Salut à toi Marc !
Spinoza a écrit : « Ce n'est pas parce que je juge qu'une chose est bonne que je la désire, c'est parce que je la désire que je la juge bonne. »
En d'autres termes, la chose n'est pas considérée comme bonne selon des valeurs a priori de la conscience, c'est d'abord moi en tant que corps qui suis enclin à la désirer (selon le conatus). Eventuellement, je produis une illusion de la volonté.
Spinoza cite justement l'exmple de l'enfant qui désire du lait (Eth. III, prop. II, scolie).
Marc a écrit :Prenons par exemple un enfant qui ne désire pas manger de soupe, parce qu'il n'en a pas envie ou parce qu'il n'a pas faim. Ses parents insistent. Alors il la goûte, et la trouve bonne. De ce fait, parce qu'il juge qu'elle est bonne, il en reprend... ce qui semblerait contredire Spinoza.
L'enfant produit l'illusion de ne pas vouloir de soupe, mais c'est réellement son corps (pris dans son ensemble) qui ne la désire pas. Puis il la goûte, c'est alors son corps qui la désire et ainsi il la juge bonne. C'est parce que tu utilises le terme "juge bonne" pour "désire" dans la deuxième partie de ton histoire.
Une question intéressante serait de se demander ce qui a bien pu se produire pour que l'enfant, malgré le fait qu'il ne désire pas de soupe, finisse tout de même par la goûter.
Wegner dans son ouvrage "The Illusion of Conscious Will" (MIT Press) parle d'une expérience neurologique dans laquelle le moment correspondant à la prise de conscience de la décision volontaire d'une action est précédé (!) par une impulsion qui correspondrait à l'action elle-même. Ceci peut nous faire envisager le fait que la prise de conscience n'est qu'une illusion qui suit la prise de décision du corps en tant que machine. Effrayant!!!
Bien à toi !
DGsu