"Pardon, mais où as-tu appris que «il n'y a pas d'acte sans puissance»? Aristote le dit-il dans sa métaphysique? Peut-on même le déduire de ce qu'il dit? La puissance est rapportée à l'acte, mais l'acte n'est pas rapporté à la puissance....
Je ne pratique pas Aristote dans le texte , mais si je m'en réfère à l'ouvrage de Pierre Aubenque " le problème de l'être chez Aristote" page 440 après avoir souligné " que la puissance implique la référence à un pouvoir et plus précisément à un pouvoir être ...les deux termes se réfèrent directement et concrètement à l'expérience du mouvement . Ce qui demeure visé dans le couple acte-puissance , c'est l'activité artisanale , l'oeuvre, et si pour Aristote la notion d'Acte n'est pas réductible à l'activité , il lui lui conserve néanmoins son caractère de résultat " . Aubenque poursuit," il n'est pas le devenant mais le devenu , non pas le bâti mais l'avoir bâti , non pas l'éternel présent mais le parfait, de l'avoir-mû et de l'avoir été . Et plus loin " l'immobilité de l'Acte est l'immobilité d'un résultat , qui présuppose un mouvement. Et encore , " l'Acte n'est donc pas une notion qui se suffit à elle-même mais reste corrélative de celle de puissance et ne peut être pensé qu'à travers elle "
Puis-je ou non m'appuyer sur Aubenque et alors qu'ajouter de plus ?
Qu'est-ce qui te permet de prétendre que «il ne doit pas être question d'Être et de substance en ce qui concerne le divin, ni en soi ni de manière éminente ou analogique»? Peut-être crois-tu que l'idée de Dieu est trop sublime pour être atteinte par nos pauvres notions, que l'Être est équivoque. Je préfère ne pas conduire ma métaphysique avec un tel préjugé."
Le problème est de savoir si tu privilégie les exigences de la métaphysique d'origine païenne au mépris de celles de la Révélation . Thomas s'est battu pour concilier les deux , et il a cru y être parvenu à travers une construction savante mais tout compte fait moins prudente que n'a pu l'être celle d'Aristote qui lui n'a jamais prétendu avoir construit un pont entre le monde céleste et monde sublunaire mais seulement explicité par l'attrait de l'être parfait le mouvement éternel qui meut l'être fini .Thomas est en outre victime lui aussi du "Je suis qui je suis " assimilé au "je suis celui qui est " de la tradition gréco-théologique , alors que cette parole fait état non de l'être de Dieu mais de son existence pour celui qui écoute , à travers son véritable sens philologique " Je suis celui qui sera " voir à ce sujet la bible de Chouraqui .
Le Dieu de la révélation échappe à nos catégories, il n'est ni parfait , ni éminent, ni sublime, de la même manière que l'homme il échappe à toute définition , il est l'expression du tout Autre , c'est pourquoi il a été très justement dit que nous sommes à son image .
Enfin en ce qui concerne , les notions d'acte et de puissance , de forme et de matière, d'après Aubenque elles n'ont pas pour objet de solutionner des apories et notamment celle classique du mouvement et de la transition entre le non être du "pas encore" à l'être de l'aboutissement , mais de les expliciter et de nous les faire toucher du doigt , car pour Aristote s'il y a bien une vérité c'est que l'Etre se dit en de multiples sens et que le discours qui vise son unité , celui de Thomas comme celui de Spinoza est illusoire et éternellement voué à l'échec .
amicalement