y réfléchit dans le contexte politique.

C'est vrai que rien ne me laissait présager ce jugement si je m'en réfère à ton précédent post! Le problème me semble être qu'en politique, "l'intelligere", si personne ne peut s'en dispenser, ne me semble jamais possible jusqu'au bout. Par nature baignée dans l'action, la politique doit trancher, non pas sans comprendre, mais AUSSI sur des arguments ayant trait à la passion, précisément parce qu'aucune politique n'est vraie. En quoi le philosophe (mais je me hasarde sur un terrain trop difficile pour moi) est peut-être celui qui, par opposition au militant, SAIT que la passion se niche toujours dans la politique. Mais le savoir (intelligere) ne dispense pas de voter... Où le philosophe redevient, peu ou prou, militant...
Pour ce qui est de la "focalisation" sur la personnalité de Sarkozy, c'est un peu le sujet du forum, non?

DGsu a écrit :Une autre question intéressante est celle des catégorisations. Nous avons besoin de catégoriser pour comprendre, c'est sûr, mais cela nous mène immanquablement à exclure, à rejeter, à retrancher. Pour exemple, le discours psycho-psychanalytico-psychiatrique qui a justifié l'organisation des asiles au 19e. Tant qu'on considérera que les "fous" et les "criminels" ne font pas partie de la société alors qu'ils en sont des produits, tant qu'on se contentera d'appeler à les exclure et à le faire effectivement, on sera face à un immense problème. Ceci écrit, on va encore taxer cela de laxiste. J'assume même si je sais qu'en définitive, toute société doit se protéger et donc isoler efficacement les éléments qui la menacent.

Effectivement, c'est une question très difficile. On voit très bien par ton exemple, par quoi un diagnostic ("cet homme ou cette femme est fou(lle) et dangereux(se)") n'implique pas de façon nécessaire ce que j'appellerai, par déformation professionnelle, une thérapeutique x plutôt qu'une thérapeutique y, ni même l'absolue nécessité d'une thérapeutique quelle qu'elle soit.

DGsu a écrit :Pour terminer, je me lève tôt et je ne suis pas gauchiste. Au plaisir de lire la suite, que chacun exprime ici ses idées sans qu'elles soient ou suscitent des insultes.
:wink:

En tous cas merci pour cette réponse, DGsu. Elle m'éclaire beaucoup plus que ce que tu (j'écris "tu" parce qu'il me semble avoir compris que telle était la coutume sur ce forum) avais écrit précédemment. J'espère seulement que mes propos un peu agacés, ne seront pas interprétés comme insultes ou suscitant l'insulte. Telle n'était pas leur but en tous cas (Ah! la passion! Toujours la passion!). Quant à moi, je me suis déjà défini, si l'on peut dire, comme "anti-sarkozyste théorique". Et il est vrai que j'ai fort à faire face aux objections qu'Henrique m'a faites, s'agissant de mon orientation récente vers une forme de sarkozysme pratique!! (je m'en suis "expliqué" plus haut)
Bien à toi.

Henrique a écrit :Sinon, Zarathoustra, n'oublie pas les questions modérées que je t'avais posées

J'y pense, j'y pense, Henrique! Mais je n'ai que trop peu de temps, tes questions sont difficiles, et si je veux y répondre "correctement", non à la manière politicienne de meeting, Dieu sait si j'en ai besoin! Surtout après la manière toute en nuances et en finesse avec laquelle DGsu et toi avez répondu à mes objections enervées!!!
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Messagepar DGsu » 30 avr. 2007, 10:26

Merci zarathoustra de ta réponse. Ne t'inquiète pas, je ne me suis pas offusqué de ton agacement, il est très courant que nous y succombons à un moment ou un autre avec ce genre de sujet et le sens multiple des mots que nous écrivons.

Pour ce qui est de la "focalisation" sur la personnalité de Sarkozy, c'est un peu le sujet du forum, non?

Il me semble que c'est un des aspects sur lesquels Spinoza insiste énormément dans l'Ethique (4 en particulier). La personnalité des hommes, leurs sentiments et les types de relations que cela engendre.

En ce qui concerne les apprentis tyrans nous avons justement là un cas très intéressant. Qui n'a pas un jour pensé (à l'inverse d'une tactique de dénégation "honteuse" citée précédemment): "Ah, si c'était moi qui décidais, je ferais comme-ci ou comme-çà! Et ça ne se passerait pas ainsi car il faut de l'ordre. Mais que fait la police ?" ?

Et puis sur l'alternative forcée entre position de philosophe et de militant, je pense que Spinoza est justement un des seuls à nous donner les moyens de réfléchir dans l'action (il y en a d'autres bien sûr: Platon et Aristote aussi!), de concilier réflexion et action, en particulier aujourd'hui. Et si on lui reproche de s'être retiré du monde, il faut probablement mettre cela sur le compte de l'époque et du fait qu'il se sentait plus utile à écrire qu'à risquer sa vie. A une exception près, nous devons remercier son hôte de l'avoir retenu le jour de l'assassinat des frères de Witt, lui qui voulait placarder son Ultimi Barbarorum sur les murs de La Haye. Ce jour-là, il céda à la colère!
Modifié en dernier par DGsu le 30 avr. 2007, 10:42, modifié 1 fois.
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Messagepar Pej » 30 avr. 2007, 10:35

Aquarius_Camus a écrit :A Pej

J'aimerai savoir où avez vous trouvez cette "définition" de la personnalité narcissique. S'il serait possible de me donner un titre d'ouvrage, un site internet ou autre je vous en serai reconnaissant.

Merci d'avance


Le livre de Marie-France Hirigoyen s'intitule Le harcèlement moral. La violence perverse au quotidien (chez Pocket). Lecture indispensable à mon avis.
Mais on en trouve un très bon résumé ici : http://www.serpsy.org/des_livres/des_li ... moral.html

DGsu a écrit :Pourquoi une telle focalisation sur la personnalité de M. Nicolas Sarkozy ? Parce que loin de l'abhorrer, je le trouve brillant, intelligent et plein de charme (aussi "Non ridere, nec lugere, neque detestari, sed intelligere." même si c'est parfois difficile). Une personnalité extrêmement intéressante, surtout lorsqu'on y réfléchit dans le contexte politique.

Une personnalité intéressante certes, mais j'ai du mal à voir où se situe l'intelligence de Sarkozy. J'aurais plutôt tendance à dire (mais on va me taxer de parti-pris) que Nicolas Sarkozy est l'exemple même de la personne qui n'est pas intelligente (il peut en revanche être brillant, mais tout ce qui brille n'est pas de l'or comme dit le dicton). Bien sûr, on pourrait gloser des heures pour définir ce qu'est réellement l'intelligence, mais pour ma part, je place aux premiers rangs de cette "qualité", la capacité d'adaptation, la curiosité et l'ouverture à l'autre, choses que j'ai bien du mal à retrouver chez Nicolas Sarkozy...
D'ailleurs, même si l'on s'en tenait à une définition appauvrie de l'intelligence, comme capacité à raisonner logiquement (ce que mesurent essentiellement les fameux tests de QI), je doute que Nicolas Sarkozy puisse là encore être qualifié d'intelligent (cf. les constantes contradictions dans sa pensée, qui traduisent son non-respect patent du principe de non-contradiction).


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