Le système spinoziste a-t-il des failles ?

Questions et débats touchant à la nature et aux limites de la connaissance (gnoséologie et épistémologie) dans le cadre de la philosophie spinoziste.
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Marc
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Le système spinoziste a-t-il des failles ?

Messagepar Marc » 27 janv. 2004, 21:11

Dans l'introduction à l'Éthique (Éd. Gallimard, folio essais, 1954), Roland Caillois écrit : « On peut donc douter que le spinozisme soit toute la vérité. On l'a refusé trop souvent par passion, mais on peut aussi tenter de le dépasser par raison. Car il y a une chose proprement impensable qui n'est pas dans le système : c'est le système lui-même. L'Éthique, livre parfait, unique, fermé sur lui-même comme une sphère de cristal où se reflète la totalité de l'être, explique tout, sauf la présence de l'Éthique. La seule chose que la sphère ne reflète pas, c'est son propre reflet. Car, qui croira que, tel un aérolithe spirituel, l'Éthique soit tombé du ciel, à n'importe quel moment de l'Histoire pour y révéler l'Être. Pourquoi en Hollande et en latin ? L'Éthique ne suppose pas l'histoire de la philosophie, ni même la philosophie. Il est douteux que la philosophie puisse y conserver un sens puisqu'elle est sagesse. Mais pourquoi, pour qui et par qui une telle sagesse peut-elle être écrite ? Spinoza pouvait-il exister à un moment quelconque de l'histoire ? Y a-t-il d'autres sages que lui pour le lire et le comprendre ? Qui donc a jamais pu atteindre la connaissance du troisième genre ? »

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Messagepar Krishnamurti » 11 févr. 2004, 16:23

C'est bien écrit, mais je ne vois pas où il veut en venir. Ça semble un peu convenu. Comme s’il fallait absolument mettre un bémol.

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Messagepar succube » 11 févr. 2004, 17:58

L'Éthique ne suppose pas l'histoire de la philosophie, ni même la philosophie


Je trouve que Caillois pousse un peu ou bien qu'il n'a rien lu de l'Ethique ,car sans les scolastiques et sans Descartes pas de Spinoza .
Que cette oeuvre soit un monument de logique déductive , tout le monde en est d'accord mais on n'est pas obligé de la suivre dans ses prémisses ( définition de Dieu , confondu avec une substance infinie par exemple ), comme il est de bonne guerre, d'appuyer sur les quelques contradictions qui ont donné lieu à de multiples controverses depuis sa parution .
Spinoza essaie de nous entraîner et de nous maintenir à toute force sur le chemin exclusif de la logique et de la poursuite de la connaissance où il est passé maître . En cela même, il est l'héritier direct de toute la philosophie qui l'a précédé où le sage voire le saint, recherche le bonheur en cette vie dans la connaissance et la tempérance . Cela serait sans conséquence si son ambition n'allait pas juqu'à nous promettre la béatitude,( connaître dans l'éternité comme Dieu d'après sa définition ) , si nous le suivons jusqu'au bout du chemin .

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Messagepar martinetl » 12 févr. 2004, 16:54

bonjour,

je trouve cette citation de caillois très claire et géniale. c'est bien le problème fondamental du spinozisme. il est beaucoup plus profitable de lire l'Ethique en ayant à l'esprit ce paradoxe qu'en la prenant pour un livre parfait.

au fait, caillois est un grand spécialiste de spinoza. il sait de quoi il parle.

laurent

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Messagepar bardamu » 12 févr. 2004, 23:14

Caillois se place-t-il parmi les sages qui auraient lu et compris l'Ethique ?
Si ce n'est pas le cas, c'est sans doute qu'il a trop étudié l'Ethique et pas assez la voie qui y était indiquée.
Mais je trouve qu'il a raison de mettre en exergue cette voie de sagesse qu'est l'Ethique et qui dépasse l'amour de la sagesse (philosophie). Peut-être y a-t-il là, quelque marque de spiritualité mystique qui ne reste pas dans le questionnement socratique mais va jusquà l'énoncé de la vérité. Terminés les "je sais que je ne sais rien" ici on entre dans le "je sais que je sais tout".
Puissance de connaître, puissance d'affirmer.


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