Faun a écrit :Le Dieu de Spinoza pense c'est certain, cependant cela ne raisonne pas, ne juge pas. Ces actions de l'Esprit se trouvent seulement dans les modes pensants.
Le Dieu affirme toute chose, et tire de cette affirmation infinie une joie suprême, l'Amour.
ce qui veut dire que pour vous être omniscient signifierait juger tout, tandis que affirmer toute chose en en ayant une idée ne serait pas être omniscient? Si oui, quelle serait selon vous la distinction spinoziste entre juger et penser, ou entre raisonner et penser?
A mon sens, chez Spinoza le savoir ou la connaissance se définit uniquement par le fait d'avoir une idée, il me semble. Etre omniscient ne veut rien dire d'autre de savoir ou connaître tout, c'est-à-dire d'avoir une idée de tout, et une idée de ces idées.
Faun a écrit :
Sur la prédestination divine, le terme est bien chez Spinoza, contrairement à celui d'omniscient, qui ne se trouve quà titre de citation d'autres auteurs dans les Pensées Métaphysiques.
serait-il possible d'indiquer un endroit où Spinoza parle non pas de la prédétermination mais de la prédestination pour désigner sa philosophie?
Faun a écrit :Mais Spinoza précise bien qu'il s'agit d'une détermination par l'absolue puissance, qui est aussi l'absolue liberté. Par suite, ce qui est nécessairement prédéterminée, c'est l'infinie liberté de la vie.
je crains que pour moi, c'est y aller un peu trop vite. Si Dieu est bel et bien cause libre, ce n'est que lui qui est cause libre, et non pas les modes ou choses singulières. Celles-ci peuvent être des causes adéquates, mais justement, ce n'est que dans la MESURE où elles sont causes adéquates d'un de leurs effets qu'elles peuvent être dites libres. C'est bien pourquoi à mon avis les choses singulières ne sont pas du tout 'infinie liberté'. Elles n'ont qu'une liberté très limitée, 'mesurée' par le nombre d'idées adéquates qu'elles ont, autrement dit, par leur degré de puissance.
Conclusion: les êtres humains, comme choses singulières, peuvent poser des actes libres, mais cela n'empêche qu'elles sont principalement prédéterminées à ne PAS être libre. C'est bien pourquoi Spinoza l'a jugé utile d'écrire toute une partie de l'Ethique sur la 'servitude humaine'. Si nous vivions dans une liberté infinie, il n'y aurait aucune servitude. Or il se fait qu'en pratique, très peu sont les gens qui arrivent à la béatitude ou la liberté suprême.
Enfin, pour revenir un instant sur la notion de paresse: il me semble qu'elle a besoin d'une conception du monde où la seule détermination qui existe, c'est celle qui nous donne la possibilité de choisir, et donc aussi bien la possibilité de choisir un acte qui nécessite un grand effort que de choisir un acte qui demande peu d'effort. Mais à mon sens, le fait que tout est déterminé et qu'être libre ne veut rien dire d'autre qu'être seul cause de son acte (acte qui est tout aussi déterminé que les actes non libres) le rend impossible de concevoir dans un tel système l'idée de 'choix'. Le sentiment d'avoir un choix, dit Spinoza, n'est rien d'autre qu'une inconscience des causes qui déterminent toutes les actions. C'est une idée inadéquate. Etre libre chez lui ne veut pas dire pouvoir et donc devoir choisir. Cela veut juste dire qu'aucune autre cause que moi-même a concouru pour produire tel ou tel effet. C'est pourquoi la paresse n'est jamais mentionné par Spinoza, je crois. Seul celui qui a un choix peut être paresseux, non?
louisa