Joseph a écrit :Je concède donc que ma critique est "externe", mais comme elle se fonde sur un usage ordinaire et général de la logique et du langage, et comme au moins Louisa parmi vous me concède la vérité, fut-elle simplement "externe" , de mon argument, je suis heureux d'avoir réussi à me faire comprendre.
Pour Louisa cependant et pour tous les philosophes uniquement soucieux de la cohérence interne d'une oeuvre, il reste à comprendre pourquoi Spinoza, qui reconnait que la description cartésienne de la volonté exprime l'essence adéquate (mais abstraite) de celle-ci, nie par la proposition 49 elle-même, la vérité de cette description. C'est là un problème de cohérence interne (...)
Bonjour Joseph,
juste ceci afin d'être certaine d'avoir été claire (une réponse plus détaillée arrive sous peu).
Le problème que tu soulèves ici (celui de l'essence adéquate) mérite à mon sens certainement notre attention, car effectivement, de prime abord il semble être assez étrange, tandis que si l'on veut construire une cohérence interne (ce qui est en effet notamment ce qui m'intéresse), il faut pouvoir le résoudre.
N'empêche qu'à mes yeux une critique externe peut être tout aussi intéressante, non seulement parce qu'elle permet d'approfondir certains points à ceux qui veulent une cohérence interne, mais AUSSI parce qu'une telle critique peut parfois donner accès à l'essentiel: la vérité.
Or ce que j'ai essayé de montrer dans la deuxième partie de mon message précédent, c'est qu'une fois bien comprise, ta critique à mon sens n'est PAS une critique externe non plus. Tu parles de la vérité qu'on peut enlever la barre d'assertion ou la valeur de vérité d'un contenu de jugement ou d'un sens. Spinoza parle de la vérité qu'on peut seulement feindre ne pas croire en ce en quoi on croit réellement, mais ne pas cesser d'y croire réellement.
Une critique externe aurait par exemple été que tu dis éventuellement que l'énoncé de Spinoza est cohérent au sein du spinozisme, mais qu'en vérité, on peut prouver que si, on peut réellement nier ce en quoi on croit. Ce serait être capable de te faire croire toi-même que tu n'es pas, en ce moment-ci, en train de lire mon message, et vraiment y croire, donc vraiment croire que tu es en train de faire tout sauf cela. Tu admettras, je suppose, que cela est absurde.
Ne faut-il dès lors pas nécessairement conclure que MÊME d'un point de vue externe, tu es au fond d'accord avec Spinoza, en ce qui concerne l'essentiel du point dont on discute (tandis que moi-même, également d'un point de vue externe à la pensée de Frege, je suis tout à fait d'accord avec lui lorsqu'il s'agit d'admettre qu'on peut séparer sens et valeur de vérité)?
A bientôt,
Louisa