Miam a écrit :3) Pour revenir à des choses "inintéressantes", peux-tu me dire où Schopenhauer cite Spinoza dans "Le monde comme volonté et représentation" ? Car c'est là une brique que je n'ai jamais pu lire entièrement.
Miam
Salut,
le texte est en cours d'édition sur Wikipedia : http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Monde_ ... 9sentation
Ca facilite les recherches.
Je n'ai pas fait le tour mais il y a déjà les références ci-dessous :
Livre I, paragraphes 3, 7, 15 et 16
Livre I, §15 a écrit :C'est pourquoi une philosophie ne se laisse pas déduire, comme le voulait Spinoza , par une démonstration ex firmis principiis. La philosophie est la science du plus général ; ses principes ne peuvent donc être la conséquence d'autres plus généraux. Le principe de contradiction se borne à maintenir l'accord des concepts ; il n'en fournit pas lui-même ; le principe de raison explique le rapport des phénomènes, mais non les phénomènes eux-mêmes. Donc, le but de la philosophie ne peut être la recherche d'une cause efficiente ou d'une cause finale de tout l'univers. Aujourd'hui elle doit se demander moins que jamais d'où vient le monde, et pourquoi il existe. La seule question qu'elle doive se poser, c'est : qu'est-ce que le monde ?
Livre II, § 24 a écrit :Spinoza dit (épître 62) qu'une pierre lancée par quelqu'un dans l'espace, si elle était douée de conscience, pourrait s'imaginer qu'elle ne fait en cela Qu'obéir à sa volonté. Moi, j'ajoute que la pierre aurait raison. L'impulsion est pour elle ce qu'est pour moi le motif, et ce qui apparaît en elle comme cohésion, pesanteur, persévérance dans l'état donné, est par lui-même identique à ce que je reconnais en moi comme volonté, et que la pierre reconnaîtrait aussi comme volonté si elle était douée de connaissance. Spinoza, en cet endroit, se borne à remarquer la nécessité avec laquelle la pierre tombe, et veut transporter cette nécessité aux actes volontaires de l'individu. Mais moi, je considère l'essence intime qui donne son sens et sa valeur à toute nécessité réelle, et qui est supposée par elle; qui s'appelle caractère chez l'homme, propriété dans la pierre; qui est identique dans l'un et l'autre; que la conscience immédiate nomme volonté, et qui a, dans la pierre, le plus faible, dans l'homme, le plus haut degré de visibilité, d'objectivité.
Livre IV, §55 a écrit :La croyance en une liberté empirique de la volonté, en une liberté d'indifférence, tient de fort près à la théorie qui fait résider l'essence de l'homme dans une âme, celle-ci étant avant tout, un être capable de' connaissance, bien plus, dépensée abstraite, et ensuite seulement et par suite, capable de volonté : en sorte qu'on relègue la volonté à un rang secondaire, rang qui devrait être réservé à la connaissance. Même on réduit la volonté à un acte intellectuel, on l'identifie avec le jugement : c'est ce qui arrive chez Descartes et chez Spinoza. Ce serait donc par la vertu de son intelligence que chaque homme deviendrait ce qu'il est : il arriverait en ce monde à l'état de zéro moral, se mettrait à connaître les choses, et là-dessus se déciderait à tourner dételle ou telle façon, à agir dans un sens ou dans l'autre; et de même dans la suite, grâce à une information nouvelle,'il pourrait adopter une nouvelle conduite, devenir un autre homme. Mis en présence d'une chose, il commencerait par la reconnaître pour bonne, en suite de quoi il la voudrait ; tandis qu'en fait, il la veut d'abord, et alors la déclare bonne. À mon sens, d'ailleurs, c'est prendre en tout le contre-pied du véritable rapport des choses. La volonté est la réalité première, le sol primitif ; la connaissance vient simplement s'y superposer, pour en dépendre, pour lui servir à se manifester. Ainsi tout homme doit à sa volonté d'être ce qu'il est; son caractère est en lui primitivement ; car le vouloir est le principe même de son être. Puis, la connaissance survenant, il apprend, au cours de son expérience, ce qu'il est; il apprend à connaître son caractère. La connaissance qu'il prend de lui même est donc conséquente et conforme à la nature de sa volonté; bien loin qu'il faille croire, selon la vieille doctrine, que sa volonté est conséquente et conforme à sa connaissance. D'après elle, il n'aurait qu'à délibérer sur la façon d'être qui lui plairait le plus, et celle-là deviendrait la sienne : en cela consisterait sa liberté ; l'homme, grâce à cette liberté, serait son propre ouvrage , fait de ses mains, à la lumière de la connaissance. Et moi je dis : il est son œuvre à lui-même, et avant toute connaissance ; la connaissance vient après, éclairer le travail fait. Il n'a donc point à délibérer s'il deviendra tel ou tel, et bien mieux s'il deviendra autre qu'il n'est : il est ce qu'il est, une fois pour toutes ; seulement il ne connaît que peu à peu ce.qu'il est. D'après les autres, il connaît et puis veut ce qu'il connaît; d'après moi, il veut et puis connaît ce qu'il veut.