D'une manière un petit peu plus précise, les affections sont les modifications, les changements qui se produisent dans les corps
ou dans les esprits. Si je pense blanc et qu'ensuite je pense gris, c'est une affection de l'esprit.
Les corps et les esprits sont eux-mêmes des affections de la substance en tant qu'elle est étendue ou en tant qu'elle est pensante. De sorte que le passage de l'idée que j'écris à l'idée que je lis, qui est une affection de l'esprit, est en fait une affection d'affection de la substance en tant qu'elle pense.
Les affects sont une sorte d'affection particulière : celles par lesquelles la puissance du corps est
augmentée ou diminuée, favorisée ou empêchée et en même temps l'idée de cette augmentation ou diminution dans l'esprit puisque le corps existe comme nous le sentons. Voir
www.spinozaetnous.org/wiki/E3D3 et
www.spinozaetnous.org/wiki/E2P13C
Cela signifie qu'il existe des affections du corps, aussi bien que de l'esprit, qui ne sont pas des affects. Si mes yeux captent la présence physique d'un passant dans la rue après que 20 autres soient passés, mon corps y sera indifférent, c'est-à-dire qu'il n'y aura pas d'affect.
Si ensuite une personne dont la beauté physique tranche avec celle du commun passe, cela donnera lieu à un plaisir (que Spinoza appelle titillatio) si mon corps peut y associer l'image physique que cette personne ne m'est pas inaccessible ou bien une douleur si j'y associe l'image que cette personne pourrait se moquer de moi, avec ma tête de Quasimodo. A ces affects du corps correspondront exactement les affects de l'esprit que sont la joie ou la tristesse.
Si enfin passe une girafe, il y a des chances pour que je sois tellement surpris pour que je n'éprouve ni joie ni tristesse, mais seulement de l'admiration, qui n'est pas plus un affect que l'indifférence :
www.spinozaetnous.org/wiki/E3Da4