Messagepar Henrique » 29 sept. 2019, 06:00
Bonjour Mellchris,
Je proposais précédemment une métaphore pour se représenter ce qu'est un mode et indiquer ainsi que cela n'implique pas quelques chose de figé. Mais je ne pense pas que votre compréhension soit simpliste. C'est l'essentiel. Un mode est d'après la définition même qu'en donne Spinoza est une affection de la substance, autrement dit une manière ou une façon particulière d'être de la nature étendue et pensante des choses. Et donc tout ce qui existe, en dehors de l'étendue et de la pensée comme attributs de la substance de toutes choses, est mode.
On pourra remarquer aussi que Spinoza n'emploie jamais l'expression de "mode fini" qu'on trouve encore chez nombre de commentateurs, y compris Deleuze. Cette expression pourrait suggérer qu'un mode soit quelque chose de nettement délimité et figé dans la nature, comme le craignait Solène. Certes tous les modes ne sont pas infinis, comme la face totale de l'univers ou l'entendement de Dieu, mais on pourrait dire que les modes que nous connaissons immédiatement sont plutôt indéfinis que finis. Rien n'est absolument délimité, ne commence nettement ici pour finir là, justement parce que l'être est partout et le néant nulle part. Mais cela n'empêche pas que les modes aient une essence : ce morceau de pain aurait pu être ici plutôt que là bas sans qu'il cesse d'être morceau de pain, autrement dit sa position est accidentelle mais il n'aurait pas pu être sans la farine qui fait partie de son essence. Mais cet élément essentiel n'est lui-même rien en soi d'autosuffisant ou de substantiel, c'est aussi un mode de mode : une façon d'être du blé qui est lui-même façon d'être des cellules végétales qui le constitue etc.
Henrique Diaz
Ne pas ricaner, ne pas geindre, mais comprendre pour agir vraiment.