Le roman s'appelle «Dans la luge d'A S» mais il y est beaucoup question de Spinoza. D'où cet article.
Donnons le ton: le personnage principal, Ariel Shipman, est censé être un professeur de philosophie, brillant universitaire, qui devenu vieux, se réfugie dans sa chambre où il sombre dans une dépression envahissante. Il est théoriquement un grand spécialiste de Spinoza, ayant passé sa vie à écrire sur lui, donner des cours, dire des conférences. Pourtant, le livre insiste lourdement sur le fait que ses maîtres sont Gilles Deleuze et Louis Althusser. C'est complètement ridicule évidemment (un grand spécialiste de Spinoza n'a pas pour maître les petits maîtres du post structuralisme, il a pour maître Spinoza), mais ça autorise l'auteur (qui est je crois en réalité un homme), à insister lourdement sur le fait que Gilles Deleuze s'est suicidé (sans jamais en dire la raison, ce qui lui permet de faire croire qu'il a mis fin à ses jours malgré la philosophie) et que Althusser a assassiné son épouse. Très élégant en effet... Après ce passage, j'ai commencé à lire le livre en diagonale en pensant que les bonnes pages en seraient probablement publiées dans Voici.
Mon maître Deleuze n'a pas été tellement aidé par Spinoza quand il s'est jeté par la fenêtre, quoi qu'on en dise, ni mon maître Althusser quand il a étranglé sa femme avant de la décorer avec un morceau de rideau rouge.
Je n'invente rien (hélas!), c'est un extrait de la page 36.
Peu de choses vraiment intelligentes sont dites dans ce livre sur Spinoza, pas plus que sur Schopenhauer, d'ailleurs, et on découvre vite que la philosophie n'est là que pour servir de prétexte à un livre médiocre et malsain. Schopenhauer représente la mort (Reza doit lire les tranches des livres du rayon philosophie à la bibliothèque) et Spinoza, eh bien, on ne sait pas trop ce qu'il représente, en fait, mais étant donné la bêtise brute de cet ouvrage, on peut bien imaginer qu'il représente la vie. D'ailleurs, un autre passage du livre laisse entendre que la philosophie de Spinoza est vitaliste, ce qui laisse un peu songeur...
Que dire de plus d'une telle bouffonerie? Peut être de lire les livres de Lydie Salvayre pour se détendre: c'est moins prétentieux et elle au moins, semble avoir lu un peu de philosophie.