...dans le mal, la haine et la souffrance
Jheronimus Bosch (vers 1450-1516). Le portement de croix (1515-1516). Musée des beaux-arts de Gand (Belgique).
Au musée de Gand, la béatitude...
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Au musée de Gand, la béatitude...
Modifié en dernier par Pourquoipas le 08 oct. 2009, 17:39, modifié 3 fois.
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Au musée de Bruges, le portement de croix de Bosch.
Une magnifique iconographie sur le sens moral du bien et du mal.
Un manifeste sur la force de l'expression!
Une magnifique iconographie sur le sens moral du bien et du mal.
Un manifeste sur la force de l'expression!
Modifié en dernier par 8 le 21 mars 2008, 20:23, modifié 1 fois.
- Henrique
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C'est un bien beau tableau qui donne peut-être une image de ce que peut être la béatitude, mais inadéquate. On voit que la paix intérieure, acquiescentia in se ipso, habite ici le Christ, d'où sa beauté qui tranche avec la laideur de ceux qui l'entoure, qu'on imagine torturés intérieurement par des passions égoïstes et tristes. (Augustin va nous dire que le Christ est moche quand même parce que s'il sortait comme ça dans ses nuits parisiennes, il ne pourrait rien pécho, mais bon...) Cette paix, on devine qu'elle commence à habiter Véronique : elle est encore assez laide mais beaucoup moins que les autres - laide peut-être parce qu'elle a voulu fixer ce qui est trop libre pour l'être, enfermer l'infini - elle représente un intermédiaire possible entre le Christ et les autres hommes.
Mais ici le Christ, comme Véronique, ferment les yeux, pour regarder en eux-mêmes le divin sans doute, seulement la béatitude spinoziste c'est parvenir à voir en soi tout en gardant les yeux ouverts sur le monde, parce qu'il n'y a pas en fait d'opposition substantielle entre l'intérieur et l'extérieur. L'Ethique est une lunette correctrice, ou mieux une opération de la cataracte, permettant de se réjouir pleinement de la conscience de soi, de Dieu et du monde. Le sage spinoziste a les yeux ouverts des deux côtés : pas évident à représenter graphiquement...
D'autre part, le spectateur est conduit à penser que le Christ tranche objectivement avec les autres hommes, comme si le bien et le mal existaient objectivement dans la nature. Or c'est dans la façon de penser l'être et/ou les êtres qu'est la béatitude, complètement et non de façon mutilée. Tout est pur pour les coeurs purs : une image un peu grossière de cette béatitude pourrait être une paire de lunettes qui ferait voir la beauté, c'est-à-dire la divinité de toutes les façons d'être de Dieu, un peu comme certaines lunettes permettent de voir les gens tous nus Mais bon, ce ne serait encore qu'une image partielle de toute façon.
Mais ici le Christ, comme Véronique, ferment les yeux, pour regarder en eux-mêmes le divin sans doute, seulement la béatitude spinoziste c'est parvenir à voir en soi tout en gardant les yeux ouverts sur le monde, parce qu'il n'y a pas en fait d'opposition substantielle entre l'intérieur et l'extérieur. L'Ethique est une lunette correctrice, ou mieux une opération de la cataracte, permettant de se réjouir pleinement de la conscience de soi, de Dieu et du monde. Le sage spinoziste a les yeux ouverts des deux côtés : pas évident à représenter graphiquement...
D'autre part, le spectateur est conduit à penser que le Christ tranche objectivement avec les autres hommes, comme si le bien et le mal existaient objectivement dans la nature. Or c'est dans la façon de penser l'être et/ou les êtres qu'est la béatitude, complètement et non de façon mutilée. Tout est pur pour les coeurs purs : une image un peu grossière de cette béatitude pourrait être une paire de lunettes qui ferait voir la beauté, c'est-à-dire la divinité de toutes les façons d'être de Dieu, un peu comme certaines lunettes permettent de voir les gens tous nus Mais bon, ce ne serait encore qu'une image partielle de toute façon.
- Pej
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Pourquoipas a écrit :J'ai une autre manière de poser la question (je n'ai pas la réponse) : la béatitude a-t-elle été réelle (et possible) à Auschwitz ?
Je n'ai, bien entendu, pas la réponse non plus. Mais la fin du livre d'Imre Kertész Être sans destin peut alimenter la réflexion (précisons qu'Imre Kertész, déporté à 15 ans, n'a fait qu'un court séjour à Auschwitz, et a surtout connu l'expérience des camps à Buchenwald) :
"Oui, en regardant cette modeste place au crépuscule, cette rue battue par les vents et grosse de mille promesses, je sens déjà grandir, enfler en moi cette disposition : je vais continuer à vivre ma vie invivable. Ma mère m'attend et elle sera sûrement heureuse de me revoir, la pauvre. Je me rappelle, elle voulait autrefois que je devienne ingénieur, médecin ou quelque chose dans le genre. De toute manière, tout sera certainement comme elle l'a prévu ; il n'y a aucune absurdité qu'on ne puisse vivre tout naturellement, et sur ma route, je le sais déjà, me guette, comme un piège incontournable, le bonheur. Puisque là-bas aussi, parmi les cheminées, dans les intervalles de la souffrance, il y avait quelque chose qui ressemblait au bonheur. Tout le monde me pose des questions à propos des vicissitudes, des "horreurs" : pourtant en ce qui me concerne, c'est peut--être ce sentiment-là qui restera le plus mémorable. Oui, c'est de cela, du bonheur des de concentration, que je devrais par la prochaine fois, quand on me pose des questions.
Si jamais on m'en pose. Et si je ne l'ai pas moi-même oublié."
On peut aussi se référer à l'exemple d'Elias Lindzin, ce Polonais à l'énergie surhumaine, dont Primo Lévi parle en ces termes dans Si c'est un homme :
N'existe-t-il pas autour de nous des Elias plus ou moins réalisés ? N'en avons-nous pas vu de nos yeux vu, de ces individus qui vivent sans but aucun, réfractaires à toute forme de conscience et de contrôle de soi ? et qui vivent non certes malgré ces déficiences, mais précisément, comme Elias, grâce à elles.
La question est grave, et nous n'entendons pas nous y engager ici, parce que notre récit se limite volontairement à lavie du Lager, et que sur l'homme hors du Lager on a déjà beaucoup écrit. Cependant, nous voudrions ajouter un dernier mot : Elias, autant que nous puissions en juger du dehors, et si tant est que ces mots aient un sens, Elias était vraisemblablement un homme heureux.
- hokousai
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votre réponse est d'une parfaite ambigüité
comment faut- il l'entendre ?
Il y avait-il des arbres à Auschwitz ?
je cite ""Primo Levi s'était déjà étonné en 1966, lors de son retour. "Les baraques ont été nettoyées et repeintes, on a planté des arbres et dessiné des plates-bandes", s'offusque-t-il dans l'appendice de Si c'est un homme.""
...............................................
je cite Google """Les merveilles du monde vues du ciel, photos satellite - ApocalX Maps ... Voir Camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau sur Google Earth ...
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photo d 'époque .
(je maintiens ce que j 'ai écrit sur les visages du christ chez Bosch .)
comment faut- il l'entendre ?
Il y avait-il des arbres à Auschwitz ?
je cite ""Primo Levi s'était déjà étonné en 1966, lors de son retour. "Les baraques ont été nettoyées et repeintes, on a planté des arbres et dessiné des plates-bandes", s'offusque-t-il dans l'appendice de Si c'est un homme.""
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je cite Google """Les merveilles du monde vues du ciel, photos satellite - ApocalX Maps ... Voir Camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau sur Google Earth ...
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photo d 'époque .
(je maintiens ce que j 'ai écrit sur les visages du christ chez Bosch .)
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Comme le portement de croix de Bosh que j'ai vu a Bruges, je confirme et signe(le tableau a certainement été déplacé de Gand à Bruges puisque d'autres l'on vu à Gand et je ne met pas leurs paroles en doute) j'ai aussi été a Aushwitz et j'y ai vu des arbres.
Pour lever l'ambiguité,il y avait quelquechose d'intolerable:ces arbres étaiaient comme partout ailleur avec des feuilles et ils semblaient ne pas avoir soufert.Sans connaitre l'histoire de Primo Levi j'ai peut-etre ressenti la meme chose.En tous cas ces arbres avaient quelquechose de singulier ils n'etaient plus des arbres quelconques.
Pour lever l'ambiguité,il y avait quelquechose d'intolerable:ces arbres étaiaient comme partout ailleur avec des feuilles et ils semblaient ne pas avoir soufert.Sans connaitre l'histoire de Primo Levi j'ai peut-etre ressenti la meme chose.En tous cas ces arbres avaient quelquechose de singulier ils n'etaient plus des arbres quelconques.
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