Merci pour ta réponse. J'ai l'impression que tu surestimes mes connaissances déjà acquises, ce qui est flatteur, mais me force à un gros effort pour te comprendre.
Si mes questions s'inscrivent dans la tradition de Matheron, c'est sans le savoir parce que je n'ai jamais lu cet auteur et aucun épigone déclaré. Mais ton intuition est sans doute fondée car mon questionnement se plaçait dans un débat situé dans la tradition libérale. En fait, je me demandais ce qui pouvait faire lien entre des hommes qui ne recherchent que leur intérêt personnel, sans pour autant tomber dans les explications libérales habituelles type "main invisible" et autres ruses de la raison que pour ma part j'ai du mal à comprendre et accepter. Arrivé à ce point, je me suis demandé quelle serait la réponse de Spinoza, en reprenant des termes qui ne font peut-être pas sens dans son système et sans il est vrai prendre grande peine à le relire attentivement. J'ai pensé qu'il serait plus agréable et rapide d'en discuter directement avec des connaisseurs de l'oeuvre.
J'ai donc suivi en partie tes conseils et ai relu la partie IV. Je dis "en partie" parce que j'ai lu superficiellement. J'espère malgré tout que cela sera suffisant pour ne pas avoir l'air d'un idiot complet.
Laissons donc tomber le mimétisme qui ne peut conduire qu'à la rivalité généralisée. Qu'est-ce qui fera donc que la société ne se désagrège pas? D'après ce que j'ai compris, soit les hommes sont raisonnables et comprennent que l'autre leur est utile (PROPOSITION XXXV), soit plus fréquemment ils sont sujets de la passion, imaginent chercher ce qui leur est utile mais ne l'est pas réellement et ne pourront être contenus en société que par la force (PROPOSITION XXXVII Scholie II). Est-ce juste, est-ce tout?
D'autre part, j'ai du mal à te suivre concernant l'égoïsme. Comment déduis-tu que l'utile propre de l'égoïsme imaginaire est nécessairement commun? J'ai du mal à comprendre cette phrase et en particulier le mot "usage": "Il n'y a pas d'utilitarisme chez Spinoza car l'utile dépend de l'usage et l'usage des notions communes qui permettent cet usage. " Veux-tu dire que la façon d'utiliser une chose potentiellement utile de manière à la rendre réellement utile nécessite une notion commune?