Parlons peu et efficacement. Je suis un étudiant de 21 ans, récemment disposé à accueillir un savoir philosophique. Je suis au demeurant passionné de littérature, mais au fil de mes lectures je commence à sentir une sorte de "manque", ou en tout cas la nécessité d'un complément intellectuel qui m'aiderait à agencer mes idées et sentiments épars. J'ai bien lu quelques ouvrages philosophiques, sporadiquement et avec grand intérêt, mais ils n'ont pas fait l'objet d'une "quête" structurée des fondements de la pensée, des savoirs et des affects que j'ai pu engrenger au travers de mes lectures littéraires.
Au risque d'avoir mis la charrue avant les boeufs j'ai tout de suite commencé par Spinoza, au vu des différents avis concernant son originalité, sa puissance et l'indépendance de son système de pensées (j'ai quand même touché au préalable à Descartes, qui constitue une base recommandée pour s'essayer au premier). Ma présence ici s'explique donc par le fait que je suis curieux de récolter des avis d'autres lecteurs et si possible de clarifier certains points (fort nombreux...) obscures...
Bonjour de Stavroguine [et comment lire Spinoza]
- Stavroguine
- passe par là...
- Messages : 2
- Enregistré le : 28 févr. 2010, 00:00
- Henrique
- participe à l'administration du forum.
- Messages : 1184
- Enregistré le : 06 juin 2002, 00:00
- Localisation : France
- Contact :
Bonjour et bienvenue !
Certains enseignants d'histoire de philosophie diront je crois que pour comprendre Spinoza, il faudrait d'abord avoir lu au moins Aristote, Thomas d'Aquin, Dun Scott et Descartes. Et Malebranche et Leibniz seraient fortement conseillé. Mais je ne pense pas. On peut comprendre Spinoza par lui-même, au moins intuitivement. Et les autres permettent ensuite de clarifier des choses discursivement. En fait, je pense même que c'est la seule bonne façon de procéder. On ne comprend pas bien Spinoza si on le fait d'abord à partir des autres ou alors on s'embrouille beaucoup. Il faut partir de soi-même, en tant qu'être existant, et de ce qui dans le texte fait écho.
Certains enseignants d'histoire de philosophie diront je crois que pour comprendre Spinoza, il faudrait d'abord avoir lu au moins Aristote, Thomas d'Aquin, Dun Scott et Descartes. Et Malebranche et Leibniz seraient fortement conseillé. Mais je ne pense pas. On peut comprendre Spinoza par lui-même, au moins intuitivement. Et les autres permettent ensuite de clarifier des choses discursivement. En fait, je pense même que c'est la seule bonne façon de procéder. On ne comprend pas bien Spinoza si on le fait d'abord à partir des autres ou alors on s'embrouille beaucoup. Il faut partir de soi-même, en tant qu'être existant, et de ce qui dans le texte fait écho.
Je ne suis pas d'accord avec Henrique (ni avec l'idée qu'il faille partir de soi-même en tant qu'existant car je ne vois pas ce que cela signifie, ni avec son opposition bizarre entre intuition et discours, ni avec la référence à Duns Scot).
Je crois que les auteurs s'éclairent réciproquement. Il faut bien commencer par un bout mais en lire un autre va donner du relief au premier, etc. N'est-ce pas comme ça que nous pensons tous, plutôt que de manière isolée?

Je crois que les auteurs s'éclairent réciproquement. Il faut bien commencer par un bout mais en lire un autre va donner du relief au premier, etc. N'est-ce pas comme ça que nous pensons tous, plutôt que de manière isolée?
- AUgustindercrois
- participe avec force d'âme et générosité
- Messages : 259
- Enregistré le : 06 avr. 2005, 00:00
- Contact :
Henrique
a plutôt raison, en un sens.
Le mieux serait de discuter avec de bons traducteurs de l'Ethique, se pencher sur la traduction de l'Ethique, et voyager dedans à la manière d'un nomade:
http://www.dailymotion.com/video/x8shfw ... as-e_music
Le mieux serait de discuter avec de bons traducteurs de l'Ethique, se pencher sur la traduction de l'Ethique, et voyager dedans à la manière d'un nomade:
http://www.dailymotion.com/video/x8shfw ... as-e_music
- Aurinko
- passe occasionnellement
- Messages : 15
- Enregistré le : 19 déc. 2006, 00:00
- Localisation : Finlande
Re: Bonjour
Concernant l'accès à l'Ethique, je suis d'accord avec Henrique. Pour comprendre l'Ethique, il n'est pas nécessaire d'avoir une culture philosophique. Cette oeuvre est accessible à quiconque, philosophe ou non, pour peu qu'il / elle veuille vraiment la comprendre.
C'est mon expérience, je suis venu à l'Ethique sans aucune culture philosophique. Je n'en ai vu, pour moi-même, la pertinence qu'avec le temps, en y revenant toujours et j'ai encore l'impression que je n'en suis qu'au début.
On entend souvent dire que, pour tirer profit de l'Ethique, il faut refaire le chemin de Spinoza. Il faut entrer en elle, ou plutôt la faire entrer en soi. C'est ce que j'ai appris sur ce site, entre autre, que l'Ethique se comprend du dedans, en cheminant soi-même avec elle, en la prenant comme flambeau pour éclairer sa propre vie. Elle m'aide à comprendre ce qui se passe en moi et au dehors de moi, et à trouver le chemin pour une vie plus active, plus consciente, mieux vécue, la béatitude, quoi!
C'est dans le but de nous y aider que Spinoza a écrit l'Ethique. Elle s'adresse à tout le monde, philosophe ou non, cultivé ou non... Les apports d'autres philosophes, précurseurs, commentateurs ou autres, viennent ensuite et peuvent être utiles, mais ils ne sont pas requis pour un usage fructueux de l'Ethique. C'est ça qui est chouette.
C'est mon expérience, je suis venu à l'Ethique sans aucune culture philosophique. Je n'en ai vu, pour moi-même, la pertinence qu'avec le temps, en y revenant toujours et j'ai encore l'impression que je n'en suis qu'au début.
On entend souvent dire que, pour tirer profit de l'Ethique, il faut refaire le chemin de Spinoza. Il faut entrer en elle, ou plutôt la faire entrer en soi. C'est ce que j'ai appris sur ce site, entre autre, que l'Ethique se comprend du dedans, en cheminant soi-même avec elle, en la prenant comme flambeau pour éclairer sa propre vie. Elle m'aide à comprendre ce qui se passe en moi et au dehors de moi, et à trouver le chemin pour une vie plus active, plus consciente, mieux vécue, la béatitude, quoi!
C'est dans le but de nous y aider que Spinoza a écrit l'Ethique. Elle s'adresse à tout le monde, philosophe ou non, cultivé ou non... Les apports d'autres philosophes, précurseurs, commentateurs ou autres, viennent ensuite et peuvent être utiles, mais ils ne sont pas requis pour un usage fructueux de l'Ethique. C'est ça qui est chouette.
- Henrique
- participe à l'administration du forum.
- Messages : 1184
- Enregistré le : 06 juin 2002, 00:00
- Localisation : France
- Contact :
Je savais bien qu'il aurait fallu que je vérifie pour le grand théologien...
Pour le reste, la "méthode" que je propose ne consiste pas ici dans un isolement, mais au contraire dans un dialogue avec un auteur. C'est déjà beaucoup. Dès que les interlocuteurs se multiplient, ça se complique. Commencer par le moins compliqué, puis passer au plus compliqué, règle de base.
L'opposition de l'intuitif et du discursif n'est pas moins basique. A celui qui comprend, un seul mot suffit (TTP). D'abord, lire les propositions comme des aphorismes, selon l'ordre des rencontres. Voir, sentir ce que ça fait. Puis, ensuite, polir en confrontant, comparant, expliquant avec un autre, deux autres...
Mais "l'entendement, par la vertu qui est en lui, se façonne des instruments intellectuels au moyen desquels il acquiert de nouvelles forces pour de nouvelles œuvres intellectuelles, produisant, à l'aide de ces œuvres, de nouveaux instruments, c'est-à-dire se fortifiant pour de nouvelles recherches, et c'est ainsi qu'il s'avance de progrès en progrès jusqu'à ce qu'il ait atteint le comble de la sagesse" (TRE) : pour comprendre Spinoza, commencer par faire confiance à l'intellect qui est en nous et à ses productions spontanées (les idées qui s'affirment le plus immédiatement en nous), voir comment elles se combinent, se complètent ou s'opposent avec les propositions spinozistes. La pensée spinoziste elle-même se constitue comme cela, par une circulation d'idées.
PS : message écrit hier soir, envoyé avant de connaître celui d'Aurinko, qui rend ce qui précède quasi inutile. Mais merci pour son témoignage sur l'intérêt de ce site !
Pour le reste, la "méthode" que je propose ne consiste pas ici dans un isolement, mais au contraire dans un dialogue avec un auteur. C'est déjà beaucoup. Dès que les interlocuteurs se multiplient, ça se complique. Commencer par le moins compliqué, puis passer au plus compliqué, règle de base.
L'opposition de l'intuitif et du discursif n'est pas moins basique. A celui qui comprend, un seul mot suffit (TTP). D'abord, lire les propositions comme des aphorismes, selon l'ordre des rencontres. Voir, sentir ce que ça fait. Puis, ensuite, polir en confrontant, comparant, expliquant avec un autre, deux autres...
Mais "l'entendement, par la vertu qui est en lui, se façonne des instruments intellectuels au moyen desquels il acquiert de nouvelles forces pour de nouvelles œuvres intellectuelles, produisant, à l'aide de ces œuvres, de nouveaux instruments, c'est-à-dire se fortifiant pour de nouvelles recherches, et c'est ainsi qu'il s'avance de progrès en progrès jusqu'à ce qu'il ait atteint le comble de la sagesse" (TRE) : pour comprendre Spinoza, commencer par faire confiance à l'intellect qui est en nous et à ses productions spontanées (les idées qui s'affirment le plus immédiatement en nous), voir comment elles se combinent, se complètent ou s'opposent avec les propositions spinozistes. La pensée spinoziste elle-même se constitue comme cela, par une circulation d'idées.
PS : message écrit hier soir, envoyé avant de connaître celui d'Aurinko, qui rend ce qui précède quasi inutile. Mais merci pour son témoignage sur l'intérêt de ce site !
Retourner vers « Se présenter »
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 2 invités