je ne vois pas comment Spinoza aurait pu penser que Jésus visait autre chose qu'un Dieu personnel, apte à communiquer en termes humains avec les hommes, à se "soucier" d'eux, à éventuellement donc leur "pardonner"... etc. De là, comment comprendre qu'il y ait vu l'archétype du sage ?!
Peut- être que Spinoza n' envisageait pas Jésus sous cet angle là .
Moreau a écrit :L’originalité de Spinoza, c’est de faire travailler cette nouvelle philosophie sur un matériau auquel on ne l’appliquait pas d’habitude : la tradition biblique ; le remaniement du concept d’imagination ne pouvait manquer d’avoir des effets décisifs sur le résultat. Ce résultat est double : il consiste à la fois en une dévalorisation du prophète pour ce qui est de la connaissance intellectuelle, spéculative, et en sa valorisation sur le plan de la justice et de la charité, c’est-à-dire dans la sphère de l’éthique :
Spinoza s' inscrit en faux contre votre interprétation. On peut dire que c'est Moïse qui devient alors un interlocuteur.
Spinoza TTP chap 1 a écrit :Je dois avertir ici que je ne prétends ni soutenir ni rejeter les sentiments de certaines Églises touchant Jésus-Christ ; car j'avoue franchement que je ne les comprends pas[. Tout ce que j'ai soutenu jusqu'à ce moment, je l'ai tiré de l'Écriture elle-même; car je n'ai lu en aucun endroit que Dieu ait apparu à Jésus-Christ ou qu'il lui ait parlé, mais bien que Dieu s'est manifesté par Jésus-Christ aux apôtres et qu'il est la voie du salut, et enfin que Dieu ne donna pas l'ancienne loi immédiatement, mais par le ministère d'un ange, etc. De sorte que si Moïse s'entretenait avec Dieu face à face, comme un homme avec son égal (c'est-à-dire par l'intermédiaire de deux corps), c'est d'âme à âme que Jésus-Christ communiquait avec Dieu.
[20] Je dis donc que personne, hormis Jésus-Christ, n'a reçu des révélations divines que par le secours de l'imagination, c'est-à-dire par le moyen de paroles ou d'images, et qu'ainsi, pour prophétiser, il n'était pas besoin de posséder une âme plus parfaite que celle des autres hommes, mais seulement une imagination plus vive, ainsi que je le montrerai plus clairement encore dans le chapitre suivant.
Ce qui entre néanmoins un peu en contradiction avec ce qui est dit avant au chapitre 1 du TTP
bref......Dieu se manifesta donc aux apôtres par l’âme de Jésus-Christ, comme il avait fait à Moïse par une voix aérienne ; et c’est pourquoi l’on peut dire que la voix du Christ, comme la voix qu’entendait Moïse, était la voix de Dieu. On peut dire aussi dans ce même sens que la sagesse de Dieu, j’entends une sagesse plus qu’humaine, s’est revêtue de notre nature dans la personne de Jésus-Christ, et que Jésus-Christ a été la voie du salut.
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. Sur l' exceptionnalité de Jésus aux yeux de Spinoza
Spinoza TTP a écrit :Je dis donc qu’il faut entendre de la sorte tous les prophètes qui ont prescrit des lois au nom de Dieu ; mais tout ceci n’est point applicable au Christ. Il faut admettre en effet que le Christ, bien qu’il paraisse, lui aussi, avoir prescrit des lois au nom de Dieu, comprenait les choses dans leur vérité d’une manière adéquate. Car le Christ a moins été un prophète que la bouche même de Dieu. C’est par l’âme du Christ (nous l’avons prouvé au chap. Ier) que Dieu a révélé au genre humain certaines vérités, comme il avait fait auparavant aux Juifs par l’intermédiaire des anges, par une voix créée, par des visions, etc. Et il serait aussi déraisonnable de prétendre que Dieu accommoda ses révélations aux opinions du Christ, que de soutenir que dans les révélations antérieures accordées aux prophètes il accommoda sa parole aux opinions des anges qui lui servaient d’intermédiaires, c’est-à-dire aux opinions d’une voix créée ou d’une vision, ce qui est bien la chose du monde la plus absurde. Ajoutez à cela que le Christ n’a pas été envoyé pour les seuls Hébreux, mais bien pour tout le genre humain ; d’où il suit qu’il ne suffisait pas d’accommoder ses pensées aux opinions des Juifs, il fallait les approprier aux opinions et aux principes qui sont communs à tout le genre humain, en d’autres termes, aux notions universelles et vraies.
Les termes de Spinoza sont extrêmement fort :la bouche même de Dieu.
Jésus a une âme plus parfaite .