symbiose a écrit :Louisa, vous serez alors étonné d'apprendre que Spinoza en philosophant ait mis le corps et ses affections au centre de sa pensée.
Je pense qu'au contraire l'une des originalités du spinozisme c'est de rejetter le dualisme chrétien traditionnel entre animalité-émotions-"tripes" d'un côté et compréhension-intelligence-théorie d'un autre côté.
Chez Spinoza, l'idée vraie est avant tout une joie. Le problème n'est plus celui de l'intellect ou la volonté contre les instincts, le problème devient celui des joies actives contre les joies passives, ces joies qui ne nous rendent pas plus puissants de façon durable.
Pour moi, mai '68 a voulu renverser une certaine pensée chrétienne mais ne l'a en réalité jamais quitté, on a simplement pris le pied opposé. Si le christianisme dit que les instincts et la sexualité sont mauvais, c'est qu'il faut maintenant les célébrer comme ce qu'il existe de mieux.
Je pense que Spinoza offre une véritable "troisième voie". Aucune de nos "impulsions" n'est mauvaise en soi. Mais il existe quelque chose de mieux, qui se construit là-dessus: la joie active de la compréhension, joie qui n'est pas moins physique que celle des passions.
Vous pouvez bien sûr continuer à mépriser et ridiculiser, d'un point de vue spinoziste, mais justement, faire cela n'est plus considéré comme exprimant la vérité, sa véritable nature, sa véritable puissance etc. Le mépris, la ridiculisation, la Haine etc. ne deviennent que des idées inadéquates. On peut les considérer comme "impuissance" si l'on veut, mais comme le souligne Spinoza, l'impuissance n'est qu'une privation, elle ne dit rien de "réel" de la chose qu'on appelle "impuissante", puisque dire quelque chose de sa réalité à elle, c'est dire quelque chose de sa perfection ou puissance (les trois (réalité-perfection-puissance) étant équivalents, dans le spinozisme).
L'impuissance d'une chose finie est infinie, puisqu'il y a infiniment de choses qu'elle ne sait pas faire. Nommer ces choses, c'est parler de tout ce qu'elle n'est pas, ce n'est pas parler de ce qu'elle est, en réalité/vérité.
symbiose a écrit :La psychologie de l'impuissance est au centre de son dispositif théorique. Spinoza nous invite à le pratiquer et à comprendre pourquoi nous pouvons comme Hokousai mal l'interpréter.
Euh ... où plus précisément Spinoza nous dit-il que c'est Hokousai et non pas vous ou moi qui l'interprètons mal ... ?
symbiose a écrit :L'Ethique regorge de scolies expliquant pourquoi ses contradicteurs ne peuvent psychologiquement et affectivement le suivre. Lui reprocherez-vous d'avoir spéculé sur leur psychologie?
disons plutôt que je ne comprends pas trop comment vous pouvez vous déplacer dans la peau de Spinoza. Spinoza a écrit des livres, ses contradicteurs les ont lus et commentés, et Spinoza étant l'auteur de ces livres, il sait bien quand on l'a compris et quand non. Tout comme ce n'est que vous qui pourra me dire si je vous ai bien compris ou non.
Mais nous ne sommes pas Spinoza ... (désolée si cela vous choque ... ), nous ne sommes que des lecteurs des mêmes textes. Qui d'entre nous fera le juge et dira qui a bien compris Spinoza et qui non ... ? Sur base de quels critères ... ?