Nepart a écrit :N'est il pas préferable de vouloir comprendre de façon independante de la pratique des autres?
Se servir de la connaissance que l'on a davantage envie de comprendre le monde que les autres, comme source de joie, me parait en contradiction avec ce que tu dit par la suite avec le déterminisme.
Je pense que le plaisir de comprendre est suffisant.
Bonjour Nepart!
tu as bien sûr tout à fait raison.
Or ici, si je ne m'abuse, la question n'était pas exactement celle que tu avais toi-même aussi formulé dans le fil "fierté". Je reviens là-dessus bientôt, mais en attendant, juste ceci.
Spinoza_Powa était complimenté par quelqu'un ici, qui disait qu'il devrait avoir une "intelligence hors du commun". J'ai retraduit ce terme d'intelligence par "désir de comprendre" (dans le spinozisme, les deux sont équivalents), et je voulais simplement souligner le fait que comprendre que ce désir est plus grand chez soi-même que chez certains autres, c'est une compréhension d'une réalité, d'un fait. C'est donc une "idée adéquate". Or toute idée adéquate, indépendamment de ce dont il s'agit, comme "contenu" de l'idée, est pour Spinoza une Joie. Ainsi est-il notamment possible de ressentir une Joie quand on comprend qu'heureusement, on a plus envie de comprendre les choses et le monde que telle ou telle personne, puisque cela, c'est une compréhension comme une autre, donc une expérience Joyeuse.
Ta question, en revanche, était plutôt de savoir si l'on avait BESOIN d'une comparaison avec la puissance ou le désir des autres pour pouvoir sentir une Joie quand on se contemple soi-même. Là-dessus Spinoza me semble être très clair: non, pas du tout! Pour "contempler" sa propre puissance de penser, il suffit d'avoir une idée adéquate, donc de comprendre quelque chose. Car on ne peut pas comprendre quelque chose, et avoir conscience du fait que c'est bien NOUS qui comprenons. Pour Spinoza, comprendre en tant que tel donne déjà inévitablement lieu à une Joie, une Satisfaction de soi-même. Il n'est nullement besoin de comparer sa puissance avec celles d'autres pour comprendre quelque chose, donc pour être satisfait de soi-même.
La différence réside donc moins dans CE QUE nous comprenons, mais dans le statut que tu donnais à ce qui est compris:
- dans le contexte de la question soulevée par Spinoza_Powa, ce qu'il comprend c'est que son désir de comprendre est plus grand que celui de certains autres. Cette compréhension est, comme toute compréhension, une Joie. Aussi longtemps qu'on ne croit pas que nous sommes nous-mêmes la cause ultime de ce désir de comprendre, il n'y a rien de mal là-dedans, au contraire.
- dans le contexte de la question soulevée par toi-même dans le fil "fierté", ce que tu comprends est que ta puissance de penser est plus grande que celle de certains autres (ce qui reste correcte, bien sûr), mais tu y AJOUTES l'idée que SANS l'existence de ces autres moins puissants que toi, tu serais moins joyeux, moins satisfaits de toi-même. Cette deuxième idée, que tu ajoutes à la première (et qui était absente dans le contexte de Spinoza_Powa) est bel et bien inadéquate. Tu donnes ainsi à 'idée de comparer ta puissance avec celle des autres, le statut d'une condition nécessaire de toute Satisfaction de soi-même, ce qui du point de vue spinoziste est une erreur. J'essayerai d'expliquer pourquoi dans le fil "fierté", à l'occasion de la question que tu viens d'y poser.
A bientôt!
L.