Réponse au 2e message de Miam posté le 14.06 (pg. 11 de ce fil).
Avant de commencer: un 2e PS à hokusai: je ne crois pas que Miam fait de Dieu un Dieu surtout pensant, comme vous l'écrivez. Il dit que l'être objectif et le mode de l'attribut Pensée concernent finalement la même idée. A mon avis, il ne pose donc pas de priorité de la puissance de penser de Dieu par rapport à la puissance d'agir. Il ne s'agit pas de deux puissances différentes du même Dieu, dont l'une aurait une quelconque antériorité par rapport à l'autre, mais du même Dieu en tant qu'on le considère tantôt comme idée productrice d'idées, tantôt comme action productrice d'idées. Mais cela revient au même. C'est peut-être le fait que miam (à mes yeux) 'idéalise' l'être objectif, c'est-à-dire qu'il en fait quelque chose qui appartient déjà à la Pensée, et plus à la chose elle-même, qui vous donnait cette impression de réduire tout à la pensée?
Miam a écrit :10)
"le terme qu'utilise Spinoza est 'confondre', confundi. Si un nombre précis d'images est dépassé, ces images commencent pe à se confondre "
Où tyrouvez-vous "confundi" ? Je n'ai pas ici le matériel pour le retrouver. Mais je pense qu'il s'agit de l'indistinction de l'imagination. Cela n'a rien à voir avec notre sujet car nous supposons ici une affection dont l'idée enveloppe deux natures alors que dans ce cas de l'imagination indistincte, il s'agit de plusieurs affections ou images trop proches temporellement ou spatialement pour que l'imagination puisse les distinguer.
E2P40 Scolie I:
Spinoza a écrit :At, ubi imagines in corpore planè confunduntur, Mens etiam omnia corpore confusè sine ullâ distinctione imaginabitur ... .
Et, quand les images dans le corps se confondent entièrement, l'Esprit aussi imaginera tous les corps confusément sans aucune distinction, ...
(trad. Pautrat). Que je le mentionnais à cet endroit, était parce que pour moi, cela a tout à voir avec ce dont nous parlons. E2P26 : 'Quand l'Esprit humain contemple les corps extérieurs à travers les idées des affections de son propre Corps, nous disons qu'il les imagine; et l'Esprit n'a pas d'autre façon d'imaginer les corps extérieurs comme existant en acte. Et par suite, l'Esprit, en tant qu'il imagine les corps extérieurs, n'en a pas la connaissance adéquate.' Quand un corps extérieur affecte notre Corps, notre Corps forme une image (et pas une idée, comme chez Descartes) de ce corps, et alors, notre Esprit imagine. Ce qui caractérise précisément cette imagination, c'est qu'elle n'a pas d'idée distincte du corps extérieur, mais une idée confuse, car cette idée confond littéralement la nature du corps extérieur ET la nature de notre Corps. La confusion est l'opposé de la distinction, et caractérise l'imagination.
Miam a écrit :11)
"Je croyais juste avoir compris que la notion commune ne touche nullement à l'essence de la chose, vu que cette essence est unique? "
Pour Bardamu oui. Pour moi non comme je l'ai déjà expliqué puisque selon moi les notions communes perdurent dans le troisième genre et que toute notion commune est l'idée d'un individu.
Il est évident que sur base de ceci, je ne comprends pas grand-chose. Je suppose qu'il vaut mieux que j'essaie de lire vos messages sur les notions communes et les essences pour mieux saisir de quoi vous parlez.
Miam a écrit :14)
" (vous) « L'être formel, par contre, c'est la chose dans sa 'réalité'. C'est ce qui constitue la chose dans son être même, voire son essence, hors l'attribut de la Pensée. »
(moi) Premièrement il y a des êtres formels d’idées contenus dans l’attribut pensée. Ce que vous excluez dans cet énoncé."
(vous) "1) mais non. La réalité de l'idée, c'est d'appartenir à l'attribut de la Pensée. C'est ça son être formel. "
Vous ne pensez pas que vous vous contredisez quelque peu là ?
Vous voulez dire que vous ne comprenez pas la cohérence entre ces deux énoncés? Le problème c'est que, en effet, quand on ne pose pas une question précise, il est difficile de savoir ce qu'il faut expliquer pour que l'autre comprenne ce qu'on veut dire.
J'essayerai donc juste de formuler la même chose autrement:
- l'être formel, c'est la réalité de la chose, sans que cette chose soit déjà prise comme objet d'une idée
- l'être formel d'une idée: il suffit d'appliquer la même définition. Donc: l'être formel d'une idée (donc ici, la 'chose' de la première définition, est instantiée par 'idée'), c'est la réalité de cette idée, sans que cette idée soit déjà prise comme objet d'une idée. Autrement dit: la réalité de l'idée X, c'est le fait d'être un mode de l'attribut Pensée, et cela sans qu'il faut concevoir une deuxième idée Y qui a l'idée X comme objet, donc sans prendre l'idée X en tant qu'objet d'une autre idée. Car dès qu'on prend l'idée X en tant qu'objet d'une autre idée, on parle de l'être objectif de X, et plus de son être formel.
Evidemment, je comprends bien, maintenant que j'ai lu votre message d'aujourd'hui, que dans vos définitions de l'être objectif, cela pose problème. La 'contradiction' apparaît dès qu'on veut réduire la 'sphère' de l'être objectif à celui des idées (qui suivent de l'idée de Dieu). Alors il n'y a plus d'être objectif 'hors pensée' pensable. Mais, encore une fois, cela ne me semble pas très spinoziste, mais plutôt cartésien (donc ici, Spinoza et Descartes s'opposent, à mon avis).
miam a écrit :15)
"Evidemment que cette idée peut être tout à fait réelle, mais à nouveau, si on veut considérer l'idée dans sa réalité, il faut la considérer dans son être formel, et pas dans son être objectif, c'est-à-dire pas en tant que cette idée peut elle-même être prise comme objet d'une deuxième idée."
L'être objectif n'est pas moins réel que le mode de penser car l'être obectif est l'application de l'attribut pensée sur tous les autres attributs.
oui oui, tout est réel. L'idée aussi bien que l'être objectif que la chose etc. Le problème n'est pas là, il me semble.
Miam a écrit :C'est donc la même idée, hormis une distinction que je pense temporelle.
A mon avis non. L'idée X de la chose Z n'est pas la même idée que l'idée Y de l'idée X. Les objets sont différents (Z pour X, X pour Y).
Miam a écrit :Et il n'y a ni plus ni moins d'êtres objectifs qu'il n'y a de modes de penser. Quant à la distinction des genres de connaissance, il ne s'agit pas de diférents types d'essences mais de constitution. L'être objectif d'un corps correspondant à un mode de penser (selon la "chose") constitue également d'autres modes de penser. Et ainsi en est-il aussi de ce second mode de penser tandis que le premier également est constitué par l'être objectif de corps "étrangers". Il est également constitué par d'autres idées que celle de son Corps parce que ce Corps est perçu par les idées des rencontres avec d'autres corps, etc... ad infinitum. Parce que la relation entre essences est synthétique et n'est rien d'autre que ces essences en relation. Or dans l'attribut, tous les modes sont en relation et participent à la production de tous les autres. Cela fait maintes fois que je le dis.
Désolée, mais ceci est pour moi un bon exemple de la non efficacité de la répétition ... . Si vous vous plaignez ici, en vertu de la loi de contamination des affects, cela ne peut que m'attrister à mon tour, mais hélas, je ne vois pas du tout quoi faire pour y remédier. Il y a trop d'hypothèses soujacentes non explicitées pour que je puisse comprendre ce que vous voulez dire. Répéter la même chose encore une fois ne sert à rien. Ce mot de 'synthèse' pe est historiquement tellement chargé que si vous voulez en créer une signification propre à votre interprétation de Spinoza, il faudrait (si vous voulez qu'un lecteur non averti peut faire quelque chose avec) très bien expliciter comment vous construisez ce concept et où se trouve spécifiquement le lien avec Spinoza. Un peu comme le fait bardamu quand il veut parler de sa 'propre théorie'. On explique les notions de base, on montre clairement le raisonnement, et on termine en faisant le lien avec Spinoza. Dans ce cas, un interlocuteur peut partager le mouvement de pensée, et s'en faire une idée soi-même, puis être d'accord ou non.
Evidemment, vous n'êtes pas du tout 'obligé' de respecter cette façon d'introduire des concepts à vous. Je voulais juste dire que si vous espérez qu'en répétant que c'est embêtant de devoir vous répéter, ma réponse sera un peu plus 'à la hauteur', je ne peux que vous décevoir.
Si vous voulez une question plus précise sur ce passage: ça veut dire quoi pour vous, 'la relation entre essences est synthétique'?
Miam a écrit :Selon vous l'être objectif est représentatif ? (répondez-moi ce serait une première). C'est une lecture certes courante mais selon moi intenable pour les raisons invoquées au paragraphe précédent.
Ce que vous écrivez ici me choque tout de même un peu. Je croyais déjà avoir fait le maximum pour expliquer comment j'interprète l'utilisation du mot 'repraesentari' de Spinoza dans un de mes messages précédents. Que cela ne soit pas clair, mea culpa mea grande culpa, mais dire que ce serait une première d'y répondre me semble un peu négliger le fait que j'ai au moins déjà essayé quelques fois ... .
Entre-temps, j'ai plutôt l'impression que parfois, vous lisez ce que j'écris surtout sur base de l'usage qui pour vous est 'courant' de certains termes, malgré le fait que parfois je ne connais pas cet usage spécifique, ou que parfois, j'ai déjà essayé de donner une explicitation de mon propre usage de ces termes, qui semble parfois assez différent de ce que vous avez vous-même rencontré comme 'usage courant'.
Pe: dans nos derniers message, il apparaît très clairement que nous avons une autre interprétation des termes 'idées' et 'être objectif' chez Spinoza. Que dans ce cas, vous n'avez pas compris ce que je voulais dire quand je parlais du repraesentari chez Spinoza me semble assez logique. Je ne crois pas qu'aller chercher une 'faute' chez l'un ou l'autre nous avance beaucoup. Il faut juste parfois du temps avant de comprendre où pourraient se trouver les divergences. Et on ne l'apprend qu'en essayant d'expliciter toujours plus.
Enfin. Si vous n'avez pas envie d'entrer dans une discussion sur les modalités de communication sur un forum comme celui-ci: pas de problème!
Donc, pour répondre d'une manière que j'espère être claire: NON, l'ÊTRE OBJECTIF chez Spinoza N'EST PAS DU TOUT REPRESENTATIF. Cela l'est déjà beaucoup plus chez Descartes, mais même lui tient apparemment à nuancer cette 'image' de sa pensée (voir Objection 1, pg 92 de l'édition Adam-Tanery, 1964). Si cette affirmation vous semble étrange par rapport à ce que j'ai déjà écrit: voir mon dernier message. Peut-être que cela aidera déjà (j'espère) à clarifier certaines choses.
Miam a écrit :16)
"« (vous) A mon avis, aussi bien chez les scolastiques que chez Descartes et Spinoza, l'être objectif a un objet »
(moi) Vous êtes sûre ?
(vous) Réponse: pas du tout! Je n'ai que Rousset comme référence, puis ma propre lecture de Spinoza, où pour l'instant rien ne m'oblige de changer d'avis. C'est tout. Il est très bien concevable que d'autres le voient différemment et cela m'intéresse vraiment beaucoup d'en discuter. "
En vérité là je me moquais de vous. Que l'être objectif soit l'idée d'un objet, c a d cet objet dans la pensée est évident chez tous ceux-là pour la bonne raison qu'il s'agit d'un être "objectif".
A part le fait que je ne suis pas tout à fait convaincue de l'efficacité communicationnel de se moquer ...
(il y a une très belle proposition de Spinoza là-dessus, mais je ne sais plus exactement où elle se trouve), je vois que j'ai été un peu imprécise: je ne crois pas que cela a du sens de dire que 'l'être objectif a un objet'. J'ai probablement repris un peu trop vite une expression à vous (ou sinon je me suis tout simplement trompée). L'idée a un objet, mais justement, l'idée n'est pas l'être objectif. Je dirais éventuellement que l'être objectif d'une chose peut constituer une idée, mais là aussi, l'être objectif n'a pas un objet.
Ce que je voulais en fait dire par cet énoncé, c'est ce que je viens de reprendre dans mon dernier message. J'ai l'impression que nous interprétons assez différemment ce qui distingue et ce qui rassemble Descartes, les scolastiques et Spinoza sur ce sujet. C'était pour essayer d'aborder cela que j'avais écrit l'énoncé ci-dessus.
En tout cas, je n'ai pas dit du tout ici que 'l'être objectif soit l'idée d'un objet', comme vous traduisez ici la phrase que vous citez. A mon avis:
1) l'être objectif n'est pas une idée
2) l'idée a un objet; dans ce sens on peut parler de l'idée d'un objet, mais j'ai l'impression qu'éventuellement, vous voulez parler ici d'un génitif de sujet et pas de possession (si cela est correcte en français): donc pas dans le sens où l'idee possède un objet, mais dans le sens où l'idée, c'est ce qui pense un objet. On risque alors à nouveau d'identifier cet objet avec la chose extérieur, comme le faisait Descartes.
C'était pour essayer d'aborder toute cette problématique que j'avais mis la phrase ci-dessus.
Miam a écrit :17)
"Je ne suis pas sure si la notion d'envelopper est si différente que celle de contenir"
Si, comme le cartésien Condillac, vous traduisez "involvere" par "contenir" ou "enfermer", cela vous posera de nombreux problèmes.
I A4 : "La connaissance de l'effet dépend de la connaissance de la cause et l'enveloppe"
Cela voudrait dire pour vous que la connaissance de l'effet contient la connaissance de la cause. On pourrait alors en toute logique remonter de l'effet à la cause. Or Spinoza dit précisément le contraire : la connaissance se fait par la cause : il faut connaître la cause pour connaître l'effet. Comment une chose pourrait-elle dépendre e e qu'elle contient ? L'ensemble des pommes dépend-t-elle des différentes couleurs des pommes ?
vous ne croyez pas que c'est un peu gratuit d'associer mon interprétation à une pensée très spécifique, après les quelques messages qu'on a échangé ici? La chance que je sais me reconnaître dans la pensée de Condillac ne me semble pas très grande ... . Et la chance que vous comprenez bien ce que je veux dire si vous me mettez déjà dans un sac très précis, sans vérifier, ne me semble pas très grande non plus ...
Non, je ne 'traduis' pas l'involvere par 'contenir', et encore moins par 'enfermer', qui suggère en plus une clôture. Tout ça, ça va BEAUCOUP plus loin que la simple phrase que j'ai écrit. J'ai juste dit que je me demande dans quelle mesure on pouvait associer envelopper et contenir. Et j'utilisais alors aussi bien l'envelopper que le contenir dans un sens tout à fait courant et non philosophique: si une enveloppe enveloppe la lettre, on peut tout aussi bien dire que cette enveloppe contient la lettre. Ma question était: est-ce que chez Spinoza, qui utilise les deux mots, il y a une différence absolue, ou est-ce qu'il y a des liens à faire, et si oui, lesquels?
Sinon: je ne comprends pas votre exemple des pommes, mais le reste me semble clair. En effet, j'ai aussi l'impression que Spinoza veut connaître l'effet par la cause. Mais je ne vois pas en quoi cela écarterait l'hypothèse d'une connotation de 'contenir' dans l'envelopper. Ce n'est pas l'effet qui doit envelopper la cause, on n'est pas à un niveau ontologique, mais Spinoza parle de connaissance, donc on est à un niveau épistémologique. Quel problème y aurait-il de dire que pour bien connaître un effet, il faut que cette connaissance contient aussi la connaissance de la cause? Cela n'empêche quand même pas qu'il faut passer par la connaissance de la cause pour connaître l'effet?
Inversément: quelle serait selon vous la différence, dans la phrase de Spinoza que vous venez de citer, entre envelopper et contenir?
Puis: comme Spinoza utilise deux mots différents (involvere et contineri), j'applique comme toujours l'hypothèse qu'il soit intéressante (dans le sens 'invitation au voyage'
) de laisser ouverte la possibilité d'une différence. Mais comme le dit Spinoza: des choses peuvent ou bien convenir entre elles, ou bien être différentes, ou bien s'opposer. Je me demande donc en quoi l'involvere et le contineri pourraient éventuellement être différents, c'est-à-dire peut-être pas être vraiment opposés ni identiques. Cela est tout à fait autre chose que de traduire involvere par contineri, comme le ferait apparemment, si je dois vous croire, Condillac.
Que dit Spinoza lui-même? La E1P8 est un bel exemple d'un endroit où il utilise les deux termes, et où l'on peut donc se poser la question de la relation éventuelle entre les deux. Il dit d'abord (scolie II) que la vraie définition de chaque chose enveloppe la nature de la chose définie. Puis que donc aucune définition n'enveloppe un nombre précis d'individus. Et il ajoute, qu'il y a nécessairement, pour chaque chose existante, une certaine cause précise qui fait qu'elle existe. Puis: "il faut remarquer que cette cause qui fait qu'une certaine chose existe doit, ou bien être contenue dans la nature même et la définition de la chose existante (et c'est qu'à sa nature appartient d'exister), ou bien se trouver hors d'elle."
Un peu plus loin: "Si pe dans la nature des choses il existe 20 hommes, ... il ne suffira pas (j'entends, pour rendre raison du fait qu'il existe 20 hommes) de montrer en général la cause de la nature humaine; mais il faudra, en plus, montrer la cause qui fait qu'il n'en existe ni plus ni moins que 20; puisque pour chacun il doit nécessairement y avoir une cause qui fait qu'il existe. Or cette cause ne peut être contenue dans la nature même de l'homme, puisque la vraie définition de l'homme n'enveloppe pas le nombre vingt; et par suite la cause qui fait qu'existent ces 20 hommes, et par conséquent qui fait que chacun existe, doit nécessairement se trouver hors de chacun, et pour cela il faut conclure absolument que tout ce dont la nature est telle qu'il peut en exister plusieurs individus doit nécessairement, pour qu'ils existent, avoir une cause extérieure."
Donc : la cause qui fait que chacun d'un ensemble de 20 hommes existe, ne peut pas être contenue dans la nature même de l'homme. Pourquoi pas? Parce que la vraie définition de l'homme n'enveloppe pas le nombre 20. Et en effet, nous avons vu que la vraie définition de la chose doit envelopper la nature de la chose. Donc: si la vraie définition de l'homme n'enveloppe pas le nombre 20, cela veut dire que .. la cause qui fait qu'il y en a 20 (et donc dont l'effet est '20') n'est pas contenu dans la nature de la chose! Si une idée peut 'envelopper' la nature d'une (ou de plusieurs) chose(s), la nature de la chose elle-même 'contient' une certaine cause ou non. Si la nature de la chose X ne contient pas la cause Y, alors la définition de X n'enveloppe pas l'effet Y' de cette cause Y.
Et si on essaie de faire le lien avec l'axiome IV: la connaissance de l'effet enveloppe la connaissance de la cause. Si on veut connaître Y', il faut connaître Y. Dans ce cas, il y aura une chose X dont la définition enveloppe Y', et dont la nature contient Y. Si on veut connaître l'effet, qui est enveloppé par la définition de la chose, il faut connâitre la cause, qui est contenue dans la nature de la chose.
Peut-on donc dire, comme je l'essaie ci-dessus, que la connaissance de l'effet 'contient' la connaissance de la cause? Non, à mon avis. La définition enveloppe l'effet, la cause est contenue dans la nature de la chose, et la connaissance de l'effet enveloppe la connaissance de la cause. Mais comme la vraie définition enveloppe en tout cas la nature de la chose, et comme la cause est contenue (ou non, selon le cas) dans la nature de la chose, pourrait-on dire que la vrai définition 'contient' la connaissance de la cause (après tout, il dit que "il faut remarquer que cette cause qui fait qu'une certaine chose existe doit, ou bien être contenue dans la nature même et la définition de la chose existante (et c'est qu'à sa nature appartient d'exister)", donc ici, la cause elle-même est contenu dans la définition) ? Dans un certain sens, oui, je crois. Mais je ne le ferais pas. Il me semble plus intéressant de continuer à chercher pourquoi Spinoza utilise quand même deux mots différents. Qu'en pensez-vous?
Miam a écrit :17 bis)
"Là où je ne serais, pour l'instant, pas du tout d'accord, c'est quand vous caractérisez cet 'envelopper' par une relation de cause à effet. Comme nous l'avons dit dès le début, Spinoza souligne fréquemment qu'il n'y a pas de relation causale entre deux attributs."
I A5 : "Les choses qui n'ont rien de comun entre elles ne peuvent non plus se connaître l'une par l'autre, autrement dit le concept de l'une n'enveloppe pas le concept de l'autre"
II 3d : "Si elles n'ont rien de commun entre elles, elle de peuvent donc (Axiome 5) se connaître l'une par l'autre et ainsi (Axiome 4) L'UNE NE PEUT ETRE LA CAUSE DE L'AUTRE."
Je vous laisse conclure.
Merci ...
. Vous voulez que j'en conclus que toute relation d'enveloppement est une relation causale? Je regrette, mais je vous demande alors de construire clairement cette conclusion vous-même, parce que moi-même, j'en suis pas capable.
Pour moi, il dit juste ici que SI on veut une relation causale entre une chose et une autre, il faut que ces deux choses ont quelque chose en commun. Et si elles n'ont rien en commun, le concept de l'une ne pourra pas envelopper le concept de l'autre. Il ne dit rien d'autre.
Ce qu'on peut donc en conclure, à mon avis, c'est que, pour connaître une chose par l'autre, il faut que le concept de l'un enveloppe le concept de l'autre. Mais ici, on ne parle pas d'une définition (ou un concept) qui enveloppe une nature (ou, si bardamu a raison, une essence) d'une chose. On parle d'un concept qui enveloppe un concept, ce qui est nécessaire pour avoir une connaissance (ce qui est logique: la connaissance a à voir avec des idées d'idées). Il s'agit donc d'un autre usage du verbe 'envelopper' (il y en a beaucoup; j'ai fait une première liste dans un de mes messages précédents).
Donc: pour connaître une chose A par l'autre B, il faut que le concept de A enveloppe le concept de B. Pour que cette relation d'enveloppement puisse exister, il faut que A et B elles-mêmes aient quelque chose en commun. Quoi? Une relation de cause à effet me semble en effet possible, vu que le concept de l'effet enveloppe le concept de la cause. A pourraît donc éventuellement être l'effet de B. Mais Spinoza ne dit pas du tout que la relation causale est la seule façon d'avoir quelque chose en commun entre deux choses. Et donc, pour moi, il ne dit pas non plus que toute relation d'enveloppement doit être une relation causale. Si vous voulez réduire toutes les relations d'enveloppement à des relations causales, vous y allez un peu trop vite, pour moi. Il faudrait démontrer pour chaque relation d'enveloppement qu'il s'agit sans exception d'une relation causale. Il ne suffit pas de dire que, dans le cas d'une relation causale, il y a enveloppement de concepts.
Miam a écrit :Il s'agit certes d'une cause transitive mais d'une cause quand-même :
enveloppement - cause transitive / expresion - cause immanente (et constitution).
Et l'on comprend fort aisément que la nature de mon Corps et du corps extérieur soient les causes transitives de l'idée de l'affection.
en ce qui me concerne, vous pouvez laisser tomber ce 'aisément' ... . Spinoza ne parle pas de 'causes transitives', pour autant que je sache. Serait-il donc possible d'expliquer ce que vous voulez dire par là?
En tout cas, les relations entre l'enveloppement et l'expression me semblent assez complexe. Parfois Spinoza utilise les deux (la même E1P8: "la vraie définition de chaque chose n'enveloppe et n'exprime rien d'autre que la nature de la chose définie"), mais s'il utilise deux termes qui veulent dire exactement la même chose, pourquoi les utiliser tous les deux? Puis il y a plein d'endroit où il ne les associe pas. Ma conclusion: la relation entre l'enveloppement et l'expression reste à étudier. Idem pour la constitution et l'enveloppement.
Donc: à nouveau, ici vous allez beaucoup trop vite pour moi (c'est fort bien que vous ne voulez pas être sexiste, mais n'oubliez tout de même pas que la femme appartient au sexe faible ...
).
Miam a écrit :
Ensuite vous confondez affection et nature mais peu importe.
si ce serait le cas, cela m'importe beaucoup! Si vous trouvez quelque part encore le temps de me montrer où et comment je les confonds, je ne pourrais que vous être très reconnaissante ...
Miam a écrit :
Je dis que parler de la "nature" d'une chose, c'est parler de son essence en tant qu'on la définit par une idée claire et distincte, c a d par les idées des effets de cette essence, c a d par ses propriétés. Référence à Descartes que vous défendez sans le connaître. La nature d'une chose est donc une idée. Spinoza distingue essence et nature, come je l'affirme depuis fort longtemps contre Bardamu.
bon, là, votre vitesse commence à être celle d'un TGV
Je sais bien que je ne viens d'arriver dans ce forum, et que donc je n'ai pas de connaissance du tout des messages qui précèdent mon apparition. Si vous n'avez pas envie de 'recommencer' votre histoire, je peux très bien le comprendre.
Enfin, vous commencez à le sentir, je suppose: autant que j'apprécie le contenu de ce que vous écrivez, autant (enfin, parfois) j'ai quelques difficultés avec votre style ...
Mais bon, le style de quelqu'un, ne fait-il pas son charme?
En tout cas, j'essayerai de me concentrer sur le contenu: la nature, ce serait donc l'essence conçue sous l'attribut de la Pensée? C'est une idée intéressante! Risque: à nouveau 'idéalisation' de Spinoza. Car si pe la définition vraie enveloppe la nature de la chose, cela voudrait dire que la définition enveloppe l'idée de la chose. Mais alors tout change. Idem en ce qui concerne l'imagination: l'idée d'un corps extérieur X qui m'affecte, envelopperait l'idée de ce corps X aussi bien que l'idée de mon propre Corps. Mais l'idée de mon Corps, c'est mon Esprit. Quand j'imagine, j'aurais donc des idées qui enveloppent mon Esprit. Vous seriez d'accord avec ça?
Question: où trouvez-vous qu'on peut identifier 'idée claire et distincte d'une essence' et 'idée des effets de cette essence'? Et où trouver vous l'identification 'effets des essences' - 'propriétés des essences'?
Miam a écrit :18)
"L'idée a comme objet l'affection de mon Corps, et enveloppe la NATURE du Corps humain aussi bien que celle du corps extérieur. Il ne dit pas que cette idée enveloppe l'IDEE du Corps humain et l'IDEE du corps extérieur."
Il y a bien une idée du Corps et une idée du corps extérieur puisque le Mental perçoit ces deux (l'enveloppement est donc bien celle d'idées). Alors : - soit vous supposez que l'idée de l'affection se divise en deux idées. - soit comme moi vous tenez l'idée de l'affection pour la synthèse de l'idée du corps et de l'idée du corps extérieur.
Oui, il y a une idée du Corps et une idée du corps extérieur, mais je n'ai pas encore rencontré un endroit où Spinoza dit que ces deux ont une relation d'enveloppement. Comme souvent, je ne me retrouve donc pas dans le choix que vous me laissez. Pourquoi l'idée de l'affection se diviserait-elle en deux idées? Spinoza ne dit jamais ça. Et pourquoi une idée d'une affectio serait-elle la synthèse de deux idées? Il ne dit jamais cela non plus. Certes, ça peut être une intérprétation intéressante. Mais alors je crains qu'il va falloir expliciter ce que vous voulez dire par synthèse, et quelles propositions vous expliquer en introduisant ce concept.
Miam a écrit :19)
"Il me semble que ce n'est pas si simple que ça. 'Repraesentari', encore une fois, c'est SE représenter (même s'il utilise parfois quand même 'repraesentare'). Dans le l'E2P40 scolie 2 ce ne sont pas les sens qui représentent, mais les singuliers qui se représentent à nous par le moyen des sens."
Dans II 40s2, il s'agit bien des "notions générales" c a d d'idées, "qui tiennent leur origine 1° des objets singuliers qui nous sont représentés par les sens"
Cela me paraît fort clair : ce sont des idées qui affirment les objets représentés par les sens. II 40s2 se rapporte à II 29 coroll. qui distingue l'ordre des affections, c a d des images ou représentations par les sens, de l'ordre de l'entendement.
Et mes yeux, que sont ils devenus ?
Les yeux sont les instruments, pour moi.
Mais pour le reste ... les notions générales sont pour vous des idées qui affirment les objets 'représentés' par les sens ... alors là, je ne vous suis plus du tout. Il existerait donc quand même des idées qui ont avec leurs objets une relation de représentation, chez Spinoza ??? Spinoza garderait la notion de représentation pour qualifier la relation entre l'idée et son objet, voire entre l'idée et un corps extérieur / chose ... ????
Miam a écrit :
20)
"Dans ce sens, il me semble très risqué d'identifier chez Spinoza 'image' et 'représentation'. Cela est tout à fait valide pour Descartes, mais j'ai l'impression que chez Spinoza, cela ne vaut plus du tout."
C'est très exactement l'inverse. Descartes ne se lasse pas de distinguer les images et les idées qui sont "comme des images" selon la doctrine augustinienne des idées sans images. TAndis que Spinoza les identifie au niveau des seuls sens et expulse la représentation de l'idée. Mais il est vrai que vous ne conaissez pas Descartes...
Non, je n'ai pas lu Descartes, donc je me base pour l'instant encore sur ses commentateurs. Et donc je ne connais pas Descartes. Et donc je ne comprends rien de ce que vous écrivez ici ... . Si vous voulez donc dire quelque chose sur Descartes, et SI vous voulez que je comprenne, je crains qu'il va falloir bien expliciter ce que vous voulez dire. Un 'oneliner' ne fera hélas pas l'affaire ... (si cette expression existe en français).
N'ayant lu que Spinoza, je sais juste qu'il n'utilise jamais dans l'Ethique la notion de 'représentation'. Donc: à mon avis Spinoza n'identifie pas 'image' et 'représentation'. Oui, je sais bien que Descartes a voulu se distancier de l'idée que l'idée ne serait que représentative, mais à vous de m'expliquer, si cela vous intéresse, en tant que lecteur de Descartes, ce que cela veut dire exactement. Je ne connais pas la 'doctrine augustinienne' des idées et images.
Je ne peux donc que vous dire que Spinoza ne parle de 'représentations' que dans le TTP, et que cela ne concerne que les visions qu'ont les prophètes. A mon avis, cela a peu à voir avec ce que Descartes ou même St.Augustin entendaient par 'représentation'. Spinoza trouverait-il que les sens sont trompeurs? Non. Les images ne contiennent pas d'erreur, pour lui.
Miam a écrit :21)
"Ah, cela m'étonne. Pourquoi Spinoza parlerait-il tantôt d'un corps (voire les lemma's de l'E2), tantôt de corps extérieur, si la différence était négligeable? Les corps qui composent mon corps, ce sont quand même des corps qui m'appartiennent, aussi longtemps qu'ils me composent, contrairement aux corps extérieurs ?"
Le corps extérieur n'est pas etérieur au Corps entendu comme un morceau de matière mais en tant qu'on le considère dans son essence actuelle comme rapport interne. Donc si un corps "intérieur" ne se compose pas de façon à former l'individu qualifié par ce rapport interne, il demeure extérieur : autant qu'un chewing gum ou un caillou que vous chiez dans le même étatr que vous l'avez avalé. Est-ce assez explicite ?
l'exemple est vraiment émouvant ... je vois que la tendance scatologique dans l'art contemporain a des racines profondes dans la métaphysique implicite de l'homme de la rue ...
Mais, soyons sérieux: j'ai un problème avec votre identification de rapport - essence. Pour l'instant, je croyais que le 2e genre de connaissance s'occupait des rapports, tandis que le 3e s'occupait des essences. Vous ne seriez donc pas d'accord?
Puis: un caillou avalé demeure-t-il un 'corps extérieur'? Je ne vois pas pourquoi. Tout corps extérieur qui compose à un certain moment notre Corps à nous, nous quittera tôt ou tard. Cela n'empêche que aussi longtemps qu'il est 'dedans', il effectue notre rapport à nous, et donc nous appartient. Je dirais donc: aussi longtemps que le caillou fait paisiblement son chemin entre ma bouche et la sortie, il compose notre Corps.
Mais en fait, l'exemple n'a rien à voir avec ce que je voulais dire. Je voulais dire qu'à mon avis, il est important de respecter la différence entre 'corps extérieur' - Corps humain chez Spinoza. Eventuellement, je veux bien accepter que le caillou ne s'intègre pas autant dans notre Corps que les parties de la protéine que je mange, mais cela ne me semble qu'une question de degré. L'essentiel, c'est que ce qui rentre dedans, n'est plus extérieur. Oui, quand on parle de l'Etendue, tout reste extérieur à tout, dans un certain sens, mais si Spinoza dit dans le lemme IV de l'E2 que "ce qui constitue la forme d'un Individu consiste en une union entre corps", il me semble que la distinction entre les corps qui me composent à un moment t, et les corps extérieurs, soit pertinente. S'il dit dans le premier postulat de l'E2 que le Corps humain est composé d'un très grand nombre d'individus composé, et s'il parle dans les postulats V et VI de 'corps extérieurs', il me semble clair que les corps qui composent mon Corps sont à distinguer des corps qui ne composent pas mon Corps, mais sont extérieurs à mon Corps, non?
En tout cas, l'essence de mon Corps doit enveloppe le concept de l'attribut auquel il appartient, c'est-à-dire le concept de l'Etendue. Il appartient donc à l'essence de mon Corps d'être composé d'une infinité de corps, corps qui entrent et quittent sans cesse mon Corps, mais qui sont 'mes corps' aussi longtemps qu'ils sont entrés (indépendamment de la mesure dans laquelle ils s'intègrent dans mon Corps), et qui deviennent 'extérieur' dès qu'il quittent mon Corps, non? Sinon, quel sens y aurait-il de parler de corps extérieur et Corps?
Miam a écrit :22)
"Pire encore .. je ne comprends rien du tout de ce que vous écrivez ici ... . Désolée! Être un mode fini n'est pas toujours très gai ... . "
Je viens de vous l'expliquer encore une fois juste ci-dessus.
Je propose de laisser tomber de tels commentaires dans le futur. Si vous ne reprenez pas le contexte dans lequel j'ai dit ceci, je ne sais pas du tout à quoi vous référez quand vous dites que vous avez déjà répondu à la question. Et je ne peux donc pas du tout vous dire dans quelle mesure cette réponse était vraiment une réponse à ma question, ou dans quelle mesure vous avez juste mal compris la question. Cela ne peut que vous donnez le sentiment que vous répétez tout le temps, tandis qu'entre-temps, je ne sais même pas de quoi vous parlez ...
Miam a écrit :23)
"il est clair que j'aborde cette pomme (cette chose) dans son être objectif, c'est-à-dire dans sa capacité d'être pris comme objet d'une idée (la mienne, en l'occurence). Mais la pomme en tant que essence est aussi exprimée par l'idée qu'elle EST. C'est être objectif est une autre façon d'être objet d'une idée que celle où il a à voir avec le fait que la pomme a affecté mon Corps à moi"
J'ai déjà expliqué cela maintes fois et un peu plus haut lorsque j'ai dit que les êtres objectifs étaient l'application de l'attribut pensée sur les autres attributs.
Idem. Vous n'expliquez rien en disant que vous avez déjà répondu à la question.
Miam a écrit :24)
"quand l'Esprit imagine, il se représente un CORPS EXTERIEUR comme étant présent à son propre Corps. Ce corps n'est pas du tout l'objet de l'idée. Il participe à cet objet que dans la mesure où sa nature est également enveloppé par l'idée. Il est tout à fait possible que l'Esprit a une idée d'un corps extérieur non existant et qu'il sait que ce corps n'existe pas. Son objet, ce sera alors une affection qui le fait prendre connaissance aussi bien de la nature de ce corps extérieur que de son non existence. Dans ce cas, l'Esprit affirme comme toujours la présence de son objet, mais il n'affirme pas du tout l'existence de ce corps extérieur dont la nature fait partie de son objet. A nouveau, ici, à mon avis, vous prenez l'objet dans le sens cartésien, où l'objet est censé être le corps extérieur lui-même. Mais cela n'est plus du tout le cas chez Spinoza."
Relisez. Je parlais du corps extérieur IMAGINAIRE, pas de celui dont l'idée de l'affection envelope la nature.
mais ... chez Spinoza, si l'Esprit imagine, c'est que précisément, l'idée enveloppe la nature du corps extérieur autant que celle du Corps ... !
(puis: si vous voulez que je vous relise, il vaut mieux vous citer vous-même également ... mais n'attendez pas de miracles de ça .. la chance que je vais interpréter Spinoza comme vous le faites juste en lisant votre interprétation deux fois est assez minime ...)
Miam a écrit : Et je ne voulais rien dire de plus que ce que j'ai déjà dit plus haut : à savoir que ce corps imaginaire et mon Corps imaginaire sont aussi les objets de l'idée de l'affection qui envelope les natures du Corps et du corps extérieur "réels". En effet les idées de ces corps imaginaire (je l'ai déjà dit)
oui .. je sais bien qu'il y a des théories (surtout anglosaxonnes) qui disent qu'à force de répéter certaines choses, on finit par les considérer comme étant évident, mais en tant qu'argument philosophique, cela ne me semble pas avoir beaucoup de poids ...
puis: il me semble que vous accordez au terme 'imaginaire' une autre signification que Spinoza. Chez Spinoza, cela veut juste dire que l'Esprit se représente ce corps extérieur comme étant présent/existant en acte. Ce ne sont pas les corps qui sont imaginaires (là vous retombez dans le sens courant du terme), mais les idées que nous avons des corps extérieurs quand nous ne sommes que dans le 1e genre de connaissance. Et ce ne sont pas les corps qui sont les objets d'idées, mais les affections. L'idée enveloppe la nature des corps, mais cela me semble autre chose que de dire que l'idée envelopperait les corps. Je ne peux que vous répéter qu'ici, à mon avis, vous confondez 'chose' ou 'corps extérieur', et 'Corps', ou éventuellement, 'corps'.
Miam a écrit : sont les effets de l'idée de l'affection en tant qu'affect de mon Mental.
cela ne me semble pas spinoziste. Pourriez-vous indiquer un endroit où Spinoza combine ces termes comme vous venez de le faire?
Miam a écrit :Celui-ci doit donc avoir et être ces idées, c a d que son essence en sera constituée. Je n'ai jamais dit que les natures du Corps et du corps "réels" étaient les objets de l'idée de l'affection mais que les natures ou idées de ces corps étaient les causes de l'idée de l'affection et que, par suite, celle-ci est la synthèse de ces deux idées : l'idée du Corps et du corps extérieur "réels". Je ne peux avoir d'idée de mon Corps sans rencontre avec un corps extérieur.
Où est-ce que Spinoza dirait cela? A mon avis, il dit seulement que je ne peux avoir d'idée de mon Corps sans avoir une idée des affections de mon Corps. Mais cela ne nous oblige pas du tout à croire que ce ne seraient que des corps extérieurs qui pourraient affecter notre Corps. Vous basez-vous sur une quelconque proposition pour supposer cela, ou est-ce juste une hypothèse à vous?
Miam a écrit : J'ai donc l'idée de la relation (l'affection) entre ces corps et l'idée confuse de ces corps en relation en une fois parce qu'ils sont pris dans un rapport de production (cause transitive seulement, donc enveloppement) où l'idée du Corps et l'idée du corps "réels" ont comme effet l'idée de l'affection. Et tout rapport de cause à effet est synthétique. Par conséquent : l'idée de l'affection, l'idée confuse de mon Corps et l'idée confuse du corps extérieur sont la même idée. Il en va des idées comme de toute essence : ce ne sont pas des entités subsistantes et simples mais des êtres dynamiques et composés synthétiquement. Mais bien sûr ce n'est pas facile de faire entendre cela après 2500 ans de platonisme et 1600 ans de christianisme augustinien.
Ben .. disons que ce n'est surtout pas facile à comprendre vu que Spinoza lui-même n'utilise jamais les notions de synthétique, d'entités subsistantes, d'êtres dynamiques, et d'êtres composés synthétiquement, et que vous n'explicitez pas du tout ce que vous comprenez par là, et comment vous liez ces concepts à Spinoza. Je peux très bien m'imaginer qu'éventuellement, ces notions nous aideraient beaucoup à comprendre Spinoza, mais sans lien explicite avec sa pensée, je ne pourrais jamais dire si pour moi, c'est le cas ou non ... .
Donc: si vous voulez faire entendre votre interprétation personnelle de Spinoza après une 50aine de messages sans l'expliciter systématiquement, et si vous croyez que le problème se situe d'office dans l'idée que votre interlocuteur serait beaucoup plus 'déterminé' par une certaine tradition philosophique que vous-même, bon, on se trouve un peu dans une impasse, je crains. Pourquoi pas simplement faire le pari que ce qu'écrit votre interlocuteur, réflète sa façon personnelle de lire Spinoza, qui par définition est différente de la vôtre, et qui donc demandera certaines efforts de compréhension, puis d'explicitation avant qu'on puisse se comprendre mutuellement ... ??? Qu'est-ce qui vous fait croire que, vu que nous sommes ici en Occident tous nés dans une certaine tradition philosophique, ce ne serait que vous qui avez pu vous libérer de cette tradition, tandis qu'il faudrait interpréter d'office tout ce qu'écrit l'autre en tant que réflet de cette tradition? A mon avis, cela ne peut que prêter à confusion. Ce qui est dommage dans un cadre spinoziste, où l'on n'aime pas trop la confusion ...
. En plus, ces hypothèses sur la personne de l'autre obligent quasiment à rendre la discussion assez 'personnelle', dans le sens où il faut commencer à parler des opinions et intentions très subjectives de chacun, choses qui n'ont à mon avis peu à voir avec le sujet, et qui ne peuvent donc qu'alourdir la discussion sur l'essentiel: la pensée de Spinoza. Cela invite l'interlocuteur tout le temps à répondre non pas sur base de sa lecture du texte lui-même, mais d'aborder ses 'intentions' et préférences/affects personnels. Et quelle tradition a ajouté la notion d'intention individuelle à l'appréciation de tout acte, sinon justement la chrétienne ... ? Mais, vous le voyez, je me suis déjà laissée séduire à vous renvoyer le même genre d'arguments que ceux avec lesquels vous m''attaquez' (autrement dit: que ceux que vous utilisez comme prétexte pour hélas remettre à plus tard d'essayer de comprendre ce que je veux dire). Ce qui est dommage, dans le sens où je ne crois pas que cela va nous aider beaucoup dans notre compréhension de Spinoza.
Ce qui n'empêche, évidemment, que mise à part cette 'Grundstimmung' assez négative dans vos message (dans ma perception), j'apprécie beaucoup vos contributions.
Donc: au plaisir de vous lire,
Louisa
PS: je sais bien que je n'ai pas encore répondu à votre avant dernier message. Vu que mes capacités de lecture ne sont pas infinies: ce que je proposerais, c'est que ou bien on attend de répondre à un message jusqu'à l'autre a pu lire tout, ou bien on décide de continuer la discussion sur base des messages les plus récentes. Les deux façons de travailler me semblent intéressantes, mais mélanger les deux, comme on le fait un peu maintenant, ne m'attire pas trop. Cela va vous donner tout le temps l'impression que vos écrits ne rencontrent pas vraiment des 'oreilles attentives', comme vous l'écrivez, tandis que je n'ai tout simplement pas encore lu tout ce que vous avez écrit. Et donc cela ne peut qu'ajouter aux malentendus. A vous donc de me dire ce que vous préférez: ou bien vous (idem en ce qui me concerne) attendez de répondre à mes deux messages d'aujourd'hui jusqu'à ce que j'ai lu et répondu à l'avant-dernier, ou bien on décide de continuer sur base des messages qu'on envoie directement, sans laisser le temps à l'autre de répondre vraiment à tout. Troisième possibilité: aucun de ces deux choix ne vous convienne. A vous alors de me dire ce que vous préférez.