Louisa a écrit :Petite question impertinente adressée aux Sarkozystes aussi bien qu'au 'Royalistes' de ce site ... : comment se fabriquer une augmentation de sa puissance d'agir maintenant que Sarkozy est élu, avec une majorité extrêmement petite... ? Comment ne pas succomber à la Colère, si on est de gauche ... ? Ou pire, au Désespoir ... ? Et dire que je ne suis même pas Française, mais que je m'imaginais tout simplement la France comme un genre de 'patrie intellectuelle' ... .
Question 'humaine trop humaine' sans doute. Question néanmoins.
louisa
Hum ! Il a beaucoup à dire sur un texte aussi court...
Il me vient d'abord que la puissance d'agir est avant tout une affaire personnelle, intérieure ; peu sensible a priori, donc, à ce qu'une minime fraction de la population mette au pouvoir tel, ou tel autre. Toutefois c'est certainement parce que je m'inscris déjà dans une société organisée, assez prospère et vivable (même si c'est "limite" sur le plan psychologique général.) Si elle ne l'était pas, ce serait une priorité que de le corriger, et si elle était menacée, de la défendre. Nous verrons ce qu'il en est à l'usage ; le mal-être est un éternel "ressort de rappel" qui pousse au changement...
Le terme "fabriquer" me suggère tout de suite que c'est déjà perdu ; que "l'âme s'efforce d'imaginer ce qui pose sa puissance d'agir" (E3P12Dm, E3P54) sent le camphre (E3AppDGA), et la meilleure illustration en est que la pire des passions, l'orgueil (E3P26S, E3P30S, E3AppD28, E4P55, E4P56, E4P57) est une joie...
Avant que N. Sarkozy ne me conduise à régresser en raison, le cas échéant, il coulera quand-même de l'eau sous les ponts. Mais je ne dis pas que c'est impossible : le chemin peut être parcouru dans les deux sens, au moins au niveau de ce qui n'est que partiellement clair. Quand la pression sociale se pervertit, on tend à régresser. J'ai du mal à croire, cependant, qu'elle puisse se pervertir encore grandement sans susciter de réactions fortes...
Que N. Sarkozy ne soit pas configuré comme Socrate ou Jean XXIII, ou comme bien sûr notre auteur favori - le rapport qu'en fait M. Onfray fait même apparaître un désastre de ce point de vue - n'est pas à soi seul suffisant pour prédire la débâcle. J'ai déjà vu des alchimies bizarres, où un tandem de narcissiques avancés, largement incompétents de surcroît, a donné à un type compétent (leur faisant peu d'ombre, condition indispensable...) les moyens de s'exprimer dans les faits. Aux uns l'énergie dans la vanité et le pouvoir, aux autres le bonheur du travail bien fait. Je n'arrive pas à croire, par exemple, que J.-L. Borloo ne soit pas un type bien.
Quant à la France terre des Lumières, etc. (associons-y un certain nombre d'autres pays francophones comme par exemple le Québec et la Wallonie), je pense qu'il ne faut pas trop la mythifier. Là comme partout les penseurs profonds sont l'exception. Socrate a vécu sous la dictature des Trente et a été condamné à mort par un jury populaire. Sur le plan politique, je ne vois pas que notre système soit si différent que cela de celui des autres démocraties. C'est la vitalité des débats de fond qui peut faire la différence (et ce site y participe - sans que je pense à mes propres contributions, je le précise...) Avant que le système politique n'y touche, la révolution aura passé. Mais je suis d'accord que le taux de pénétration dans la population (autrement dit : la Culture du pays au sens fort) ne saurait évidemment être indifférent (sur l'audience de ce site - comme bien d'autres - on est quand-même loin de la confidentialité.) Nous verrons ce qu'il adviendra...
Amicalement