hokousai a écrit :Je ne comprends pas ce que signifie un double imaginaire.
Est- ce que le simple (ce dont le double est imaginaire) est lui aussi imaginaire ?
Il suffit de comprendre que le sujet ne peut être qu'acte et pas objet pour saisir la chose : tout ce qui "me" place (dans "mon" imagination) comme un personnage dans une situation est un double imaginaire. C'est du théâtre. Et cela va beaucoup plus loin qu'on ne le pense de premier abord. C'est quelque chose qui arrive très tôt selon Liquorman : au moment du stade d'appropriation vers 2 ans et demi. Et vers 5-7 ans le "plan de vie" est arrêté... Des sollicitations parentales comme "arrête ! : tout le monde te regarde, etc.", "les autres ont fait mieux que toi", "c'est pas bien ce que tu fais", etc., etc. (il y en a des dizaines et des dizaines) sont extrêmement nuisibles dans ce cadre.
L'action c'est une "projection" ici et maintenant, pas du tout un objet dans un théâtre. On en revient à la vidéo de Terreaux, etc. Il y a action de conscience du monde, volitions, actions motrices, joie ; il y a conscience de celles-ci ; il y a conscience que le monde déborde les volitions (ce qui individualise quelque part) ; il y a conscience de liaison à un certain corps (pas immédiat, je pense : le corps vu est un objet), ...
... mais il n'y a pas d'acteur qui agit tout cela : cet acteur est un objet imaginaire superposé à l'action qui, elle, est le véritable sujet. Cet acteur factice sous-tend le libre-arbitre. Les pulsions, alors désorientées par l'imagination, vont s'attacher à conserver et développer cette chimère. De très nombreux mouvements psychologiques en dérivent : nous obtenons la collection des passions de Spinoza, dont toutes les tristesses (mais la pire est une joie : l'Orgueil.)
hokousai a écrit :Puisque le sujet est une supposée illusion c'est bien qu'il apparait.
Certes, il y a quelque chose de positif quelque part (et tout cela est puissance parfaite de la Nature, sans exception.) Et pourtant il y a bien - au sein même de cette perfection - un enjeu éthique (moral) ; nous le supposons au moins puisque nous en discutons...Il y a donc un bien et un mal qui apparaissent DANS le Bien absolu... Ce n'est pas moins mystérieux que l'illusion. L'illusion c'est de croire réel ce que représente une pensée (au sens oriental.) Je dirais là qu'une pensée est au mieux un pointeur vers une réalité.
hokousai a écrit :A- t-on avec Spinoza une idée de ce qui est ce nous ? L'essence Pierre est- elle l' essence de Paul ?
Spinoza se réfère à l'essence de genre Homme, qui est commune à tous les individus humains, et qui est aussi notre essence propre, compréhensible par elle-même (ce qui la range dans les Idées pures, puisque cette nature est transcendantale (a priori) : antérieure à ses déterminations.) Ensuite, il peut y avoir extension aux cas les plus fréquents de dérive imaginative, etc.
Si l'on veut ne se référer qu'à l'"essence totale", on n'a même plus le droit de dire que Pierre et Paul sont des hommes (cela c'est l'essence de genre) : juste de tendre l'index et (éventuellement) dire "cela". Aucun développement rationnel n'est possible, etc.
Et comme cette "essence totale" : 1) change en permanence, 2) est indissociable de son environnement, et 3) en conséquence de cela, est inconnaissable adéquatement - y compris en interne -, en fait il n'y a même rien à désigner... à part, en externe, peut-être une forme / couleur qui contraste avec d'autres dans un continuum...
hokousai a écrit :Mais si on dit qu'il ne faut pas confondre individu et sujet,
moi je les confonds dans le cas des organismes vivants relativement autonomes.
Je dirais que la principale différence c'est que le sujet est acte alors que l'individu est objet. On pourrait peut-être dire en distordant les termes que le sujet c'est l'objet individu, mais "vu de l'intérieur" (comme la vision est en quelque sorte la matière vue de l'intérieur), mais il n'y a pas de relation objectivable entre la vision de l'intérieur et la vision de l'extérieur ; ou plus justement entre la vision et le vu : le vu apparaît dans la vision, c'est tout.