Je ne savais pas trop où mettre ce sujet. Le forum thomiste est moribond, le forum musulman est d'un niveau assez faible. Il y a un forum en anglais, mais mon message porte sur un texte en français, et ici, il y a un professeur de philosophie, alors j'ai pensé à cet endroit.
Michel Serres a écrit :Alors les grandes bagarres sur la matière et l'esprit, sur la matière et la forme, les grands couples dont je parlais, me paraissent, à moi philosophe de 1980, comme des couples très archaïques, comme des couples d'une métaphysique un peu enfouie dans notre mémoire, bref un peu historique. Cela m'étonnerait beaucoup qu'il y ait dans la philosophie en pointe des batailles entre les tenants de la matière et les tenants de l'esprit, actuellement. S'il y en a, c'est dans certains magazines, mais au niveau de la recherche sérieuse, je ne vois pas revenir des batailles de ce genre. Il n'y a plus de bagarre entre Sparte et Athènes!
Et voilà, la philosophie est comme la science. Elle progresse. Certains questionnements deviennent périmés. La querelle matérialisme/spiritualisme est manifestement dépassée. Elle ne survit plus qu'en étant entretenue par des cyberphilosophes sur internet et dans certains livres de second ordre qui font prospérer leurs auteurs en agitant dans un style sensationnaliste les idées de la masse.
Les philosophes sérieux («en pointe») sont passés à autre chose, apparemment. Les questions que je prenais au sérieux depuis 2 ans et demi, j'apprends avec désarroi qu'elles sont dépassées, «historiques».
Il y a donc la «vraie» philosophie, dont les hautes réflexions dépassent mon entendement de cyberphilosophe, et il y a une pseudo-philosophie vulgaire, qui est répandue parmi la masse des intellectuels de second ordre, et qui comprend des questionnements et débats périmés et insignifiants, sinon d'un point de vue purement historique (par exemple: qu'est-ce la matière?).
C'est comme si on prenait encore au sérieux l'alchimie du Moyen Âge et qu'on menait des réflexions et des débats là-dessus.
Cette citation m'ébranle profondément.