Bonjour Yves et Hokusai,
Yves a écrit :Quelles sont ces choses qui sont moins proches de l'homme et dont l'essence objective est dans son entendement?
je dirais: la licorne ou le spinozoïde pe. Nous avons leur essence objective dans notre entendement, c'est-à-dire, nous avons une idée vraie de ce que c'est qu'une licorne, dans le sens ou nous "voyons clairement et distinctement [ce] qui appartient à la nature" de la licorne (cheval avec corne unique au milieu du front). Voir note 2 du CT Ch.I,2.
Mais la licorne n'existe pas matériellement, contrairement au cheval. Le cheval, on peut le toucher, la licorne pas. Le cheval est donc plus 'proche' de nous que la licorne, parce que d'un cheval, on ne peut pas seulement avoir une essence objective, c'est-à-dire une idée vraie (TRE 33-36), on peut aussi en faire une rencontre 'matérielle'.
Spinoza se base sur l'adagio scolastique (repris notamment pas St.Thomas) que l'existence est un accident de l'essence, ce par quoi déjà Avicenne pe expliquait qu'il soit possible d'avoir une idée de quelque chose qui n'existe pas. C'est que seulement pour Dieu, l'essence enveloppe l'existence. Pour les choses créées, essence et existence (matérielle) sont deux choses différentes. Note 2: "Tout ce que nous voyons clairement et distinctement appartenir à la nature d'une chose, nous pouvons l'affirmer en vérité de la chose" (autrement dit: on en a une idée vraie). Mais l'être ou l'existence n'est pas un attribut qui appartient à la nature de la licorne. Cela ne vaut que pour Dieu, à la nature de qui appartient une infinité d'attributs, et donc forcément aussi l'attribut 'être' ou 'exister'.
Nous pouvons donc avoir une idée vraie de la licorne (ou d'un cheval qui serait en même temps un oiseau, pour reprendre l'exemple de Spinoza), c'est-à-dire en avoir une essence objective dans notre entendement. Mais l'objet de cette idée n'existe pas matériellement. Il est donc moins proche de nous que l'objet d'une idée qui existe matériellement, comme pe le cheval.
Bien à vous,
Louisa