Il est clair que cet article (qui rappellera quelques souvenirs houleux à la plupart de ceux qui fréquentent ce forum) appelle débat et contradiction, mais au moins il me semble apporter un éclairage intéressant (même si négatif) et argumenté (avec référénces à l'appui) sur non seulement la question du rapport "philosophie-internet", mais surtout, plus largement, sur l'essentielle (et redoutable) question du dialogue (philosophique, mais pas seulement) et donc du moi, et de son rapport à autrui.
Le texte étant assez long, cela demandera un effort, qui me semble en valoir la peine (ainsi Calliclès chez Platon).
Quant à moi, Pourquoi Pas ?, Suave mari magno...
(PS – Je précise, pour éviter tout soupçon de "copinage", qu'il n'y a jamais eu aucun échange, ni public ni privé, entre Philippe Jovi et votre serviteur.)
Philippe Jovi a écrit :
FORUM PHILOSOPHIQUE” ET INTERNET : CONTRADICTION EN LES TERMES.
Un “forum philosophique” spécialisé dans la philosophie de Spinoza dit, dans son annonce d’accueil, avoir pour raison d’être “l’idée de partager, de mettre en commun cette expérience de penser avec Spinoza comme de vivre cette pensée“. Il est hors de question de mettre en doute la sincérité d’une telle intention. Toutefois je me propose de montrer que cette noble ambition est vouée à l’échec et, avec elle, toute prétention de penser philosophiquement sur un forum virtuel. Je dis bien “penser philosophiquement”. Car s’il s’agit de prendre comme prémisse (ce que fait d’ailleurs Spinoza) que tout homme pense pour forger le syllogisme (apparent) selon lequel (majeure) tout homme pense, or (mineure) ce “forum philosophique” n’est fréquenté que par des hommes donc (conclusion) ce “forum philosophique” pense, évidemment, il n’y a pas matière à discussion. D’abord parce que ce syllogisme n’est qu’une sophisme : dire que tout homme pense, ce n’est pas dire que tout homme ne fait que penser. Ensuite parce que, fût-elle bien établie, la conclusion de ce raisonnement fallacieux serait tautologique et donc en contradiction avec la qualification “philosophique” d’un tel forum. Dans notre exposé, nous partirons donc des principes, 1°) que tout homme ne passe pas sont temps à penser, 2°) que penser philosophiquement est quelque chose d’autre que penser.
Je propose que nous adoptions une définition du “penser philosophiquement” somme toute assez banale, celle de Hegel. “Penser, cela veut dire mettre quelque chose dans la forme de l’universalité ; se penser veut dire se savoir comme universel, se donner la détermination de l’universel, se rapporter à soi” (Hegel, Leçons sur la Philosophie de l’Histoire, I). Hegel dit ici deux choses. Premièrement, dire que je pense (au sens philosophique restreint de ce terme), c’est dire que je cherche à universaliser mes propos. Je tends, dans un mouvement dialectique, à ce que des propos, qui sont nécessairement nés d’un entendement et de circonstances particuliers, nient leur particularité pour atteindre (asymptotiquement) l’universalité. Deuxièmement, dire que je pense, c’est dire que je me pense pensant, c’est-à-dire, qu’il s’opère là encore un mouvement dialectique qui prend sa source dans la particularité et la contingence d’un propos, lesquelles sont niées par la tendance de ce propos à valoir universellement et nécessairement. Cependant, universalité et nécessité restent incarnées en un moi qui réalise ainsi une synthèse entre la subjectivité de l’origine du propos et l’objectivité de sa fin. On peut donc résumer en disant que penser, au sens philosophique restreint de ce terme, c’est prétendre incarner en un moi particulier un propos à valeur universelle.
C’est la raison pour laquelle les philosophes de l’antiquité grecque (Platon, mais surtout Socrate) se méfiaient beaucoup de la philosophie écrite qui, selon eux, avaient le tort de mutiler le discours. D’une part, en effet, la philosophie écrite se soustrait au dialogue, au mouvement dialectique d’universalisation donc de purification du logos. D’autre part elle se désincarne, défaisant la synthèse du subjectif et de l’objectif en ne laissant subsister que celui-ci au détriment de celle-là. Bref, les Grecs ont été les premiers à poser comme une règle intangible l’exigence dialogique de la pensée philosophique et ils ont été les premiers à pressentir le danger qu’il y aurait (qu’il y aura) à dissocier la pensée du Moi qui pense. Comme le dira excellement Kant plus tard, “le “Je pense” doit pouvoir accompagner toutes mes représentations; car, sinon, quelque chose serait représenté en moi qui ne pourrait pas du tout être pensé, ce qui revient à dire que la représentation serait impossible, ou, du moins, qu’elle ne serait rien pour moi” (Kant, Critique de la Raison Pure). Autrement dit, et c’est bien le postulat que je défends, le pensé et le pensant, le cogitatum et le cogitans sont indissociables : ne cogitatum sine cogitante. Tout spécialement en philosophie : “tu as, je pense, Gorgias, assisté comme moi à bien des disputes, et tu y as sans doute remarqué une chose, savoir que, sur quelque sujet que les hommes entreprennent de converser, ils ont bien de la peine à fixer, de part et d’autre leurs idées, et à terminer l’entretien, après s’être instruits et avoir instruit les autres. Mais s’élève-t-il entre eux quelque controverse, et l’un prétend-il que l’autre parle avec peu de justesse ou de clarté ? ils se fâchent, et s’imaginent que c’est par envie qu’on les contredit, qu’on parle pour disputer, et non pour éclaircir le sujet. Quelques-uns finissent par les injures les plus grossières, et se séparent après avoir dit et entendu des personnalités si odieuses, que les assistants se veulent du mal de s’être trouvés présents à de pareilles conversations. A quel propos te préviens-je là-dessus? C’est qu’il me paraît que tu ne parles point à présent d’une manière conséquente, ni bien assortie à ce que tu as dit précédemment sur la rhétorique ; et j’appréhende, si je te réfute, que tu n’ailles te mettre dans l’esprit que mon intention n’est pas de disputer sur la chose même, pour l’éclaircir, mais contre toi. Si tu es donc du même caractère que moi, je t’interrogerai avec plaisir ; sinon, je n’irai pas plus loin. Mais quel est mon caractère? Je suis de ces gens qui aiment qu’on les réfute, lorsqu’ils ne disent pas la vérité, qui aiment aussi à réfuter les autres, quand ils s’écartent du vrai, et qui, du reste, ne prennent pas moins de plaisir à se voir réfutés qu’à réfuter. Je tiens en effet pour un bien d’autant plus grand d’être réfuté, qu’il est véritablement plus avantageux d’être délivré du plus grand des maux, que d’en délivrer un autre ; et je ne connais, pour l’homme, aucun mal égal à celui d’avoir des idées fausses sur la matière que nous traitons. Si donc tu m’assures que tu es dans les mêmes dispositions que moi, continuons la conversation; ou, si tu crois devoir la laisser là, j’y consens, terminons ici l’entretien” (Platon, Gorgias, 457c-458b). Autrement dit, la pensée philosophique a ceci de philosophique qu’elle est nécessairement incarnée en un sujet pensant (condition de subjectivité : je dois adhérer à ce que je pense) sans pour autant se confondre avec les opinions, les sentiments, les valeurs, etc. de ce sujet pensant, c’est-à-dire des “pensées” qu’on ne pourrait pas remettre en question sans, en quelque sorte, déclarer la guerre à ce sujet pensant (condition d’objectivité : je dois pouvoir me distancier de ce que je pense). C’est parce que la pensée philosophique est la synthèse d’une certaine subjectivité et d’une certaine objectivité que Socrate aime à réfuter et à être réfuté.
De cette définition de la pensée philosophique, il me semble découler qu’il est proprement absurde de vouloir, dans un débat qui se prétend “philosophique”, bannir les propos ad hominem ou ad personam (Schopenhauer établit une distinction entre les deux notions, mais elle est sans importance pour notre propos). Ce que préconisent pourtant la plupart des “chartes” d’adhésion à un forum philosophique. Lorsque j’argumente en faveur de ma thèse, c’est en ma faveur que j’argumente : mes propos ne peuvent être abstraits de mon Moi, ni mon Moi de mes propos. Et c’est justement pour cette raison que mes propos ont quelque chance de s’universaliser : en montrant qu’ils sont le fruit d’une démarche humaine, modeste, incertaine, une démarche intellectuelle que tout autre est en mesure de suivre et de reprendre à son compte. Comme l’ont fait remarqué nombre de commentateurs de Descartes, le coup de génie de cet auteur, ce qui lui a assuré l’audience et la pérennité qui sont les siennes, c’est d’avoir été le premier à oser dire “Je”, non pas simplement pour parler de lui-même, mais pour penser. Voilà la véritable portée du cogito cartésien : “je pense”, cela signifie “tout homme est capable de penser”. Et, sauf erreur, lorsque Descartes se voit adresser des objections, lorsque Platon oppose Socrate à ses contradicteurs, ad hominem, ad personam vocant omnes ! Il est hautement probable que Spinoza n’aurait pas eu l’occasion de pousser aussi loin sa réflexion sur sa distinction conceptuelle fondamentale entre une morale et une éthique s’il n’avait eu, entre le 12 décembre 1664 et le 27 mars 1665, le violent échange épistolaire que l’on sait avec celui à qui il donne, très obséquieusement, du “Très savant Guillaume de Blyenbergh”. Car on ne peut pas penser dans un monde purifié de tout conflit, c’est-à-dire dans un monde de pures Idées qui subsisteraient en soi et par soi sans être incarnées par des Moi humains. Mais alors, il faut en accepter la conséquence nécessaire : le Moi est toujours nécessairement, comme le souligne Spinoza, soumis aux passions. Et les conversations les plus passionnantes sont en général les plus passionnées. Tout enseignant débutant n’a qu’une hantise : que son discours ne soit pas passionnant, qu’il ne passionne pas son auditoire. Or, pour qu’il le soit, il faut s’engager tout entier, avec ses passions, dans ses propos, et en payer le prix : le risque de l’agression, de la violence verbales. Ceci vaut, bien entendu, pour l’expression de toute forme de “pensée”, y compris les plus triviales, y compris les moins philosophiques. Mais combien plus pour la pensée philosophique qui, sans cette incarnation dans un Moi qui s’en sent, en quelque sorte, l’accoucheur (au sens socratique de la philosophie comme maïeutique d’une pensée dont le sujet pensant serait la “mère porteuse”), dégénère en bavardage abstrait, faute de s’ancrer dans un vécu, superficiel faute d’être défendu par un vivant.
Or, justement, le problème insurmontable auquel la plupart des forums soi-disants “philosophiques” me semble confrontés, ce n’est pas la violence des propos qui y sont échangés. C’est plutôt que les propos qui y sont échangés y sont trop souvent désincarnés et que, du coup, ils n’ont plus aucune portée philosophique. Pour développer ce point, je me réfère essentiellement à l’ouvrage de Paul Ricoeur Soi-même comme un Autre. L’auteur y distingue trois formes d’identité personnelle : la mêmeté, l’ipséité et l’identité narrative. La mêmeté, c’est l’identité objective, le fait que, pour l’Etat Civil, je suis la même personne depuis ma naissance jusqu’à ma mort. L’ipséité, c’est l’identité subjective, le fait que je me sente être la même personne aussi loin que remontent mes souvenirs. Et l’identité narrative, c’est la synthèse des deux premières. C’est le fait que mon identité personnelle se construise et se renforce à travers les récits que je fais de moi-même à la première personne et qui combine à la fois la mêmeté et l’ipséité, puisque le récit que je fais de moi-même combine dans des proportions diverses des éléments objectifs (des faits qui me sont arrivés et qui sont empiriquement vérifiables) et des éléments subjectifs (des ressentis, des points de vue, des intentions hors d’atteinte de la vérification empirique). À cet égard, je soutiens que les “discussions” sur l’Internet ne favorisent pas l’identité narrative des participants. Bien au contraire, la virtualité des échanges sur ce medium rend impossible la vérification des éléments factuels dont chacun fait état lorsqu’il parle de soi-même et encourage donc l’affabulation, le fait que chacun soit tenté de se forger un Moi idéal très éloigné de son Moi réel. Ce qui, après tout, peut avoir une fonction psycho-sociale tout à fait respectable. Mais, j’insiste lourdement sur ce point : celui qui prétend avoir lu Spinoza alors qu’en réalité, il en a seulement parcouru superficiellement quelques pages, voire quelques digests, ou qu’il n’en a que des réminiscences lycéennes ou estudiantines fragiles et confuses, celui-là ne peut pas “penser” (au sens philosophique) Spinoza, parce que, lorsqu’il dit “je pense que …”, son “je” (son jeu ?) n’a tout simplement pas de référent bien établi. Dans les termes de Ricoeur, son “je” est dépourvu d’identité narrative.
Et s’il ne fallait qu’une seule preuve pour montrer que le chat, se prétendît-il “philosophique”, rompt nécessairement l’identité narrative du locuteur, celle-ci suffirait : chacun est invité à prendre un “pseudo”. Or faut-il rappeler, premièrement que ho pseudos, en grec, signifie, “le mensonge”, et deuxièmement que le nom est une marque objective qui, dans toutes les civilisations, est attribuée à l’individu par la société pour qu’elle le puisse reconnaître. Il suit que le fait de choisir un pseudonyme, étymologiquement un “faux-nom”, manifeste l’intention de rompre avec ce que Ricoeur appelle la mêmeté, c’est-à-dire la traçabilité sociale que mon nom m’imposait. En choisissant un “pseudo”, je ne suis, objectivement, plus le même : je me donne une contenance, des connotations, voire une apparence (via mon avatar, un mot qui signifie “transfiguration” en sanskrit !) que je n’ai pas forcément dans la réalité. Dès lors, à moins de donner des gages irréfutables de ma mêmeté et de mon ipséité, ce que, précisément, Internet à pour fonction de rendre à peu près impossible (c’est même probablement ce qui en fait son utilité, en matière de communication), faute d’identité narrative, il est impossible de penser philosophiquement sur Internet. Ce qui, dans la plupart des applications de l’Internet, est sans incidence aucune. Mais, dans le cadre d’un site prétendument “philosophique”, cela est catastrophique : n’étant plus le même, d’une part mes propos sont désincarnés, ils n’assument plus ce que je suis en réalité, ils sont mièvres, insipides, décousus, abscons, fragmentés, hargneux, incapables d’être universalisés ; et d’autre part, la personnalité fictive toute puissante que je me suis forgée supporte mal la dissymétrie objective des Moi en présence. Le Moi qui n’assume pas sa mêmeté objective sacrifiée sur l’autel du principe de plaisir et du délire de toute puissance qu’autorise la dissimulation derrière un “pseudo”, ce Moi ne supportera pas d’être réfuté par une autorité, c’est-à-dire par un autre Moi dont la position sociale objective (la mêmeté, donc) l’”autorise” à faire cette mise au point. Encore une fois, la pensée philosophique n’est pas une pensée abstraite mais une pensée incarnée. Or, nul n’est besoin ici de rappeler ce que souligne Hannah Arendt concernant l’importance de l’autorité comme l’une des conditions de possibilité de la progression de la pensée dans un processus d’enseignement.
Déjà Pascal (bien avant l’apparition de l’Internet) remarque que “nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l’idée des autres d’une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître. Nous travaillons incessamment à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable. […] Grande marque du néant de notre propre être, de n’être pas satisfait de l’un sans l’autre, et d’échanger souvent l’un pour l’autre !” (Pascal, Pensées, B147). Internet ou pas, un certain nombre de vicissitudes sociétales qui ne datent pas d’hier (bien, que, manifestement, la bien-nommée “dépression” économique les exacerbe) rendent le lien social problématique. Plus précisément, elles tendent à produire ce que Hannah Arendt appelle de la loneliness (et que Ricoeur traduit par “désolation”), et qui exprime le fait paradoxal que nous nous sentons seuls, abandonnés, désemparés au milieu de la foule de nos semblables. Quoi de plus naturel alors, nous dit Pascal de nous réfugier dans l’imagination qui a pour fonction de substituer à l’absence de lien social satisfaisant que le Moi réel ne peut pas ou ne peut plus établir un lien social fantasmé sur la base d’un Moi imaginaire et flatteur. Or, le grand problème que pose l’imagination n’est pas, en soi, le recours à l’imagination (en l’occurrence d’un Moi idéal différent du Moi réel), mais plutôt le fait que nous adhérions pleinement à l’existence de ce que nous imaginons. Et si Pascal nous était contemporain, il prendrait acte de ce que l’évolution de nos conditions matérielles d’existence pousse le plus grand nombre à se forger, à peu de frais, un Moi imaginaire par media techniques interposés, à commencer par l’Internet qui encourage la perte d’identité en invitant explicitement les intervenants à disparaître derrière un pseudonyme. Or, si la philosophie à quoi que ce soit à voir avec la pensée vraie, il faut alors en déduire que l’imagination d’un Moi idéal a un effet redoutable lorsqu’il s’agit de philosopher : “nous haïssons la vérité et ceux qui nous la disent […] : l’homme n’est alors que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l’égard des autres ” (Pascal, Pensées, B100).
Je prétends donc que les forums de discussion soi-disant “philosophiques” encouragent ce que Freud appelle l’Ichspaltung (”clivage du moi”) inconciliable avec le fait d’assumer une pensée philosophique. L’irresponsabilité (je ne dis pas “l’immunité”) de tout intervenant sur un forum Internet est a peu près garantie par l’usage du “pseudo”. Or, comme le fait remarquer Paul Ricoeur qui reprend là une idée chère à Hannah Arendt, on ne peut pas avoir d’identité narrative sans être responsable de ses propos devant le monde commun, c’est-à-dire avoir conscience d’un risque de se faire sanctionner, fût-ce de manière extrêmement symbolique (par exemple par le sentiment du ridicule), pour la teneur de ses propos. Or, sur Internet, il n’y a pas de monde commun devant quoi rendre des comptes, il n’y a que du monde virtuel. L’Autre n’existe pas : il est virtuel. Le Moi aussi est virtuel puisqu’il se cache derrière un “pseudo”. Or, pour faire de la philosophie, il faut admettre au minimum que la pensée dont on est le porteur à l’instant t entre en conflit avec l’analyse de la même pensée à l’instant t+n. Mais, deuxième conflit, plus fondamental encore : si ce que je crois à l’instant t est indiscutablement mien, ce à quoi j’adhérerai à l’instant t+n n’est pas encore mien. Car c’est l’Autre, sa conversation, sa lecture, son étude, qui va me donner l’occasion et la possibilité de ce changement de point de vue en me fournissant les outils conceptuels qui vont attaquer la doxa dont je suis porteur à l’instant t. Impossible de penser, au sens philosophique que nous avons donné à ce terme, si je ne considère l’Autre comme un autre Moi, aussi cohérent et consistant que moi-même et cependant différent de moi-même. Dans le monde virtuel de l’Internet, la probabilité pour qu’il y ait un véritable échange philosophique entre contributeurs assumant leur identité narrative est par conséquent à peu près nulle. Bref, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de “forum philosophique” sur l’Internet. Quod erat demonstrandum.
P.S. : ces propos, ainsi que tous ceux qui apparaissent dans la catégorie “Débats”, ont réellement fait l’objet de débats entre débatteurs réels. Le texte que vous lisez n’en est qu’un résumé.