hokousai a écrit :à Alcore
[quoteComment concevez-vous l'infinité des attributs dont Dieu est constitué
?
1 je ne pense pas que Dieu soit constitué d'une infinité d'attribut mais qu'on lui en attribue ( excusez la redondance ) une infinité
2) je ne suis pas certain du tout que Spinoza le pensait
ai[/quote]
Spinoza dit pourtant que
Dieu est un être absolument infini, cad une substance consistant en une infinité d'attributs, dont chacun exprime (une ou l') essence éternelle et infinie.
En outre, en Ethique II,1 Spinoza que "la pensée est UN attribut de Dieu..", et Spinoza précise dans la démonstration "un des attributs INFINIS de Dieu"
Spinoza accuse ici une différence qui était déjà présente dans les deux parties de la définition de Dieu:
une infinité de...
essence infinie
En français il ne fait aucun doute que l'expression "une infinité de.." enveloppe l'affirmation d'une multiplicité, contrairement à l'expression "attributs infinis" qui ne l'enveloppe pas.
Même en admettant qu'un attribut, considéré en lui même, soit infini sans former de multiplicité, il est difficile de difficile de rejeter que les attributs pris ensemble forment une multiplicité.
Dans le raisonnement de ETHII, ce qui importe à Spinoza ce n'est pas de démontrer que les attributs sont infinis, mais que la pensée et l'étendue font partie des attributs de Dieu, que ce sont des attributs PARMI d'autres.
Certes la démonstration établit l'infinité de l'attribut par un saut qualitatif à partir de la considération de certains modes finis (telles pensées, tels corps), mais il ne semble pas que cette infinité joue un rôle dans la démonstration. Le point en question est plutôt d'établir que, étant admis qu'existe une infinité d'attributs (infinis), la pensée et l'étendue en font partie.
Dans la lettre 12, Spinoza évoque un infini quantitatif qui ne serait pas déterminable par le nombre:
"les mathématiciens...connaissent aussi des GRANDEURS qui ne peuvent être égalées à aucun nombre, mais dépassent tout nombre assignable"
Et Spinoza de préciser que ce qui rend impossible cette assignation, c'est l'impossibilité d'obtenir l'infini par un processus d'accroissement "à l'infini", à partir d'une multitude de parties. L'infini est alors " ce dont nous ne pouvons nous représenter ni expliquer les parties par aucun nombre, bien que nous en connaissions le maximum et le minimum"
Un saut qualitatif seul permet de penser l'infini comme donné, hors toute détermination numérique. Mais, une fois ce saut accompli, Spinoza ne se prive pas de traiter l'infini comme une grandeur multiple.
Dans le scolie de EthII,1, Spinoza renversant le principe de la démonstration précédente, écrit :
"un être qui peut penser une infinité de choses en une infinité de modes, est nécessairement infini par la vertu du penser"
Spinoza établit donc une continuité entre l'idée selon laquelle un attribut, considéré en lui même, serait infini en vertu de sa nature, et l'idée selon laquelle la puissance une infnité DE choses en une infinité de modes.
Cette continuité ne va d'ailleurs pas de soi, car de ce qu'une chose est un attribut on peut légitiment conclure qu'elle est infinie, mais de ce qu'une chose est infinie, on ne peut en déduire qu'elle est un attribut. La capacité indéfinie de penser une "infinité de" choses singulières n'autorise pas à rapporter cette puissance à un attribut.
Mais Spinoza ne voit aucun problème à passer ainsi de l'indéfinité de la puissance de penser à l'affirmation de l'infinité de l'attribut (scolie) et inversement (démonstrationII,1)
Il semble donc que Spinoza soit, dans certains cas, surtout préoccupés de distinguer l'infini positif de l'indéfini, la quantité infinie de toute multiplicité numérique.
Mais à d'autres moments, son souci est plutôt d'articuler l'infinité extranumérique avec a) la multiplicité des attributs b) la multiplicité des modes (indéfini).
Tout simplement parce qu'il faut bien penser l'articulation de l'infini et du fini, ce dont EthII,1 donne une illustration.
Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie. (Ps.119)