l'origine de toute philosophie du salut par la connaissance

[antrax]

"L'homme est un dieu pour l'homme" Spinoza

Dans sa simplicité extrêmement dépouillée, le récit de la Genèse est d'une profondeur qui nous permet de comprendre que l'histoire est véritablement dans l'homme.(...)
Eve cueille le fruit de l'Arbre de la Connaissance, elle le donne à Adam qui le prend et le mange. Ils attendent maintenant que cette série de gestes leur permette de devenir comme des dieux, ainsi que le Serpent le leur avait promis.(...)
Le récit de la Genèse n'a rien à voir avec une fable qui nous présenterait une sorte de Barbe-Bleue théologique courroucé punissant à jamais ceux qui avaient eu l'audace d'enfreindre ses consignes.

Le destin du premier homme et de la première femme restait entre leurs mains. L'Éternel les avait éclairés sur l'existence du Bien et du Mal. En cueillant, donnant et acceptant le fruit de l'Arbre de la Connaissance, ils tournent le dos à leur source de vie et se lancent dans l'action pour conquérir le savoir et le transmettre afin de devenir comme des dieux, décidant eux-mêmes de ce que seraient le Bien et le Mal. Avec le désir d'auto-divinisation de l'homme par le savoir, l'Histoire entrait ainsi dans le monde.
Jean Brun, Philosophie et Christianisme pp.82,83.

Or, voici que les yeux d'Adam et d'Eve s'ouvrent, non pas pour leur montrer qu'ils sont devenus comme des dieux,mais pour leur faire prendre conscience qu'ils sont nus. (...)Ayant tourné le dos à la Parole de Vie*, l'existence laissée seule à seule avec elle-même cherche aussitôt à masquer sa nudité fondamentale grâce aux multiples ressources de l'apparaître et tente, pour cela, de se fabriquer des vêtements capables de la protéger, voire de la sauver.
Telle est la tâche à laquelle les hommes vont désormais se consacrer: cueillir tous les fruits de l'Arbre de la Connaissance afin d'acquérir le savoir capable de conférer à leurs mains le pouvoir de leur tailler les vêtements nécessaires. Que ces vêtements soient préparés par la technique, par la politique ou par la simple spéculation intellectuelle, ils auront toujours pour mission essentielle de masquer à l'homme sa nudité irrémédiable et d'assurer une protection à sa détresse.pp.83,84

Là est l'origine de toute philosophie du salut par la connaissance...

* “ Au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, [les hommes] se donneront des maîtres en quantité et détourneront l’oreille de la vérité pour se tourner vers les fables (grec muthos (“mythe”). ” (2 Timothée 4:3, 4, Bible de Jérusalem)

[Pourquoipas]

J'ai mangé le fruit, j'ai vu que j'étais nu et je n'en ai pas eu honte.

« La rose est sans pourquoi, fleurit parce qu'elle fleurit... »

[antrax]

« La rose est sans pourquoi, fleurit parce qu'elle fleurit... »

Ce genre de strophe rappelle la croyance selon laquelle "toute sagesse doit se réduire à la laconique, objective et démystifiante constatation que c'est ainsi et pas autrement" (des philosophes structuralistes)." Le Livre du non-sens, Jean Brun.
Cela cache bien évidemment le refus de penser "à partir d'un Absolu servant de norme universelle et intemporelle." idem.

Nietzsche a lui eu le courage de dépasser la volonté d'établir l'auto-transcendance de l'Homme de Spinoza, et de s'en remettre au "Rédempteur Hasard" de son Zarathoustra dont l'avatar structuraliste du XXe siècle a conduit à la Mort de l'Homme (Foucault).

Du "l'homme est un dieu pour l'homme" on est passé au "matérialisme vulgaire" dont se réclame Lévi-strauss dans son structuralisme qui demandait d'étudier les hommes "comme s'ils étaient des fourmis".

On ne peu plus vrai en l'occurence l'adage de Pascal : "Qui veut faire l'ange, fait la bête"!

Le refus de la transcendance moderne plonge ses racines dans cette démarche d'auto-divinisation primordiale dont nous parle l'Ecriture et dont nous pouvons suivre la trace jusque sur ce site, via Spinoza.

La promesse du Serpent originel continue de séduire : "Vous serez comme des dieux" mais non promesse de vie, mais on le voit promesse de mort de l'Homme...

[ojoj]

tu es pénible, antrax, si je puis me permettre

[bardamu]

(...)
Le refus de la transcendance moderne plonge ses racines dans cette démarche d'auto-divinisation primordiale dont nous parle l'Ecriture et dont nous pouvons suivre la trace jusque sur ce site, via Spinoza.

La promesse du Serpent originel conduit de séduire : "Vous serez comme des dieux" mais non promesse de vie, mais on le voit promesse de mort de l'Homme...

Le refus de la transcendance tout court, moderne ou pas...

C'est sans doute un des traits majeur de Spinoza que de faire de Dieu une cause immanente des choses et de ne pas prendre le Monde comme "signe" d'on ne sait quelle révélation (judaïque, chrétienne, islamique, mormonne, bahaï, président Schreber etc. qui a LA révélation ? qui sont les prétendants au Bon Signe ?), mais expression divine même.
Ce n'est pas pour rien que les révélations se débattent dans l'équivoque et les combats du "moi j'ai compris ! moi je suis le Guide !", c'est qu'elles croient au signe et que le signe est le début de la Catégorie, des Universaux, du Bien/Mal et ensuite des religions maxistes-léniniste et autres dogmes, prendre un mot pour une chose, un texte pour une vérité, un personnage (le Pécheur, Satan, le Saint, le Prophète, le Prolétaire, le Bourgeois) pour une vie, citer un texte "fondateur" plutôt que penser.

Spinoza invite à vivre le monde et à vivre la pensée qui est aussi le monde. Non pas une pensée comme image du monde, comme signe/image/allégorie/discours creux, mais vivre la pensée telle qu'elle s'exprime en chacun.