hokousai a écrit :à YvesJe fais bien une différence dans le ressenti mais pas dans l'immanence Je veux dire que le rapport est direct tant dans la douleur que dans la perception des objets extérieurs au corps . S' il faut un sentir de la perception visuelle , je ne la sens pas comme une représentation. C est l' idée de représentation qui est contre intuitive.Par contre les perceptions visuelles et auditives pointent vers un au-delà d'elles-mêmes.
On évoque souvent les illusions ( d'optique ). Je vois un bâton rompu ( Descartes ). Certes il n'e'st pas rompu, mais ce que je vois c est bien un bâton rompu.
Les illusions d'optique, et ce que la science par ailleurs connaît de la physiologie de la perception, nous indique clairement que nous ne sommes pas en contact direct avec la réalité... Un cas qui impressionnait beaucoup les philosophes classiques, c'est celui du membre fantôme. D'où le concept de représentation. Toute perception qui atteint le seuil de la conscience est représentation, d'où on infère spontanément une modification du corps ou encore le contact avec un corps extérieur.
Certains philosophes sont mal à l'aise avec ces constats, parce qu'il leur semble qu'on n'arrive plus à justifier la réalité objective du monde extérieur si le sujet est enfermé dans ses représentations... Je comprends que ce soit un problème théorique, mais en cette époque de neurosciences triomphantes et de réductionnisme matérialiste sûr de lui, j'ai bien du mal à le prendre au sérieux. La physique quantique et le film "Matrix" ont d'une certaine manière relancé le débat entre le réalisme et l'idéalisme, mais à mon sens cela reste assez marginal par rapport aux préoccupations dominantes des philosophes et scientifiques d'aujourd'hui. Évidemment je ne veux pas dire que les philosophes contemporains sont "meilleurs" que Berkeley ou d'autres idéalistes. Mais il est difficile d'aller à contre-courant, non seulement quant aux réponses qu'on apporte aux problèmes, mais aussi quant aux problèmes mêmes que l'on juge importants.
C'est comme le dualisme corps-âme. L'immense majorité des philosophes et scientifiques rejettent cette vision de l'être humain aujourd'hui, au profit de l'une ou l'autre théorie matérialiste. Et je ne crois pas qu'ils seraient plus ouverts à l'hylémorphisme thomiste si on le leur expliquait. Même les penseurs qui s'écartent du réductionnisme simpliste admettent généralement que le cerveau est la cause de la pensée.
Pourtant les religieux s'accrochent à leur âme désincarnée, condition essentielle de leur survie postmortem. Ce sont surtout les religieux qui forcent les scientifiques et les philosophes à aborder encore et encore la question du dualisme, qui sinon n'aurait guère plus qu'un intérêt historique. La science ne peut réfuter l'existence de Dieu, mais elle a fait des progrès importants pour réfuter l'immortalité de l'âme. Certains théologiens hésitent maintenant à identifier âme et psychisme. Il y a d'ailleurs de grandes différences entre la Bible et Descartes.
Là je comprends mieux. Mais je prends la conscience antérieurement à la "conscience de quelque chose" .
Je ne comprends pas trop bien ce que vous voulez dire. Généralement, on a conscience de quelque chose, pas de rien, ne serait-ce que de notre corps. La conscience est généralement "modifiée" et inséparable des modifications. Certains mystiques orientaux prétendent atteindre des états où la conscience est "pure", sans objet, et les neurosciences ont commencé à expliquer la nature de cet état altéré de conscience. Voir le livre Pourquoi "Dieu" ne disparaîtra pas de Newberg et d'Aquili.