Durtal a écrit :Mais ce qui existe "de toute éternité" existe à plus forte raison quand l'esprit existe en acte ou alors faut-il dire que l'esprit cesse d'être éternel quand il dure???? C'est cela que tu veux dire?
ce que j'essaie d'introduire, c'est la distinction que Spinoza fait à plusieurs reprises, et notamment dans le scolie E5P29, le scolie de l'E5P23, ... . L'Esprit existe de toute façon toujours en acte, qu'on le considère du point de vue de l'éternité ou du point de vue de la durée. Mais il s'agit de deux types d'existence différentes. Si tu parles d'un être éternel qui pourrait cesser d'exister, tu introduis de la durée dans l'éternité, tandis que l'éternité se définit, encore une fois, non pas par la permanence ou la durée dans le temps, mais par le fait d'être HORS temps.
C'est pourquoi tu ne peux pas invoquer l'éternité de toute idée vraie pour dire qu'elle doit être présente sans cesse. Ce n'est pas parce qu'une idée est vraie, qu'elle est réellement présente, ce n'est pas parce qu'elle a de toute façon une existence actuelle éternelle en Dieu, qu'elle a aussi une existence actuelle permanente dans le temps.
Toi-même et Tecti défendez l'idée que ce que Spinoza dit être une idée adéquate qui pourtant n'est pas une notion commune, en serait tout de même une, parce que vous considérez l'idée adéquate QUE d'un point de vue de l'éternité. A partir de là, vous faites comme si l'éternité implique la pemanence dans la durée, ou la sempitérnité. Ce qui est manifestement faux, puisque l'essence de notre Corps est éternelle, tandis que notre Corps ne dure pas sempitérnellement. Du point de vue de l'éternité, tout est immuable et toujours déjà là, du point de vue de la durée, en revanche, les choses changent sans cesse.
C'est pourquoi je crois qu'il faut prendre au sérieux la définition de la notion commune que donne Spinoza, et qui exige d'être affecté avant de pouvoir avoir une notion commune. L'affection étant un changement, elle ne peut se produire que dans le temps. Il y a donc à mon sens (à vérifier, bien sûr) une dimension nécessairement temporelle dans toute notion commune. Ce qui permettrait de rendre compte du fait que ce n'est que par ce que les choses ont en commun qu'elles peuvent s'affecter les unes les autres, tandis que ce qu'elles ont en commun ne constitue l'essence singulière d'aucune d'entre elles, cette essence étant effectivement éternelle et immuable (ce qui pose bien sûr le problème de l'articulation des deux, comme l'a déjà souligné Bardamu - et si je l'ai bien compris).
A bientôt pour des réponses à la suite de ton message,
L.