Bonjour Spinoza-Powa
Je ne répondrai pas à ta question initiale, Louisa y a déjà largement pourvu.
Non, juste là où la question dérive un peu :
Spinoza_Powa a écrit:
Je ne vois absolument pas comment un philosophe peut-être sérieux en écrivant des thèses comme " cela peut-être raisonnable de croire en "dieu" tel que les chrétiens le conçoivent " Y a t'il une seule logique à ce qu'un barbu crée un humain du bout de son doigt divin ? ( j'exagère bien évidemment ) Es-tu Chrétienne Louisa ?
nepart nous livre un argument personnel et touchant :
J'ai moi même essayer en vain d'argumenter avec ma mère, mais ce fut un échec.
J'ai hésité entre abandonné ou revoir mon argumentaire, y aller progressivement, mais au final je pense que prendre beaucoup de temps à remettre en cause les profondes croyances de ma mère, est moins utile que beaucoup de choses, car cela ne la rends pas malheureuse (de croire en dieu)...
Cela ne la rend pas malheureuse de croire en dieu !
Spinoza lui-même, selon la célèbre anecdote, aurait conseillé à sa logeuse de persévérer dans la pratique de sa foi.
Imaginons-la, sa logeuse. Elle est déjà vieille, elle croit en un dieu depuis qu'elle est toute petite, parce qu'on lui a dit que c'était la meilleure façon d'aller au paradis... Elle a pratiqué sa foi honnêtement, pas dans un intégrisme forcené... Elle s'est efforcée de faire le bien pour gagner son coin de paradis. Ce n'est pas la panacée, loin de là, je te l'accorde. Mais il y a pire, tu serras d'accord avec moi !
Il est important de veiller au respect de la liberté de penser de chacun car la moindre entorse à ce précepte est le signe annonciateur de la tyrannie. L'erreur serait d'ériger le Spinozisme, ou tout autre philosophie, en religion.
Cela ne veut pas dire qu'il faut baisser les bras, qu'il faut laisser les autres dans l'ignorance. C'est même tout le contraire et Spinoza l'affirme à plusieurs reprises.
Mais voila : "Ne pas railler, ne pas déplorer, ne pas maudire, mais comprendre.".
Rien n'interdit à un non croyant d'aborder le religieux, en laissant de côté l'aspect mystique et en faisant un détour par l'histoire et/ou la psychologie. Pour ne pas détester nos semblables, pour les comprendre, un large détour par les polythéismes est un bon début, car en ce temps là... il n'y avait pas de guerre de religion. C'était tout le contraire un peuple militairement vainqueur assimilait les dieux des vaincus à son panthéon. Il ne faut pas imaginer qu'il le faisait par grandeur d'âme, non c'est même tout le contraire, c'était pour les vainqueurs une façon de remercier les dieux de leurs adversaires de les avoir abandonnés ! Tu vois c'est pas très sympa !
Que nous le voulions ou pas, nous sommes toi et moi imbibés de religieux, par nos ancêtres, nos cultures, nos traditions.
Remarque bien que Spinoza n'échappe pas à cette règle :
Pour assoir leurs légitimités, les peuples anciens éprouvaient le besoin de se construire une généalogie béton. C'était au peuple qui prouverait descendre des plus valeureux guerriers. La grande trouvaille des Hébreux c'est d'avoir inventer un dieu unique, Adm, Eve, Abel, Abraham, Moïse et toute la clique. Comme çà, plus de contestation possible : Notre ancêtre c'est Dieu lui-même ! circulez, il n'y a rien à voir. Du coup Chrétiens et Musulmans se trouvèrent bien coincés et pour ne pas être en reste se sont rattachés à cette généalogie. Ainsi Juifs, Chrétiens et Musulmans s'étripent depuis plus de 2000 ans.
Et bien remarque que notre Spinoza n'échappe pas à sa culture. Pour que sa philosophie soit inattaquable, il éprouve le besoin de la faire remonter jusqu'à Dieu, premier livre de l'Ethique !
Livre ardu s'il en est ! qu'on lit bien souvent en diagonale, sauf les experts et encore ! Puis on passe au deuxième l'Ame. Idem ! Et quand on arrive aux troisième "De l'origine et de la nature des affections", là on se reconnait, tu parles : l'Amour, la Haine, la Jalousie, la Honte, l'Envie, la Surestime... on connait, on est tombé dedans étant petit... comme Obélix
De là à dire : "puisque le troisième livre est lumieux et qu'il repose sur les deux précédent, il n'y a aucune raison de douter de la validité de ceux là", il n'y a qu'un pas. Bingo, c'est notre Spinoza qui est le plus fort
Bon, j'exagère un peu, juste pour t'inviter a rester critique, même sur ce livre que nous admirons tant ici.
Le tour de force de Platon, Copernic, Spinoza, Freud, Einstein et bien d'autres c'est de n'avoir pas pris pour acquis les évidences sensibles. Tu vois dans les cinq que je cite il y en a trois de tradition juive, c'est dire que la religion et les traditions ne sont pas nécessairement des handicaps. Que la religion le soit souvent je te l'accorde, il suffit de suivre l'actualité !
Ton jeune âge et ta persévérance nous force au respect.
Cordialement.
Michel