Hokousai a écrit :Cetteidée de cause de soi est la plus difficile à faire admettre de la part d'un héritier de la scolastique médiévale ( par exemple )
Je pense qu’on ne peut l’admettre que si on a l’idée de substance unique ( ce qui signifie que rien n’ existe en dehors de la substance en question ).
Mais cela ( avant l' unicité) présuppose l’existence de substances(une ou plusieurs ) .
Et on en revient au point de départ .
Je ne suis pas persuadé de la nécessité de penser la substance .Je dirais même qu’il est impossible de penser la substance .
ne faudrait-il pas dire que la difficulté de l'idée d'une cause de soi se pose avant tout lorsqu'on pense la cause de manière "transitive", c'est-à-dire lorsqu'on n'admet que des causes efficientes?
Si oui, il me semble que Descartes a déjà répondu à la question: ce qui est cause de soi n'est pas une cause efficiente de soi, puisque la transitivité implique par définition une différence entre la cause et l'effet.
Etre "cause de soi" signifie donc plutôt "être sans cause", autrement dit, exister sans avoir besoin d'une cause hors de soi-même pour exister, exister grâce à sa définition même, ou, dans les termes de Spinoza, exister parce que son essence même enveloppe l'existence. C'est ce que Descartes appelle "l'immensité de l'essence positive" (dans la 4e Réponse aux objections).
Ce qui est cause de soi est donc ce qu'on ne peut pas concevoir comme inexistant. De prime abord, cette idée ne me semble pas être si absurde que ça. Car pourrait-on concevoir l'univers comme inexistant? On sait que les étoiles ont une durée de vie limitée. Mais l'univers en tant que tel? Pourrait-on s'imaginer qu'un jour il n'existait pas? Cela me semble être difficile. Par conséquent, supposer qu'à la base de la chaîne causale (cause efficiente) il y a un principe qui existe en vertu de sa propre définition, cela me semble être assez plausible (l'alternative heideggerienne étant plus difficile à concevoir: qu'il y ait un "fond sans fond", donc un genre de néant, qui est à l'origine de tout ce qui existe).
Dans ce cas, on n'a pas besoin du concept de la substance pour pouvoir penser l'idée de la cause de soi. Ce qui est d'ailleurs le cas chez Spinoza: il n'a pas besoin de référer à la notion de substance pour pouvoir définir la cause de soi.
L.