Réflexion sur l'argument ontologique

Questions et débats touchant à la conception spinozienne des premiers principes de l'existence. De l'être en tant qu'être à la philosophie de la nature.
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Alexandre_VI
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Messagepar Alexandre_VI » 09 juin 2008, 00:41

Bonjour Louisa,

Désolé d'avoir tant tardé à te répondre. En règle générale, la vitesse de ma réponse est inversement proportionnelle à la longueur du message auquel il faut répondre. :wink:


Louisa a écrit :
peut-être que les philosophes ne s'adressent pas avant tout aux historiens de la philosophie, mais aux philosophes tout court? Si oui, et si philosopher est, comme le définissait Platon, mettre sa pensée en mouvement (et non pas développer les certitudes qu'on croit toujours déjà posséder), alors j'avoue ne pas vraiment voir où se trouve le problème.


Les choses seraient tellement plus simples si à un seul mot correspondait une seule définition. Au contraire, dans les dictionnaires de philosophie, on trouve de multiples définitions pour des mots importants.

Enfin, j'imagine qu'on ne peut rien y faire. Effectivement, un philosophe n'écrit pas (principalement) pour les lecteurs du futur, mais pour les lecteurs de son temps.


Alexandre VI a écrit :
Dire que l'infini est égal à une partie de lui-même, c'est un paradoxe de ce genre qui me fait rejeter la possibilité d'un infini quantitatif.


En quoi serait-ce un paradoxe?


Parce que l'infini serait à la fois plus grand et égal à sa partie. C'est une contradiction patente.



pourtant l'infini quantitatif est parfaitement individualisé. Il est tout sauf indéfini. La durée de ma vie, au contraire, est finie, mais en même temps indéfinie (d'un point de vue spinoziste, bien sûr).


Comment l'infini serait-il indivualisé si on ne peut préciser où il commence et où il se termine? Être un individu, c'est être déterminé. Être infini, c'est être indéterminé.


en disant cela tu demandes aux ensembles infinis d'être autre chose encore que ce qu'ils sont, de référer à autre chose encore. Dans le spinozisme cela n'est pas le cas. L'attribut de la Pensée, par exemple, est infini, mais ne réfère à rien. Il est réel en tant que tel, en lui-même. Il possède même une réalité infini (infini en son genre, bien entendu). Idem en ce qui concerne les autres attributs.


Je ne comprends pas exactement ce que signifie «infini en son genre», mais cela ne m'apparaît pas moins contradictoire que l'infini tout court...


dans le spinozisme cela signifie: ne pas être "limité" par autre chose en son genre. Ou, si tu veux, être le seul dans son genre. C'est pourquoi il peut y exister des "modes infinis": l'entendement de Dieu, par exemple, qui est à la fois une idée (= mode, produit par l'attribut de la Pensée) et infini puisqu'il n'y a pas un autre entendement qui le délimite, qui en désigne les bornes (là où mon corps par exemple est "délimité" ou borné par d'autres corps). L'attribut de l'Etendue n'est pas borné, au sens où si nous prenons l'ensemble de tout ce qui est étendu, nous ne pouvons pas par la suite découvrir autre chose qui est de l'ordre de l'étendu et qui ferait que cet attribut n'est pas en lui seul toute l'étendue.

On pourrait penser à la fameuse question des "frontières" de l'univers: l'univers est-il fini ou borné? Si quelque chose le délimité, c'est qu'il y a autre chose encore, au-delà des frontières de l'univers. Or par "univers", justement, nous désignons tout ce qui existe. Ainsi faut-il supposer nécessairement que l'univers n'est pas borné par autre chose, mais est tout ce qui est.


Pour moi ce qui est limité n'est pas nécessairement limité par quelque chose d'extérieur. On est plutôt limité fondamentalement parce que c'est la condition nécessaire pour avoir une existence, pour être «quelque chose» de réel, un individu.




et pourquoi la matière ne serait-elle pas, elle aussi, parfaite?


Si la matière était parfaite, il me semble que nous serions, nous être matériels, parfaits­, sans défaut, complètement heureux.

Je trouve assez amusant que les anciens gnostiques considéraient le monde comme mauvais alors que tu sembles considérer la matière comme parfaite. Je veux dire, comment un même fait peut-il donner lieu à des interprétations aussi opposées?


La conception spinoziste de la res singularis me rappelle un peu les tourbillons de Descartes.


en quel sens?


Parce que dans un tourbillon en mouvement, le rapport entre les parties reste identique.


je ne suis pas tout à fait certaine de te comprendre. Comment décrirais-tu l'individu en distinguant substance et mode? Et en vue de quelle fin cette distinction serait-elle féconde?


La distinction substance-mode (ou substance-accident) est une voie moyenne entre Héraclite et Parménide. Il y a du changement, mais aussi de la permanence. Ce qui se transforme ne change pas nécessairement d'identité, mais peut changer superficiellement. Et c'est cela que nous dit le sens commun. Le problème par contre est qu'on ne sait pas trop comment distinguer changement substantiel et changement accidentel (superficiel), sauf si on prend des points de repère arbitraires et anthropomorphiques, comme la mort d'un être vivant.

Pour Spinoza, chaque corps composé est un Individu. Cela signifie qu'il se caractérise par un rapport de mouvement et de repos précis. Les entités qui le composent (étant à leur tour elles-mêmes des Individus) "expriment" ce rapport pendant un certain temps. Puis ces Individus/corps peuvent quitter le Corps de l'Individu; aussi longtemps qu'ils sont remplacés par d'autres corps qui effectuent ou expriment entre eux le même rapport, ils expriment le même Individu.


On peut dire ça, je crois, en posant que ce rapport qui se maintient correspond à la substance, alors que les changements par ailleurs sont accidentels.


pour les matérialistes, la vie de l'homme se termine quand le Corps meurt, pour Spinoza non, puisque toute essence est éternelle. Quelque chose de l'Esprit (sa partie éternelle) subsiste après la mort.

Cela est crucial, car c'est ce qui permet à l'homme de considérer les choses sub specie aeternitatis, du point de vue de l'éternel, et sans ce point de vue, aucun Salut ni Béatitude n'est possible.


Oui ou non Spinoza croit-il en l'immortalité de l'âme? Selon Henrique, non. S'il n'y croit pas, quel sens cela a-t-il de dire que nous sommes éternels? Je suis éternel en ce sens que je réalise une manière d'être possible de la nature humaine, et cette manière d'être en soi est intemporelle. Mais de dire cela, ça n'apporte aucun consolation existentielle.


on peut être matérialiste ou idéaliste, dès que l'on est déterministe, on est obligé de définir la liberté autrement que par l'indétermination. Mais pas tous les idéalistes (et pas non plus tous les matérialistes) ont postulé un déterminisme. On peut également être idéaliste et postuler le libre arbitre. Par conséquent, je ne vois pas très bien en quoi le fait d'être déterministe impliquerait déjà un matérialisme. En tout cas, dès que l'on admet un autre ordre de causalité parallèle à celui de la matière ou plus précisément, dans le cas du spinozisme, de l'Etendue, et qu'on admet la réalité de l'Esprit, la voie est ouverte à un changement du réel par le biais de l'Esprit en tant qu'il n'a rien de matériel. Il me semble que dans la pratique cela implique tout autre chose qu'un matérialisme. Si dans un matérialisme l'Esprit peut-être considéré comme un éphiphénomène, par exemple, dans le spinozisme cela est absurde.


Cette causalité autonome de l'esprit n'est pas sans me rappeler les hypothèses de la psychanalyse, qui explique les problèmes mentaux sans référence au cerveau.

Le parallélisme est désavantagé par rapport au matérialisme généralement endossé par les neuroscientifiques, parce qu'il est moins simple. Selon le parallélisme, alors que tout suggère une dépendance de l'esprit au cerveau (notamment les dommages au cerveau qui produisent des problèmes psychiques et comportementaux), il faut au contraire y voir une simple concomitance. Par contre, cette dernière vision me paraît finalement irréfutable, si bizarre soit-elle.

Le parallélisme serait-il finalement une réaction au dualisme radical de Descartes, comme l'occasionnalisme ou l'harmonie préétablie, une réaction à une théorie qui est largement abandonnée aujourd'hui? :?:

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Messagepar Faun » 09 juin 2008, 00:58

hokousai a écrit :
Vous me semblez introduire un révisionnisme funeste qui consisterait à suggérer que l’assassin jubilatoire qui comprend clairement et distinctement son action agit par la nécessité de sa nature et raisonnablement .

Il y a là une transfiguration et une absolution voire dissolution des affects mauvais , mais c’est un tour de passe passe difficilement crédible .


L'exemple de l'assassin est très mauvais, puisque Spinoza montre bien que le geste de tuer, s'il est mu par la haine, ne peut qu'être mauvais. Le cas du bourreau est différent, comme le dit Spinoza, encore qu'on puisse discuter ce point et ne pas être d'accord avec lui. Il y a d'autre manières d'aimer le "salut public" qu'en assassinant les assassins, il me semble. Mais dans le cas d'une colère ou d'une haine contre des choses ou des systèmes, philosophiques, politiques ou religieux, la haine n'est pas nécessairement mauvaise, et n'est pas nécessairement une passion.
Je ne vois pas où se situe le problème lorsqu'on hait une chose, comme un système théologique, par amour des hommes, afin de les libérer. Dans ce cas l'usage rationnel des affects de haine dans le discours peut être bien plus efficace que de plates démonstrations mathématiques. Du reste cela me semble entièrement contenu dans l'Ethique. Le ton des scolies est non pas passionnel mais affectif, comme Deleuze l'avait fort bien remarqué. On y trouve en effet des affects de haine, souvent tempérés par un "mais assez sur ce point", formule qui revient très souvent, comme si Spinoza cherchait à calmer sa colère. On pourrait en citer de nombreux exemples, y compris dans les lettres et dans le traité théologico-politique, qui regorge d'indignations. Et cela me semble tout à fait sain, et nécessaire à l'intelligence de sa pensée. Car c'est toujours par amour des hommes et de la liberté que Spinoza utilise les affects de haine et leurs dérivés dans ses textes.

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Messagepar Louisa » 09 juin 2008, 04:19

Hokousai a écrit :Je suis sceptique sur l’ universalité de la raison laquelle se donne pratiquement toujours comme universelle mais qui dans les faits ne l’est pas .Et qui ne peut pas l’être parce que les raisons qui sont le carburant de la Raison, ces raisons ,ces bonnes raisons évoluent avec le temps .


les données de l'observation changent avec le temps, les résultats expérimentaux changent, mais les raisons .. ? De nombreuses démonstrations mentionnées par Euclide sont aujourd'hui toujours parfaitement compréhensibles et vraies, et cela uniqument en vertu du fait qu'elles se font selon des règles rationnelles.

Il est évident que cette rationalité n'est pas reproductible à n'importe quel niveau de la réalité humaine, mais qu'est-ce qui vous ferait penser qu'elle n'existe pas?

A Sescho et Alexandre: une réponse arrive sous peu.

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Messagepar hokousai » 09 juin 2008, 13:42

Je ne vois pas où se situe le problème lorsqu'on hait une chose, comme un système théologique, par amour des hommes, afin de les libérer.


Cher Faun
j'ai un peu de mal à vous suivre

De mon point de vue la haine est mauvaise de plus mauvaise conseillère .Chercher à trouver chez Spinoza une admissibilité de la haine comme positive me parait assez périlleux .....mais enfin si vous estimer la trouver .

L' exemple de l'assassin me parait approprié , en effet la haine conduit souvent à l'assassinat . Vous voudriez des actions déterminées pas la haine et qui ne soient pas mauvaises , c'est la quadrature du cercle .
Est -ce que Spinoza accepterait mieux qu'on assassine froidement , sans haine ? J'en doute .

Il serait peut être juste de ne pas employer le mot de haine quand la raison a fait son travail .

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Messagepar hokousai » 09 juin 2008, 13:51

chère Louisa

La rationalité est aléatoire ( la logique beaucoup moins et les mathématiques pas du tout )
Je ne parle pas de la raison pure de Kant assimilable à la logique mais au raisonnable lequel rejoint l’éthique et la détermine souvent .

On raisonne ,on forme des stratégies , en fonction de mobiles , des situations et des affects du moment ce qui n’a rien de mathématique .
Observez comment je raisonne différemment de Faun en ce moment .
Chacun va trouver de bonnes raisons à réprouver la haine ou pas .

Faire passer cela par la moulinette du géométrique et penser que ça suffit est assez illusoire .

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Messagepar Faun » 09 juin 2008, 15:16

hokousai a écrit :
L' exemple de l'assassin me parait approprié , en effet la haine conduit souvent à l'assassinat . Vous voudriez des actions déterminées pas la haine et qui ne soient pas mauvaises , c'est la quadrature du cercle .
Est -ce que Spinoza accepterait mieux qu'on assassine froidement , sans haine ? J'en doute .



Dans mon précédent message, je distingue la haine envers les hommes de la haine envers d'autres choses. Est-ce qu'on assassine un système philosophique? Métaphoriquement peut être, mais il n'y a pas mort d'homme.

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Messagepar hokousai » 09 juin 2008, 17:15

""""""""""""Est-ce qu'on assassine un système philosophique? """"""""""

d'accord j' avais bien compris .
Quant à assassiner le bouddhisme (':roll:') ?!!

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Messagepar Louisa » 10 juin 2008, 01:45

Hokousai a écrit :La rationalité est aléatoire ( la logique beaucoup moins et les mathématiques pas du tout )


cher Hokousai,

qu'est-ce qui reste encore de la rationalité si vous lui enlevez la logique et les mathématiques ... ?

Quand je parle du more geometrico comme MOYEN - dans le contexte de la discussion ici: moyen pour prouver la vérité d'une interprétation du texte de Spinoza - je ne parle de rien d'autre que de l'application rigoureuse des règles de la logique. Pour moi il est tellement évident que tout bon commentateur, en philosophie, respecte maximalement ces règles que je ne vois pas comment on pourrait dire que la rationalité est "aléatoire".

Ces règles de la logique sont également cruciales en science, car là aussi, sans elles aucune preuve de la vérité d'un énoncé ne serait possible (tandis qu'entre-temps nous avons de nombreuses vérités scientifiquement prouvées) - même si respecter rigoureusement les règles de la logique n'est bien sûr qu'une conditio sine qua non, et non pas une raison suffisante pour déjà parler de vérité scientifique (il faut également des données observationnelles univoques (ou pouvant être interprétées univoquement), des dispositifs expérimentaux, des expériences reproductibles, et ainsi de suite).

Hokousai a écrit :Je ne parle pas de la raison pure de Kant assimilable à la logique mais au raisonnable lequel rejoint l’éthique et la détermine souvent .

On raisonne ,on forme des stratégies , en fonction de mobiles , des situations et des affects du moment ce qui n’a rien de mathématique .
Observez comment je raisonne différemment de Faun en ce moment .
Chacun va trouver de bonnes raisons à réprouver la haine ou pas .


si vous voulez dire par "raisonner" quelque chose comme "chercher des idées que je vais utiliser comme raisons/motifs de mes actions ou des thèses que je veux défendre": ok, ces raisons en tant que telles n'ont aucunement le pouvoir de mettre d'accord (c'est ce qu'on appelle depuis Platon des "opinions"). Mais encore une fois, je parlais bel et bien de la logique et de la référence aux faits (dans un cadre d'interprétation philosophique: le fait du texte), où la rationalité est tout sauf aléatoire.

Hokousai a écrit :Faire passer cela par la moulinette du géométrique et penser que ça suffit est assez illusoire .


le more geometrico ne permettra sans aucun doute pas de trancher n'importe quelle divergence d'opinion. Mais il me semble qu'il est incontournable pour pouvoir réellement mener à bien toute discussion concernant l'interprétation d'un texte philosophique, à partir du moment où les participants à cette discussion prétendent à la vérité, c'est-à-dire donnent à leurs énoncés le statut d'une vérité que de iure tout être rationnel devrait pouvoir reconnaître et adopter.

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Messagepar vieordinaire » 10 juin 2008, 03:52

Ma chere Louisa,

Malheureusement Spinoza va rester a jamais un mystere pour vous si vous refusez de reconsiderer les regles de la logique traditionelle. La logique de Spinoza est celle de l'ambiguite. La logique de Spinoza (celle de l'ambiguite; relisez les demonstrations qui aboutissent a celle de l'"animi fluctuatio" (3p14-3p18) pour un exemple concret d'ambiguite) ne nie pas la logique traditionelle: cette derniere simplement devient un cas particulier de la premiere. J'appelle a la barre, votre honneur, la definition de Dieu et 'les attributs' comme premier temoins ...

Et puis apres ... (je n'ai pas inclus l'information complete pour les references)

“[...] Or is there an insuperable contradiction within Spinoza's conception of God? This is a difficult question to decide, but on the whole the answer must be that the moments of the conception, as Spinoza defines them, are irreconcilable -- that there is an inner contradiction in his conception of God.” (Joachim, p104)

“In one sense, it is true, the whole problem of the Ethics is summed up in the question “how can we conceive the being of a multiplicity in God”? What is the good, it may be said, of criticizing the details, when the principle has already been condemned? If the basis of a philosophy is inwardly contradictory, the contradiction must reveal itself also in the superstructure.” (Joachim, p.220)

“We may ask ourselves how the “reality or being” of the same thing or substance can be expressed through radically different attribute without this threatening the unity of nature.” (De Dijn, p.201)

" Comprend-on pour cela que cet Etre, infini absolument, puisse se trouver constitue par des attributs differents? Ne serons-nous pas toujours contraints, si nous voulons fournir a note esprit un contenu veritablement positif et effectivement pensable, d'accorder la primaute soit aux attributs, soit a la substance? Dans le premier cas, Dieu sera Nature, dans le second, la Nature apparaitra comme Dieu. Pour notre part, nous sommes jamais parvenus a reduire a l'unite ces deux perspectives. Mais nous savons que l'Ethique tout entiere repose sur l'affirmation de leur identite." (Alquie, p.106).

"... la notion de Dieu qui en est le resultat conserve l'ambiguite fondamental que nous avons signalee, et conduit tantot a reduire Dieu a ce que, traditionellement, on appelle la Nature, tantot a elever la Nature a ce que, traditionellement, on nomme Dieu." (Alquie,p.108)

“However, it still remains somewhat mysterious how Spinoza believes the unity of substance to be compatible with the plurality of attributes, something that Margaret Wilson calls simply “a very difficult problem” (1999a, p.166)” [Nadler, p.70]

Spinoza est un genie simplement pour avoir developpe et utilise un language de l'ambiguite: sive, quatenus, etc.


Louisa a écrit :
les règles de la logique sont également cruciales en science,"

Avez-vous entendu parle de la physique quantique et la dualite particule/onde? Basarab Nicolescu , Stephane Lupasco, Bohr, Bohm, Multi universe, ... toutes ces belles folies de la physique quantique :)
Ce que vous imaginez de la science, ou de la philosophie de Spinoza, me semble bien Newtonien ... Spinoza etait d'avant-garde (peut-etre a son insu) par rapport a la science et culture de son epoque ...

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Messagepar Faun » 10 juin 2008, 10:32

vieordinaire a écrit :
“In one sense, it is true, the whole problem of the Ethics is summed up in the question “how can we conceive the being of a multiplicity in God”? What is the good, it may be said, of criticizing the details, when the principle has already been condemned? If the basis of a philosophy is inwardly contradictory, the contradiction must reveal itself also in the superstructure.” (Joachim, p.220)

“We may ask ourselves how the “reality or being” of the same thing or substance can be expressed through radically different attribute without this threatening the unity of nature.” (De Dijn, p.201)


Poser le problème dans les termes classiques de la philosophie d'unité et de multiplicité empêche à mon avis de le résoudre. Spinoza ne procède pas ainsi. L'unité de Dieu est affirmée certes dans l'Ethique, mais comme en passant, sans que cela soit jamais un enjeu véritable. Le problème de la multiplicité n'en est pas un non plus pour lui. Et en effet quand Spinoza définit Dieu comme "l'Etant absolument infini, c'est à dire une substance consistant en une infinité d'attribut, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie", il mêle dans sa définition l'unité et la multiplicité. C'est que l'infini n'est ni un ni multiple, il est simplement infini. C'est parce que Dieu est avant tout infini qu'il s'exprime toujours par infinité. Infinité des attributs, infinité des modes infinis, infinité des modes finis, qui tous constituent l'infinité de la substance. C'est une philosophie de l'infini, non une philosophie de l'Un ou du Multiple. L'infini a la propriété d'être ontologiquement unifié tout en étant infiniment multiple dans ses expressions : attributs et modifications infinis.


Spinoza est un genie simplement pour avoir developpe et utilise un language de l'ambiguite: sive, quatenus, etc.

Spinoza etait d'avant-garde (peut-etre a son insu) par rapport a la science et culture de son epoque ...


Tout à fait d'accord.


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