Messagepar Vanleers » 01 avr. 2013, 15:53
A Hokousai
Je reviens à l’un de vos précédents messages. Vous écrivez :
« Après tout, est- ce que l'explication d'un affect ressemble à cet affect ? N est- ce pas plutôt l'habitude de les associer qui nous les fait se ressembler ?
Vous passez de la tristesse à la compréhension. La compréhension ce n'est pas une passion me semble-t-il. Cette compréhension ne ressemble pas à la tristesse.
Vous passez par habitude (de spinoziste) de l'affect à sa compréhension.
Vous passez par habitude de la passion à l'action.
Ainsi La vertu tient beaucoup de la mémoire. »
Un spinoziste passe-t-il, par habitude de spinoziste, de l’affect à sa compréhension ?
Je dirai (et je suis d’accord avec Explorer) : oui, dans le meilleur des cas.
Mais le corollaire d’E V 3, que j’ai essayé d’analyser dans le précédent message, montre qu’il faudra sans doute se contenter, le plus souvent, d’une compréhension partielle de l’affect.
C’est pour cela que j’ai écrit à Explorer que je pensais que la « progression vers le salut » dépendait plutôt de la conscience « de soi, de Dieu et des choses » (E V 42 sc.) que de la compréhension de nos affects, toujours limitée.
J’aime cette histoire de Dédale qui, enfermé dans le Labyrinthe par le roi Minos, s’en échappa par la voie inattendue des airs, grâce aux ailes qu’il s’était fabriquées pour lui et son fils Icare (en regrettant que ce dernier n’ait pas suivi les conseils de son père qui, prudemment, se contenta de raser les flots).
Plutôt que d’essayer de démêler l’écheveau labyrinthique de nos passions, c’est-à-dire de les comprendre, utiliser la voie de Dédale : la simple conscience ontologique qui, à la limite, ne s’appuie que sur la seule proposition E I 15 ou, mieux encore, sur E V 36.
La vertu, pour reprendre la fin de votre citation, consisterait alors à garder la mémoire de cette connaissance ontologique.
Bien à vous