L'Ethique est le premier livre de Spinoza que je lis, petit à petit, et je rencontre quelques difficultés. Je vous en fais une liste dans l'ordre de ma lecture en espérant que vous pourrez m'éclairer.
Axiome 6: "L'idée vraie doit s'accorder avec ce dont elle est l'idée."
Je comprend que par exemple l'idée que j'ai de mon portable doit correspondre à mon portable tel qu'il existe en soi pour que mon idée soit vraie. Mais une note à la fin de mon bouquin (traduction de Misrahi, j'aimerais savoir ce que vous pensez de sa traduction au passage) précise que l'accord de l'idée avec son idéat n'est pas la définition d'une idée vraie mais seulement une de ses propriétés, et dit ensuite que "La définition de l'idée vraie se réfère à une évidence intrinsèque et à un critère interne et réflexif". Enfin bref, rien compris.
Mais alors c'est quoi une idée vraie ?
Et j'en profite pour demander, c'est quoi une idée ? Est ce la même chose qu'une représentation ?
Et quelle est la différence entre une idée adéquate et une idée vraie ?
Et ensuite que signifie que toute idée est une idée de l'idée ?
Prop 4, Demo: "en dehors de l'entendement il n'existe rien d'autre que des substances et leurs affections"
Je comprend quand il dit qu'il n'existe rien d'autre que les substances et leurs affections, mais pas quand il parle de l'entendement.
Il existerait donc trois choses: les substances, leurs affections, et l'entendement ?
Prop 5: Dans la Nature, il ne peut exister deux ou plusieurs substances de même nature, c'est à dire de même attribut.
En fait, Spinoza essaye de prouver, pas seulement dans cette proposition, qu'il ne peut pas y avoir plusieurs substances.
S'il y a effectivement plusieurs substances (disons 2):
1)soit elles ont les mêmes attributs
2)Soit elles n'ont que certains attributs en commun
3)soit elles n'ont rien en commun
(J'écarte la possibilité qu'elles se distinguent par leurs affections car la substance étant antérieure à ses affections, on en revient toujours aux attributs)
Si j'ai bien compris, dans la prop 5 il démontre que si deux substances existent, elles ne peuvent avoir les mêmes attributs, sinon elles ne pourraient être considérées comme distinctes.
Mais pourquoi ? Deux êtres humains sont distincts mais pourtant ils ont la même nature non ? Que signifie la nature d'une chose? son essence ?
Il reste donc la 2eme et la 3eme possibilité.
Dans la prop 6, il dit que "dans la Nature il ne peut exister deux substances de même attribut, c'est à dire ayant entre elles quelque chose de commun".
Que les deux substances ne puissent avoir exactement les mêmes attributs je le conçois comme dit précédemment, mais pourquoi ne peuvent elles avoir certains attributs en commun ?
Ensuite, après avoir éliminé les deux premières possibilités il laisse en suspens la troisième: celle qui pose la possibilité de l'existence de deux substances de nature différente. Il ne la résout pas dans la prop 8 car il dit qu'une substance pour être finie doit être limitée par une autre de même nature, mais il n'aborde toujours pas les substances de nature différente. Alors soit il ne résout jamais cette question, soit c'est la proposition 11 qui porte sur l'existence de Dieu comme substance absolument infinie qui la résout. Est-ce cela ?
Mais pourtant est ce que je me trompe si je dis que s'il existe deux substances de natures différentes, alors l'une des deux ne peut pas être une substance ?
Ou ai-je mal compris la notion de "nature" ?
Prop 7: "A la nature de la substance, il appartient d'exister."
Ca me fait penser aux arguments ontologiques. Quand j'ai lu cette proposition je me suis dit que ca ne pouvait pas être aussi simple, qu'effectivement intellectuellement il appartient à la nature de la substance d'exister, mais que réellement cela n'engage rien. N'est ce pas ce qu'a dit Kant dans sa Critique de la Raison Pure ?
Prop 9: Plus une chose possède de réalité ou d'être, plus nombreux sont les attributs qui lui apartiennent.
Je ne comprend pas ce que signifie posséder plus de réalité ou d'être.
Concernant le determinisme de Spinoza, je ne comprend pas non plus en quoi consiste un déterminisme. J'ai appris qu'il niait le libre-arbitre, parce que pour lui ce libre-arbitre n'est que méconnaissance des causes qui nous influencent. Mais concretement je ne comprend pas. J'ai effectivement l'impression d'être libre de vous poser ces questions à cette heure, ai-je tort ? A moins que la cause qui me determine à vous les poser est que je ne comprend pas Spinoza. Et la cause de cette cause que je ne sois pas doué en philosophie. Etc. Enfin je veux bien comprendre la Causalité absolue, tout a une cause. Mais je ne comprend pas en quoi cela nie notre liberté. Dieu n'a pas décidé pour moi que je vous écrirai maintenant.
Enfin si vous voulez bien m'éclairer.
Même pour le prédeterminisme (Spinoza y croyait il?) je ne comprend pas comment on peut dire que tout est déterminé et que si Dieu a décidé que je serai bandit, je le serai. J'ai l'impression que la conscience de ce prédetermnisme l'annule.
Enfin bref vous pardonnerez mes réflexions de néophyte en philosophie, et j'espere que vous pourrez m'aider.[/b]