.L'homme est un mode parmi les autres, mû par le désir d'augmenter sa puissance. Cela veut dire qu'au début de sa vie, sa puissance n'est pas encore très grande.
......et à la fin non plus
Louisa a écrit :PS à Serge: si pour toi le spinozisme pourrait tout de même être "la seule vraie philosophie", que fais-tu des philosophies du XVIIIe siècle jusqu'à présent?
hokousai a écrit :Cher Serge
Evidemment que nous percevons des corps en acte . L’idée de corps est intuitive . Spinoza dit seulement que la connaissance intuitive en est confuses .( imagination )
hokousai a écrit :Ce que fait le bouddhisme ( par exemple, mais j’ y tiens ) est tout à fait le contraire . A partir d’une intuition des corps comme existants relativement limités et stables il passe à une connaissance qu’ii prétend supérieure celle de la vacuité .
La thèse de la vacuité de tombe pas du ciel elle est ancrée tout autant que la thèse de Spinoza dans une connaissance confuse des corps.
Serge a écrit :Pour moi, il n'y a qu'une Philosophie (mais qui n'existe vraiment qu'en tant que vécue, et là elle est potentiellement remise en cause en permanence, mais pas dans l'absolu.) Je pense que tout avait déjà été dit bien avant Spinoza, par exemple dans le platonisme, le stoïcisme, l'aristotélisme (pour le raisonnement), le bouddhisme. Mais la Philosophie doit renaître en permanence dans les faits, comme dit. Et alors là, pour Spinoza, chapeau ! "Lumières radicales", le mot n'est pas trop fort... Et avec un pourcentage de pertinence essentielle qui me semble exceptionnel, et ce dans un corpus finalement assez réduit.
Il y a entre tout cela une trame persistante (la "Tradition"), mais certains points qui peuvent être plus ou moins pertinents et pérennes à la marge.
(...)
Comme déjà dit, ce qui m'intéresse essentiellement, c'est la Philosophie morale (et tout ce qui la soutient, comme par exemple la perception claire de Dieu - la substance unique - la Nature.)
Serge a écrit :Je ne la distingue donc pas de la Psychologie des profondeurs, qui EST une science
Serge a écrit :introspective (qui n'est pas sans risque d'erreur ; comme la Physique d'ailleurs, qui est très loin dans sa réalité d'ensemble d'avoir le pouvoir de conviction totalement contraignant de la Mathématique, et est bien plus "molle" en réalité qu'on ne le dit - a fortiori la Chimie, essentiellement expérimentale.)
Louisa a écrit :... je suis très étonnée de lire que pour toi, tout est toujours déjà dit, tout est toujours déjà connu ...
Louisa a écrit :... il me semble que tu transfères cette certitude/stabilité quasi absolue ("quasi", car finalement Houzel admet que nous ne savons toujours pas ce que c'est qu'un nombre) à un tout autre domaine, qui est celui de la philosophie. Disons encore que la philosophie est en réalité de la Psychologie (ce avec quoi je ne suis pas vraiment d'accord (understatement)), science de l'âme.
Louisa a écrit :... ou bien la psychologie est une science expérimentale comme une autre, et dans ce cas le fait même qu'on y manque de la stabilité et de la certitude le rend impossible de la concevoir comme une discipline où "tout a déjà été dit" (en physique les paradigmes se succèdent, les "révolutions" se produisent régulièrement, changeant de fond en comble ce qui y est dit). ...
Louisa a écrit:
... je suis très étonnée de lire que pour toi, tout est toujours déjà dit, tout est toujours déjà connu ...
Serge:
Non. Je dis simplement que tout avait été écrit bien avant Spinoza, c'est juste un constat, pas que tout était écrit à l'instant (voire avant) où le mutant proto-homo sapiens sapiens a vu le jour...
Serge a écrit : Mais ceci sous quelques conditions ; par exemple : 1) Tout n'avait pas été dit par le même (quoique le stoïcisme en dit beaucoup.)
Serge a écrit :2) Ceci est plus une vue de l'esprit qu'une réalité, en fait, car la seule réalité c'est ce que vit chaque individu en l'instant, d'où un renouvèlement permanent de la Philosophie réelle. Et évidemment, en totale conformité avec Spinoza
Serge a écrit :: 3) Que les lois qu'il s'agit de voir clairement, autant que possible, sont les mêmes pour tous les homo sapiens et éternelles (mais leur action réelle a dû changer, comme changeait l'environnement, en particulier la concentration humaine et sa complexification hiérarchique. Comme je l'ai dit quelque part, celui qui prétendait courir plus vite que le tigre à dent de sabre n'ennuyait pas son monde longtemps ; tandis qu'aujourd'hui...)
Prigogine a écrit :La prise en compte de ces concepts mène à une nouvelle formulation des lois de la nature, une formulation qui, comme je l'ai déjà mentionné, n'est plus assise sur des certitudes, comme les lois déterministes, mais s'avance sur des possibilités. De plus, cette formulation probabiliste détruit la symétrie temporelle et permet donc au caractère évolutif de l'univers de s'exprimer dans la structure des lois fondamentales de la physique.
Louisa:
... il me semble que tu transfères cette certitude/stabilité quasi absolue ("quasi", car finalement Houzel admet que nous ne savons toujours pas ce que c'est qu'un nombre) à un tout autre domaine, qui est celui de la philosophie. Disons encore que la philosophie est en réalité de la Psychologie (ce avec quoi je ne suis pas vraiment d'accord (understatement)), science de l'âme.
Serge:
Non. J'ai dit que la Mathématique n'est pas une science mais une propriété de l'esprit humain (qui se trouve partiellement en corrélation, cependant, avec les lois de la Nature) et que la Psychologie des profondeurs est, elle, une science (soumise à quelque incertitude, donc, au même titre que la Physique.)
Serge a écrit : Mais les démonstrations de Spinoza sont de la Mathématique, comme il en est en Physique.
Serge a écrit :L'alpha et l'omega sont néanmoins d'un autre ordre : la science intuitive. "En amont" les notions communes, "en aval" la connaissance du troisième genre (des lois en actions dans les choses particulières.) En outre la quantification numérique (arithmétique) n'a pas grand sens en Psychologie des profondeurs.
Louisa:
... ou bien la psychologie est une science expérimentale comme une autre, et dans ce cas le fait même qu'on y manque de la stabilité et de la certitude le rend impossible de la concevoir comme une discipline où "tout a déjà été dit" (en physique les paradigmes se succèdent, les "révolutions" se produisent régulièrement, changeant de fond en comble ce qui y est dit). ...
Serge:
Oui d'accord. Pour moi c'est juste une nuance. Comme je l'ai dit au début, c'est un simple constat, pas une affirmation d'une connaissance éternelle et qui ne peut progresser (mais je ne vois pas beaucoup de progrès encore à faire vis-à-vis des écrits ; dans les faits c'est tout autre chose et ce pour chacun à chaque instant.)
Serge a écrit : La seule chose éternelle - outre les attributs, le mouvement, la modalité, ... - ce sont les lois, comme en Physique. En passant, la Mathématique aussi progresse, quoique contraignante (librement contraignante : un bel exemple de la liberté dans la détermination) et à mon avis les hommes du Néolithique avaient une meilleure connaissance de la Physique (intuitive) que de la Mathématique... En fait la seule chose intuitive immédiate ce sont les lois de base de la Logique ; le reste est développement de ces lois, sur la base de prémisses non démontrables.
Serge a écrit :La démarche de Spinoza est typiquement scientifique. Ce qu'il y a à mettre au clair, ce sont les lois éternelles de la Nature. Et d'avoir jusqu'à aujourd'hui été la science de l'Esprit n'est pas la moindre lettre de noblesse de la Philosophie...
Hokousai a écrit :Vous ne pouvez pas établir de liens entre les vérités éternelles et les vérités transitoires .On a donc deux mondes hétérogènes.
Car la question de l’existence qui se pose pour des choses qui peuvent exister ou ne pas exister , pour les vérités éternelles la question de leur existence est un non sens .
Pour quelles choses la question se pose-t elle ?La question de savoir le comment, la cause et le sens de l’existence de ces choses.
Les vérités éternelles en sont exclues .
Il faut admettre que les deux mondes sont hétérogènes et ne relèvent pas des mêmes questions (et savoir quelles questions vous vous poseriez sur les vérités éternelles ) .
Il fait alors savoir si le monde des vérités transitoires intéresse encore la philosophie ou pas .
Louisa a écrit :... ce qui pour moi est essentiel dans ce que tu dis, c'est que néanmoins en une vingtaine-trentaine de siècles l'homme aurait été capable de découvrir l'essentiel sur le monde, et cela même sans aucune réelle science expérimentale (qui n'existe que depuis quelques siècles)...
Louisa a écrit :Mais voici que Prigogine a démontré qu'il est bien possible qu'en réalité, en dehors de NOS vues d'esprit, il n'y a PAS de lois éternelles. ... Bien sûr, son hypothèse n'est pas encore tout à fait prouvé, mais cela n'empêche qu'il a reçu le prix Nobel de chimie précisément parce que ses premières expériences sont TRES prometteur. Ce n'est donc pas un hasard s'il a intitulé un de ces livres La fin des certitudes.
Louisa a écrit :dans ce cas, qu'appelles-tu une science?
Louisa a écrit :Il ne suffit pas de démontrer quelque chose "selon l'ordre géométrique" pour déjà faire de la mathématique ... . Il faut aussi que les objets dont traite la démonstration ont tous les caractères d'objets mathématiques. Ce n'est pas du tout le cas dans l'Ethique ...
Louisa a écrit :... j'avoue que j'ai l'impression que tu rabats le troisième genre de connaissance sur le deuxième. ...
Spinoza, Ethique, traduit par E. Saisset, a écrit :E2P25 : L’idée d’une affection quelconque du corps humain n’enveloppe pas la connaissance adéquate du corps extérieur.
E2P26 : L’âme humaine ne perçoit aucun corps comme existant en acte, que par les idées des affections de son corps.
E2P29S : Je dis expressément que l’âme humaine n’a point une connaissance adéquate d’elle-même, ni de son corps, ni des corps extérieurs, mais seulement une connaissance confuse, toutes les fois qu’elle perçoit les choses dans l’ordre commun de la nature ; par où j’entends, toutes les fois qu’elle est déterminée extérieurement par le cours fortuit des choses à apercevoir ceci ou cela, et non pas toutes les fois qu’elle est déterminée intérieurement, c’est-à-dire par l’intuition simultanée de plusieurs choses, à comprendre leurs convenances, leurs différences et leurs oppositions ; car chaque fois qu’elle est ainsi disposée intérieurement de telle et telle façon, elle aperçoit les choses clairement et distinctement, comme je le montrerai tout à l’heure.
E2P37 : Ce qui est commun à toutes choses (voir le Lemme ci-dessus), ce qui est également dans le tout et dans la partie, ne constitue l’essence d’aucune chose particulière.
E2P38 : Ce qui est commun à toutes choses et se trouve également dans le tout et dans la partie, ne se peut concevoir que d’une façon adéquate.
Corollaire : Il suit de là qu’il y a un certain nombre d’idées ou notions communes à tous les hommes. Car (par le Lemme 2) tous les corps se ressemblent en certaines choses, lesquelles (par la Propos. précéd.) doivent être aperçues par tous d’une façon adéquate, c’est-à-dire claire et distincte.
E2P40S2 : Outre ces deux genres de connaissances, on verra par ce qui suit qu’il en existe un troisième, que j’appellerai science intuitive. Celui-ci va de l’idée adéquate de l’essence formelle de certains attributs de Dieu à la connaissance adéquate de l’essence des choses. J’expliquerai cela par un seul exemple. … Soit, par exemple, les trois nombres en question, 1, 2, 3 : il n’y a personne qui ne voie que le quatrième nombre de cette proportion est 6, et cette démonstration est d’une clarté supérieure à toute autre, parce que nous concluons le quatrième terme du rapport qu’une seule intuition nous a montré entre le premier et le second.
E2P46Dm : … ce qui donne la connaissance de l’infinie et éternelle essence de Dieu est commun à toutes choses, et se trouve également dans la partie et dans le tout : d’où il suit (par la Propos. 38, partie 2) que cette connaissance est adéquate. C. Q. F. D.
E2P47S : Nous voyons par là que l’essence infinie de Dieu et son éternité sont choses connues de tous les hommes. Or, comme toutes choses sont en Dieu et se conçoivent par Dieu, il s’ensuit que nous pouvons de cette connaissance en déduire beaucoup d’autres qui sont adéquates de leur nature, et former ainsi ce troisième genre de connaissance dont nous avons parlé (dans le Schol. 2 de la Propos. 40, partie 2), et dont vous aurons à montrer dans la partie cinquième la supériorité et l’utilité. Mais comme tous les hommes n’ont pas une connaissance également claire de Dieu et des notions communes, il arrive qu’ils ne peuvent imaginer Dieu comme ils font les corps, et qu’ils ont uni le nom de Dieu aux images des choses que leurs yeux ont coutume de voir, et c’est là une chose que les hommes ne peuvent guère éviter, parce qu’ils sont continuellement affectés par les corps extérieurs.
E5P12Dm : Les objets que nous concevons clairement et distinctement, ce sont les propriétés générales des choses, ou ce qui se déduit de ces propriétés.
Traduction Pautrat : Les choses que nous comprenons clairement et distinctement, ou bien sont des propriétés communes des choses, ou bien se déduisent d’elles…
E5P23S : Les yeux de l’âme, ces yeux qui lui font voir et observer les choses, ce sont les démonstrations.
E5P23Dm : … les idées qui sont en nous claires et distinctes ou qui se rapportent à la connaissance du troisième genre (voy. le Schol. 2 de la propos. 40, part. 2) ne peuvent résulter des idées mutilées et confuses, lesquelles (par le même Schol.) se rapportent à la connaissance du premier genre, mais bien des idées adéquates, c’est-à-dire (par le même Schol.) de la connaissance du second et du troisième genre. Ainsi donc (par la Déf. 1 des passions) le désir de connaître les choses d’une connaissance du troisième genre ne peut naître de la connaissance du premier genre, mais il peut naître de celle du second. C. Q. F. D.
E5P36CS : … et j’ai pensé qu’il était à propos de faire ici cette remarque, afin de montrer par cet exemple combien la connaissance des choses particulières, que j’ai appelée intuitive ou du troisième genre (voyez le Schol. 2 de la Propos. 40, part. 2), est préférable et supérieure à la connaissance des choses universelles que j’ai appeler du second genre ; car, bien que j’aie montré dans la première partie d’une manière générale que toutes choses (et par conséquent aussi l’âme humaine) dépendent de Dieu dans leur essence et dans leur existence, cette démonstration, si solide et si parfaitement certaine qu’elle soit, frappe cependant notre âme beaucoup moins qu’une preuve tirée de l’essence de chaque chose particulière et aboutissant pour chacune en particulier à la même conclusion.
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