manucoul2 a écrit :J'aime pas trop l'idée de refuge, se préserver dans un coin, ça fais un peu trop stoicien à mon goût... Ma lecture de Spinoza m'incite à aller affronter le monde tel qu'il est...
Le sage trouve refuge en lui-même, et ce n'importe où, y compris dans le tumulte du Monde.
Mais comme nous ne sommes pas des sages ? Il n'y a pas d'autre solution que de progresser en sagesse (et cela ne se fera pas d'un claquement de doigts.) C'est pourquoi le problème n'est pas de vivre dans une société éloignée du sage, mais de vivre bien, tout simplement. C'est pourquoi aussi le chemin est le but à chaque instant.
Au début, vivre dans un environnement par hypothèse plus pervers que soi est un handicap. Ensuite, cela devient une chance : la détection des réactions émotionnelles en réponse à des stimuli négatifs est le révélateur d'une chose à corriger.
manucoul2 a écrit :Malgré tout, j'ai le sentiment d'un aller retour, je compose des rapports avec des gens non-spinozistes et je dois subir les idées inadéquates qu'ils produisent ou qu'ils me font produire (une décision est souvent le fruit de plusieurs personnes, donc difficile de produire seul des idées...) et de devoir retourner justement sur moi, pour trier, pour agencer ces idées et en faire des affects de joie.
C'est souvent long et fastidieux...
Pas le choix : il faut bosser...
Mais il est possible de produire des idées claires par soi, même au milieu des influences extérieures (pas facile, je le concède volontiers ; la vanité excite la vanité, par exemple, et les pervers (champions de la vanité) sont souvent très forts pour bouffer les gens consciencieux à coup de culpabilisation. Mais il faut constater que les seconds, tout beaucoup mieux configurés qu'ils soient, pêchent par leur propre configuration.
manucoul2 a écrit :Comment augmenter notre puissance d'agir lorsque l'autre (n'importe quel autre) prend des décisions qui abaissent notre puissance d'agir ? ...
Les décisions, les actions ne se font rarement seul, dans le repli de la sagesse, mais dans le tumulte de la société...
On peut développer des tactiques (Diel appelle cela le petit calcul) mais la seule voie sûre est le détachement, et celui-ci est une qualité psychique interne qui s'exprime n'importe où (pour l'acquérir c'est plus discutable.) En d'autres mots la sagesse n'est pas un repli mais une ouverture. C'est ainsi que le plus grand détachement est aussi la plus grande ouverture, la vie la plus riche dans le Monde. On chérit des passions comme étant la vie même alors que ce ne sont que des fers qui l'entravent.
Mais il est vrai que le problème qui se pose concrètement alors c'est encore : comme progresser en sagesse tout en vivant dans le monde standard ? Ce qui m'a permis de progresser personnellement, ce sont les livres. C'est une façon de faire entrer (médiatement, mais quand-même) un environnement très favorable dans (une partie) de sa vie. Mes principaux "mentors" ont été Diel, Krishnamurti et finalement Spinoza, complétés de nombreux autres auteurs de valeur, aujourd'hui en particulier Desjardins, Prajnanpad et Tolle, et des discussions sur la liste et sur le site.
Mais il n'y a pas : il faut bosser !
Amicalement
Serge