L'Entendement

Questions et débats touchant à la nature et aux limites de la connaissance (gnoséologie et épistémologie) dans le cadre de la philosophie spinoziste.
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Messagepar sescho » 08 mai 2009, 15:39

Je reviens quand-même sur le sujet.

alcore a écrit :En voici une autre : I,31

"Par entendement, en effet, nous n'entendons pas la pensée absolue, mais seulement un mode défini du penser qui diffère des autres, tels que le désir, etc et par conséquent doit être conçu par la PENSEE ABSOLUE; AUTREMENT DIT IL DOIT ETRE CONCU PAR QUELQUE ATTRIBUT QUI EXPRIME L ESSENCE ETERNELLE ET INFINIE DE LA PENSEE, etc."

on apprend d'ailleurs au passage que l'entendement dont question au début est un mode de la pensée absolue, mais qu'il n'est en rien humain.

Je ne vois pas d'où vous tirez cette conclusion (le terme "entendement fini" est même directement contraire, en partie) : il n'y a pas de référence à E1D4, et tout mode de pensée sans exception doit être conçu par l'attribut Pensée en tout état de cause. Quel est votre cheminement ?

Mais il y a plus grave. Vous n'avez pas répondu sur ce que vous compreniez par "mode de penser" en Dieu en l'occurrence. Or la démonstration porte directement sur la distinction que l'on doit faire entre désir, amour (une forme de joie : émotion), ... et entendement, donc. Il est par conséquent hors de question de dire ensuite que cette distinction - qui est la base même de la démonstration, donc - est nulle...

Dans ces conditions, dites-moi, puisque selon vous il s'agit de l'entendement infini (explicitement cité avec le fini, d'ailleurs) : qu'est-ce que le mode de penser, distinct de l'entendement, "désir" pour Dieu ?

Je rappelle en passant que :

Spinoza a écrit :PM2Ch8 : ... La Volonté et la Puissance de Dieu, quant à leur action extérieure, ne se distinguent pas de son entendement. – La Volonté et la Puissance, quant à leur action extérieure, ne se distinguent pas de l'entendement de Dieu, comme il est assez certain par ce qui précède ; car nous avons montré que Dieu a décrété non seulement que les choses devaient être mais aussi qu'elles devaient être de telle nature, c'est-à-dire que leur essence et leur existence ont dû dépendre de la volonté et de la puissance de Dieu ; par où nous percevons clairement et distinctement que l'entendement de Dieu, sa puissance et sa volonté, par quoi il a créé, a connu et conserve ou aime les choses, ne se distinguent en aucune façon l'un de l'autre, sinon relativement à notre pensée. ...


Et le mode de penser "amour" ?

J'ai bien E5P35, mais qui tend à identifier entendement et amour en Dieu, ce qui, donc, est aussi contraire à l'esprit de la démonstration.

J'ai bien peur que ces distinctions ne puissent valoir que pour un esprit fini, au contraire (et par conséquent aussi que la démonstration est défaillante pour l'entendement infini...)


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Messagepar sescho » 08 mai 2009, 19:59

alcore a écrit :Je n'ai pas la même traduction du CT. Ma trad dit que les essences des choses existaient comme comprises dans les attributs, et non qu'elles existaient en puissance, ce qui contredit directement la doctrine spinoziste actualiste.

C'est juste. Il reste néanmoins que ce qui existe en succession dans le temps et de manière interdépendante, existe de toute éternité dans l'attribut, ce qui ne s'avale pas aisément...

Traduire, c'est trahir... Un véritable problème sur du Spinoza... Traduction Appuhn :

L’essence vraie d’un objet est quelque chose qui est différent réellement de l’Idée de cet objet ; et ce quelque chose est (Axiome 3) ou bien réellement existant ou bien contenu dans une autre chose qui existe réellement et de laquelle on ne pourra le distinguer réellement, mais seulement modalement ; de cette sorte sont toutes les essences des choses que nous voyons qui auparavant, quand elles n’existaient pas, étaient comprises dans l’étendue, le mouvement et le repos, et qui, devenues réelles, ne se distinguent pas de l’étendue réellement mais bien modalement.


Mais une bonne part du sens reste néanmoins : les essences des corps n'existant pas encore étaient "contenues" dans l'étendue et le mouvement-repos. Ceci, entre autres, me conduit à dire que les essences de tous les corps "possibles" (en référence au temps) ne se distinguent pas de celle de l'étendue modifiée du mouvement-repos. Le "dur à avaler" est : comment les essences peuvent-elles être contenues sans existence dans l'étendue (qui n'est pas la Pensée : elle ne concerne que la dimension - effectivement - étendue...)

Sinon, quand je parle de "phénomène", c'est au sens de "phénomène physique", pas de phénomène par opposition à noumère chez Kant. Cela n'engage pas vraiment la clarté de notre vision des choses singulières (toujours confuse - en tant qu'effectivement singulière - chez Spinoza) : il suffit de les percevoir comme finies en acte. Pour moi - mais je peux me tromper - le Bouddhisme et le Védanta sont dans la même ligne : ils ne se préoccupent pas vraiment de l'écart entre la quiddité et la sensation / perception, mais considèrent bien comme Spinoza qu'une chose finie n'a pas d'être en soi, est impermanente et en interdépendance.


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Messagepar alcore » 09 mai 2009, 14:33

Sesho

Je ne suis pas sûr de comprendre autour de quoi tourne la discussion.
J'ai ailleurs donné la lecture suivante de la définition de l'attribut.

Dans cette définition, Spinoza utilise la notion d'entendement en rapport avec celle de perception.

Or, ou bien on dit
a) que l'entendement dont question est l'entendement humain
b) que c'ets l'entendement infini
c) que Spinoza maintient une indétermination exprès

Je penche pour la 3ème possibilité. Rien n'autorise à identifier l'entendement humain qui n'est qu'une partie de l'entendement infini qui lui même est un mode.
Spinoza laisse suffisamment de flottement à la notion d'infini pour la joindreà des sujets aussi divers que: la substance, les attributs, les modes.
Cette indétermination on la retrouve dans cette définition: tantôt l'entendement est infini, tantôt fini, mais tant que son essence n'est pas claire, rien ne permet de l'identifier, ici, à l'entendement humain.

En tout cas, la charge de la preuve vous appartient, et ensuite il faut vous aussi expliquer pourquoi Spinoza ne précise pas: entendement humain.
En fait, s''il ne le précise pas, de votre point de vue, ce serait seulement parce ce que c'est évident; or je viens de montrer que cela ne l'est pas;
S'agit il alors d'une omission ? ou ?

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Messagepar sescho » 16 mai 2009, 20:56

alcore a écrit :Je ne suis pas sûr de comprendre autour de quoi tourne la discussion...

S'il s'agit de mon objection sur E1P31, que vous avez citée en appui de vos propos, je ne vois pas comment faire plus clair : la démonstration part de la distinction dans la Pensée modifiée entre le Désir, l'Amour et l'Entendement. Je vous demande de me dire précisément en quoi ces trois éléments concernent Dieu (et donc son entendement, ou idée de Dieu), et ce sans les confondre puisque cela contredit directement le mécanisme de la démonstration.

Par ailleurs l'entendement fini n'existe pas en tant qu'entité : c'est une notion générale qui traduit une réalité : l'affirmation contenue dans toute idée singulière.

En Dieu, il n'y a qu'une seule idée, qui se confond avec l'entendement infini ; on ne peut donc pas parler de notion générale le concernant (ce qui serait très problématique pour le coup.)

alcore a écrit :En tout cas, la charge de la preuve vous appartient...

Pas plus qu'à vous me semble-t-il...

alcore a écrit :... et ensuite il faut vous aussi expliquer pourquoi Spinoza ne précise pas: entendement humain.

Ce n'est pas un argument solide (ce peut être un indice à l'occasion, cependant, mais là vraiment je ne vois pas lequel.)

Toutefois, à partir du moment où nous avons une idée claire et distincte, elle est telle ("intègre") dans l'entendement infini. Si donc Spinoza pose une telle idée (c'est évident pour une définition ou un axiome, et globalement Spinoza ne se base précisément que sur la succession des idées claires et distinctes ; il n'y a donc que cela, en fait) il n'a aucune raison de distinguer en l'occurrence l'entendement humain de l'entendement divin.

J'ai déjà dit ce qui me semble : si l'on excepte les mentions prématurées déjà données (qui ne valent pas du tout preuve de ce que vous avancez ; encore une fois, il parle aussi d'un entendement fini très tôt), Dieu n'est doté d'un entendement qu'en E2P3. En revanche, aucun lecteur à la première page de l'Ethique ne suppose que l'entendement divin (qui diffère grandement du nôtre : E1P17S), dont on ne sait rien, est en question dans la définition de l'attribut, mais le sien (pour Spinoza, s'agissant d'une idée claire et distincte, cela ne fait pas de différence, comme déjà dit : pas de contradiction.)

Mais bon, la discussion n'a pas plus d'intérêt que cela : elle part d'un quiproquo : contredire une interprétation qui - pour une fois - diffère sciemment de l'exposé de Spinoza (qui est cohérent, c'est clair), par la logique d'exposé de Spinoza. Je dis que si nous ne percevions pas deux attributs (hypothèse impensable pour les modes que nous sommes) nous n'en poserions pas l'infinité (ce n'est pas économique.) Et en tout état de cause, il y a forcément des limites à la portée de notre entendement, et elles sont évidemment indépassables. Spinoza fait au mieux avec cela.

Cela dit, cela m'intéresse que vous répondiez au sujet de la démonstration de E1P31 concernant l'entendement infini : c'est quoi le Désir, l'Amour distincts de l'Entendement (mode infini) en Dieu ?


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Messagepar alcore » 17 mai 2009, 21:45

sescho a écrit :S'il s'agit de mon objection sur E1P31, que vous avez citée en appui de vos propos, je ne vois pas comment faire plus clair : la démonstration part de la distinction dans la Pensée modifiée entre le Désir, l'Amour et l'Entendement. Je vous demande de me dire précisément en quoi ces trois éléments concernent Dieu (et donc son entendement, ou idée de Dieu), et ce sans les confondre puisque cela contredit directement le mécanisme de la démonstration.

Serge


La prop EI,31 énonce que "L'entendement en acte, qu'il soit FINI OU INFINI..." indique clairement que Spinoza entend laisser la notion d'entendement dans l'indétermination, et qu'il souhaite seulement qualifier un entendement, qu'elle que soit sa puissance, de mode.
La définition de l'attribut emploie le mot "percevoir" pour qualifier le rapport de l'entendement à la substance, alors que la substance est quant à elle CONCUE par soi. La substance est conçue, les attributs sont perçus et les modes sont des idées ou des objets d'idées. La perception n'est jamais le fait de Dieu lui même, comme il est dit dans les Principes de la philosophie de Descartes, 1ere partie,p12,corollaire 3:" Dieu ne sent et, à proprement parler, ne perçoit rien; car son entendement n'est déterminé par rien d'extérieur à lui, mais tout découle de lui". Les attributs ne sont différenciés que dans une perception qui n'est pas celle de Dieu lui-même. Si je vous comprend bien, vous soutenez que cette distinction (perception) est le fait de l'entendement FINI, et si je vous comprends encore, vous identifiez l'entendement fini à l'entendement HUMAIN.
Cette lecture revient à une lecture idéaliste, parfois défendue, même par Hegel. Dans cette lecture, les attributs ne sont que subjectivement (pour nous) distincts. On reporte la distinction sur le "pour nous" si bien que la substance est en elle même complètement indifférenciée.
Il me semble que cette lecture postule un peu vite la finitude et l'humanité de l'entendement. L'entendement est jusque dans la prop que vs citez maintenue dans l'indétermination. La question est alors de savoir si la perception et donc la distinction des attributs est le fait de l'entendement fini SEUL, ou de l'entendement infini et secondairement (comme une conséquence) de l'entendement fini.
Peut être SPinoza ne veut il pas trancher, car la question est sans importance. L'entendement fini étant une partie de l'entendement infini, il importe peu de rapporter l'acte de perception des attributs à ce qui est fini ou infini, ou même fini ET infini dans l'entendement.
Pour ma part, je ne vois pas pourquoi cet entendement ne serait QUE fini.
Ce qui était le point en question.

Maintenant vous posez une question précise sur Eth I,31. L'entendement fini OU infini est à distinguer de la pensée absolue; ce qui implique, au moins, qu'il y ait une Pensée absolue qui, elle, est une dimension interne de l'agir divin. L'entendement n'est qu'un effet, un produit de la pensée absolue; l'entendement en effet n'est qu'une forme parmi d'autres d'expression de la Pensée. Désirer, aimer, etc. sont également des modes de la pensée. C'est pourquoi l'infinité ne doit pas être confondue avec l'absoluité, et la démonstration semble mettre en garde surtout contre cette possible confusion. Le fait que l'entendement soit infini n'implique nullement qu'il soit "divin" au sens d'un constituant interne, ce qui ne veut pas dire non plus qu'il soit "humain".
Ainsi, lorsque Spinoza définit l'attribut il n'a pas en vue la pensée absolue qui est elle même un attribut ! il a en vue l'entendement, qui, justement parce qu'il n'est pas un attribut, mais un mode peut PERCEVOIR plusieurs dimensions de la substance, sans être pour autant identifié à l'entendement humain.

Vous me demandez de vous dire en quoi Désir, Amour et Entendement concernent Dieu. Je ne me souviens pas avoir dit qu'ils concernaient Dieu et je ne vois pas le rapport de cette question avec ce qui me semblait être la question de fond, à savoir: l'entendement dont question dans la définition de l'attribut est-il fini, infini, ou les 2 ?

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Messagepar alcore » 17 mai 2009, 22:00

sescho a écrit :Par ailleurs l'entendement fini n'existe pas en tant qu'entité : c'est une notion générale qui traduit une réalité : l'affirmation contenue dans toute idée singulière.


Ce n'est pas un argument solide (ce peut être un indice à l'occasion, cependant, mais là vraiment je ne vois pas lequel.)

Toutefois, à partir du moment où nous avons une idée claire et distincte, elle est telle ("intègre") dans l'entendement infini. Si donc Spinoza pose une telle idée (c'est évident pour une définition ou un axiome, et globalement Spinoza ne se base précisément que sur la succession des idées claires et distinctes ; il n'y a donc que cela, en fait) il n'a aucune raison de distinguer en l'occurrence l'entendement humain de l'entendement divin.

J'ai déjà dit ce qui me semble : si l'on excepte les mentions prématurées déjà données (qui ne valent pas du tout preuve de ce que vous avancez ; encore une fois, il parle aussi d'un entendement fini très tôt), Dieu n'est doté d'un entendement qu'en E2P3. En revanche, aucun lecteur à la première page de l'Ethique ne suppose que l'entendement divin (qui diffère grandement du nôtre : E1P17S), dont on ne sait rien, est en question dans la définition de l'attribut, mais le sien (pour Spinoza, s'agissant d'une idée claire et distincte, cela ne fait pas de différence, comme déjà dit : pas de contradiction.)

Serge

Je répète ma position: dans la définition de l'attribut, Spinoza laisse la notion d'entendement indéterminée, sans préjuger qu'il s'agît de l'entendement humain seul, de l'entendement infini seul, ou des 2. Je pense pour ma part que si nous (en tant qu'hommes) nous pouvons percevoir plusieurs attributs, c'est parce que ces attributs sont déjà distingués et perçus par l'entendement infini de Dieu. Sinon, je ne vois pas comment éviter le psychologisme et faire de l'absolu une nuit indifférenciée. L'entendement n'est pour SPinoza rien de subjectif, pas plus que la perception d'ailleurs. Le lecteur pense certainement à son entendement en lisant cette définition parce qu'il ne sait pas encore que, s'il la comprend, c'est parce qu'il s'est déjà élevé à un point de vue qui est supérieur à celui de l'imagination, dans laquelle dominent les perceptions fragmentaires et disparates.
L'entendement, vous avez raison, est un être de raison. rien n'est sinon des idées. Mais quand nous formons l'idée de Dieu, c'est bien Dieu qui forme, par l'intermédiaire de l'entendement infini, un de ses modes, une idée de lui-même. Le début de l'Ethique n'est compréhensible que pour celui en qui, d'une façon ou d'une autre, s'exprime déjà l'idée authentique de Dieu.
Donc oui le lecteur ne suppose rien, et il n'a rien à supposer concernant l'entendement,puisque SPinoza très justement maintient l'indétermination du concept d'entendement. Mais, implicitement, Spinoza suppose que le lecteur, SI il comprend la définition a déjà un entendement (fini) dans lequel s'exprime déjà l'idée de Dieu, cad l'entendemet infini. Cela il ne le sait pas encore, il ne l'apprendra que dans la partie 2.

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Messagepar sescho » 18 mai 2009, 21:38

alcore a écrit :Vous me demandez de vous dire en quoi Désir, Amour et Entendement concernent Dieu. Je ne me souviens pas avoir dit qu'ils concernaient Dieu et je ne vois pas le rapport de cette question avec ce qui me semblait être la question de fond, à savoir: l'entendement dont question dans la définition de l'attribut est-il fini, infini, ou les 2 ?

Je crois que cela tourne au dialogue de sourds, et comme vous avez des choses intéressantes à dire, le mieux serait je pense de ne pas poursuivre ici.

Sinon, quand-même une dernière tentative de préciser ma question (c'est une question, c'est tout) : ce n'est pas vous qui dites cela mais Spinoza. Mais vous avez pris cet exemple pour parler d'entendement infini. Alors je vous demande : en quoi cette démonstration de E1P31, qui distingue différents "modes" (catégories de - ?) de pensée, est-elle effectivement applicable à l'entendement infini, ou entendement divin ?


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Messagepar hokousai » 18 mai 2009, 23:32

à Alcore


Donc oui le lecteur ne suppose rien, et il n'a rien à supposer concernant l'entendement,puisque SPinoza très justement maintient l'indétermination du concept d'entendement.


On est d'accord là dessus
Spinoza est assez précis rapidement puisque dès la prop 31/ il comprend l 'entendement comme un mode de la pensée absolue . L'entendement doit être rapporté à la nature naturée ( pas à la naturante )

.....................................................................
dans votre message Posté le: 17/05/2009 21:45
Vous faites une remarque intéressante
Ainsi, lorsque Spinoza définit l'attribut il n'a pas en vue la pensée absolue qui est elle même un attribut ! il a en vue l'entendement, qui, justement parce qu'il n'est pas un attribut, mais un mode peut PERCEVOIR plusieurs dimensions de la substance, sans être pour autant identifié à l'entendement humain.

D'accord , c'est l'entendement qui intellige les attributs et Dieu intellige les attributs .

La question de savoir si la distinction des attributs est le fait de l'entendement fini SEUL, ou de l'entendement infini et secondairement (comme une conséquence) de l'entendement fini. Est résolue .( Dieu intellige les attributs)
.................................................................

Gobalement Je vais dans le sens de votre message Posté le: 17/05/2009 21:45

Un intellect en acte doit embrasser les attributs de Dieu et les affections de Dieu et rien d’autres certes
Mais Spinoza ne dit pas que les attributs de Dieu ne sont embrasséque par l’intellect

La question n’est pas de savoir s’ il les intellige, mais s‘il les pense .Je veux dire s’il les pense selon d’autres modes de la pensée que l’ intellect .Manifestement oui il les pense selon d’ autres modes de pensée .( c’est du moins ce qu’affirme Spinoza )

Comment parvenir à savoir si l’objet de l’intellect ( fut il celui de Dieu ) c’est à dire l’objet d’ un mode est l’objet d’un autre mode du même attribut ?
Comment savoir comment la pensée se pense par d’autres modes que l’ intellect ?
On ne peut le savoir .On ne peut savoir que la manière de penser de l’intellect .
Alors quelle est la part qui revient à l’intellect dans l’intellection de l’ attribut comme attribut ?


La pensée est posé (par Spinoza ) comme ce sans quoi l’intellect ne peut ni être ni se concevoir . On n’ en sait guère plus sur la pensée .
La pensée est donc posé comme condition nécessaire de l’être et de la conception de l’intellect et cela par l’intellect, lequel se comprend par l’intellect . Alors quelle est la part qui revient à l’intellect dans l’intellection de la pensée comme pensée ?

Ce qui est contenu dans l’intellect doit nécessairement se trouver dans la nature, certes, mais ce qui est conçu par d’autres manières de pensée doit s’y retrouver aussi. Ce qui laisse la porte grande ouvertes à une infinité de mondes naturels .(ce sur quoi Spinoza ne s’exprime guère )
.

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Messagepar alcore » 19 mai 2009, 00:20

hokousai a écrit :à Alcore


[
La question n’est pas de savoir s’ il les intellige, mais s‘il les pense .Je veux dire s’il les pense selon d’autres modes de la pensée que l’ intellect .Manifestement oui il les pense selon d’ autres modes de pensée .( c’est du moins ce qu’affirme Spinoza )

Comment parvenir à savoir si l’objet de l’intellect ( fut il celui de Dieu ) c’est à dire l’objet d’ un mode est l’objet d’un autre mode du même attribut ?
Comment savoir comment la pensée se pense par d’autres modes que l’ intellect ?
On ne peut le savoir .On ne peut savoir que la manière de penser de l’intellect .
Alors quelle est la part qui revient à l’intellect dans l’intellection de l’ attribut comme attribut ?


.


Je ne suis pas sûr de comprendre. Mais je reformule à ma façon votre question qui rejoint une de mes interrogations.
La perception et la sensation sont relatives à une affection (au double sens d'affectus et affectio). C'est un concept nouveau qui apparaît avec l'Ethique. Il n est jamais question d'affection avant, sauf dans les Pensées mais pour dire autre chose.
Donc en ce sens, si je vous comprends bien, vous dites que percevoir, cela enveloppe non seulement l'entendement mais aussi bien la sensation et l'affection.
Or Spinozale le dit: l'Etre en tant qu'Etre ne nous affecte pas (la substance); et si nous pouvons en parler ce n'est que par le moyen de certaines affections d'où nous inférons un sujet, la substance dont nous posons l'existence (définition de la substance: nous savons qu'elle est)
De plus, ces affections, soutient Spinoza, nous expliquent la nature de la substance. C'est là que se situe sonoriginalité. Il pourrait très bien dire seulement: nous sommes affectés, donc il y a de l'Etre mais on ne sait pas ce que c'est.
Ce n'est pas ce qu'il dit.
au contraire, la façon dont nous sommes affectés EXPLIQUENT la nature même de l'Etre qui nous affecte; dans la mesure où l'affection renvoie à quelque chose qui explique vraiment la nature de ce qui nous affecte, on appellera ces "choses" des attributs. L'attribut c'est donc, dans ce qui nous affecte, ce qui explique la nature de l'Etre qui nous affecte lequel est, sans cela, inconnaissable.
Donc, oui, en ce sens, la perception de l'essence de la substance enveloppe d'autres modes que l'entendement.
Dit autrement cela signifie: il y a une portée métaphysique du sentir et de l'affectif. Le sentir et l'affectivité ne sont pas d'ordre "psychologique", empirique: ce sont des voies d'accès à l'absolu. Ce ne sont pas les affections au sens de modes qui nous expliquent la substance; mais les affections nous révèlent des attributs qui eux expliquent la substance. Les attributs ne sontpas des affections parce que ce sont eux qui expliquent nos affections.
Bon. Mais Spinoza dit bien que c'est l'entendement qui perçoit l'essence de la substance !
En toute perception est enveloppée l'entendement, même dans la sensation, même dans l'affection. Nous sommes affectés, cela veut dire: nous ne sommes que des affections; notre être est intégralement relatif, et c'est comme tel quenous sommes des choses. Equivalence entre chose et relation.
L'affection nous conduit à ce qui affecte, mais déjà, est à l'oeuvre l'entendement qui PERCOIT justement cela même qui affecte; il n'y a pas, je pense, de moment d'opacité totale de l'affect suivi d'un éclaircissement de l'entendement.
Mieux vaut dire: je suis affecté et mon affection-affect est toujours déjà perçu par l'entendement. C'est un peu le même problème avec Kant et sa déduction des catégories: l'affection, la sensation semblent précéder les catégories et le jugement, mais en réalité les catégories sont déjà à l'oeuvre dans la moindre sensation (d'où l'analytique desprincipes).
Je dirais donc: toute perception enveloppe plusieurs modes de penser autres que l'entendement; ce qui est c'est l'affection comme telle, indéterminée; mais cette affection (sentie, ressentie, etc.) est toujours déjà perçue par l'entendement de sorte que l'entendement c'est ce qui, dans l'affect, dégage le noyau objectif, le désigne : attribut. L'objet, l'objectif.
Mais aussi bien,contre Kant, l'objectif perçu est compris par SPinoza comme explicatif de la nature même de la substance. Les attributs constituent la trame objective de l'affection, mais pas seulement pour l'entendement, ils ont un fondement extra intellectuel, s'enracinent dans l'essence de la substance qui elle même n'est pas seulement intellectuelle (sans quoi elle se réduirait à l'attribut pensée et SPinoza serait idéaliste).
Donc, il y a quelque chose dans l'affection qui est perçu par l'entendement et qui n'est pas seulement rapporté par l'entendement à uen substance intellectuelle; c'est ce quelque chose de non pensé qui fait que l'entendement rapporte aussi l'étendue à la substance.
Comme je le disais précédemment pour Kant: c'est l'affection ici et maintenant qui conduit à poser l'en soi de cette affection.

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Messagepar alcore » 19 mai 2009, 00:27

sescho a écrit :Sinon, quand-même une dernière tentative de préciser ma question (c'est une question, c'est tout) : ce n'est pas vous qui dites cela mais Spinoza. Mais vous avez pris cet exemple pour parler d'entendement infini. Alors je vous demande : en quoi cette démonstration de E1P31, qui distingue différents "modes" (catégories de - ?) de pensée, est-elle effectivement applicable à l'entendement infini, ou entendement divin ?

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Il me semble avoir donné cette proposition comme preuve de laprésence de l'idée que la pensée est un attribut déjà dans Ethique I.
Mais peut être cette idée n est elle pas si manifeste, ce qui expliquerait la nécessité de EthII,1.


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