Messagepar Vanleers » 17 janv. 2013, 17:01
A zzzz
1)Vous écrivez :
« L’étendue géométrique est aussi composée »
En effet, l’étendue géométrique, comme les corps, est composée. Et c’est bien pour cela que l’attribut Étendue ne doit pas être assimilé à l’étendue des mathématiciens ou à l’espace des physiciens.
2) Vous écrivez :
« on peut imaginer une chose avec des parties impossibles à séparer. Ce serait alors une chose composée [et] indivisible. »
Une remarque préalable : pour Spinoza, l’imagination est une connaissance mutilée et confuse et il vaudrait donc mieux écrire : « on peut concevoir… », mais passons.
Lorsque Spinoza aborde la question de l’indivisibilité de la substance en E I 12 et 13, il entend « indivisible » au sens où vous entendez « indécomposable » et je ne vois donc pas l’intérêt de cette distinction pour le problème qui nous occupe.
3) Vous écrivez :
« Dieu est simple »
Oui, mais dans le système de Spinoza elle est difficile à concevoir. Comme l’écrit Pascal Séverac :
« Un Dieu unique, mais constitué en son essence d’une infinité de genres d’êtres, d’une infinité d’essences (ses attributs) ; un Dieu unique, mais producteur en son essence d’une infinité de choses, d’une infinité d’affections (ses modes) : est-ce trop pour soutenir encore que Dieu soit un être simple, indécomposable, indivisible ? » (op. cit. p. 49)
Ce n’est pas trop mais on ne peut pas, pour le comprendre, « Vers Spinoza compliqué, voler avec des idées simples » et Sévérac écrit aussi :
« L’une des grandes difficultés du spinozisme est sans doute de comprendre cette altérité sans distance entre la cause substantielle et ses effets modaux : altérité, car en toute rigueur l’essence divine n’est pas la même chose que l’essence modale ; sans distance, parce que cette altérité ne signifie aucunement extériorité. Pourquoi n’est-ce pas la même chose ? Parce qu’entre Dieu et ses modes ne passe pas une distinction de raison mais une distinction modale : Dieu peut être clairement et distinctement conçu sans ses modes ; ceux-ci ne le peuvent sans lui. » (p. 54)
4) Vous écrivez :
« puisque Dieu est simple, tous les attributs que l'on perçoit en Lui ne sont en réalité distincts que dans notre esprit. »
Je vous ai déjà envoyé une longue citation de Sévérac (op. cit. p. 52) qui montre que non.
5) Vous écrivez :
« en Lui [Dieu], l'intelligence et la volonté ne sont qu'une seule et même chose. »
Nous devons, en effet, concevoir qu’entre l’entendement et la volonté de Dieu il n’y a qu’une distinction de raison. Mais Spinoza démontre davantage : l’entendement de Dieu constitue le mode infini immédiat de l’attribut Pensée. C’est une réalité modale qui appartient à la Nature naturée et non à la Nature naturante.
6) Vous écrivez :
« Il suffit donc de dire que [l’étendue] c'est un mode de Dieu tout court. »
J’ai déjà essayé de vous expliquer, dans le post précédent, que, dans le système de Spinoza, ce n’était pas possible. Vous êtes face à cette difficulté, que Spinoza signale en E I 15 sc., de concevoir l’étendue non telle qu’elle est dans l’imagination mais telle qu’elle est dans l’entendement, c’est-à-dire en tant que substance.
Peut-être cette citation de Charles Ramond vous permettra-t-elle d’avancer :
« La conception spinozienne d’une étendue essentielle, indivisible, qualitativement hétérogène, productive et dynamique, dont les mouvements des corps étendus ne sont que la trace, et l’espace homogène, divisible et inerte, le schéma imaginaire, si originale par rapport au mécanisme cartésien, si profonde et si riche par rapport à certains de nos préjugés d’allure scientifique […] » (Sur un verbe manquant in L’espace lui-même Epokhè n° 4 1994)
Bien à vous