E1D7 : Une chose est libre quand elle existe par la seule nécessité de sa nature et n’est déterminée à agir que par soi-même ; une chose est nécessaire ou plutôt contrainte quand elle est déterminée par une autre chose à exister et à agir suivant une certaine loi déterminée.
Nous avons ici une définition formelle de la Liberté en Soi .Appliquée à l'homme ,qui n'est pas seulement un être biologique ou un robot spirituel , mais encore bien autre chose comme le découvre l'herméneutique existentiale, cette définition est très superficielle . On obtient aucun approfondissement supplémentaire en usant du terme d'origine morale et religieuse , de "libre-arbitre"
Toute la tradition philosophique convient que l'homme ne peut accéder à l'état "d'être-libre" que tout autant qu'il est en mesure de respecter la loi qu'il se donne à lui-même en vertu de sa propre essence .Dans cette formulation les questions fondamentales de la philosophie sont immédiatement convoquées, essence de l'homme, le soi-même, la volonté, la loi conforme à la nature ou essence.
On note que cette thèse élimine d'emblée une première conception de la liberté qui s'exprimerait par la possibilité d'un choix indifférent tout aussi bien que par le choix libre entre des intérêts à court terme ou dictés par la passion .Pour qu'un choix atteste de la liberté humaine il faut que ce choix soit conforme à la loi.
L'indépendance qu'il s'agit donc d'acquérir est une indépendance envers tout ce qui pourrait empêcher l'exercice de ce choix et non pas une indépendance toute extérieure et capricieuse .
L'approfondissement de l'essence de cette liberté propre à l'homme exige, au préalable ,que soit explicité dans toute sa profondeur, l'essence de l'homme , puisqu'il s'il s'agit d'obéir à une loi conforme à sa nature, de plus comme le précise Spinoza une telle loi tournée vers le soi-même et issue du "soi même" demande à ce que soit aussi explicité l'origine et la consistance de ce "moi" dans son existence, qui doit se donner sa loi et se mouvoir par lui-même .
Ce Moi , qui n'est pas un simple égo, pas un simple "je" pensant cartésien, mais un existant complexe , dans sa constitution auto-centrée et extatique fait problème depuis l'origine de la philosophie .Lui seul , s'il est trouvé et justifié, parce qu'il a la capacité existentielle à se détacher de l'étant en entier, autre que lui , à se positionner au dehors comme un observateur métaphysique hors sol , peut accéder, de fait à la dimension du LIBRE.