Bonjour, total néophyte, j'aimerais m'attaquer à Spinoza. Par quel ouvrage devrais-je commencer ? ... le plus abordable dans un premier temps ...
Peut-être aussi pourriez-vous me conseiller des livres parlant de la philosophie de Spinoza qui me permettraient de l'appréhender plus facilement.
Merci pour vos avis éclairés.
Spinoza : par quoi commencer ?
gbonnard a écrit :Je n'ai pas beaucoup de succès, un peu d'aide SVP !
Bonjour,
pour les textes de Spinoza dans l'ordre je dirais :
- Le Traité de la Réforme de l'Entendement : Spinoza y présente les objectifs de sa philosophie et quelques principes méthodologiques
- Le Court Traité : c'est une sorte de résumé de notions qui sont ensuite développées dans l'Ethique. Entre le Court Traité et l'Ethique il y a une évolution significative mais il est plus abordable.
- L'Ethique : là, il faut s'accrocher, et comme dit Amstel il vaut mieux avoir une édition avec un commentaire permettant d'avoir les bases.
A noter que vous avez sur le site les oeuvres (dans des traductions anciennes), des textes divers autour de Spinoza, des cours, et une liste de liens sur un peu tout.
Dans l'ensemble, on trouve déjà pas mal de choses sur internet pour ce faire une petite idée avant de se lancer dans l'aventure.
Bon courage !
La correspondance de Spinoza est également je crois un bon moyen d'introduction.
Sinon j'ai un peu tendance à être d'accord avec la préface un peu "provoc'" de Pautrat à sa traduction de l'Ethique qui écrit:
"On n'a pas à présenter un livre de mathématique, il le fait fort bien lui même dès lors qu'il est conforme à son concept; il n'a besoin de rien qui le précède puisque tout ce qui est proprement requis pour sa compréhension doit s'y trouver inclus. A cela s'ajoute que l'introduction, la préface, le préambule ou l'avant propos tels qu'on les pratique de nos jours constituent souvent, plus qu'une aide, un obstacle considérable à la lecture,à son sérieux"
Spinoza est un auteur difficile et les commentaires ou les introductions ne le rendent pas plus facile à comprendre (je parle d'expérience!), l'intérêt des commentateurs apparait souvent après qu'on a commencé un peu à comprendre de quoi il était question.
D.
Sinon j'ai un peu tendance à être d'accord avec la préface un peu "provoc'" de Pautrat à sa traduction de l'Ethique qui écrit:
"On n'a pas à présenter un livre de mathématique, il le fait fort bien lui même dès lors qu'il est conforme à son concept; il n'a besoin de rien qui le précède puisque tout ce qui est proprement requis pour sa compréhension doit s'y trouver inclus. A cela s'ajoute que l'introduction, la préface, le préambule ou l'avant propos tels qu'on les pratique de nos jours constituent souvent, plus qu'une aide, un obstacle considérable à la lecture,à son sérieux"
Spinoza est un auteur difficile et les commentaires ou les introductions ne le rendent pas plus facile à comprendre (je parle d'expérience!), l'intérêt des commentateurs apparait souvent après qu'on a commencé un peu à comprendre de quoi il était question.
D.
Je suis plutôt d'accord avec ce que vient d'écrire Durtal. J'ai moi-même commencé directement par la lecture de l'Ethique, et je ne le regrette pas.
Le TIE est excellent au début, mais très vite on ne parle plus que de problèmes très particuliers, qui sont avant tout des problèmes épistémologiques (il faut lire l'Ethique pour comprendre en quoi finalement le TIE a des conséquences beaucoup plus vastes que simplement épistémologiques). Le Court Traité a comme désavantage d'être plus proche d'une pensée que l'on a tendance à adopter spontanément tous, donc d'abord lire le CT risque d'occulter la nouveauté radicale du spinozisme tel qu'elle apparaît dans l'Ethique.
Donc effectivement, je crois que le mieux c'est de s'attaquer immédiatemement à l'Ethique. Ce livre peut être une grande source de joie, à condition de se permettre de le lire très lentement, de se demander à chaque instant ce que ce que Spinoza écrit pourrait vouloir dire, quelles en seraient les conséquences si ce qu'il dit était vrai etc. Et si la première partie, qui traite de Dieu, semble être trop difficile, on peut toujours lire d'abord la troisième partie, qui parle de choses plus familières (les Affects), puis la quatrième partie, pour ensuite reprendre le tout dès le début.
En ce qui me concerne, les "dictionnaires" spinozistes m'ont tout de même facilité la lecture. On peut penser à celui Charles Ramond (Dictionnaire Spinoza, édité chez Ellipses), à celui de Robert Misrahi (100 mots sur l'Ethique de Spinoza, chez les Empêcheurs de penser en rond) ou à celui de Deleuze (Spinoza pratique, éditions de Minuit), que je préfère.
Enfin, n'oublions pas que le forum de ce site est également un excellent outil pour pouvoir mieux comprendre le spinozisme. En tout cas, personnellement j'y ai appris beaucoup, et cela en posant d'abord simplement mes "bêtes" questions de débutante, puis en approfondissant avec ceux qui l'avaient déjà étudié plus longtemps, et enfin en essayant de répondre à des questions posées sur le forum. Le fait que différentes interprétations circulent sur ce forum ne constitue que l'un de ses multiples atouts. Bref, bienvenu ici!
L.
PS: au cas où tu n'aurais jamais fait de la philo auparavant et que ton intérêt est plutôt "pratique", à mon sens Etre heureux avec Spinoza de B. Thomas peut être parfait en tant que "porte d'entrée" dans le spinozisme.
Le TIE est excellent au début, mais très vite on ne parle plus que de problèmes très particuliers, qui sont avant tout des problèmes épistémologiques (il faut lire l'Ethique pour comprendre en quoi finalement le TIE a des conséquences beaucoup plus vastes que simplement épistémologiques). Le Court Traité a comme désavantage d'être plus proche d'une pensée que l'on a tendance à adopter spontanément tous, donc d'abord lire le CT risque d'occulter la nouveauté radicale du spinozisme tel qu'elle apparaît dans l'Ethique.
Donc effectivement, je crois que le mieux c'est de s'attaquer immédiatemement à l'Ethique. Ce livre peut être une grande source de joie, à condition de se permettre de le lire très lentement, de se demander à chaque instant ce que ce que Spinoza écrit pourrait vouloir dire, quelles en seraient les conséquences si ce qu'il dit était vrai etc. Et si la première partie, qui traite de Dieu, semble être trop difficile, on peut toujours lire d'abord la troisième partie, qui parle de choses plus familières (les Affects), puis la quatrième partie, pour ensuite reprendre le tout dès le début.
En ce qui me concerne, les "dictionnaires" spinozistes m'ont tout de même facilité la lecture. On peut penser à celui Charles Ramond (Dictionnaire Spinoza, édité chez Ellipses), à celui de Robert Misrahi (100 mots sur l'Ethique de Spinoza, chez les Empêcheurs de penser en rond) ou à celui de Deleuze (Spinoza pratique, éditions de Minuit), que je préfère.
Enfin, n'oublions pas que le forum de ce site est également un excellent outil pour pouvoir mieux comprendre le spinozisme. En tout cas, personnellement j'y ai appris beaucoup, et cela en posant d'abord simplement mes "bêtes" questions de débutante, puis en approfondissant avec ceux qui l'avaient déjà étudié plus longtemps, et enfin en essayant de répondre à des questions posées sur le forum. Le fait que différentes interprétations circulent sur ce forum ne constitue que l'un de ses multiples atouts. Bref, bienvenu ici!
L.
PS: au cas où tu n'aurais jamais fait de la philo auparavant et que ton intérêt est plutôt "pratique", à mon sens Etre heureux avec Spinoza de B. Thomas peut être parfait en tant que "porte d'entrée" dans le spinozisme.
- sescho
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Histoire d'achever (mais je ne sais pas trop dans quel sens du terme... ) la démarche d'entrée en matière :
Personnellement, je préconiserais les chapitres d'introduction du Traité de la Réforme de l'Entendement et du Traité Politique.
Ensuite, je ne peux que conseiller les Chapitres généraux du Traité Théologico-Politique (même si l'Ethique tend à lui faire de l'ombre, c'est un ouvrage de tout premier plan de toute l'histoire de la pensée éthique et spirituelle, et il est - très bien - écrit suivant le mode direct.) Préface, chapitres 3, 4, 6 et 16 pour commencer, par exemple.
Enfin (pour une phase de mise en disposition ; ensuite il faut reprendre "à la base" selon ses dispositions propres) je conseillerais la lecture du Court Traité.
Les préfaces et appendices de l'Ethique peuvent y être ajoutés, ainsi éventuellement que les longs scolies, et les Lettres.
Des Extraits thématiques sont aussi disponibles sur le site.
Serge
Personnellement, je préconiserais les chapitres d'introduction du Traité de la Réforme de l'Entendement et du Traité Politique.
Ensuite, je ne peux que conseiller les Chapitres généraux du Traité Théologico-Politique (même si l'Ethique tend à lui faire de l'ombre, c'est un ouvrage de tout premier plan de toute l'histoire de la pensée éthique et spirituelle, et il est - très bien - écrit suivant le mode direct.) Préface, chapitres 3, 4, 6 et 16 pour commencer, par exemple.
Enfin (pour une phase de mise en disposition ; ensuite il faut reprendre "à la base" selon ses dispositions propres) je conseillerais la lecture du Court Traité.
Les préfaces et appendices de l'Ethique peuvent y être ajoutés, ainsi éventuellement que les longs scolies, et les Lettres.
Des Extraits thématiques sont aussi disponibles sur le site.
Serge
Connais-toi toi-même.
Pour le commun des mortels qui n’a jamais fait de philo, l’Ethique est perçu comme un livre intimidant et tout simplement incompréhensible. Ce fut mon cas à l’époque et sans l’introduction de Caillois qui fut pour moi déterminante je n’aurais jamais poursuivi l’étude de ce livre. Grâce a Caillois j’ai pu saisir intuitivement et en quelques pages la globalité du système spinoziste, j’ai trouvé cela purement génial et cela m’a donné un désir profond de poursuivre mon étude, un désir qui depuis ne m’a jamais quitté.
Je suis entièrement d’accord avec Pautrat, « On n'a pas à présenter un livre de mathématique », il a raison dans l’absolu et il y a longtemps que j’ai abandonné la traduction de Caillois pour la sienne, mais quand même, devant un livre si hermétique pour beaucoup, un passerelle d’accès à l’œuvre a son utilité, en tout cas ce fut mon expérience.
Je suis entièrement d’accord avec Pautrat, « On n'a pas à présenter un livre de mathématique », il a raison dans l’absolu et il y a longtemps que j’ai abandonné la traduction de Caillois pour la sienne, mais quand même, devant un livre si hermétique pour beaucoup, un passerelle d’accès à l’œuvre a son utilité, en tout cas ce fut mon expérience.
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