En conclusion de son livre « Spinoza Le temps de la vigilance », Nicolas Israël rappelle que :
« Le projet d’émancipation individuel et collectif proposé par Spinoza n’est rien de moins qu’une invitation à se libérer des aspects asservissants de l’imagination de la durée et du temps. »
Mais l’originalité du livre est ailleurs, comme le souligne Ariel Suhamy dans sa brève présentation de l’ouvrage en :
http://www.cairn.info/revue-archives-de ... ge-727.htmOn peut résumer la thèse finale de N. Israël en disant que nous ne nous singularisons que de façon occasionnelle, lors de moments opportuns. Il écrit :
« La singularité d’une essence est indissociable des rencontres extérieures qui permettent d’accueillir en elle une causalité absolue. Si l’on ne saurait dire, avec Machiavel que le monde offre des « occasions de gloire », à tout le moins, il dispense des occasions de singularité. » (p. 332)
Nous sommes alors cause adéquate (c’est-à-dire absolue) des effets que nous produisons en nous ou hors de nous. Ces rencontres extérieures sont « bonnes » au sens où Deleuze en parle dans Spinoza Philosophie pratique, « c’est-à-dire les rencontres des modes qui se composent avec nous et nous inspirent des passions joyeuses » (p. 128)
En rappelant que, selon Spinoza, être cause adéquate, c’est être actif, Pascal Sévérac définit de façon encore plus précise les bonnes rencontres en écrivant (Le devenir actif chez Spinoza) :
« Autrement dit […] être actif signifie, pour un mode, non pas rendre passif un autre mode, mais bien plutôt le rendre nécessairement actif : agir, c’est faire agir – au sens où être actif, c’est nécessairement, pour soi-même, à la fois rendre actif un autre et être rendu actif par un autre, lui-même actif. » (p. 79)
Mais, et c’est la dernière phrase du livre de N. Israël :
« Si la singularisation est bien occasionnelle, cela requiert évidemment la plus grande vigilance ».
La vigilance, ça s’apprend et ça se cultive. C’est là, d’ailleurs, tout l’enjeu de la méditation de pleine conscience.